Depuis sa fondation, les Frères musulmans ont été soumis à l’oppression et à l’exil. Ils ont fait face à une intimidation destinée à entraver leurs activités et leur expansion. Le temps s’est écoulé, l’histoire a été écrite, les dirigeants et même les frontières ont changé mais cette politique d’intimidation n’a jamais cessé.
L’Egypte a d’abord été testée par le changement en 2011. Les Frères musulmans, l’un des principaux groupes en Egypte, ont pendant des années existé seulement en tant qu’union d’idées et ont d’abord pris leur place dans la vie politique après la chute du dictateur Hosni Moubarak.
Jouissant d’un avant-goût de démocratie, le premier dirigeant démocratique de l’Egypte était une figure des Frères musulmans. On se demandait alors quel genre de démocratie un mouvement, qui jusque-là avait cherché à établir un régime islamique, produirait.
Les réformes apportées par le gouvernement des Frères musulmans n’ont pas satisfait le peuple. Certaines des conventions des Frères musulmans ont donné l’impression de développer le fanatisme en partie sous l’influence de la propagande des milieux opposés à l’administration des Frères musulmans, et la peur s’est transformée en rébellion.
Les Frères musulmans ont pris de nombreuses initiatives dès le début de leur arrivée au pouvoir. Pourtant, ils se sont toujours trouvés confrontés aux restes de l’ancien régime et se sont presque immédiatement transformés en un gouvernement sans pouvoir.
Bien sûr, les Frères musulmans ont fait des erreurs: Les Frères musulmans, qui se tenaient pour la démocratie, la nouveauté et la réforme, auraient dû adopter une image différente aux yeux du peuple égyptien. Ils auraient dû donner une priorité aux femmes de toutes les couches de la société. Ils auraient dû soutenir l’art, la musique et la science. Ils auraient dû clairement indiquer qu’ils embrassaient tous les pays, toutes les religions et toutes les sectes religieuses. Ils auraient dû transformer l’Egypte en un pays où tout le monde est libre, en particulier les femmes. Ils auraient dû faire toutes ces choses rapidement.
N’ayant pas constaté toutes ces choses, une partie du public n’a pas admis plus de perte de temps et n’a pas réussi à comprendre que les réformes que les Frères musulmans voulaient apporter étaient presque impossible à cause des vestiges du régime Moubarak et de l’armée.
Là où nous en sommes aujourd’hui est bien sûr une politique cruelle et inhumaine qui dérange la conscience de tout le monde et qui ne peut jamais être justifiée. Il y a eu des coups d’Etat militaires similaires en Turquie et des gens ont perdu la vie. C’est pourquoi il est impossible que quiconque approuve que des chars et des canons entrent en politique, les coups d’Etat portent un coup direct à la démocratie et font toujours régresser les pays.
Ce que le gouvernement égyptien doit maintenant faire est d’établir un ordre qui mène à la sécurité publique. Même si ce gouvernement n’est pas venu au pouvoir démocratiquement, si les affirmations souhaitant maintenir la démocratie en vie doivent survivre, il faut faire ce que la démocratie exige.
Compte tenu de cette responsabilité majeure sur le gouvernement provisoire, la peine de mort prononcée le 14 août de l’année précédente contre 682 personnes dans le procès actuel - pour la plupart sur le meurtre d’un seul policier - est une chose terrible et une grave décision. Ce verdict restera dans l’histoire comme la plus grande peine de mort en masse que l’Egypte a jamais connue.
Selon un rapport de Human Rights Watch (HRW), l’accusation n’a fourni aucune preuve contre les accusés et le tribunal n’a pas autorisé les avocats de la défense à une défense ou à appeler des témoins.
Un chercheur de HRW travaillant sur ce sujet, a déclaré: “Il est impossible d’imaginer un type de procès qui répond aux normes internationales dans lequel des centaines de personnes sont condamnées à mort dans une seule audience même si on présente une preuve” et il résume la situation en disant qu’on avait privé les personnes condamnées à mort de tous leurs droits juridiques de base. La première session de l’audience n’a duré que 45 minutes.
Tout le monde a par conséquent la responsabilité de prendre position contre la peine de mort prononcée contre des centaines de personnes, qui s’oppose aux principes de droit international et qui susciterait des condamnations colériques à travers le monde si cela se produisait dans un pays occidental.
La peine capitale est un assassinat, elle n’est pas différente du meurtre aux mains de l’Etat. Même si des personnes ou des pays font des déclarations destinées à tenter de justifier cette sauvagerie, la peine de mort est incompatible avec le droit le plus fondamental des droits de l’homme.
Prendre la vie de quelqu’un par l’exécution élimine tous les moyens d’éducation et de prêche de ces personnes. Il ne faut pas oublier que les idées fanatiques d’une personne que vous n’appréciez pas est le résultat d’une mauvaise éducation. Il ne faut également pas oublier que la solution n’est pas d’exécuter ces personnes mais de les éduquer.
Que se passera-t-il si les exécutions se poursuivaient? Il est impossible de considérer les Frères musulmans comme un mouvement radical, mais même si c’était le cas, aucun mouvement radical n’a jamais été arrêté par des exécutions, des massacres ou l’exil, au contraire, de telles mesures ont toujours conduit à l’augmentation des groupes radicaux et des actions radicales.
Il est vrai que si ces condamnations à mort sont réalisées, les différents mouvements radicaux vont commencer à recourir à la violence de différentes directions et les attaques et tensions à l’intérieur et à l’extérieur du pays seront interminables.
L’Egypte qui espérait embrasser la démocratie subira plutôt un effondrement majeur. Plutôt qu’un beau pays de belles personnes, elle sera conduite tout droit à la catastrophe.
Que l’Occident approuve ou non ne fait aucune différence; les exécutions peuvent ouvrir la voie à un processus par lequel une grande civilisation comme l’Egypte se détruit. Nous attendons donc du gouvernement égyptien qu’il mette un terme à cette folie en toute urgence avant que la tragédie survienne et que le pays soit entraîné dans une terrible guerre civile.
Article d’Adnan Oktar sur New Straits Times:
http://www.nst.com.my/opinion/columnist/how-to-execute-an-entire-nation-1.447923#ixzz30OvzycJ1