Le 20 janvier, l’armée turque lançait son « Opération Rameau d’Olivier » à Afrin en Syrie pour éradiquer les groupes terroristes PKK-YPG et DAECH, actifs dans la région. Selon les autorités turques, la campagne militaire se poursuivra jusqu’à ce que la région soit complètement débarrassée des terroristes et que le dernier d’entre eux soit capturé.
En attendant, les autorités turques gèrent habilement l’aspect politique de l’opération. La Turquie tient informés le public international, les Etats-Unis, les pays de l’OTAN et particulièrement les pays concernés comme l’Iran et la Russie de chaque étape de l’opération pour justifier la légitimité de celle-ci. De nombreux pays, notamment la Russie et l’OTAN, ont longtemps confirmé le lien entre les YPG et le groupe terroriste PKK et ont défendu le droit de la Turquie à la légitime défense. Les principaux pays de l’UE comme l’Allemagne, la France et les Pays-Bas, malgré les attentes initiales d’opposition, ont également apporté leur soutien à la Turquie.
Les Etats-Unis, malgré leur approche typiquement réservée, ont donné l’impression qu’ils ne seraient au moins pas contre l’opération. Il convient de noter que le soutien de l’armée américaine au YPG - la branche syrienne du groupe terroriste PKK - qui a duré des années et qui comprenait la fourniture de 5000 camions d’armes en plus du soutien logistique et militaire, a été l’une des principales raisons qui a causé l’opération. Ce soutien a permis la construction d’un corridor terroriste PKK-YPG lourdement armé et large le long de la frontière sud-est de la Turquie. Au final, Afrin devint pratiquement la porte d’entrée du groupe terroriste YPG-PKK en Méditerranée.
La situation est déconcertante. Les armes américaines se retrouvent fréquemment entre les mains des militants du PKK qui organisent des attaques en Turquie. En outre, les terroristes du PKK formés dans les camps des YPG sont connus pour leur infiltration en Turquie et leur réalisation d’attaques terroristes sanglantes. Par ailleurs, les bases du YPG-PKK à Afrin sont fréquemment utilisées par les terroristes pour lancer des roquettes sur les zones de peuplement turques comme Hatay et Reyhanlı.
Un récent article publié par le Washington Times a souligné les erreurs de l’administration américaine et a soutenu l’intervention légitime de la Turquie :
« Pendant des mois, les responsables turcs ont tenté de faire comprendre aux Etats-Unis que l’enrôlement d’un groupe terroriste pour en combattre un autre est une stratégie risquée, en particulier lorsque le premier groupe cherche le démembrement territorial de la Turquie. L’administration Trump, en retour, a envoyé des messages contradictoires et a manqué à ses engagements envers la sécurité d’un allié de l'OTAN.
La Turquie s’est véhément opposée aux Etats-Unis pour sa coopération continue avec les unités de protection du peuple (YPG) - affiliées au PKK - depuis l’administration Obama. YPG est l’aile armée du Parti de l’union démocratique (PYD), qui est la composante syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Le PKK est une organisation terroriste armée, classée également comme telle par les Etats-Unis.
Bien que peu rapportés aux Etats-Unis, des dizaines de civils turcs ont été tués dans des attaques transfrontalières par Daech et YPG. La Turquie considère donc à juste titre l’armement américain de la milice syrienne du PKK comme une menace à sa sécurité nationale. »[1]
Le nom de l’opération « Rameau d’Olivier » n’a pas été choisi uniquement pour son message de paix. L’ancienne légende de Gilgamesh raconte comment le prophète Noé comprit que l’inondation prendrait bientôt fin après que la colombe qu’il avait libérée de son navire revînt bientôt en tenant un rameau d’olivier avec son bec. Le nom « Rameau d’Olivier » représente le retour des populations locales dans leur patrie, tout comme les habitants de l’époque sont retournés dans leurs terres après la fin du déluge. Si la Turquie réussit également à nettoyer Manbij du PKK-YPG à la suite de cette opération, près de 500.000 Syriens qui ont quitté la région pour vivre en Turquie pourront rentrer chez eux. En d’autres termes, même si la principale raison de l’opération est la sécurité nationale de la Turquie, le début de la normalisation en Syrie permettra aux Syriens déplacés de rentrer finalement dans leur pays.
En plus du centre d’Afrin, le nettoyage d’une zone totale de 4.500 km² des terroristes du PKK est prévu. Cependant, étant donné que le YPG contrôle une superficie totale de 78.000 km², cela ne peut constituer qu’un début. De nombreux analystes s’accordent à dire que l’opération transfrontalière ne se limitera pas à Afrin et que la partie turque surveille attentivement la situation à l’est de l’Euphrate, qui est actuellement sous protection américaine.
En effet, le Président Erdogan a déclaré : « Nous allons nettoyer cette pollution terroriste jusqu’à la frontière irakienne car cette pollution tente d’encercler notre pays » alors que le Premier ministre turc Yıldırım a déclaré que pour garder Jarablus, Al Bab et Afrin sous contrôle, une opération à Manbij est nécessaire.
L’opération Afrin n’est pas la première campagne militaire transfrontalière de la Turquie. Le pays a auparavant mené de nombreuses opérations transfrontalières contre le PKK en Irak et s’est retirée dès l’achèvement de sa mission. La Turquie n’a jamais poursuivi, ni même pensé à une politique d’occupation, ni en Irak, ni en Syrie. Au contraire, la Turquie a toujours défendu l’intégrité territoriale des deux pays.
Par conséquent, il n’y a aucune vérité aux cris provocateurs d’ « occupation » du PKK ou de certains milieux qui soutiennent le PKK. L’armée turque, après avoir éliminé avec succès les groupes terroristes qui, pendant des années, ont causé une grave menace à la sécurité dans la région, se repliera sur ses frontières comme elle l’a toujours fait. En plus d’éliminer la menace terroriste, cette opération constituera une étape cruciale vers l’établissement d’une paix et d’une sécurité permanentes pour l’Etat et le peuple syriens.
Article d'Adnan Oktar, publié le 2 février 2018 sur The Jakarta Post (Indonésie):
[1] https://www.washingtontimes.com/news/2018/jan/24/letters-to-the-editor-why-turkish-troops-are-in-af/
http://www.thejakartapost.com/news/2018/02/02/operation-olive-branch-and-peace-syria.html