Bediuzzaman discute en profondeur des difficultés et des tragédies séparant le bien du mal, et donne de très bons et sages conseils sur la question. Quand on l’interroge sur le but de Satan et de sa perversion, il conclut que derrière chaque frustration, privation et méchanceté il y a une explication. La plus importante est la séparation entre la disposition “charbonneuse” et la disposition “diamantaire”.
Il recourt à cet exemple pour démontrer que toute difficulté et toute frustration fait ressortir le meilleur de la personne. Les épreuves de ce monde apportent la lumière sur les aspects négatifs de l’individu et sont donc une occasion de les corriger. Prenons l’exemple d’une femme souffrant d’une grave pathologie. Sa maladie permit de révéler sa timidité, sa faiblesse spirituelle ou autre chose. Dès qu’elle se rendit compte de son défaut, elle y remédia immédiatement. Dans son épreuve, elle parvint donc à se débarrasser d’une impureté et à améliorer son caractère moral. Voyons maintenant le cas d’un homme à la réputation bien établie qui fait faillite et recourt à des moyens illégaux pour obtenir de l’argent. Cela montre à quel point l’infortune peut dévoiler les mauvais côtés d’une personne. Si notre homme s’était gardé de commettre un péché et d’entacher son honneur, en dépit de son besoin d’argent, il aurait prouvé sa pureté et sa dévotion.
Dans ses Lettres, Beddiuzzaman donne des exemples de sagesse dans des situations où il est fait preuve d’endurance. Il écrit :
Ainsi, la création dans l’univers de la perversion, la douleur, des épreuves, du mal et de la souffrance n’est pas mauvaise ou laide ; ces concepts furent créés dans un objectif très important. … dans le monde des êtres humains, l’avancée et le déclin se succèdent sans fin. Il y a une grande distance entre les Nemrods et les Pharaons d’une part et les saints et les Prophètes d’autre part.Alors afin de distinguer les esprits de base de type charbon et les esprits supérieurs de type diamant, la création de Satan ouvrit une arène de lutte, de concurrence et d’épreuves où les Prophètes furent envoyés et dans laquelle le secret de la responsabilité est révélé. S’il n’y avait ni lutte, ni concurrence, les qualités internes au charbon et au diamant demeureraient imperceptibles pour l’homme. L’esprit exalté de Abu Bakr as-Siddiq et l’esprit vil de Abu Jahl seraient au même niveau. Cela signifie donc que la création du mal et de la méchanceté n’est pas négative car elle conduit à d’importants résultats.(Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Maktubat )
Un autre point souligné ici est la valeur des épreuves de ce monde. Si le mal n’existait pas, les qualités du caractère humain ne seraient pas mises en avant, ni l’excellence morale des pieuses personnes ne serait exposée, et par conséquent il n’y aurait pas d’avancées dans le niveau de spiritualité. C’est pourquoi tout ce qui semble mauvais et désagréable aux premiers abords ouvre en réalité un horizon illimité à la maturation du caractère moral, au renforcement et à l’approfondissement de la spiritualité et à l’élévation de son rang et de sa position au paradis.
Bediuzzaman écrit que :
La religion est un examen, une évaluation proposée par Dieu afin que dans l’arène concurrentielle les esprits élevés et les esprits vils puissent se distinguer. Tout comme les matériaux sont plongés dans le feu pour séparer le diamant du charbon, l’or de la terre, la religion est aussi une mise à l’épreuve de l’homme face à ses obligations envers Dieu et une course à la compétition. Ainsi les joyaux supérieurs de la mine des capacités humaines se séparent des déchets… Le Coran fut révélé dans cette demeure d’examen pour que l’homme se perfectionne à travers les épreuves dans l’arène concurrencielle.(Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Les Mots, La Deuxième Station du Vingtième Mot)
D’après cette comparaison, les qualités du diamant doivent être séparées des qualités du charbon. Mais puisque cela ne peut se faire que par le feu, les êtres humains doivent traverser de sérieuses mises à l’épreuve à travers les difficultés afin de les débarrasser de leurs défauts et d’illuminer leurs qualités.
Bediuzzaman cite un autre exemple : la séparation de l’argent et du cuivre du minerai lorsqu’il est frappé contre une pierre de touche. Dans le processus de séparation, le minerai doit être battu violemment contre la pierre et ensuite passé au tamis. Ainsi on obtient l’argent, le cuivre sans valeur restant de côté. Ce que le savant entend par être “frappé contre la pierre” est d’affronter l’adversité pour révéler sa beauté intérieure. La sévérité des épreuves met en valeur la force de conviction de la personne ainsi que son caractère moral, son discernement et sa fidélité. Elle permet également la maturation de la foi et de la profondeur spirituelle. En somme, ce processus purge l’excellent caractère du croyant de tout ce qui l’affaiblit, comme pour l’argent. Bediuzzaman écrit :
Ensuite ce matin, je compris cela : pour que nous soyons prêts pour cet examen rigoureux, et que nous soyons frappés sur la pierre de touche plusieurs fois pour voir clairement si nous sommes de l’or ou du laiton, et d’être éprouvés injustement en tout, et que nous soyons passés au crible d’un fin tamis trois ou quatre fois afin de voir si nos âmes commandant le mal prennent une part ou nous jouent des ruses, est extrêmement nécessaire à notre service, qui devrait être dédié purement et seulement au nom de la vérité et de la réalité, afin que la détermination divine et la grâce divine le permettent. A être exhibé dans l’épreuve et l’examen face à des ennemis obstinés injustes, tout le monde comprend qu’il n’y a pas de duperie, ni d’égoïsme, ni de malice, ni d’intérêts terrestres ou personnels, ni ceux qui regardent l’au-delà, mélangé à notre service, et qui est complètement sincère et relève de la vérité et de la réalité. Si cela était resté caché, on aurait pu lui donner de nombreux sens. La masse des croyants n’aurait pas confiance. Ils auraient dit : “Peut-être ils nous trompent,” et l’élite aussi aurait eu des soupçons. Pensant que “peut-être ils agissent de même que ceux qui se vendent pour acquérir un rang spirituel pour eux-mêmes et pour gagner la confiance”, ils ne se sentiront pas complètement assurés sur la question. Maintenant, après l’examen, même l’individu le plus têtu et le plus obstiné est obligé de se soumettre. Si la difficulté est une, le bénéfice est mille. Avec la volonté de Dieu.(Bediuzzaman Said Nursi, Collection Risale-i Nur, Les Rayons, Le Quatorzième Rayon, Les Lettres)
Dans ces exemples, Bediuzzaman attire l’attention vers d’autres explications des épreuves. Les autres individus verront et seront inspirés par l’excellence morale des personnes qui se débarrassent de leurs défauts au fil de leur vécu d’épreuves. La fidélité des musulmans, leurs actes droits et vertueux ressortiront des épreuves sérieuses et l’on comprendra qu’ils n’attendent pas de récompense humaine pour leurs services. Même ceux qui abritent de grands doutes à propos des musulmans devront admettre que chacun de leurs efforts est voué à la recherche de la satisfaction de Dieu et tout le monde attestera ainsi de la pureté de leurs intentions. D’autres reconnaîtront les musulmans pour ce qu’ils subissent de tribulations, confirmant qu’ils sont sur le bon chemin.