Depuis plus d'un siècle, la reconstruction du Moyen-Orient a été la première priorité des États-Unis. Dans le souci d'atteindre son objectif, les États-Unis ont dépensé des fonds considérables et ont déployé beaucoup d'efforts.
Washington aurait réussi à remodeler la région, s’il avait vraiment voulu le faire. S’il voulait à tout prix voir un Moyen-Orient prospère, il aurait contribué à l'éradication de la mentalité communiste qui a été soutenue par les régimes baassistes et il aurait aidé à créer une région paisible. Cette région aurait pu alors devenir un allié fervent des États-Unis, tout comme les Etats-Unis l’ont toujours espéré.
Si les Etats-Unis utilisaient l’éducation et une politique de réconciliation, la situation au Moyen-Orient aurait été très différente. Malheureusement, les États-Unis ont choisi une voie différente. Ils ont choisi la voie de la violence pour maintenir son influence dans la région. Washington a tenté d'imposer sa propre compréhension de la démocratie au Moyen-Orient sans prendre en considération les sensibilités religieuses des habitants de cette région. Il a complètement ignoré l'histoire et les valeurs de la région.
Aujourd'hui, les personnes influentes à Washington sont stupéfaites par les massacres effectués par l’EI. Il serait difficile d'évaluer le chaos actuel au Moyen-Orient sans évaluer correctement l'invasion américaine de l'Irak.
En 2004, la prison irakienne d'Abou Ghraib a été largement couverte par les médias avec les photos de Pvt. Lynnie England tenant en laisse un détenu irakien étendu sur le sol. Le général J. Karpinski, qui était le commandant de tous les établissements de détention en Irak, a déclaré que la prison d'Abou Ghraib était sous le commandement des services de renseignement militaire et que ces abus et maltraitances étaient, en effet, la politique officielle et que les agents de la CIA participaient également aux interrogatoires. Rappelons-nous les déclarations d’Eric Fair, qui était un interrogateur à Abou Ghraib en 2004, qu’ils a émises des années plus tard. Dans son article publié l'an dernier dans le New York Times, Eric Fair a déclaré: “Je pouvais être quelqu'un dont on est fier. Mais je ne suis pas. J’étais un interrogateur à Abou Gharib. J’ai torturé”.
Il a affirmé qu'il n'a pas été du tout surpris par les nombreuses méthodes mentionnées dans le rapport de torture publié par le Sénat américain. Il a écrit: “Je ne suis pas surpris. Je vous assure qu'il y a plus; beaucoup ont été expurgées. Fair continue à écrire: “La plupart des Américains n’ont pas lu le rapport. La plupart ne le lira jamais. Mais il se présente comme un rappel permanent du pays que nous étions autrefois”.
Le rapport de 2006 sur Abou Ghraib, contenant 1.325 photos, 93 vidéos et 660 photos documentant les abus sexuels, nous a fourni une vue très complète. Cependant, le problème est que ces données couvrent la période entre le 18 octobre et le 30 décembre 2003 - une période de deux mois et demi. L'ampleur de l'horrible torture infligée durant toute la période, qui a duré huit ans, reste encore un secret.
Les photographies publiées de nombreuses années plus tard, montrant des soldats américains mettre le feu sur les cadavres d'insurgés se trouvant dans le jardin d'une maison à Falloujah, constituent un autre aspect de la tragédie. Comme il faut se rappeler, le porte-parole du Pentagone, le Colonel Steven Warren dit que ces photos ne sont pas quelque chose qu’”ils auraient attendu de leurs soldats." Malheureusement, c’est exactement ce que les gens du Moyen-Orient appréhende des soldats américains.
Ce qui s’est passé dans le centre de détention de Guantanamo Bay, l'une des plus grandes hontes de la guerre en Afghanistan, a été presque complètement oubliée. Le détenu yéménite Tariq Ba Odah, qui est en grève de la faim depuis 2007 et qui est nourri par voie intraveineuse avec force par les autorités dans le camp, pèserait seulement 33,5 kg. Prétendant qu'il ne servira qu'à encourager d'autres grèves de la faim, le détenu n’est toujours pas autorisé à quitter le camp en dépit de son état de santé. Actuellement, le Guantanamo - qui devait être fermé depuis qu’Obama a commencé sa présidence - ne prend place dans l’actualité qu’avec ces nouvelles.
Mettons l'accent sur un point ici. Il est impossible que nous approuvions les atrocités commises par l’EI ou tout autre groupe terroriste actif dans le Moyen-Orient. Ce que nous voulons vraiment souligner ici est la nécessité pour les Etats-Unis, qui dénoncent les pratiques de Daesh, et qui (à juste titre) condamnent ces actes comme “violents” et “cruels”, de revoir ses propres politiques. La violence exercée à Abou Ghraib, les injustices effectuées à Guantanamo, les tortures sans fin, les soldats américains qui conservaient comme souvenir le nez et les oreilles de ceux qu'ils avaient tués, sont des faits concrets d’un passé récent. En fait, les États-Unis, où chaque jour 22 soldats américains se suicident, portent le fardeau de ce passé. L'animosité contre les Américains qui s’est développée dans la folie au Moyen-Orient, s’est d'autre part transformée en quelque chose de presque irrévocable. Les États-Unis sont sans aucun doute fort responsable du chaos actuel dans la région.
Ajoutons aussi un fait important: Les États-Unis sont un grand pays ayant une population composée de personnes agréables et honnêtes et la grande majorité des soldats américains sont des gens consciencieux. Cependant, il est évident qu'il y a une erreur flagrante dans la politique du Moyen-Orient des Etats-Unis. Ainsi, au lieu de demander: “D’où est venue cette violence?”, les Etats-Unis devraient d'abord questionner ses propres politiques. Bien que la violence sévit au Moyen-Orient et est devenue une tragédie à des dimensions terrifiantes, il n’est pas encore trop tard pour mettre en œuvre une nouvelle politique basée sur l'éducation à la place de la violence.
Article d’Adnan Oktar sur Arab News & MBC Times: