Il y a quelques semaines, des terroristes ont une fois de plus frappé Ankara. Le cœur de la Turquie a été attaqué pour la troisième fois depuis octobre 2015. Comme c’est le cas avec chacune de ces attaques ignobles, ce sont encore une fois les civils qui ont été ciblés.
L'organisation terroriste, le PKK, était derrière cette attaque lâche. Ce fut sa réponse aux opérations effectuées contre elle aux frontières turques. Le terrorisme peut être un phénomène nouveau dans le monde, mais le peuple turc connaît cette menace depuis des décennies. Le PKK peut avoir changé sa stratégie en élargissant ses activités terroristes dans les villes, mais ses actions ont seulement conduit à l'éveil spirituel du peuple turc.
En effet, dans cette attaque récente, la nation turque s’est accordée sur l’équité des opérations menées contre le PKK. Comme prévu, à la suite de cet incident, plusieurs pays ont exprimé leurs condoléances à la nation turque. Certes, ces messages de condoléances sont importants. Parfois, ces messages contribuent à fondre la glace entre les pays.
Du point de vue de la Turquie, les réactions montrées par le monde sont également importantes. Cependant, étant donné la position de certains pays sur le PKK, les Turcs ont commencé à remettre en question les messages d’ « unité contre le terrorisme ». Nous pouvons illustrer cela comme suit :
Quatre heures après l'attaque d’Ankara, le Président russe Vladimir Poutine a été l'un des premiers hommes d'État à avoir présenté ses condoléances. Un tel développement après la tension artificielle connue entre la Russie et la Turquie pendant un certain temps est prometteur pour la reprise des relations et cela a certainement plu à la nation turque. Cependant, il n’est pas un secret que, conformément à sa stratégie en Syrie, la Russie soutient et arme le PYD, la branche du PKK en Syrie. Il est également connu que les missiles, les roquettes et les obusiers fournis au PYD sont utilisés par le PKK sur le territoire turc. En outre, nous devons garder à l'esprit que la Russie ne considère actuellement pas le PKK comme une organisation terroriste.
Suite à l’attentat, John Kirby, porte-parole du département d'Etat américain, a transmis ses condoléances et a dit : « Nous réaffirmons notre partenariat solide avec notre allié de l'OTAN, la Turquie, dans la lutte contre la menace commune du terrorisme. » Dans une telle attaque répréhensible, ce fut un beau geste que les États-Unis se placent aux côtés de la Turquie. Cependant, nous ne devons pas oublier les récentes polémiques qui ont eu lieu entre les Etats-Unis et la Turquie concernant le PYD. Depuis un certain temps, les Etats-Unis fournissent des armes au PYD. Bien que les autorités turques aient prouvé que ces armes sont utilisées par le PKK, les États-Unis ont déclaré qu'ils ne cesseraient pas de soutenir le PYD.
Le fait que, pendant les pourparlers de Syrie, Brett McGurk, l’Envoyé spécial du Président des États-Unis, ait rencontré l'un des principaux membres du PKK, Polat Can à Kobani et ait même reçu un prix de sa part est encore frais dans nos mémoires.
Le Premier ministre britannique David Cameron a condamné l'attaque sur son compte Twitter : « Je suis consterné par les attaques terroristes dévastatrices à Ankara. » Ces mots traduisent sûrement les sentiments personnels de Cameron. Mais ironiquement, c’est le gouvernement de l’Etat profond britannique qui soutient le PKK depuis des années et qui a établi l'infrastructure des établissements du PKK. Abdullah Ocalan, chef du PKK, exprime clairement ce fait :
« La Grande-Bretagne est le pays qui aborde cette question de la façon la plus intelligente. Elle (la Grande-Bretagne) a accordé le droit de radiodiffusion au MED TV (la chaîne de télévision du PKK)... C’est la Grande-Bretagne qui établit les politiques. C’est la Grande-Bretagne qui produit les politiques et puis les fait mettre en œuvre par les Etats-Unis. De temps en temps, nous avons des rencontres avec l’IRA en Irlande. A mon avis, c’est la Grande-Bretagne qui génère la politique principale. »
En effet, jusqu'à récemment, le PKK a mené ses activités en Grande-Bretagne à travers neuf associations, trois syndicats, un comité et deux bureaux opérant sous le contrôle de la Fédération des Associations Kurdes. Ces organisations affiliées au PKK ont toujours trouvé refuge en certaines organisations de façade en Grande-Bretagne. En outre, les associations et les fondations du PKK sont principalement dirigées par des citoyens britanniques.
Le Président français François Hollande a condamné l'attentat dans un communiqué : « Le Président adresse au peuple turc un message profond de solidarité après l'attentat ignoble qui a frappé le centre d'Ankara, ce soir causant de nombreuses victimes. » Il est évident que ces mots sont le reflet des sentiments sincères de Hollande, qui a connu des temps similaires après les grandes attaques terroristes à Paris. Cependant, il y a peu de temps, l'invitation des autorités du PKK à l'Elysée a fait douter les Turcs à ce sujet. Le fait que Zubeyir Aydar, un KCK (la branche urbaine du PKK), membre du Comité exécutif, qui est sur la liste des personnes les plus recherchées de la Turquie, ait participé à une conférence à l'Assemblée nationale française est un autre aspect qui incite à la réflexion sur cet incident. La France, notre allié important, peut avoir de bonnes raisons de faire tout cela, mais celles-ci devraient toutes être clarifiées devant le peuple turc.
Cela est également valable pour beaucoup d’autres pays de l'UE. Il n’est pas un secret que les pays tels que l'Allemagne, la Hollande et la Belgique ont permis les opérations de diverses branches du PKK, de ses associations et de ses organes de presse à l'intérieur de leurs frontières.
Si les Etats veulent faire de sérieux efforts contre le terrorisme, ils devraient être sincères dans la lutte contre le terrorisme. Si nous nous tenons vraiment ensemble dans une lutte contre le terrorisme, si nous voulons vraiment nous soutenir mutuellement à ce sujet, si ceci est ce qu’il y a de mieux pour s’unir dans la lutte contre le terrorisme, ils devraient alors abandonner la mentalité qui dit : « Maudis mon terroriste, mais je peux soutenir le tien quand c’est nécessaire. » Où et contre qui le terrorisme est nourri n’a pas d’importance ; le terrorisme n’accepte pas d’amis, ni ne fait de distinction entre les cibles. Nous espérons voir ces pays qui sont nos alliés « réellement » à nos côtés dans nos efforts de lutte contre le terrorisme.
Article d’Adnan Oktar sur Arab News :