Il y a quelques mois, j’ai lu un article intitulé « Des activistes juifs prient secrètement sur le site saint musulman » notant que 15 Juifs pieux avaient dû se couvrir la bouche avec leurs mains et faire semblant de parler au téléphone pour prier au Mont du Temple à Jérusalem.
J’ai plusieurs fois entendu les troubles infligés aux Juifs pieux qui souhaitaient prier au Mont du Temple, décrits par le rabbin Yehuda Glick. Le rabbin Glick, qui était un invité d’honneur à un repas de l’iftar que nous avons organisé à Istanbul l’année dernière, a décrit ces questions en détail à la fois dans nos réunions privées et dans des émissions sur A9 TV.
Chercher à empêcher quelqu’un de prier dans un lieu qu’il considère « sacré » est une violation manifeste des droits de l’homme. L’article 18 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule que toute personne a droit à la liberté de croyance, d’opinion et de religion et que cette liberté inclut le droit de prier, que ce soit seul ou avec d’autres. Il est tout aussi naturel qu’un Juif prie et effectue son culte au Mont du Temple qu’il l’est pour un Musulman de prier à la Kaaba.
La liberté de croyance et de culte est aussi l’une des normes les plus élevées de la loi israélienne. Par exemple, la Déclaration d’indépendance de 1948 stipule que la liberté de croyance est garantie dans l’État d’Israël et que la parole et le comportement religieux sont inclus dans cette liberté. En effet, l’article 171 du Code pénal israélien considère comme un crime le fait d’entraver les gens qui se réunissent pour prier.
L’allégation selon laquelle « les Musulmans sont offensés par les non-Musulmans effectuant leur culte au Mont du Temple », une soi-disant justification pour la restriction du droit aux Juifs d’y prier, n’a aucun fondement coranique. Parce que les versets du Coran ne disent rien sur le fait d’être offensé par le culte des Juifs. Au contraire, de nombreux versets du Coran contiennent des expressions louant les actes d’adoration des gens du Livre (Juifs et Chrétiens).
Par exemple, le Coran dit : « Mais ils ne sont pas tous pareils. Il est, parmi les gens du Livre, une communauté droite qui, aux heures de la nuit, récite les versets d’Allah en se prosternant. Ils croient en Allah et au Jour dernier, ordonnent le convenable, interdisent le blâmable et concourent aux bonnes œuvres. Ceux-là sont parmi les gens de bien. Et quelque bien qu’ils fassent, il ne leur sera pas dénié. Car Allah connaît bien les pieux. » (Coran, 3 : 113-115)
En effet, certains touristes visitant les mosquées à Istanbul sont si touchés par l’atmosphère spirituelle qu’ils prient en eux selon leurs propres croyances et personne ne tente de les arrêter.
En outre, la Terre Sainte est un lieu où les Juifs, les Musulmans et les Chrétiens devraient vivre ensemble dans la paix et effectuer librement leur culte comme des frères. Le Coran stipule explicitement que les Juifs ont le droit de vivre en Terre Sainte. Ceci est explicité dans les versets 5 :20, 17 :104, 10 :93 et 2 :58. Par conséquent, pour un Musulman, voir des Juifs sur ces terres et témoigner de leur culte est une source de joie.
Mais ce ne sont pas seulement les Musulmans qui privent les Juifs du droit de prier au Mont du Temple, ce sont également le peuple israélien et des organismes officiels. Il y a trois principales raisons de cette réticence :
Il y a des lois strictes à respecter lors de la visite de certaines sections du Mont du Temple, le site le plus saint du judaïsme. Toutefois, il est impossible de se conformer à toutes celles-ci dans les conditions actuelles. D’autre part, il y a une section spéciale où les grands prêtres avaient l’habitude d’utiliser pour communiquer avec Dieu dans les premier et deuxième Temples. Seuls les prêtres de l’époque ont été autorisés dans cette section qui est complètement fermée aux visiteurs. En outre, le lieu de cette section n’est pas connu avec certitude ; les rabbins sont en désaccord sur cette question. Beaucoup de rabbins libéraux comme Yehuda Glick soutiennent qu’il est possible de savoir quelles zones du Mont du Temple sont autorisées et que par conséquent il ne devrait pas être interdit aux Juifs de prier sur le Mont. Le rabbin Glick dit qu’il y a au moins 300 rabbins qui pensent ainsi.
Cependant, la loi juive interdit aux Juifs d’y entrer jusqu’à ce que le troisième Temple soit construit. Quelques heures après qu’Israël ait pris le contrôle du Mont du Temple en 1967, les Grands Rabbins Isser Yehuda Unterman et Yitzhak Nissim ont déclaré une interdiction religieuse d’y entrer pour les Juifs. Le Conseil Rabbinat a ratifié celle-ci. Elle a de nouveau été confirmée par une autre déclaration publiée en 2005.
La deuxième raison est que le statut juridique du Mont du Temple interdit l’entrée aux non-Musulmans. Le formulaire signé par le sultan ottoman Osman III en 1757 précisant la façon dont les sites sacrés de Jérusalem devaient être partagés entre les religions est toujours reconnu par l’Etat d’Israël aujourd’hui. Ce modèle, connu sous le nom de « statu quo ottoman » a été maintenu tel qu’il était par le traité de Paris de 1856, le Traité de Berlin de 1878, le mandat britannique de 1923-1948, l’administration jordanienne de 1948-1967 et l’Etat d’Israël. Il a une nouvelle fois été confirmé dans le cadre du traité de paix israélo-jordanien de 1994. Par conséquent, les accords internationaux auxquels Israël est signataire et son statut juridique de 250 ans empêchent les Juifs d’y prier et d’effectuer leur culte.
La troisième raison est les préoccupations de sécurité de l’Etat d’Israël. Il est vrai que certains Musulmans réagissent très fortement contre la prière des Juifs au Mont du Temple. Pour ces raisons, le Premier ministre Netanyahu a maintes fois souligné qu’il ne changera pas le statut traditionnel et la Cour suprême israélienne a également rejeté toutes les applications permettant aux Juifs de prier au Mont du Temple pour des raisons d’« ordre public ».
Il convient de préciser que les protestations de certains Musulmans contre le culte des Juifs dans ce lieu n’est aucunement compatible avec l’esprit de paix du Coran et de l’Islam. Le cadre de croyance de certains Musulmans influencé par des idées bigotes provoque de telles protestations non-coraniques. La seule solution à ce problème est l’éducation à travers le Coran.
Le moyen de sortir de cette impasse est l’amour, la réconciliation et la construction du Troisième Temple sur un terrain vide sur le Mont du Temple sans endommager les sites islamiques existants. Comme je l’ai affirmé à plusieurs reprises, le Temple de Salomon peut être reconstruit exactement comme décrit dans la Torah sur un terrain vide à l’extrémité nord du Mont du Temple. Nous pouvons ouvrir ce lieu de culte glorieux avec la participation de membres de haut niveau des trois religions abrahamiques aux sons des cloches, des trompettes et de l’appel à la prière et nous pouvons donc faire de Jérusalem une « Ville de la Paix » conformément au sens hébreu du nom.
Tant les droits de l’homme et l’Islam exigent que les Juifs soient en mesure de prier librement sur le Mont du Temple dans un lieu de culte construit sur une partie de terrain approprié. L’instauration de la paix et de l’amour entre les Musulmans et les Gens du Livre sera le principal moyen par lequel ceci peut être réalisé.
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