Depuis le 11 septembre 2001, le monde occidental a fait face à des attaques terroristes totalement inattendues. Ces attaques ont profondément ébranlé les États-Unis et les pays européens. A la suite du 11 septembre, sous la direction de George W. Bush, le gouvernement américain a lancé le concept d'une guerre globale contre le terrorisme. Plusieurs lois et décrets ont été mis en vigueur afin d'empêcher des attaques similaires.
Aujourd'hui, cependant, un certain nombre de think tanks sont critiques vis-à-vis des politiques du 11 Septembre. Les événements montrent que le monde est maintenant beaucoup plus dangereux qu'il ne l'était en 2001. Des dizaines de milliers de personnes innocentes ont perdu la vie dans environ 300 attentats terroristes lors des 14 dernières années.
Le nombre des organisations terroristes à travers le monde dépasse maintenant les 150. Suite à ces attaques, les pays touchés ont adopté ce qu'ils imaginent être des mesures appropriées. En conséquence, les droits constitutionnels ont été violés et la liberté de parole et de déplacement ont été limités. Des millions de personnes innocentes ont été injustement enregistrées dans les dossiers; certains ont été arrêtés et emprisonnés. Des milliards de dollars ont été dépensés pour les mesures de sécurité supplémentaires. En conséquence, il est devenu impossible de profiter pleinement de l’utilisation des droits civils dans le monde occidental, en particulier aux États-Unis.
Le traumatisme du 11 septembre a conduit les États-Unis à adopter une succession de lois contraignantes:
Homeland Security Act (Loi de sécurité nationale) : En vertu de cette loi, le Département de la sécurité intérieure a été placé au-dessus de tous les autres organismes de sécurité. Le département fonctionne à un niveau de cabinet, a un budget annuel de 100 milliards $ US et a un effectif de 200.000 employés.
PATRIOT Act (Loi patriotique): En vertu de cette loi, 130 lois qui affectent la vie civile ont été introduites; 1.200 personnes ont été emprisonnées sans jugement pendant des mois et leurs identités ont été gardées secrètes. Les vies privées de millions d'Américains ont été placées sous surveillance, les téléphones ont été mis sur écoute et les dossiers bancaires ont été examinés. Le concept de “Big Brother is watching you” du célèbre roman de George Orwell de 1984 est littéralement devenu réel en Amérique du 21e siècle.
AVIATION and Transportation Act (Loi sur l’aviation et le transport): En vertu de cette loi, la sécurité de l'aéroport a été restructurée. 18 milliards $ US recueillis auprès des voyageurs du transport aérien à travers une taxe spéciale ont été utilisés pour les nouveaux systèmes de sécurité.
Le VISA et les restrictions de voyage: L’entrée des Musulmans dans le pays a été rendue plus difficile. Tous les voyageurs en provenance et à destination des Etats-Unis ont commencé à être surveillés par les listes d'interdiction de vol du gouvernement. Sous la nouvelle loi, les États-Unis ont déclaré que toute personne ayant visité l'Irak, la Syrie ou le Soudan dans les trois dernières années ne sera pas autorisée à entrer dans le pays sans visa.
La campagne “Si vous voyez quelque chose dites-le" a encouragé les gens à s’espionner entre eux. Dans un pays où les libertés sont de plus en plus restreintes chaque année, le peuple américain a fini par ressembler aux Russes qui ont été forcés de dénoncer l'autre sous le communisme soviétique.
Diverses opérations illégales ont eu lieu sous le concept de la guerre contre le terrorisme. Dans le cadre des opérations Stellar Wind et President’s Surveillance Programme (PSP), les e-mails, les comptes bancaires et les conversations téléphoniques de centaines de milliers d'Américains ont été secrètement recueillis par la National Security Agency.
Les personnes détenues au cours de la guerre en Afghanistan ont été décrites non pas comme des prisonniers de guerre mais comme des combattants ennemis. Cela a été conçu pour contourner les Conventions de Genève et a conduit à l'utilisation de méthodes d'interrogatoire sévères. Le président Barack Obama a seulement réussi à interdire les centres de torture secrets (black site) des services de renseignements en 2009.
La férocité parvenue à dominer les Etats-Unis s’est reflétée à presque tous les niveaux. Les photos de torture notoires de la prison irakienne Abou Ghraib, mises en lumière en 2004, ont provoqué d’importantes critiques et une explosion de colère à travers le monde.
Un rapport du Pentagone a révélé que celles-ci ne sont pas seulement des actes individuels mais qu’elles reflètent une approche de base à tous les niveaux de l'armée, du plus bas au plus haut niveau; des dizaines de milliers de Musulmans ont été interrogés, emprisonnés et torturés sous le prétexte d'avoir des liens avec al-Qaïda. Bien qu’Al-Qaïda a aujourd'hui largement cessé d'exister, sauf comme une organisation nébuleuse, elle a été remplacée par l'État islamique, Boko Haram, al-Shabaab et d'autres.
Ces pratiques ne sont pas seulement propres aux États-Unis, elles ont été appliquées dans tous les pays occidentaux exposés à des attaques terroristes. Les victimes et les auteurs ont encore une fois été confondus après les attentats du 13 novembre 2015 en France. Des personnes innocentes fuyant le terrorisme en Syrie, en Irak et en Afghanistan et qui cherchaient un refuge dans l'UE ont été assimilées à des terroristes et la rhétorique anti-réfugiés a dominé l'ordre du jour. La majorité des pays de l'ancien bloc de l'Est ont plutôt ouvertement tenté d'empêcher l'admission des réfugiés en promulguant des lois.
Des campagnes électorales anti-réfugiés ont été menées; Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen, deux candidats à la présidence française, ont déjà annoncé qu'ils allaient introduire un système de sécurité encore plus strict lors des élections de 2017. Les mesures pratiques introduites sont encore plus alarmantes. A la suite de l'attaque Charlie Hebdo, la France a placé 88.000 membres des forces de sécurité en état d'alerte pour rechercher les auteurs. Après un seul avertissement à propos de l’EI, la Belgique a déployé ses troupes dans les rues de Bruxelles et a déclaré l'état d'urgence. Le métro a été fermé, les compétitions sportives et les lignes de transport ont été annulées.
Pourtant, ces mesures, destinées à rendre le monde plus sûr, n’ont apporté rien de bon. Nous vivons dans un monde beaucoup plus dangereux que celui de 2001. Il y a beaucoup plus de noms sur les listes du terrorisme. Au début, seule l'Afghanistan était impliquée dans la guerre américaine contre le terrorisme.
Aujourd'hui, cependant, des pays comme l'Irak, la Syrie, le Yémen, le Pakistan, la Libye, le Qatar et plusieurs pays africains font également partie de cette guerre. Environ 10.000 soldats américains et des centaines de milliers de civils Musulmans ont trouvé la mort. Le concept d'une guerre contre le terrorisme a divisé les pays musulmans, a conduit à l'instabilité et à des guerres civiles. Plus d'un million de personnes sont aujourd'hui sur la “US Terror Watch List” (liste de surveillance de terrorisme des États-Unis), de ce nombre, 280 000 ne font pas partie d'un quelconque groupe terroriste connu. Durant l'administration Bush, le nombre de personnes inscrites comme terroristes potentiels était seulement de 48.000.
Le coût de la guerre américaine contre le terrorisme est estimé à environ 6 milliards de $. Malgré cette somme stupéfiante, la haine envers les Etats-Unis parmi les Musulmans est désormais au plus haut niveau dans le monde. Plus important encore, à cause de ces méthodes brutales, les États-Unis et le monde occidental perdent les Musulmans modérés, leurs plus importants alliés.
La guerre contre le terrorisme au cours des 15 dernières années a seulement apporté le sang et les larmes. Il est impossible d'éradiquer le terrorisme par la force brutale, les bombes et les fusils. Le monde occidental doit établir des modèles de coopération pour regagner les Musulmans. Le terrorisme et le radicalisme ne peuvent être vaincus que par la diffusion du vrai Islam du Coran.
Article d’Adnan Oktar sur New Straits Times:
http://www.nst.com.my/news/2016/01/122913/war-terror-largely-self-defeating