Récemment, nous avons discuté de la guerre de la Turquie menée contre le PKK et vu comment la question est directement liée au PYD en Syrie. Le PYD (et sa branche armée, le YPG) a été fondé par des membres du PKK en 2003.
Tout comme le PKK, son siège est à Qandil. Son chef est le chef du PKK, Abdullah Ocalan. Son idéologie en termes d'objectifs et d’activité terroristes est la même que celle du PKK.
Les négociations de Genève ont commencé le mois dernier. La Turquie s’est opposée à la présence du PYD en disant : « Nous ne participerons pas si le PYD participe ». Sans aucun doute, faire participer une organisation terroriste pour parler de l’avenir de la Syrie serait un acte très irrationnel. Ces propos d'Ankara reflètent les faits dans une large mesure: « S’ils devaient prendre part aux négociations, alors ils devraient le faire du côté du régime ». Le fait que le PYD ait longtemps agi comme défenseur du régime syrien n’est pas un secret.
L'objection de la Turquie a été acceptée et le PYD n'a pas été admis aux négociations de Genève. Bien que les discussions de Genève aient été reportées, l'absence du PYD a été considérée comme une étape montrant que les négociations portaient leurs fruits. Au même moment, cependant, les développements dans la région kurde de Syrie ont révélé que les appareils des états profonds américains et européens ont en pratique agi très différemment.
Alors que les négociations de Genève avaient commencé sans le PYD, les diplomates britanniques et français et Brett McGurk, le représentant spécial du président Obama, missionnés dans le cadre de la coalition établie pour lutter contre Daesh, ont effectué une visite surprise à Kobane. Au même moment, le secrétaire d'Etat adjoint américain Tony Blinken a rencontré le co-président du PYD Salih Muslim à Genève.
McGurk a beau prétendre que la visite avait été planifiée à l'avance et que le moment était une simple coïncidence, il n’est pas difficile de voir que cette visite, à un moment sensible, était destinée à envoyer certains messages à la Turquie. Après la visite, une source kurde a dit: « Une délégation militaire de haut rang de la coalition internationale a rencontré des membres du PYD. » De toute évidence, l'alliance entre les responsables américains et européens et les terroristes allait de l'avant malgré les objections de la Turquie.
C’était la première fois que les Etats-Unis avaient envoyé des représentants du gouvernement en Syrie. Alors qu’ils disaient à la Turquie: « Vous êtes un membre de l'OTAN et notre allié » devant les caméras, ils ont entrepris des initiatives contre la Turquie derrière elle. Faire ce que la diplomatie exige avec un sourire sur le visage et forger des alliances avec les ennemis si nécessaire, n’est-ce pas une caractéristique importante des états profonds ?
La façon dont McGurk a posé devant les caméras avec Polat Can, l'une des figures les plus éminentes à Qandil et a même accepté un prix de lui, est un détail nécessitant un examen approfondi. Polat Can est un terroriste qui, jusqu'à récemment, était à Qandil et luttait pour le PKK en uniforme du PKK. La façon dont il portait un uniforme PYD en souriant avec McGurk devant les caméras montre l'ampleur de la tactique employée. Au même moment, les numéros de série des armes du PKK capturées par la Turquie ont révélé que celles-ci avaient été données au PYD par les États-Unis. Les armes en question sont actuellement utilisées par le PKK contre les soldats et policiers turcs à Cizre, Nusaybin et Silopi. Bien qu’Ankara ait partagé avec les pays concernés une liste des numéros de série des armes, les Etats-Unis semble avoir été peu affecté.
Rappelons-nous également que les informations que les Etats-Unis ont construit une base aérienne en Syrie afin de fournir une assistance militaire au PYD ont récemment été confirmées. A partir de cet aéroport, les États-Unis peuvent maintenant envoyer des armes directement au PYD. Autre chose intéressante à noter est la façon dont le PYD, qui agit entièrement de concert avec le régime syrien, est soutenu par les Etats-Unis, qui s’oppose à ce régime. Les forces du régime syrien s’étaient récemment mis d’accord pour agir ensemble avec le PYD dans une opération contre la base aérienne de Minig de l'opposition.
La façon dont les états profonds américains et européens utilisent Daesh comme une excuse pour poursuivre une politique de « tout terroriste s’opposant au terroriste est un terroriste légal » fait en réalité partie d’un grand stratagème. Il n’est pas un secret qu'il est devenu impossible de vaincre Daesh sur le terrain, raison pour laquelle les États-Unis et l'Europe sont réticents à se livrer à une opération terrestre dans la région. Les États-Unis et les pays européens sont bien conscients du fait qu'ils seront incapables de vaincre Daesh s’ils envoient des troupes en Syrie. De la même manière, ces pays sont également conscients que le PYD sera incapable d’avoir un succès important dans une offensive terrestre contre Daesh.
Les allégations américaines que le PYD leur fournit des renseignements importants dans la région ne sont pas très crédibles. Les actifs de renseignement américains ont certainement beaucoup plus de moyens que quelques militants n’ayant aucune infrastructure dans la région. Ce que nous voyons ici, c’est le désir d’un soutien secret au PKK, une organisation terroriste stalinienne engagée dans des activités séparatistes en Turquie. Rappelons-nous que les forces de la coalition n'ont jamais attaqué Daesh jusqu'à ce que celui-ci ait attaqué le PYD. Les états profonds en question ne sont pas intéressés par ce qui se passe en Irak et en Syrie. Leur seul désir est qu’il n’arrive aucun mal au PKK qui cherche à désintégrer la Turquie. Les états profonds sont connus pour leur volonté de diviser la Turquie depuis plus d’un siècle et n’ont aucun scrupule à l’affirmer avec des cartes imaginaires. Comme il leur est impossible de soutenir directement le PKK qui figure sur leurs propres listes d'organisations terroristes et est dans un état de guerre contre la Turquie, un allié de l'OTAN, ils sont en train de réaliser ceci indirectement par l'intermédiaire du PYD en Syrie. Les armes fournies par ces états profonds sont actuellement utilisées contre les soldats et policiers turcs. La raison d'être de l'alliance de l'OTAN s’est effondrée face à ce scénario. Notre responsabilité est de décrire cette tragédie et d'exposer l'hypocrisie.
Article d’Adnan Oktar paru sur Arab News, Jefferson Corner et News Rescue :
http://www.arabnews.com/columns/news/879761