Les conflits en apparence interminables opposant des frères dans le monde musulman est un problème important depuis des années sans qu’il n’y ait de solution adaptée en vue.
Les pays occidentaux ne tiennent pas compte de cette agitation et des conflits internes dans la mesure où même les pertes qui en résultent sont essentiellement de moindre importance pour eux. De nombreux organismes médiatiques qui font de l’agonie d’un dauphin ou d’une baleine échouée, leur principale nouvelle dans leurs bulletins d’information et expédient même une armée de journalistes pour le couvrir, considèrent le bain de sang dans les pays musulmans comme entrant dans la catégorie d’informations de troisième plan.
Ces derniers jours, l’Irak connaît une telle situation. Bien que l’occupation américaine ait pris fin, un climat de massacre effréné continue de régner dans ce pays. Les événements quasi quotidiens de véhicules piégés, de kamikazes qui se font exploser au milieu de grandes foules de gens et qui commettent un massacre de masse, les parties de corps éparpillées à gauche et à droite et les rivières de sang de frères ont littéralement transformé le pays en une ruine. Toutefois, cette sauvagerie ne rentre jamais dans l’agenda du monde et les moyens pour parvenir à une solution ne sont jamais discutés. Et maintenant, l’Irak est confronté à ce qui vaut à une invasion de l’organisation extrémiste de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui s’ajoute aux problèmes apparemment sans fin en Irak.
Le nombre de personnes décédées à la suite d’actes de violence en 2013 seulement est de 7000 environ; selon un communiqué publié l’autre jour par l’Organisation des Nations Unies (ONU), la récente invasion d’EIIL a ajouté 1000 personnes à la triste équation. Le nombre de personnes décédées pendant l’occupation qui a débuté en 2003 et qui s’est terminée en 2011, n’a pas été entièrement enregistré, même si selon les chiffres du groupe Iraq Body Count cité dans un reportage de la BBC, le chiffre serait de 461000 personnes. Selon une enquête publiée dans un rapport dans le quotidien d’informations The Guardian menée par l’institut de sondage ORB, 1.2 millions de personnes auraient perdu la vie. Alors qu’on s’attendait à ce que les choses se calment après la fin de l’occupation, les actes de violence continuent de faire des victimes de la même manière.
Dans un rapport intitulé “Comment le monde a oublié l’Irak” préparé par Patrick Cockburn pour le quotidien The Independent, l’auteur décrit comment l’Irak, qui a souffert d’une profonde crise économique et sociale s’est progressivement fragmenté. Cockburn a ensuite résumé la situation en disant que peu importe les objectifs des Etats-Unis et du Royaume-Uni lorsqu’ils ont envahi l’Irak, le résultat a été désastreux. On peut maintenant voir les résultats de cela plus clairement; les crises sectaires, économiques et sociales dans le pays ont fourni un terrain propice aux organisations radicales.
En observant la violence et les massacres en Irak, et pas seulement des 10 dernières années mais aussi durant et avant le temps de Saddam, on estime que les 40 ans de guerre et les combats fratricides ont laissé pas moins d’un million de veuves. La situation de ces femmes, sans protection, est du moins incertaine. En bref, l’Irak est devenu auto-destructeur.
Alors qu’il était en partie possible de voir les signes d’une régénération économique dans les rues de Bagdad, qui a grimpé à la deuxième place dans l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), la poursuite des violences a rapidement éliminé toutes les possibilités de prospérité. Le fait qu’EIIL ait réussi à s’emparer de la raffinerie de Baiji - la principale raffinerie de pétrole de l’Irak - ne sert qu’à aggraver la suite des difficultés économiques de l’Irak. Bien que l’Irak ait suffisamment de terres, des possibilités économiques et des moyens pour tout le monde, quel que soit son point de vue, la violence - découlant uniquement de divergences d’opinion et de l’ignorance - transforme le pays en une mer de sang.
Alors est-ce que toute la souffrance en vaut la peine ou améliore-t-elle le pays? La guerre et les conflits n’ont jamais établi la sécurité et la stabilité dans le monde, alors comment la situation pourrait en être autrement en Irak? Et surtout maintenant, alors que l’Irak est sérieusement confronté à la menace de la division en trois parties, il est clair qu’il ne peut y avoir aucun progrès avec une telle mentalité. Il est essentiel que les musulmans lucides prennent les mesures nécessaires à cet égard sur une base urgente en publiant des déclarations apaisantes de manière à aider à changer la mentalité des groupes radicaux.
Pourquoi avoir des opinions différentes devrait être une justification pour le combat, le meurtre, la haine et la rancune? Il n’y a aucune raison pour cela.
D’autre part, le conflit ne sert qu’à aggraver les conflits, la violence n’engendre que la violence et la mort qui suit approfondit le cycle de la haine et de la rage. Il ne faut pas oublier que de telles approches agressives sont toujours une impasse. Etant donné que les gens meurent, une rage se transmet d’une génération à l’autre et celle-ci domine la région et nuit seulement aux pays musulmans et aux musulmans. L’Irak ne peut jamais atteindre la paix et la tranquillité dans un tel climat, et non plus dans 100 ans et le Moyen-Orient sera par conséquent gravement endommagé par ces problèmes. On ne peut pas parler d’atteindre la paix ou des politiques d’amour dans un climat de dévastation où les frères s’entretuent.
En conclusion, l’objectif commun de tout le monde doit être de vivre dans la paix, la tranquillité et le bonheur dans son propre pays avec les ressources naturelles du pays respectif qui sont assez suffisantes pour tout le monde. Il n’y a manifestement aucune raison et logique de se battre.
Pourtant, il est beaucoup plus facile de traiter les questions avec l’amour, la compréhension et la tolérance que les conflits. Seule l’éducation peut être efficace contre la violence et l’hostilité sectaire provoquées par des groupes radicaux comme EIIL. On peut facilement démontrer par le Coran que l’Islam est une religion de paix, d’amour et de fraternité, et non de la peur, de la colère ou de la guerre. En outre, si ces valeurs sont bien respectées, personne n’aura à payer un lourd prix. Personne ne souffrira. Pourquoi les gens devraient adopter une approche qui se termine dans la souffrance et l’oppression quand il y a une meilleure approche plus belle et facile? Cela va à l’encontre de la raison, de la logique et de la bonne conscience.
Surtout en cette période, les musulmans doivent lancer des appels à la modération et souligner le fait qu’ils veulent la tolérance et la compréhension et non la guerre car c’est un problème commun qui nous concerne tous. Si nous ne pouvons pas collaborer pour produire une solution, le problème continuera de se développer inévitablement. Dans ce contexte, la structure bureaucratique de l’OCI devrait être radicalement remaniée et une union des pays musulmans - sur le modèle de l’UE - doit être établie. Lorsque cette union sera mise en place, par la permission d’Allah, les problèmes en Syrie et en Irak seront résolus sans délai.
Article d’Adnan Oktar sur Arab News:
http://www.arabnews.com/news/593276