Selon les registres de l'ONU, il y a environ 50 millions de réfugiés à travers le monde. La grande majorité de ces réfugiés sont des musulmans et cela fait qu'ils sont sous notre responsabilité. En raison notamment des pays colonialistes visant les ressources naturelles des pays islamiques au siècle dernier, des millions de musulmans ont été contraints de fuir leurs maisons et de se réfugier dans les pays voisins. Quand nous observons la situation actuelle, nous voyons que les réfugiés vivent dans des camps dans des conditions très difficiles. Les territoires et les occupations de ces personnes qui ont dû fuir la guerre et la violence ont été donnés à d'autres personnes. Par exemple aujourd'hui, les musulmans du Myanmar sont contraints d'abandonner leurs maisons, il y a près de 140.000 personnes qui sont encore déplacées dans l'État de Rakhine. Il y a environ 2 millions d'Afghans, de Cachemiris, de Somaliens et de Rohingyas dans les camps de réfugiés.
Il y a plus de 128.000 réfugiés vivant dans des conditions très difficiles dans des sites provisoires le long de la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar. 200.000 réfugiés musulmans rohingyas sont au Pakistan, 500.000 musulmans Rohingyas sont en Arabie Saoudite et 10.000 musulmans rohingyas sont en Malaisie. Il y a environ 300.000 réfugiés rohingyas non enregistrés au Bangladesh. Bon nombre de ces réfugiés n'ont même pas le statut de réfugié, de sorte qu'ils n'ont aucun droit, aucune aide et protection. Il est connu qu'environ 100.000 Rohingyas tentent de survivre, non enregistrés au Bangladesh, dans des territoires forestiers.
Même ceux qui restent au Myanmar sont considérés comme apatrides et sont exclus de la protection et des avantages de la citoyenneté et font l'objet d'un traitement discriminatoire. On estime que 800.000 personnes sont sans citoyenneté dans la partie nord de l'État de Rakhine du Myanmar, ce qui fait d'eux des réfugiés dans leur propre pays. On les déplace à l'échelle nationale et ils sont confrontés à des risques accrus en matière de protection. Ils n'ont pas de documents d'état civil, de logement, de propriété ou des droits fonciers, ils sont soumis au travail forcé, à un recrutement forcé et à des restrictions de déplacement.
En réalité, beaucoup de groupes et minorités ont dû fuir le Myanmar depuis 1980. Toutefois, contrairement à des membres d'autres groupes minoritaires au Myanmar, on n'a même pas accordé le statut de "réfugié" aux groupes minoritaires musulmans dans la plupart des pays voisins. Par conséquent, ces personnes ne sont même pas autorisées à l'aide humanitaire et elles manquent de protection de tout organisme international. Ces personnes sont techniquement considérées comme "apatrides", une population vivant dans un vide juridique précaire. Leur absence de citoyenneté est une violation de leur droit fondamental humain et empêche ainsi leur accès à d'autres droits partout dans le monde.
Et il ne s'agit ici que d'une petite partie des réfugiés musulmans démunis qui y sont soumis partout dans le monde d'aujourd'hui. Cependant, nous, en tant que musulmans, devrions nous sentir responsables de ces gens parce qu'Allah nous juge responsables de ceux qui fuient la persécution et se réfugient dans un autre pays. Dans le Coran, Allah nous dit dans tous les détails comment il faut traiter les réfugiés.
Au cours des premières années de l'Islam, lorsque les tortures et la persécution auxquelles les musulmans étaient soumis étaient devenues insupportables à la Mecque, notre Prophète (pbsl) et ses compagnons ont trouvé refuge à Médine. Ces musulmans qui ont émigré de la Mecque à Médine ont été appelés "Muhajirs", qui signifie "émigrés", "réfugiés". Les "Muhajirs" ont été accueillis par les musulmans de Médine. Ces musulmans qui ont accueilli les Muhajirs et les ont aidés par tous les moyens ont été appelés les "Ansars" signifiant, "les auxiliaires". Dans le Coran, Allah fait l'éloge de l'attitude de ces deux communautés musulmanes comme suit:
Et ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le sentier d'Allah, ainsi que ceux qui leur ont donné refuge et porté secours, ceux-là sont les vrais croyants : à eux, le pardon et une récompense généreuse. (Coran, 8: 74)
Le peuple de Médine, auquel notre Prophète (pbsl) a donné le nom de "Ansar – les auxiliaires", était constitué des personnes de Yathrib qui étaient devenues musulmanes quand elles étaient venues à la Mecque lors des saisons de pèlerinage précédentes et avaient promis secrètement leur allégeance à notre Prophète (pbsl) ainsi que de ceux qui avaient accepté l'Islam à la suite de la prédication des personnes qui s'étaient engagées en allégeance de retour à la Mecque. Ils ont accepté l'Islam bien plus tard que la majorité des musulmans de la Mecque, mais ils étaient tous très bien élevés, sincères et pleins d'abnégation tout comme eux. Ces précieuses personnes ont considéré tous les réfugiés (Muhajirs) comme leurs frères et sœurs et ont partagé avec eux de tout cœur ce qu'ils avaient, leurs maisons, leurs nourritures et ont donc affiché une moralité supérieure. Allah loue dans le Coran, cette belle moralité que les Ansars ont montrée:
Il [appartient également] à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce que [ces immigrés] ont reçu, et qui [les] préfèrent à eux-mêmes, même s'il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent. (Coran, 59: 9)
Cette belle attitude des auxiliaires (Ansars) est devenue instrumentale dans la bonté et l'Islam s'est répandu non seulement à Médine, mais aussi dans le monde entier. Allah donne la bonne nouvelle à ces réfugiés et à leurs auxiliaires, ces personnes bien élevées qui les ont aidés, comme suit:
Les tout premiers [croyants] parmi les émigrés et les Auxiliaires et ceux qui les ont suivis dans un beau comportement, Allah les agrée, et ils l'agréent. Il a préparé pour eux des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, et ils y demeureront éternellement. Voilà l'énorme succès ! (Coran, 9: 100)
Ces belles manières des réfugiés et de leurs auxiliaires qui sont hautement loués dans le Coran doivent également être prises comme modèle pour la façon dont nous traitons les réfugiés de notre époque. Tout comme les Ansars (les auxiliaires) l'ont fait à l'époque de notre Prophète (pbsl), traiter les réfugiés du Myanmar, de la Syrie et de tout autre pays comme nos frères et sœurs est une exigence de l'Islam.
Il est temps que tous les musulmans réalisent que nous devons défendre et faire de notre mieux pour ces réfugiés et leur donner les meilleures conditions de vie. Mieux encore, il est temps que nous réalisons que nous devons nous unir et faire tout notre possible pour mettre fin aux persécutions exécutées contre ces frères et sœurs musulmans qui les forcent à devenir des réfugiés.
Article d'Adnan Oktar publié sur Burma Times: