Les Chrétiens croient en la Sainte Bible qui se compose de l’Ancien Testament (la Torah) et du Nouveau Testament (l’Evangile). Bien que ces textes aient été corrompus, on peut encore y trouver quelques faits sur le Christianisme, les règles sur la façon dont les Chrétiens doivent vivre, et des exemples de valeurs morales chrétiennes. Cependant, aucun passage biblique ne mentionne la croyance en la trinité, et ni ce mot ou un autre qui pourrait lui ressembler n’apparaît dans l’Evangile. La New Catholic Encyclopedia (Nouvelle Encyclopédie Catholique) déclare que la trinité était inconnue aux premiers Chrétiens, et a seulement pris forme dans le quatrième siècle :
Il est difficile, dans la seconde moitié du 20ème siècle, d’offrir un compte-rendu clair, objectif et franc de la révélation,... et l’élaboration théologique du mystère de la trinité. Les débatteurs de la trinité, les Romains Catholiques, et d’autres personnes, présentent une silhouette quelque peu instable ... Les théologiens et exégètes bibliques, ainsi qu’un grand nombre de plus en plus important de Romains Catholiques, ont reconnu qu’on ne devrait pas parler de trinitarisme dans l’Evangile sans de sérieuses qualifications. D’autres personnes ont étroitement reconnu en parallèle que lorsque l’on parlait sans réserve du trinitarisme, on passait de la période des origines chrétiennes, c’est-à-dire, au dernier quadrant du quatrième siècle. C’est seulement à partir de ce moment-là que l’on peut appeler le dogme trinitaire définitif “Un Dieu en trois personnes” et dire que celui-ci s’est complètement intégré à la vie et à la pensée chrétiennes.[2]
Saint Grégoire de Nysse |
Le trinitarisme est seulement devenu le dogme de l’Eglise au quatrième siècle. Avant cela, il y avait eu de longs débats entre ses partisans et ses détracteurs. Ces débats ont été le point culminant au Concile de Nicée en 325.
Le Concile de Nicée (325), le plus grand rassemblement de représentants de l’Eglise en ce temps, a réuni plus de 300 membres du clergé de Rome, d’Asie Mineure, de Syrie, de Phénicie, de Palestine et d’Egypte. Ces membres ont été appelés par l’Empereur Romain Constantin Ier qui a voulu mettre fin à ce débat séparatiste pour la sécurité et le futur de Byzance. Lors de ce Concile, la croyance, qui constituait la base du Christianisme, a été définie pour la sécurité de l’Empire, selon une décision prise par des êtres humains. Saint Grégoire de Nicée décrit les débats suivants en ces termes (Allah est bien au-dessus des expressions employées dans cet extrait) :
De nombreux débats circulaient à travers chaque recoin de Constantinople : les rues, la place du marché, les magasins pour changer la monnaie, les fournisseurs ... Demandez à un marchand combien il veut d’oboles pour un certain article dans sa boutique, et il se lance dans un discours sur l’être engendré et non engendré. Demandez le prix du pain aujourd’hui et le boulanger vous dit : “Le fils est subalterne au père”. Demandez à votre serviteur/servante si le bain est prêt et il/elle vous répond : “Le fils a surgi du néant”. “Grand est le seul Engendré”, déclare les Catholiques, et les Ariens reprirent : “Mais plus grand est Celui qui engendre”.[3]
Constantin Ier a permis aux Chrétiens de l’Empire une liberté considérable de croyance et de culte, malgré le fait qu’il n’était pas Chrétien, et a continué à protéger les croyances païennes traditionnelles de Rome. Dans sa quête pour promouvoir les intérêts de l’Empire, il a travaillé sur un compromis entre les différentes religions, notamment le culte de Sol Invictus, basé sur l’adoration du Soleil, et le Christianisme. Préoccupé par la façon dont les Chrétiens s’étaient embarqués sur un débat théologique interne au moment même où il essayait de réunir les religions, il a rassemblé ce concile. D’un côté, on trouvait ceux qui croyaient que le Prophète Jésus (psl) était Allah fait de chair sur Terre (Allah est bien au-dessus de cela). Le chef de ce groupe était Athanase, un évêque d’Alexandrie. De l’autre côté était le célèbre prêtre égyptien Arius.
Arius était le fils d’une famille égyptienne d’origine libyenne qui a grandi à Alexandrie, une des villes les plus importantes à l’époque, et qui a rejoint l’Eglise et devenu prêtre en 312. Arius croyait en l’unicité d’Allah et prêchait que l’Eglise s’était trompée au sujet que le Prophète Jésus (psl) était Allah. Il disait que le titre “le fils d’Allah” utilisé pour décrire le Prophète Jésus (psl) était une métaphore et n’avait rien à voir avec sa supposée divinité. Pour le prouver, il a cité ce passage biblique : “Heureux les pacifistes, puisqu’ils seront appelés fils de Dieu.”(Matthieu 5:9). Il a souligné que ce titre s’appliquait à tous ceux qui se comportaient selon les désirs d’Allah et ne pouvait donc pas se limiter uniquement au Prophète Jésus (psl). Dans une de ses œuvres, Arius a écrit : “Nous pouvons tous devenir les fils de Dieu.” [4] Il a également souligné les prières du Prophète Jésus (psl) dans l’Evangile qui commençaient par “Mon Dieu”, et disait que de telles prières prouvaient que le Prophète Jésus (psl) se consacrait à Allah et, comme les autres, était Son serviteur impuissant. Arius a également noté que dans l’Evangile, le Prophète Jésus (psl) s’appelait souvent lui-même comme le fils de l’homme, et que ceci indiquait la nature humaine du Prophète Jésus (psl).
En tant que prêtre dans sa résidence à Baucalis, un quartier d’Alexandrie, Arius communiquait ses idées à un large public. En raison de la cohérence et de la nature convaincante de ce qu’il disait, ainsi que pour son style modeste et simple, ceux qui l’écoutaient ont facilement accepté ses idées. Cependant, l’évêque Alexandre d’Alexandrie, qui était fidèle à l’Eglise de Rome qui revendiquait que le Prophète Jésus était le fils d’Allah, non pas dans le sens métaphorique, mais comme une vraie divinité (Allah est bien au-dessus de cela):, s’est senti mal à l’aise avec de telles idées. N’ayant pas réussi à convaincre Arius de changer ses idées, il a lancé un assaut féroce contre lui. Il a décrit cela dans ses propres écrits :
Ce mouvement s’est propagé de plus en plus loin, dans toute l’Egypte, la Libye et Thèbes (Haute-Egypte). A cette époque, nous avons aussi rencontré les évêques de l’Egypte et de la Libye, et avons maudit ce mouvement et tous ses partisans à une assemblée d’une centaine de personnes... [5]
La condamnation n’a pas été uniquement verbale. En 318, Arius et ses disciples ont été excommuniés. Arius, ses deux plus proches assistants (les évêques Theonas et Secundus), et 12 prêtres ont été exilés en Palestine. Avant de partir en exil en Palestine, Arius a rassemblé ses idées dans un livre lyrique appelé Thalie.
Cependant, ici aussi, Arius a trouvé des sympathisants. Et c’est ainsi que son mouvement, qui s’est fortement opposé à plusieurs idées de l’Eglise Romaine, a continué à se propager. Lorsque cela a été rapporté à Constantin Ier, qui avait pris l’Eglise de Rome sous sa protection pour établir l’unité religieuse, il s’est rendu compte qu’il avait affaire à un problème majeur : la division interne de l’Eglise. Il a donc décidé de rétablir l’unité sans perdre davantage de temps. C’est pourquoi il a mis en place le Concile de Nicée, l’un des tournants importants du Christianisme.
Le Concile de Nicée
Constantin Ier a dans un premier temps cherché à résoudre le conflit en envoyant des lettres aux deux parties leur expliquant que l’unité était plus importante que toute autre chose. Lorsqu’il a constaté que ses lettres n’avaient pas l’effet désiré, il a décidé, suite à la suggestion de l’évêque Ossius, de convoquer toutes les Eglises du monde pour un grand Concile, ou synode, à Nicée, afin de donner une définition exacte de la trinité. Ceux qui ont rejeté cette croyance ont été déclarés comme des hérétiques.
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Bien que les membres du Concile aient cherché à donner l’impression de participer à un forum démocratique, en réalité, l’Empereur avait une énorme pression à supporter par rapport aux participants. En effet, et comme on pouvait s’en douter, le côté qu’il supportait, l’Eglise de Rome, est sortie victorieuse. Sur les 300 prêtres qui ont environ participé, une vingtaine seulement était proche d’Arius. La raison pour laquelle il y avait peu de prêtres de l’Eglise Orientale (les partisans d’Arius) est que le Concile de Nicée, initialement prévu à Ankara, a été déplacé à Nicée pour que cela soit plus favorable. [6] En outre, le Concile a pris place à Nicée dans le palais utilisé l’été par l’Empereur. De cette façon, l’Empereur a pu assister à toutes les séances du Concile, et son autorité s’est naturellement reflétée dans les décisions prises.
Le Credo de Nicée, l’expression la plus claire et la plus concrète de la déification alléguée au Prophète Jésus (psl) indique (Allah est bien au-dessus de toutes les expressions suivantes) :
Nous croyons en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Lumière issue de la Lumière, vrai Dieu issu du vrai Dieu, engendré et non créé, consubstantiel au Père et par qui tout a été fait ; qui pour nous les hommes et pour notre salut, est descendu des cieux et s'est incarné du Saint-Esprit et de la vierge Marie et s'est fait homme. Il a été crucifié pour nous sous Ponce-Pilate, il a souffert et il a été mis au tombeau ; il est ressuscité des morts le troisième jour, conformément aux Ecritures ; il est monté au Ciel où il siège à la droite du Père. De là, il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts, et son règne n'aura pas de fin.
Ceux qui diront : il fut un temps où Il n’était pas, et qu’Il ne l’était pas avant qu’Il soit engendré, et qu’Il a été fait à partir de rien, ou qui soutiennent qu’Il est d’une autre hypostase ou d’une autre substance [que le Père], ou que le Fils de Dieu a été créé, ou a muté, ou a été sujet à se transformer, seront anathématisés par l’Eglise Catholique. [7]
Le premier paragraphe nie clairement l’Arianisme. L’Eglise de Rome, qui s’est attribuée le titre d’Eglise (Universelle) Catholique, a déclaré les Ariens et ceux qui partageaient les mêmes opinions comme des hérétiques.
Désormais, le Credo de Nicée est devenu la base de la foi chrétienne et ceux qui s’y sont opposés ont été considérés comme des hérétiques. L’Eglise Catholique Romaine a déclaré que “Dieu a manifesté Sa volonté au cours de ce Concile”, et c’est pour cela que le Credo de Nicée a été considéré comme un texte sacré et infaillible, tout comme une révélation. Mais en réalité, ce n’était rien de plus qu’une affirmation de la volonté de l’Eglise de Rome.
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Après le Concile, l’Arianisme a été confronté à une énorme pression, et les partisans d’Arius, qui ont refusé de signer le Credo de Nicée, ont été anathématisés. Cependant, ils ont continué à préconiser pendant environ 50 ans, avant de se retirer progressivement de l’étape de l’histoire vers la fin du quatrième siècle suite à la répression continue de l’Eglise. Pourtant, des objections au Credo de Nicée officiel ont continué, que d’autres Conciles ont dû avoir lieu pour débattre sur ces nouvelles idées mises en avant. Toutefois, en dépit de tous les arguments, la croyance superstitieuse “Trois en un” et “Un en Trois” n’a jamais été attaquée. (Cette croyance superstitieuse se référait à un Dieu ayant trois identités différentes, qui étaient égales, infinies, et en commun). Pendant le règne de Constantin Ier, de telles croyances comme le Credo de Nicée ont augmenté, et l’Evangile a également pris sa forme définitive telle que nous le connaissons aujourd’hui. De nos jours, aucune version complète de l’Evangile que nous possédons n’est plus ancienne que la période de Constantin Ier. [8]
Une autre question importante se pose : comment la croyance en la trinité a été proposée la première fois ?
D’un point de vue des Chrétiens, la croyance en la trinité est généralement considérée comme étant difficile et impossible à comprendre, mais qui doit être absolument acceptée. La raison de cela est que les partisans de la trinité prétendent être des monothéistes. Pourtant, il est clair qu’aucun Chrétien n’a jamais pu expliquer comment le trinitarisme et le monothéisme peuvent coexister. Les questions qui se sont posées dans l’esprit des gens n’ont pas reçu de réponses satisfaisantes. Cela n’a pas lieu d’être. Par conséquent, ils soutiennent que la trinité est un article de foi sur lequel il ne faut pas penser, réfléchir et comprendre. [10] Depuis des centaines d’années, cela a empêché toute discussion sérieuse sur les erreurs et les contradictions évidentes de cette croyance. Pour résumer, la croyance en la trinité est une question de foi aveugle au sujet de laquelle tout débat ou discussion est interdit.
[2] The New Catholic Encyclopedia, 14:295, http://triumphpro.com/trinity-disproved.htm
[3] Muhammed Ata'ur Rahim et Ahmad Thomson, Jesus Prophet of Islam, rev. ed. (Londres : Ta-Ha Publishers Ltd., 1996), 93
[4] Fazal Ahmad, "Arius: The Trinity Controversy in the Church," The Review of Religions (Londres) (Septembre 1996)
[5] Athanas., Hist. Tr.; P. Johnson, History of Christianity (Pelican Books: 1976), 89
[6] Ahmad, "Arius."
[7] “The First Council of Nicaea," The Catholic Encyclopedia (The Encyclopedia Press, Inc.: 1913); version électronique (New Advent: 1996), http://www.newadvent.org/cathen/11044a.htm
[8] Michael Baigent, Richard Leigh, et Henry Lincoln, The Messianic Legacy (Londres: Corgi Books, 1991), 66
[9] Mehmet Aydin, Muslumanlarin Hristiyanlara Karsi Yazdigi Reddiyeler ve Tartisma Konulari (Réfutations écrits par des Musulmans contre les Chrétiens, et sujets de discussion) (Ankara: Turkiye Diyanet Vakfi Yayinlari, 1998), 96; Bizans Imparatorlugu Tarihi, 1:100; Les Religions, 641
[10] Mahmut Aydin, Isa Tanri mi Insan mi?, Dinler Arasi Diyalog Baglaminda Isa-Mesih'in Konumu Sorunu, Iz Yayincilik, 47