Les Croisades ont introduit un tout nouveau terme à l’esprit collectif du monde : « Les guerres de religion ». Pendant des siècles, chaque fois qu’une nouvelle guerre a éclaté, il a été constamment suggéré que la religion était la cause sous-jacente de tous les conflits. En d’autres termes, on a laissé entendre que les intérêts égoïstes, l’avidité pour le territoire et le pouvoir n’ont joué aucun rôle et l’égoïsme, la véritable cause des guerres, est resté voilé.
Les conflits prétendument sectaires qui ont eu lieu tout au long de l'histoire du christianisme ne sont rien d’autre qu’un élan d’avidité profond pour plus de puissance et d’influence. Il ne fait aucun doute que les Chrétiens protestants, catholiques et orthodoxes avaient des visions significativement différentes mais les différences religieuses n’étaient certainement pas la véritable raison de leurs guerres. Dans ces conflits sanglants et violents, même le fait que les papes soient en lice pour plus de pouvoir politique n’était pas un spectacle surprenant.
Le Moyen-Orient n'a pas été différent à cet égard. Les acteurs derrière les grandes guerres dans la région ont toujours poursuivi leurs propres intérêts égoïstes. Bien que pendant des années, on a suggéré que les guerres au Moyen-Orient étaient liées à la religion, la vérité est tout à fait différente. Les parties dans plusieurs de ces conflits étaient généralement adeptes des régimes Baath, qui était l'application de l'idéologie marxiste dans le Moyen-Orient.
Les affrontements sectaires sporadiques dans le monde musulman résultaient également de la même mentalité. Bien que rejeté par beaucoup comme une simple question de désaccords sectaires, le vrai problème était la lutte de pouvoir entre les différents clans, ethnies et groupes d'intérêt. Le conflit sunnite-chiite, qui continue sans relâche depuis des siècles au Moyen-Orient, était en fait une forme déguisée de concurrence entre les différents groupes ethniques dans leur quête de plus d’influence et de pouvoir et de prise de contrôle des ressources naturelles et des routes commerciales importantes. Jusqu'à l'émergence de groupes radicaux, ce conflit n'a en réalité jamais été directement lié aux sectes. Au contraire, les diverses sectes ont été utilisées en tant qu’outil pour déclencher la haine et fournir un terrain fertile pour les guerres.
La fameuse thèse des années 1990 « le choc des civilisations » de Samuel Huntington, a décrit d'une manière comment ces conflits prendraient forme dans le temps. Il a affirmé que les conflits entre les pays et les désaccords au sein des pays allaient progressivement se transformer en de grands conflits culturels. Selon Huntington, ceci serait un résultat naturel de la mondialisation, en d’autres termes, l’équilibre des forces changeront et la soif de pouvoir et d’influence causeront de nouvelles guerres. La vision du monde matérialiste et égoïste qui a commencé à s’emparer du monde a donné raison à Huntington. Toutefois, les Etats continuent de blâmer la religion pour ce qui se passe.
Il est important de garder à l’esprit que les groupes radicaux qui prétendent agir au nom de la religion ne sont que les résultats indésirables de la lutte pour le pouvoir dans le monde. Le fait que les superpuissances n’ont aucun scrupule à soutenir divers groupes radicaux en tant qu’instrument et parfois comme un « tour de force » n’a jamais été un secret. Il convient également de noter que les groupes radicaux recourent à la violence en grande partie à cause de leurs sentiments de colère et de vengeance plutôt qu’en raison de leurs croyances religieuses.
Le rapport de l'Institut d'économie et de paix de 2014 pourrait aider à mieux expliquer la situation. Le rapport a montré que la religion n’était pas la cause principale des 35 conflits armés survenus en 2013. Selon le rapport, ces derniers étaient principalement liés à des sentiments anti-gouvernementaux, à des mouvements séparatistes, aux clivages idéologiques et la répartition des ressources naturelles.
Le rapport fournit une analyse statistique de la question : « Le taux de croyance religieuse ou l’athéisme dans un pays détermine-t-il la paix du pays ? » Selon celui-ci, trois des 10 pays les plus pacifiques sont très religieux. Dans 11 pays sur 20 ayant les plus hauts niveaux de paix, 90% des gens se définissent comme religieux. Le point commun entre les pays les moins pacifiques était le faible niveau de leur démocratie. Dans les pays où l'athéisme est la politique officielle de l'Etat, les scènes de conflits et les graves tensions sont fréquentes; cela comprend les pays communistes.
« Dans les pays musulmans, la répartition démographique des sunnites et des chiites détermine-t-elle la paix ? » Cette question a montré qu'il n'y avait pas de lien réel entre la paix et les différences sectaires. Le Qatar, où 85% de la population est sunnite et que 15% est chiite, est classé au 11ème rang en termes de paix, tandis que l'Afghanistan, qui a la même proportion, est dans le chaos total. Avec cet exemple, il est souligné que le vrai problème ne sont pas les différences sectaires. De la même manière, le Bahreïn est un pays relativement paisible, malgré son partage net entre les sectes (50% sunnite et 50% chiites).
« La religion peut-elle jouer un rôle positif dans la consolidation de la paix ? » Celle-ci était peut-être la question clé dans l'étude. Selon le rapport, les organisations interconfessionnelles renforcent particulièrement la paix. En d'autres termes, pour une paix effective et permanente dans le monde, il est important que les personnes religieuses travaillent ensemble pour renforcer l'alliance et l'amitié entre les personnes religieuses.
La conclusion du rapport de l'Institut d'économie et de paix, qui est basée sur une analyse statistique approfondie, pousse vraiment à la réflexion. Ce n’est pas la religion qui provoque des guerres mais celle-ci est plutôt le seul moyen d'arrêter complètement les guerres par une alliance entre les religions. En ces jours où les nuages sombres planant sur notre monde semblent s’épaissir, il est important que les artisans de la paix prêtent attention à ce fait très important. Recourir à davantage de bombes, jeter la responsabilité sur l’Islam et créer la haine avec des remarques anti-islamiques aggraveront inévitablement la situation. Si ceux qui cherchent une solution veulent vraiment la paix, ils doivent alors pour commencer, prêter attention aux paroles des véritables artisans de la paix qui appellent à un retour à l'essence des religions.
Article d’Adnan Oktar sur Arab News :