Le fascisme a une attitude hostile envers les femmes et les considère comme inférieures aux hommes. Cet aspect du fascisme est peu connu mais extrêmement important.
Ce fait est reconnaissable à travers les mots et les déclarations des dirigeants fascistes du 20èmesiècle. Par exemple, la déclaration faite par Mussolini à Maurice de Valeffe, un reporter pour la,publication française Journal, le 12 novembre 1922, méprisant ouvertement les femmes :
"Il y a ceux qui disent que j'ai l'intention de limiter le droit de vote. Non ! Tout citoyen gardera son droit de vote pour le Parlement de Rome... Permettez-moi aussi de vous avouer que je ne pense pas à étendre le droit de vote aux femmes. Il ne servirait à rien. Mon sang s'oppose à toutes sortes de féminismes quand il s'agit de femmes qui participent aux affaires de l'Etat. Naturellement, une femme ne doit pas être un esclave, mais si je lui concède le droit de vote, je serais ridicule. Dans notre état, elle ne doit pas être considérée." [i]
Dès le début d’une grave crise économique en 1930, Mussolini a ordonné que les femmes doivent quitter leur lieu de travail. Parce qu'il considérait les femmes comme "des voleurs qui tendent la main pour voler le pain des hommes, et qu’elles sont responsables de l’improductivité des hommes". [ii]
Grâce à diverses mesures, les restrictions sur les femmes dans le milieu du travail ont également été imposées en matière d'éducation. Par exemple, un décret du 30 janvier 1927 a interdit aux femmes au lycée de suivre des cours dans la littérature et la philosophie. Un décret adopté en 1928 a recouru à des mesures juridiques pour s'opposer à l'éducation des femmes, et on a ainsi empêché les femmes de devenir administrateurs des écoles moyennes. Les étudiantes ont été obligées de payer le double des frais dans les écoles et les universités.Le 28 novembre 1933, Mussolini a mis devant le parlement un décret déclarant que les "organes de l'état étaient autorisés à imposer des conditions excluant les femmes dans les publicités pour les examens d’embauche... Et qu’ils doivent imposer des limites contre une hausse du nombre de travailleurs féminins dans la fonction publique." [iii]
Ces décrets ne représentent pas seulement une idéologie sociale par laquelle sont imposés des règlements visant simplement à favoriser une division dans le milieu du travail, elles sont en fait, la mise en œuvre du dogme biologique du nazisme.
La racine darwiniste de l’hostilité envers les femmes
L’origine de ce préjugé parmi les fascistes à l'égard des femmes était, comme dans bien d'autres questions, le darwinisme. Les fascistes ne se sont pas simplement contentés d’approprier l'idée darwiniste de l'inégalité entre les races, ils ont également adopté l'idée que les hommes sont supérieurs aux femmes.Dans son livre La descendance de l’homme, Darwin a écrit que les "facultés d’intuition, de perception rapide, et peut-être d’imitation de certaines femmes sont des caractéristiques des races inférieures, et donc d’un état passé et inferieur de la civilisation."[iv]
Dans La descendance de l’homme, Darwin a également écrit : "L'homme est plus puissant dans le corps et l'esprit que la femme. Et à l'état sauvage, il la maintient dans un état de servitude beaucoup plus ignoble que ne le fait le mâle de tout autre animal. Donc, il n'est pas surprenant qu'il ait acquis le pouvoir de sélection." [v]
Le point de vue de Darwin pourrait également être reconnu dans sa vision personnelle à l'égard des femmes. Il décrit le rôle de la femme dans le mariage comme "compagnon constant (amie dans la vieillesse) qui fera preuve d'intérêt, objet à affectionner et avec lequel on peut jouer – en tout cas mieux qu’un chien – à domicile, et quelqu'un qui prend soin de la maison". [Vi] Il est évident que Darwin percevait les femmes et l'institution de la famille d'un point de vue matérialiste. Il n'y avait pas une trace d’amour, de respect, de loyauté ou de compassion dans ses perspectives.
L'évolutionniste et matérialiste Carl Vogt, un contemporain de Darwin et un érudit de Genève au milieu du 19èmesiècle, a également tenu un point de vue désobligeant concernant les femmes. "On peut être sûr que partout où nous percevons une approche du type animal, la femelle en est plus proche que le mâle" écrit-il. "C'est pourquoi nous devrions découvrir une plus grande ressemblance [aux singes] si nous devions prendre une femme comme norme." [Vii]
Un autre disciple de Darwin, l’évolutionniste psychologue social Gustave Le Bon, écrit :
Dans les races les plus intelligentes... il y a un grand nombre de femmes dont les cerveaux sont plus proches en taille de ceux des gorilles que de ceux des hommes les plus développés. Cette infériorité est si évidente que personne ne peut la contester pour le moment. Seul son degré mérite d'être discuté... Les femmes… représentent les formes les plus inférieures de l'évolution humaine et... sont plus proches des enfants et des sauvages que d'un homme adulte civilisé." [Viii]
Par conséquent, la base du dénigrement fasciste et du mépris pour les femmes est la théorie du darwinisme. La privation des femmes des droits sociaux par Mussolini, la construction de "fermes d'élevage" pour la reproduction d’une race supérieure par Hitler et l’obligation des jeunes filles à avoir des rapports sexuels avec des officiers SS, sont toutes des réflexions et des attitudes fascistes à l’égard des femmes. Tous les deux, darwinistes et fascistes, sont les ennemis des femmes. Ils les considèrent comme une espèce inférieure et tous les deux les méprisent. Ils emploient ainsi des méthodes discriminatoires et oppressives contre elles.
Cette perspective fasciste est en contradiction totale avec l'éthique du Coran. Allah a commandé dans le Coran que les femmes devraient être chéries, respectées et protégées. En outre, il a montré des exemples de femmes à la moralité supérieure, telles que Marie et la femme du Pharaon. Selon Allah, la supériorité ne réside pas dans la race, le sexe ou le rang, mais dans la proximité par rapport à Lui et dans la force de la croyance. Dans un certain nombre de versets coraniques, Allah a révélé que tous les croyants recevront leur récompense sans discrimination entre les hommes et les femmes.
Leur Seigneur leur dit : "Je ne laisse pas perdre le bien que quiconque parmi vous a fait, homme ou femme, car vous êtes les uns des autres." (Sourate Al Imran, 195)
Et quiconque, homme ou femme, fait de bonnes œuvres, tout en étant croyant... les voilà ceux qui entreront au paradis. On ne leur fera aucune injustice, fût-ce d'un creux de noyau de datte. (Sourate an-Nisa, 124)
Quiconque, mâle ou femelle, fait une bonne œuvre tout en étant croyant, Nous lui ferons vivre une bonne vie. Et Nous les récompenserons, certes, en fonction des meilleures de leurs actions. (Sourate an-Nahl, 97)
Toutefois, comme la religion a été abandonnée, ces vérités ont été abandonnées avec elle, et à leur place ont été fournies des superstitions telles que le fascisme et le darwinisme, dans lesquels toutes les formes de discrimination fondée sur le sexe ou la race sont considérées comme justifiées.
[i]Maria A.Macciocchi, Eléments Pour Une Analyse du Fascisme, Paris, UGE, 1976, p. 108
[ii]Maria A.Macciocchi, Eléments Pour Une Analyse du Fascisme, Paris, UGE, 1976, pp. 126-127
[iii]Maria A.Macciocchi, Eléments Pour Une Analyse du Fascisme, Paris, UGE, 1976, pp. 128-129
[iv]Charles Darwin, The Descent of Man, The Modern Library, New York, p. 873
[v]Charles Darwin, The Descent of Man, The Modern Library, New York, p. 901
[vi]Charles Darwin, The Autobiography of Charles Darwin 1809-1882 (Edité par Nora Barlow), W. W. Norton & Company Inc., New York, 1958, pp. 232-233
[vii]Roger Lewin, Bones of Contention, Simon and Shuster, New York, 1987, p. 305
[viii]Stephen Jay Gould, The Mismeasure of Man, W. W. Norton & Company, New York, 1981, pp. 104, 105