La tentative de Stratfor de détourner l’histoire
Récemment, le groupe de réflexion Stratfor, également connu sous le nom de « Shadow CIA » a annoncé son opinion sur l'opération de Mossoul et sur l'avenir de cette ville. L'analyse, signée par Reva Goujon, affirme que, depuis des siècles, la Turquie et l'Irak revendiquent Mossoul et que les deux pays sont en désaccord à ce sujet. Dans l'essai, Goujon affirme que l'armée turque court après le vieil objectif ottoman et qu'elle effectue des opérations en Syrie pour atteindre cet objectif.
Alors que l'article suggère ce genre d'accusations sans fondement contre la Turquie et les Turcs, il ne mentionne jamais le fait que la Grande-Bretagne a envahi Mossoul en 1918 en défiant les traités de paix, que c'est ainsi que les sources d'énergie de la région, dont le pétrole iranien, ont été exploitées par la Grande-Bretagne et que des dizaines de coups d'Etat, de révolutions, de révoltes et d'assassinats irakiens portent la signature de l’Etat profond britannique. Au lieu de cela, on y explique le désir des Etats-Unis et de l’UE de prévenir le terrorisme et d’apporter de l’ordre dans la région. Pourtant, seule l’histoire des 20 dernières années de l’Irak suffit à révéler que les forces déployées dans la région avec la promesse de lutte contre le terrorisme ont entraîné l’exil et la mort de millions de personnes et la destruction massive de villes.
L'analyse susmentionnée fournit non seulement des informations purement unilatérales, mais aussi des erreurs historiques, politiques et géographiques. La révélation de ces erreurs jouera un rôle majeur dans la création d’une solution pour établir une paix permanente à Mossoul et dans toute la région.
L’objectif de la Turquie n’est pas d’annexer mais de gagner le cœur du peuple
L'essai de Stratfor ne parle jamais de l'histoire de Mossoul en lien avec les Turcs et les Ottomans. Il décrit Mossoul comme une région controversée entre l'Iran et la Turquie. En fait, Mossoul fut un territoire ottoman pendant 400 ans. Pendant ce temps, l'Iran n'a jamais fait aucune revendication concernant la ville. En outre, il est impossible de faire des revendications géographiques. Il y a une chaîne de montagnes qui est très difficile à passer, voire infranchissable entre Mossoul et l'Iran. Mossoul est situé à 1 000 km du golfe Persique et à 400 km de Bagdad. D'autre part, sa distance à la frontière turque est de 110 km. La chaîne de montagnes qu’on affirme être un obstacle entre Mossoul et la Turquie est située à l'Est. La chaîne de montagnes forme une frontière naturelle entre la région de Mossoul et l'Iran. Il n'y a pas une seule montagne sur la route du nord ou du nord-est de Mossoul à la frontière turque. Cette facilité de circulation est la raison pour laquelle cette région est en premier lieu, un centre de commerce et de culture depuis mille ans. En outre, le Tigre prend sa source de la Turquie et traverse Mossoul. Grâce à cela, le transport fluvial a facilité le transport des marchandises et des personnes. Le barrage de Mossoul, qui est beaucoup discuté de nos jours, a été construit sur ce fleuve.
Dans chaque période de l'histoire, le peuple de Mossoul s’est considéré comme musulman plutôt que turc, kurde ou arabe. Leur engagement fut pour le chef spirituel des Musulmans, le calife. Quand la mission de porte-drapeau de l'Islam passa aux Turcs, Mossoul devint une ville seldjoukide. Lors des Croisades, alors que les Seldjoukides défendaient la région, ils ont choisi Mossoul comme quartier général. Mossoul est devenu un territoire ottoman de 1535 jusqu'au moment où il a été envahi par la Grande-Bretagne, en d'autres termes, Mossoul fut une partie de l'histoire turque pendant mille ans. Dans son article, l'analyste de Stratfor, Goujan, affirme que la Turquie veut Mossoul en raison de ses riches champs pétroliers. Toutefois, ce ne sont que certaines puissances occidentales qui s'intéressent à Mossoul pour son pétrole, c'est-à-dire pour le profit. Pour la Turquie, Mossoul est un héritage ancestral, un lieu où vivent leurs frères musulmans. La Turquie a des liens affectueux avec le peuple de Mossoul qu'il protégera et soutiendra toujours.
Mossoul est une ville où les Turcs, les Kurdes et les Arabes vivent ensemble
L'affirmation de Goujan selon laquelle Mossoul est une ville arabe n'est pas fondée sur des faits historiques. Après la Première Guerre mondiale, les frontières dessinées sous la direction de la Grande-Bretagne de l’époque ont établi des frontières de fils barbelés entre les peuples qui avaient vécu ensemble et fraternellement jusque-là. Les frontières irakiennes d'aujourd'hui, qui ont été dessinées en 1921 à la réunion du Caire par 40 britanniques parmi lesquels il y avait des espions, des politiciens, des soldats et des hommes d'affaires, sont constituées de trois provinces ottomanes : Al-Basra, Bagdad et Mossoul. Parmi ces provinces, Bagdad et Al-Basra sont des régions arabes. Ce sont les régions centrales et méridionales de l'Irak d'aujourd'hui. La province de Mossoul, d'autre part, comprend tout le territoire du nord. Les habitants y sont essentiellement des Turcs et des Kurdes. La cible de l'opération actuelle, la ville de Mossoul, est le centre de cette province. Selon trois documents internationaux importants, le rapport de la Société des Nations, l'Accord d'Ankara et le texte de l’indépendance iranienne, cette région est une « région minoritaire ». Le fait qu'une telle importance soit donnée à Mossoul bien qu’elle soit démographiquement arabe, reflète le plan de diviser le Moyen-Orient en dizaines de parties composées de Turcs, de Kurdes, d'Arabes, de Sunnites, de Chiites, d'Assyriens, de Chaldéens, de Nusayris et ainsi de suite. Toutefois, le Moyen-Orient n'a pas besoin de nouvelles frontières mais de solides unions basées sur l'amour et la fraternité.
Mossoul est dans le cadre du Pacte national turc
L’autre affirmation erronée de l‘essai est la supposition que le peuple vivant à Mossoul considère les Turcs comme des soi-disant envahisseurs et qu’il ne veut pas leur soutien. Au contraire, les habitants de Mossoul se sont toujours tournés vers la Turquie et ont toujours cherché leur soutien en temps de besoin. Le peuple de Mossoul est lié de cœur à la Turquie. En effet, ils sont restés fidèles à l'Empire ottoman, même pendant les rébellions arabes de la Première Guerre mondiale. Ils ont combattu avec dévouement contre les envahisseurs britanniques et les troupes rebelles arabes sur les lignes de front ottoman dans l'armée ottomane. La raison de la volonté de la Turquie d'acquérir Mossoul aux réunions de Lausanne n'était pas le pétrole. La raison est le fait que Mossoul était encore un territoire ottoman dans l'armistice de Moudros qui a mis fin à la Première Guerre mondiale et qu'il a été reconnu comme territoire turc dans le Pacte national turc déclaré par la Chambre des députés ottomane. La guerre d'indépendance a été menée pour les territoires inclus dans le Pacte national turc. Durant la guerre d'indépendance turque, le peuple turc n'a pas lutté pour le pétrole mais a courageusement combattu sur le sol même qu'ils considéraient comme leur patrie pour la paix de leurs vrais frères.
Les Kurdes de la région de Mossoul sont également amis des Turcs
Contrairement à ce que prétend Sratfor, il n'y a absolument aucun conflit entre le peuple kurde vivant dans la région et l'Etat turc. Les Kurdes vivant dans le nord de l'Irak sont également amis des Turcs. Ils se sont toujours réfugiés en Turquie lorsqu'ils ont fui l'oppression de Saddam. Les investisseurs et commerçants voyageant de la Turquie vers la région ont toujours visité leurs parents turcs ou kurdes. Il y a une coopération économique entre les Turcs et les Kurdes depuis des siècles dans la région. Pour cette raison, le peuple kurde de Mossoul se considère très proche de la Turquie et du peuple turc.
Tout au long de l'histoire, la raison pour laquelle Mossoul a prospéré et est devenu un centre de pouvoir est sa connexion avec l'Anatolie
L'effort de Stratfor de présenter les investissements des entrepreneurs turcs à Mossoul comme une « invasion économique » n'est en aucun cas sincère. L’un des principaux facteurs de la prospérité de Mossoul est ses liens commerciaux avec l'Anatolie. Tout comme les interactions économiques des entreprises d’un pays à des milliers de kilomètres sont naturelles, la conduite des affaires dans une région qui partage une frontière avec la Turquie est également le droit naturel des entreprises turques. La facilité de circulation permet aux entreprises turques d’être compétitives. Il est évident que les entreprises turques ont le coût le plus bas pour les appels d’offres. Le bénéficiaire est le gouvernement du nord de l’Irak, c’est-à-dire la population locale qui peut être une main-d’œuvre bon marché. En outre, les autres régions de l'Irak sont également construites par des entreprises de construction turques. Les entrepreneurs turcs ont signé des centaines de milliards de dollars de contrats en Russie, en Ukraine, au Kazakhstan, au Turkménistan, en Libye, en Algérie, au Nigéria, au Koweït, au Qatar et dans bien d'autres pays.
La Turquie est un pays qui suit de près l'évolution à ses frontières, elle n'est pas un envahisseur
L'écrivain Goujon affirme que la Turquie veut envahir Mossoul. En fait, la Turquie suit de près les développements pour sa propre sécurité et la paix de la population locale. Celui qui exploite, bombarde, envahit, assassine, détruit, divise, réclame la propriété des champs pétroliers de la région a toujours été l'Etat profond britannique. Les habitants de Mossoul ont été dévastés pendant la période du mandat britannique. Pendant le Traité de Lausanne, la Grande-Bretagne a rasé la région de Mossoul. Des dizaines de milliers de Musulmans vivant à Mossoul ont perdu la vie sous les bombardements de la Royal Air Force britannique.
Stratfor ne mentionne jamais ces faits historiques dans son analyse. L'article tente de donner l'impression que les intérêts impérialistes du jeune gouvernement turc et de la Grande-Bretagne étaient en conflit à Lausanne. Mais en fait, il y avait d’une part, la Grande-Bretagne qui a divisé et envahi le territoire ottoman, tandis que de l'autre il y avait la Turquie, un pays qui a mené une lourde guerre d’indépendance pendant quatre ans pour défendre sa patrie.
La Grande-Bretagne de cette période a non seulement avalé Mossoul, mais aussi tout le Moyen-Orient. Les populations turques, kurdes, arabes, sunnites, chiites, nusayri, yazidis, chrétiennes, juives et musulmanes de la région ont été victimes de la Grande-Bretagne, leurs terres ont été pillées et leurs biens ont été saisis.
Il y a la paix entre la Turquie et l'Iran depuis 400 ans
Le conflit Iran-Turquie est une affirmation absurde. La frontière Iran-Ottoman, et plus tard la frontière Iran-Turquie, n'a pas changé depuis 400 ans. Les peuples de l'Iran et de la Turquie ne se sont jamais fait la guerre depuis quatre siècles. En fait, 20% de la population iranienne est composée de Turcs azerbaïdjanais. La prétention de Stratfor d'un conflit turc-iranien est loin des faits historiques. Aujourd'hui, Moscou, Téhéran, Ankara, Riyad et même Damas sont au bord d'une alliance. Ces peuples ne sont pas ennemis des uns et des autres et l'Iran n'a jamais revendiqué Mossoul.
Ni l'Empire ottoman, ni la Turquie n’a connu des conflits confessionnels
La Turquie n'a jamais pris parti dans les conflits confessionnels. L'Etat turc est ami de l'Iran et de l'Arabie saoudite. Notre Président, M. Erdogan a plusieurs fois déclaré que : « Notre religion n'est ni le chiisme, ni le sunnisme, mais l'Islam. »
Le peuple turc considère les Syriens comme des frères
Dans l'essai, Stratfor tente de définir les politiques de l'Etat turc sur la Syrie et Mossoul comme une « invasion ». Le fait est que, 600.000 personnes ont perdu la vie en Syrie jusqu'à aujourd'hui. Aucun d'entre eux n'a été tué par une balle turque. Ces personnes ont des millions de parents en Turquie. La Turquie compte aujourd'hui trois millions de Syriens. Quand la majorité des pays européens érigeaient des murs contre les réfugiés, les habitants de la Turquie dépensaient des milliards de dollars pour leurs hôtes syriens et continuent encore de le faire.
Goujon critique la Turquie pour avoir agi hâtivement en Syrie sans attendre la communauté internationale. Aujourd'hui, la société internationale est incapable de parvenir à un consensus sur la paix. Chaque jour, des centaines d'Arabes, de Turcs et de Kurdes innocents perdent la vie. Et les forces de la coalition continuent de bombarder la Syrie depuis cinq ans. La Turquie intervient nécessairement en Syrie pour apporter la paix. En outre, la Turquie partage une frontière de 600 kilomètres avec la Syrie. Au-delà de ces frontières se trouvent des groupes terroristes qui constituent une véritable menace pour la Turquie. L'opération de la Turquie en Syrie ne vise qu'à sécuriser ses frontières et la Turquie préconise la préservation de l'intégrité territoriale de la Syrie.
N'ayant pas réussi à apporter la paix en Syrie, la communauté internationale a lancé une opération à Mossoul, qui met en péril une paix déjà fragile en Irak. C'est cette mentalité qui poursuit une politique d'invasion dans la région. La Turquie s'efforce simplement de prévenir de nouveaux massacres. Mossoul est à seulement 100 km de la Turquie. Au cours des trente dernières années, l'armée turque a eu des centaines d'occasions d'entrer à Mossoul, et dans aucun de ces temps, elle n’a monté une campagne impérialiste. Aujourd’hui encore, la Turquie n'a pas cette intention.
Ce sont les interventions étrangères qui ont introduit des conflits confessionnels au Moyen-Orient
L'affirmation de l'article : « Si les pays de la région deviennent plus puissants à Mossoul, une plus grande guerre sera inévitable. D'autre part, comme les étrangers agissent dans le seul but d’apporter la paix dans la région, il n'y aura pas de guerres confessionnelles » est une illusion. Au cours de l’invasion de l’Irak par les forces de la coalition, 1,5 million de personnes ont perdu la vie. L'Irak a été entraîné dans des conflits confessionnels sous le régime militaire des forces de la coalition. Ces pouvoirs ont conduit les pays dans lesquels ils sont entrés dans de plus grandes spirales de violence, laissant dans leur sillage des terres ruinées et ravagées par des guerres civiles.
Stratfor et Goujon sont sans doute bien conscients des faits dont nous avons mentionnés plus haut. Cependant, l'idée que « Mossoul deviendra un sujet de conflit entre la Turquie et le gouvernement irakien chiite, et que cela conduira donc à une guerre confessionnelle » est inculquée dans l'esprit du public par certains cercles. Il est probable que cet argument soit utilisé pour soutenir et justifier la nécessité de la présence continue des forces de la coalition à Mossoul. En outre, il sera probablement suggéré que Mossoul devienne une région autonome sous surveillance internationale. L'existence d'une telle entité autonome et faible au cœur du Moyen-Orient entraînera clairement plus de conflits et de guerres. Une alliance entre les peuples de la région sera un moyen de contrecarrer ce plan. La Russie, la Turquie, l'Iran, l'Irak, la Syrie, l'Arabie saoudite et même Israël devraient se rencontrer sur un minimum de terrain commun et défendre tenacement la paix contre ceux qui cherchent la guerre. Ce sont les peuples de la région qui établiront la paix et la sécurité dans la région, et non ceux qui viennent de dizaines de milliers de kilomètres.