Avec la mention des termes comme sondages manipulés, système de parti unique, dictature et coups d'états, la prochaine chose qui vient à l'esprit est "Moyen-Orient". Cette image est tellement ancrée dans le psychisme de certains éléments de différents pays de cette région que si un mouvement est fait pour rompre avec la tradition; ceux qui favorisent le statu quo – évidemment pour poursuivre leurs intérêts égoïstes – essayeront de précipiter le pays dans le chaos en employant tous les moyens possibles.
Une légère mauvaise manipulation d'un problème et le gouvernement devient un souffre-douleur pour les personnes qui aiment interpréter la faiblesse ou l'erreur de l'administration comme son incapacité. Au lieu d'adopter une approche de réconciliation, des efforts sont faits pour renverser le gouvernement.
C'est exactement ce qui se passe actuellement en Turquie. Malgré un fort passé démocratique qui voit la Turquie émerger comme une puissance régionale, elle continue de montrer les caractéristiques uniques à cette région. La même vieille mentalité tordue est manifeste depuis l'opération anti-corruption du 17 décembre 2013. Au lieu d'aller aux urnes avec des idées neuves, cet état d'esprit insiste sur la nécessité d'obtenir des résultats par l'utilisation de méthodes non démocratiques. Une telle attitude est révélatrice d'une société dans laquelle la démocratie n'a pas pris racine et qui ne sait pas comment respecter les aspirations des masses. Un débat similaire est en cours en Turquie. Une autre question qui est devenue incontournable lors de ces débats est la présence d'une structure administrative parallèle sous forme de la communauté Fetullah Gülen.
Voyons d'abord les opérations anti-corruption à grand bruit qui ont envoyé des ondes de choc à travers le monde si bien que sur la base de cette opération, les politologues prévoient la chute du gouvernement du Parti de la Justice et du Développement (AKP). Seul le temps dira à quel point ces assertions sont justifiées.
L'écrivain ne souhaite pas se livrer aux détails de ces opérations anti-corruption qui ont vu les noms des enfants de certains ministres et de hauts fonctionnaires au premier plan et la remise en cause des liens commerciaux entre le Turquie et l'Iran. Malgré les assurances répétées du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan que ces accusations de corruption seront soigneusement scrutées, le camp continue de soulever un tollé. Dans une telle situation, il est devenu d'autant plus important d'analyser attentivement la situation, car elle affecte la Turquie.
Une étude objective des événements post 17 décembre révèle qu'outre les allégations, de nombreuses actions menées par certains milieux cherchaient plutôt la conspiration. Fait intéressant, comme beaucoup peut le supposer, un seul groupe ne peut être blâmé pour celles-ci.
Un tel phénomène n'est pas nouveau pour la Turquie, elle a enduré des années d'État parallèle au sein d'un État. Cet état profond n'a pas pu cacher ses activités illégales dans le passé et tout le monde était au courant de cela à part son nom et savait qu'elle se manifestait dans des assassinats ciblés et dans d'autres activités terroristes. Toutefois, cette fois-ci, la situation est différente.
Aujourd'hui, le gouvernement est confronté à une alliance d'éléments de toutes les tonalités. Cette "opposition commune" n'agit pas comme une entité organisée avec une hiérarchie bien définie. Il s'agit plus qu'un mariage de raison entre les différentes forces anti-gouvernementales contre un ennemi commun. Elles semblent suivre le principe: L'ennemi de mon ennemi est mon ami. Il est malheureusement toujours facile d'établir une telle alliance dans le Moyen-Orient, où les opposants cherchent toujours à renverser le gouvernement plutôt qu'à apporter la démocratie. Ces alliances gagnent facilement le soutien des adversaires naturels qui se connaissent ou non, de l'intérieur ou de l'extérieur du pays.
La tendance de l'opposition dans le souci d'opposition dans la région et dans le monde musulman a été une cause majeure de notre retard et des troubles sociaux. La critique créative permet à un groupe ou à un pays de se développer. La juste voie est toujours de soutenir la vérité. Soutenir la vérité est possible en s'y concentrant toujours, et en appréciant les aspects positifs tout en critiquant les négatifs. Dans une opposition absolue, la capacité d'analyser une situation objectivement est compromise et est remplacée par un esprit très partial. La seule issue est le conflit.
Cela est dû à cet esprit partial; certaines personnes sont incapables d'arriver à une analyse objective de la situation de la Turquie. La situation géographique de la Turquie est unique, car elle fait à la fois partie du Moyen-Orient et de l'Europe. Elle s'étend sur tous les pays, du Myanmar à la Somalie. C'est un pays pieux, démocratique, libertaire mais aussi conservateur.
En tant que pays musulman démocratique, elle doit être un modèle en son rôle, et il va sans dire qu'il est très difficile d'être le premier ministre de ce pays. Établir un équilibre interne et externe quand il y a la guerre et les conflits tout autour, contribuer dans la démocratisation tout en renforçant l'économie, la construction de ponts et de barrages tout en même temps, conformer le pays aux critères de l'UE et mettre fin au terrorisme, le plus grand problème du pays, n'est pas facile.
Les affirmations relatives à la présence d'une structure parallèle en Turquie ont causé des dommages considérables aux liens entre le gouvernement et la communauté Gülen. Il est vrai que certains membres de la communauté ont joint leurs mains aux forces anti-gouvernementales mais on ne peut pas blâmer l'ensemble de la communauté pour les actions de quelques individus. Ces individus ne devraient pas jouer dans les mains des forces anti-Turquie, dont le principal but est de renverser le gouvernement et de déstabiliser le pays.
Une Turquie instable serait un désastre pour toute la région, qui est déjà en flammes. Il est grand temps que les médias et les forces de l'opposition agissent à bon escient et adoptent une approche de réconciliation, cela profitera à tous. Si nous voulons la paix et la stabilité au Moyen-Orient – et dans le monde – nous devons employer le langage de l'amour.
Article d'Adnan Oktar sur Arab News: http://www.arabnews.com/news/522421