Des exemples de foi accomplie dans le Coran


En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle (à suivre), pour quiconque espère en Allah et au jour dernier et invoque Allah fréquemment. (Sourate al-Ahzab, 21)

Allah a envoyé à l’humanité des livres qui n’omettent rien et qui guident les hommes vers la solution pour chacun de leurs problèmes tout au long de leur vie. Comment atteindre la maturité de la foi, comment penser, selon quelles valeurs vivre, quels buts adopter dans la vie, tout cela est révélé et expliqué dans ce noble livre… Au-delà de cet aspect, Il a envoyé aux hommes des Prophètes comme modèles qui incarnent la perfection morale. En étudiant la vie de ces nobles envoyés, nous comprenons comment un croyant accompli doit mener sa vie. En enjoignant le convenable et en dénonçant le blâmable, les Prophètes ont aidé leurs peuples à se conformer aux principes de la foi accomplie. De plus, en relatant la vie des Prophètes du passé, Allah a fourni aux croyants des exemples de comportements et d’attitudes nobles que le croyant devrait imiter à son tour.

Comme nous l’avons déjà dit, il n’est pas possible de placer des entraves à l’amour et la crainte qu’un individu porte à Allah. S’il le veut, il peut se frayer son chemin pour se rapprocher de Son seigneur. Puisqu’il en est ainsi, les croyants accomplis visent à atteindre la foi et la sagesse des Prophètes et des vertueux cités en exemple dans le Coran. Ce n’est pas le but ultime. Dans le Coran, Allah indique que les croyants ne doivent pas assigner de limites à leur crainte envers Lui:

"Craignez Allah, donc autant que vous pouvez…" (Sourate at-Taghabun, 16)

C’est pourquoi le seul objectif du croyant est de devenir le meilleur et le plus proche serviteur d’Allah.
Dans ce chapitre, nous rappellerons à ceux qui sont en quête de perfection morale les histoires des Prophètes et croyants accomplis, cités dans le Coran et nous verrons les moyens d’accéder à la maturité morale.

Le Prophète Yusuf (psl)

Comme le raconte le Coran, dans sa jeunesse, le Prophète Yusuf (psl) fut soumis à de nombreux tests qu’il passa en faisant preuve d’une extrême maturité et soumission. Quelles que soient les circonstances, ou les ruses des conspirateurs, le Prophète Yusuf (psl) ne se départit jamais de sa foi, de sa dévotion, de sa confiance et soumission envers Allah, au contraire il ne fit que se rapprocher de Lui et Lui témoigner une soumission totale.

Pour ceux qui cherchent un moyen de se rapprocher d’Allah, il y a maints exemples frappants dans la vie du Prophète Yusuf (psl). La première chose que nous apprenons de lui est le rêve important qu’il fit très jeune et le commentaire qu’il inspira à son père, Ya'qub (psl):

Quand Joseph dit à son père: "O mon père, j'ai vu (en songe), onze étoiles, et aussi le soleil et la lune ; je les ai vus prosternés devant moi". "O mon fils, dit-il, ne raconte pas ta vision à tes frères, car ils monteraient un complot contre toi ; le diable est certainement pour l'homme un ennemi déclaré. Ainsi ton Seigneur te choisira et t'enseignera l'interprétation des rêves, et Il parfera Son bienfait sur toi et sur la famille de Jacob, tout comme Il l'a parfait auparavant sur tes deux ancêtres, Abraham et Isaac, car ton Seigneur est Omniscient et Sage. (Sourate Yusuf, 4-6)

Voyant en ce rêve un signe d’Allah et comprenant que Yusuf (psl) deviendrait un homme noble aux yeux d’Allah, son père souhaitait qu’il garde ce rêve secret. Ses frères qui sentaient que leur père aimait davantage Yusuf (psl), furent jaloux de cet amour et ourdirent un complot contre Yusuf (psl). Ils essayèrent de le tuer et de rediriger l’amour de leur père vers eux:

Il y avait certainement, en Joseph et ses frères, des exhortations pour ceux qui interrogent, quand ceux-ci dirent: "Joseph et son frère sont plus aimés de notre père que nous, alors que nous sommes un groupe bien fort. Notre père est vraiment dans un tort évident. Tuez Joseph ou bien éloignez-le dans n'importe quel pays, afin que le visage de votre père se tourne exclusivement vers vous, et que vous soyez après cela des gens de bien". L'un d'eux dit: "Ne tuez pas Joseph, mais jetez-le si vous êtes disposés à agir, au fond du puits afin que quelque caravane le recueille". (Sourate Yusuf, 7-10)

Ses frères abandonnèrent Yusuf (psl) au fond d’un puits. Ensuite, ils racontèrent à leur père qu’un loup l’avait dévoré et montrèrent sa chemise maculée d’un autre sang comme preuve. Malgré cette prétendue preuve, le Prophète Ya'qub (psl) comprit que ce n’était qu’un complot, pris refuge auprès d’Allah et implora Son aide. Le destin fit en sorte que des voyageurs s’arrêtent près du puits: ils trouvèrent le Prophète Yusuf (psl) et le vendirent comme esclave au gouverneur d’Egypte:

… Et celui qui l'acheta était de l'Egypte. Il dit à sa femme: "Accorde-lui une généreuse hospitalité. Il se peut qu'il nous soit utile ou que nous l'adoptions comme notre enfant". Ainsi avons-nous raffermi Joseph dans le pays et nous lui avons appris l'interprétation des rêves. Et Allah est souverain en Son commandement: mais la plupart des gens ne savent pas. Et quand il eut atteint sa maturité Nous lui accordâmes sagesse et savoir. C'est ainsi que nous récompensons les bienfaisants. (Sourate Yusuf, 21-22)

La femme du gouverneur qui l’avait acheté approcha avec des intentions malhonnêtes le Prophète Yusuf (psl), qui était d’une beauté remarquable. Mais elle fut repoussée par Yusuf (psl). Elle décida alors de calomnier Yusuf (psl) pour sauver son innocence:

Or celle qui l'avait reçu dans sa maison essaya de le séduire. Et elle ferma bien les portes et dit: "Viens, (je suis prête pour toi!)" - Il dit: "Qu'Allah me protège ! C'est mon maître qui m'a accordé un bon asile. Vraiment les injustes ne réussissent pas". (Sourate Yusuf, 23)

Et tous deux coururent vers la porte, et elle lui déchira sa tunique par derrière. Ils trouvèrent le mari (de cette femme) à la porte. Elle dit: "Quelle serait la punition de quiconque a voulu faire du mal à ta famille, sinon la prison, ou un châtiment douloureux?" (Joseph) dit: "C'est elle qui a voulu me séduire". Et un témoin, de la famille de celle-ci témoigna: "Si sa tunique (à lui) est déchirée par devant, alors c'est elle qui dit la vérité, tandis qu'il est du nombre des menteurs. (Sourate Yusuf, 25-26)

Onun gömleğinin arkadan çekilip-yırtıldığını gördüğü zaman (kocası): "Doğrusu bu, sizin düzeninizden (biri)dir. Gerçekten sizin düzeniniz büyüktür" dedi. "Yusuf, sen bundan yüz çevir. Sen de (kadın) günahın dolayısıyla bağışlanma dile. Doğrusu sen günahkarlardan oldun. (Sourate Yusuf, 28-29)

Elle dit: "Voilà donc celui à propos duquel vous me blâmiez. J'ai essayé de le séduire, mais il s'en défendit fermement. Or, s'il ne fait pas ce que je lui commande, il sera très certainement emprisonné et sera certes parmi les humiliés". Il dit: "O mon Seigneur, la prison m'est préférable à ce à quoi elles m'invitent. Et si Tu n'écartes pas de moi leur ruse, je pencherai vers elles et serai du nombre des ignorants (des pécheurs)". Son Seigneur l'exauça donc, et éloigna de lui leur ruse. C'est Lui, vraiment, qui est l'Audient et l'Omniscient. Puis, après qu'ils eurent vu les preuves (de son innocence), il leur sembla qu'ils devaient l'emprisonner pour un temps. (Sourate Yusuf, 32-35)

… Il resta donc en prison quelques années. (Sourate Yusuf, 42)

Victime de la conspiration de ses frères, puis calomnié par la femme du gouverneur, Yusuf (psl) n’avait  aucune perspective d’avenir si ce n’est plusieurs années d’emprisonnement. Cependant, tout au long de ces années, le Prophète Yusuf (psl) ne désespéra jamais, pas même l’espace d’un instant; conscient qu’il y a un bien derrière tout ce qui arrive par la volonté d’Allah, il Le priait avec beaucoup d’espoir et montrait de la détermination dans sa patience et sa foi. En effet, des années plus tard, alors que le roi cherchait quelqu’un pour interpréter un rêve qu’il avait fait, un ancien prisonnier se rappela que le Prophète Yusuf (psl) avait la faculté d’interpréter les rêves. L’interprétation que Yusuf (psl) avait donnée du rêve impressionna fortement le roi. Il fit mander Yusuf (psl). Avant que le roi ait pu lui parler, le Prophète Yusuf (psl) voulut faire connaître au roi les raisons qui l’avaient fait envoyer en prison pendant tant d’années. Alors le roi se tourna vers la femme du gouverneur et les femmes auxquelles elle avait présenté Yusuf (psl) au moment de l’incident:

... Elles dirent: "A Allah ne plaise ! Nous ne connaissons rien de mauvais contre lui". Et la femme d'Al-Azîz dit: "Maintenant la vérité s'est manifestée. C'est moi qui ai voulu le séduire. Et c'est lui, vraiment, qui est du nombre des véridiques !" (Sourate Yusuf, 51)

Après leur confession, le Prophète Yusuf (psl) donna l’explication suivante:

Cela afin qu'il sache que je ne l'ai pas trahi en son absence, et qu'en vérité Allah ne guide pas la ruse des traîtres. Je ne m'innocente cependant pas, car l'âme est très incitatrice au mal, à moins que mon Seigneur, par miséricorde, (ne la préserve du péché). Mon Seigneur est certes Pardonneur et très Miséricordieux. (Sourate Yusuf, 52-53)

Ces paroles du Prophète Yusuf (psl) reflètent sa foi parfaite. Il a toujours su qu’Allah aidait les croyants et ceux qui sont patients et qu’Il confondrait les conspirateurs. Sa confiance en Allah se manifesta dans sa soumission à sa destinée. Peu importait que les circonstances semblent défavorables, il savait qu’il y avait derrière cela un bien et une sagesse cachés.

Un autre trait exemplaire chez le Prophète Yusuf (psl) est son refus d’être indulgent envers son âme charnelle, même dans les situations où il n’a rien à se reprocher. Il n’a jamais fait confiance à son âme charnelle et est toujours resté conscient que l’âme charnelle est encline au mal. C’est un trait moral particulier aux croyants accomplis qui savant que, utilisant les méthodes du démon, l’âme charnelle assaille l’être humain et tente ceux qui ignorent la voix de leur conscience.

L’attitude du Prophète Yusuf (psl) à l’égard de son âme charnelle est un bon exemple de sa maturité morale. Il n’y a aucun doute qu’une personne qui professe une telle soumission envers Allah et place sa confiance en Lui, aura une fin heureuse. En effet, en récompense de sa soumission méritoire à Allah, on lui confia la gestion des trésors de l’Egypte. Lui accordant une vie heureuse dans ce monde et lui annonçant la bonne nouvelle du Paradis dans l’au-delà, Allah a affirmé qu’il ne laisserait pas "se perdre la récompense de ceux qui font de bonnes œuvres":

Ainsi avons-nous affermi (l'autorité de) Joseph dans ce territoire et il s'y installait là où il le voulait. Nous touchons de Notre miséricorde qui Nous voulons et ne faisons pas perdre aux hommes de bien le mérite (de leurs œuvres). Et la récompense de l'au-delà est meilleure pour ceux qui ont cru et ont pratiqué la piété. (Sourate Yusuf, 56-57)

Le Prophète Soulayman (psl)

Dans le Coran, Allah évoque la foi sincère du Prophète Soulayman (psl) en ces termes:

Et à David Nous fîmes don de Salomon, - quel bon serviteur ! - Il était plein de repentir. (Sourate Sad, 30)

Une des principales caractéristiques du Prophète Soulayman (psl) décrites dans le Coran est sa grande puissance et ses prestigieuses possessions. En outre, Allah lui a octroyé des privilèges très particuliers. En retour, le Prophète Soulayman (psl) a toujours prié Allah et s’est toujours tourné vers Lui avec gratitude. Voici l’une de ses prières:

… Permets-moi Seigneur, de Te rendre grâce pour le bienfait dont Tu m'as comblé ainsi que mes père et mère, et que je fasse une bonne œuvre que tu agrées et fais-moi entrer, par Ta miséricorde, parmi Tes serviteurs vertueux". (Sourate an-Naml, 19)

Une autre de ses invocations:

Il dit: "Seigneur, pardonne-moi et fais-moi don d'un royaume tel que nul après moi n'aura de pareil. C'est Toi le grand Dispensateur". (Sourate Sad, 35)

En réponse à sa prière, Allah a donné au Prophète Soulayman (psl) une connaissance et une puissance inégalées en ce monde et lui a promis les meilleures récompenses dans la vie future. On lit dans ce verset:

Et il a une place rapprochée de Nous et un beau refuge. (Sourate Sad, 40)

Sa façon de mettre sa fortune sans précédent au service de la cause d’Allah, justifie sa place éminente auprès d’Allah. Cette attitude lui a valu la proximité d’Allah et faisait qu’il était constamment occupé à la remémoration d’Allah. En effet Allah nous informe dans un verset qu’il a dit: "Oui, je me suis complu à aimer les biens (de ce monde) avec le rappel de mon Seigneur…" (Sourate Sad, 32) Se tourner vers Allah seul alors qu’on jouit de la puissance, ne pas rechigner à s’acquitter de son devoir vis-à-vis du Créateur en prélevant sur ses biens, voilà un trait propre aux croyants accomplis. La perfection morale du Prophète Soulayman (psl) est un exemple à suivre pour tous les hommes.

La femme de Pharaon

La femme de Pharaon, mariée à un homme connu pour avoir été un des plus grands tyrans de l’histoire, a l’honneur de compter parmi les plus grandes figures musulmanes de l’histoire. Selon le destin qui lui était fixé, Allah avait prescrit à cette croyante dévouée de partager la même demeure que l’un des hommes les plus cruels de la terre, Pharaon, qui régnait sur les fils d’Israël en Egypte à l’époque du Prophète Moussa (psl).
La foi parfaite de cette noble femme citée dans le Coran en fait un exemple pour les musulmans de tous les temps:

Et Allah a cité en parabole pour ceux qui croient, la femme de Pharaon… (Sourate at-Tahrim, 11)

La foi accomplie de la femme de Pharaon est exemplaire, car elle a placé sa foi en Allah, tout en étant dans des conditions très difficiles et en prenant de grands risques. De plus, peu impressionnée par une grande fortune - le genre de fortune que peu de gens pouvaient atteindre sur cette terre, elle manifesta une profonde dévotion envers Allah ainsi qu’une grande force de caractère.

A cette époque, le peuple d’Egypte croyait que  Pharaon possédait des pouvoirs divins. Profitant de cette crédulité, Pharaon osa “se proclamer dieu”. Alors qu’elle était cernée par de grands dangers, la femme de  Pharaon montra son attachement à Allah. Absolument convaincue que les croyances adoptées jusque-là par les Egyptiens étaient erronées, elle reconnaissait l’existence d’Allah. C’était certainement s’engager dans une voie difficile qui requérait une grande patience, et seul un dévouement sincère, qui venait du cœur pouvait  rendre ce choix possible. Seule une foi rationnelle et forte, débarrassée de tout sentimentalisme, pouvait faire face à de telles difficultés. Etant donné que la femme de Pharaon était une personne accomplie, elle adoptait une approche rationnelle et dissimulait sa foi à Pharaon. Elle reçut l’honneur d’être érigée en exemple pour toutes les femmes:

Et Allah a cité en parabole pour ceux qui croient, la femme de Pharaon, quand elle dit "Seigneur, construis-moi auprès de Toi une maison dans le Paradis, et sauve-moi de Pharaon et de son œuvre; et sauve-moi des gens injustes". (Tahrim Suresi, 11)

Alors que la femme de Pharaon aurait pu se réjouir de sa puissance, elle choisit une vie consacrée à Allah seul et plaçait l’agrément d’Allah au-dessus de tout. Sa soumission à Allah, sa confiance en Lui, sa patience et sa maturité en font un exemple pour toute l’humanité.

La Foi des Magiciens

Le Prophète Moussa (psl) transmit le message d’Allah à Pharaon et accompagna sa prédication de miracles qui lui avaient été accordés par Allah. Les manières directes et convaincantes de Moussa (psl) rendirent Pharaon arrogant. Dans ses efforts pour répliquer à l’influence puissante de Moussa (psl) et l’humilier devant son peuple, il organisa une compétition entre Moussa (psl) et ses magiciens les plus dignes de confiance. Pharaon craignait en fait que tous les Egyptiens se mettent à croire en Allah et abandonnent leurs fausses religions. Son seul objectif était de garantir la survie de son système et il pensait qu’une manœuvre frauduleuse suffirait à le protéger, voire à le consolider.

Quand le jour fixé arriva, le Prophète Moussa (psl) et les magiciens se présentèrent devant le public. Quand les magiciens accomplirent leur tour de magie, leurs cordes et bâtons semblèrent remuer. Alors Moussa (psl) jeta son bâton qui engloutit la sorcellerie des magiciens de Pharaon. Le Coran nous décrit la scène suivante:

Ils dirent: "O Moïse, ou bien tu jetteras (le premier), ou bien nous serons les premiers à jeter". "Jetez" dit-il. Puis lorsqu'ils eurent jeté, ils ensorcelèrent les yeux des gens et les épouvantèrent, et vinrent avec une puissante magie. Et Nous révélâmes à Moïse: "Jette ton bâton". Et voilà que celui-ci se mit à engloutir ce qu'ils avaient fabriqué. Ainsi la vérité se manifesta et ce qu'ils firent fût vain. Ainsi ils furent battus et se trouvèrent humiliés. (Sourate al-Araf, 115-119)

Voyant dans ce prodige un signe de l’existence d’Allah et une preuve du soutien d’Allah à  Moussa (psl), les magiciens embrassèrent la foi:

Alors les magiciens tombèrent prosternés, disant: "Nous croyons au Seigneur de l'univers, Le Seigneur de Moïse et d'Aaron". (Sourate ash-Shu'ara, 46-48)

Le choix des magiciens, après que le Prophète Moussa (psl) eut montré que leur sorcellerie n’était qu’une duperie, constituait une grande défaite pour Pharaon, d’où la violence de sa réaction. Après tout, il avait été humilié devant son peuple, il avait perdu ses hommes de confiance au profit de Moussa (psl) qui menaçait dangereusement et plus que jamais le système dont dépendait sa puissance. Pour toutes ces raisons il décida de punir sévèrement les magiciens:

Alors Pharaon dit: "Avez-vous cru en lui avant que je ne vous y autorise? C'est lui votre chef qui vous a enseigné la magie. Je vous ferai sûrement, couper mains et jambes opposées, et vous ferai crucifier aux troncs des palmiers, et vous saurez, avec certitude, qui de nous est plus fort en châtiment et qui est le plus durable". (Sourate Ta-Ha, 71)

En dépit des graves menaces proférées par Pharaon, les magiciens avaient foi en Allah depuis l’instant où ils avaient pris conscience de l’existence d’Allah et se prosternèrent devant Lui. Ils s’étaient rangés du côté de Moussa (psl), ils n’étaient pas préoccupés par la perte des privilèges que Pharaon leur avait donnés. Dans le même temps ils demandaient à Allah de leur pardonner de s’être opposés au Prophète Moussa (psl) et de l’avoir combattu:

Par Celui Qui nous a créés, dirent-ils, nous ne te préférerons jamais à ce qui nous est parvenu comme preuves évidentes. Décrète donc ce que tu as à décréter. Tes décrets ne touchent que cette présente vie. Nous croyons en notre Seigneur, afin qu'Il nous pardonne nos fautes ainsi que la magie à laquelle tu nous as contraints. Et Allah est Meilleur et Eternel. (Taha Suresi, 72-73)

D’après le verset ci-dessus, on voit que la soumission à Allah donne de la force de caractère, permet l’affirmation personnelle et  insuffle à l’individu le sens de l’engagement. Les magiciens n’auraient jamais pu avoir une attitude aussi noble s’ils avaient recherché les avantages attachés au système de Pharaon. Dans les conditions de l’époque, leur conversion au droit chemin semblait en conflit avec leurs intérêts matériels.
Mais toutes ces préoccupations autour de l’intérêt mondain perdent leur importance pour celui qui a foi en Allah. En effet, c’est Allah qui régit le cours des événements relatés plus haut. Un croyant accompli ne stipule pas de conditions pour être le serviteur d’Allah. Une foi qui n’est pas conditionnée par quoi que ce soit est une foi authentique. En ce sens la foi des magiciens était une foi sincère et accomplie car inconditionnelle.

Les propriétaires des jardins

Allah relate l’histoire de deux hommes au Prophète Muhammad (saws). Ainsi, tous ceux qui vivront jusqu’au jour du Jugement apprendront l’histoire de ces hommes qui ont vécu il y a des siècles:

Donne-leur l'exemple de deux hommes: à l'un d'eux Nous avons assigné deux jardins de vignes que Nous avons entourés de palmiers et Nous avons mis entre les deux jardins des champs cultivés. Les deux jardins produisaient leur récolte sans jamais manquer. Et Nous avons fait jaillir entre eux un ruisseau. Et il avait des fruits… (Sourate al-Kahf, 32-34)

La conduite de l’homme riche est rapportée dans le Coran comme illustrant un caractère sur lesquels nous devons être édifiés. En revanche, l’attitude modérée de l’autre homme est celle qui caractérise un croyant accompli.

L’homme riche était extrêmement arrogant et sûr de lui à cause de sa richesse. Ses jardins luxuriants et prospères étaient la source principale de son assurance. C’est seulement parce qu’il était plus riche et plus puissant que son compagnon, qu’il osa lui parler avec dédain et arrogance:

… et dit alors à son compagnon avec qui il conversait: "Je possède plus de biens que toi, et je suis plus puissant que toi grâce à mon clan". (Sourate al-Kahf, 34)

Voyant la beauté et la prospérité de ses jardins, cet homme pensait qu’il n’avait pas besoin d’Allah ou de Sa religion pour être fort et c’est pourquoi il adopta une attitude pleine d’assurance et sans sagesse:

Il entra dans son jardin coupable envers lui-même; il dit: "Je ne pense pas que ceci puisse jamais périr, et je ne pense pas que l'Heure viendra. Et si on me ramène vers mon Seigneur, je trouverai certes meilleur lieu de retour que ce jardin". (Sourate al-Kahf, 35-36)

Comme Allah le souligne dans ce verset, le propriétaire des jardins attribuait à ceux-ci une existence  quasi-éternelle et osa déclarer qu’ils n’avaient pas à craindre les plus grandes catastrophes. Il était loin d’imaginer les conséquences dramatiques que lui vaudrait une telle pensée. Son arrogance ignorante et son sentiment d’assurance en firent un homme qui “ se fit tort à lui-même ”.

Allah mentionne un autre homme qui possédait lui aussi des jardins. Il était également riche mais moins que le premier…Cependant sa fortune n’avait pas changé sa foi ou sa personnalité, c’est pourquoi il releva la mécréance de son ami et lui répondit:

… "Serais-tu incroyant envers Celui Qui t'a créé de terre, puis de sperme et enfin t'a façonné en homme? Quant à moi, c'est Allah Qui est mon Seigneur; et je n'associe personne à mon Seigneur. En entrant dans ton jardin, que ne dis-tu: "Telle est la volonté (et la grâce) d'Allah! Il n'y a de puissance que par Allah".... (Sourate al-Kahf, 37-39)

Dans la dernière partie du verset, il avertit immédiatement son ami de ne pas être insolent envers Allah à cause de ses biens et lui conseille de ne pas être  arrogant:

...En entrant dans ton jardin, que ne dis-tu: "Telle est la volonté (et la grâce) d'Allah ! Il n'y a de puissance que par Allah". Si tu me vois moins pourvu que toi en biens et en enfants, il se peut que mon Seigneur, bientôt, me donne quelque chose de meilleur que ton jardin, qu'Il envoie sur (ce dernier), du ciel, quelque calamité, et que son sol devienne glissant, ou que son eau tarisse de sorte que tu ne puisses plus la retrouver". Et sa récolte fut détruite et il se mit alors à se tordre les deux mains à cause de ce qu'il y avait dépensé, cependant que ses treilles étaient complètement ravagées. Et il disait: "Que je souhaite n'avoir associé personne à mon Seigneur !" Il n'eut aucun groupe de gens pour le secourir contre (la punition) d'Allah. Et il ne put se secourir lui-même. En l'occurrence la souveraine protection appartient à Allah, le Vrai. Il accorde la meilleure récompense et le meilleur résultat. (Sourate al-Kahf, 39-44)

L’attitude pleine de maîtrise du second homme illustre le type de moralité qui plait à Allah. Sa façon de penser, ses manières, ses conceptions sont le signe d’une foi accomplie. C’est pour cette raison précisément qu’Allah a commandé à Son Prophète (saws) de rapporter cette anecdote aux croyants à titre d’exemple. Les défauts du premier homme deviennent manifestes lorsqu’on compare sa personnalité à la perfection morale du second.