L'armée qui a aboli la démocratie en supprimant le gouvernement élu démocratiquement en Égypte, a maintenant décidé d'"interdire les places pour les manifestations" afin de se justifier. L'armée qui a pris le contrôle de l'administration réclame "l'obéissance absolue". A travers cette perspective antidémocratique et illégale, les dictatures militaires privent le peuple de toutes les libertés, y compris de la "liberté de vivre" par souci de prévenir des protestations populaires. Avec cet état d'esprit despotique et oppressif, ceux qui réalisent des coups d'Etat versent le sang de ceux qu'ils considèrent comme illégitimes, ne tenant compte ni des femmes et enfants.
Le gouvernement a déclaré qu'à la suite d'une intervention destinée à "emprisonner des gens dans leurs maisons voulant utiliser leur droit de protestation démocratique" en s'assemblant sur les places publiques, et qui s'est transformée en un bain de sang, quelque 700 personnes ont été tuées dans des affrontements cette semaine. Selon les responsables des Frères musulmans, le nombre dépasserait les 2000, avec près de 10000 blessés. Beaucoup plus de personnes ont été massacrées lors de l'attaque du mercredi de la semaine dernière que le nombre de personnes tuées dans les 18 jours précédant le renversement de Moubarak. En conséquence, le gouvernement provisoire a décrété l’état d’urgence d’un mois, ce qui a provoqué une grande inquiétude en Occident. Moubarak a également utilisé "l’état d’urgence" comme prétexte pour gouverner le pays pendant de nombreuses années sous un régime dictatorial. "L’état d’urgence" est un peu plus qu’une excuse commode pour une dictature.
Comme David Kirkpatrick l’a déclaré dans The New York Times, des 25 gouverneurs provinciaux nommés, 19 sont des généraux. Parmi eux se trouvent certains généraux de l’ère Moubarak qui ont explicitement rejeté de protéger Morsi et ses partisans et qui ont même dirigé leurs armes contre eux. Il semble que le général Sisi et ses partisans cherchent à construire une administration encore pire et plus répressive que celle de l’époque Moubarak. La dictature instaurée par Nasser en 1952 a pris fin lorsque les Frères musulmans sont arrivés au pouvoir lors des élections démocratiques en 2012. Le régime militaire actuel veut retourner le peuple égyptien à 60 ans en arrière.
L’Égypte a également une population copte chrétienne qui constitue 10% de la population totale de 85 millions. Depuis un certain temps, il y a eu beaucoup de désinformation qui suggère que les membres des Frères Musulmans ont agressé des églises et des gouverneurs coptes parce qu'un prêtre copte aurait soutenu le coup d’Etat. Cependant, il n’existe pas de déclaration officielle à cet égard. Par exemple, les Musulmans ont effectué leur dernière prière du vendredi devant l’église de Suhag pour les protéger. Pendant ce temps, la presse égyptienne porte des titres de fausses informations présentant les Frères Musulmans comme étant les auteurs des provocations des gangs pro-gouvernementaux, et fausse ainsi les incidents. Par conséquent, les Frères musulmans, ont publié cette déclaration aujourd’hui: “Nous avons affirmé à maintes reprises que notre opposition est pacifique et nous continuerons à être pacifiques, à sauvegarder la sécurité de notre patrie, ses institutions, ses établissements. Nous dénonçons toutes les formes de violence, tous les actes de terrorisme ou les conflits sectaires. Nous condamnons fermement cela".
Comme je l'ai énoncé dans mon article précédent, Morsi et les Frères musulmans ne devraient pas insister à réassumer la direction de leur propre chef, mais être plutôt bien inquiets de la santé démocratique et de la sécurité de leur propre peuple. La déclaration de retrait de la présidence de Morsi ferait baisser la tension dans une large mesure. L'armée et les Frères musulmans devraient se mettre d'accord de toute urgence sur un moindre dénominateur commun. Les demandes de tous les secteurs de la société, des Chrétiens coptes, laïques, libéraux, partisans des Frères musulmans et salafistes doivent être prises en compte. Les différentes parties doivent être encouragées à trouver une solution commune, en présence des pays arbitres, non avec des sentiments de haine et de vengeance, mais avec une approche amicale, attentive et patiente. La Turquie est un modèle de démocratie pour le Moyen-Orient, elle peut agir comme arbitre.
Toutes les parties doivent garder à l'esprit que leurs homologues auront des préoccupations et des désirs légitimes. Une coalition légitime et un gouvernement de transition doivent être établis, et les militaires doivent retourner dans leurs casernes et reprendre leur fonction de base de protéger le pays contre les hostilités étrangères.
Un terrain d'entente doit être trouvé et un gouvernement non extrémiste, laïc, démocratique et fondé sur la primauté du droit doit être établi.
La présence, dans les medias sociaux, de personnes qui soutiennent le massacre d'un groupe qui constitue une grande partie du pays, et le fait qu'elles ne sont pas critiquées, mais activement soutenues par la junte militaire, est le signe d'une volonté de la clique au pouvoir de mener l'Égypte à un résultat beaucoup plus sinistre. Soutenir ou tout simplement s'asseoir et regarder la violence contre ceux qui ont des opinions différentes est un crime contre l'humanité.
Par exemple, un tweet affirme que le voisin d'une femme massacrée observait la scène violente avec un sourire au visage à partir de son balcon. Abdul Mawgoud Dardery – le porte-parole des Affaires étrangères de la liberté et de la justice – a mentionné cette cruauté et violence dans son interview avec CNN en disant: "les officiers de l'armée criminelle brûlent les hôpitaux, ils brûlent les corps. C'est du jamais vu dans l'histoire de l'Egypte. Ces gens-là ne peuvent pas être des Égyptiens tuant le people égyptien avec l'armée égyptienne et la police égyptienne".
Toutes les parties en Égypte doivent encourager la fraternité, la solidarité, l'amour, la compassion et l'affection dans la société et condamner toutes les formes de violence. Cela est seulement possible à long terme, à travers l'éducation.
Un esprit d'opposition qui considère la violence comme légitime ne fera que conduire à de nouvelles effusions de sang. Dans ce cas, l'Égypte et le Moyen-Orient ne pourront jamais atteindre la paix et la tranquillité, et cette agitation peut finalement avoir un impact profond sur le monde entier.