Une telle foule nous fait réfléchir à l’immensité de l’inégalable création divine. Depuis le début de l'existence du monde, Dieu a créé des milliards de visages humains, tous différents les uns des autres.
La plupart des gens pensent que pour “réfléchir profondément”, il faut se prendre la tête entre les mains, se retirer dans une pièce vide et s’éloigner à la fois des hommes et des affaires. En effet, ils pensent que réfléchir profondément est une démarche si importante qu’ils la trouvent trop difficile; cela les amène à conclure que c’est une qualité exclusivement réservée aux philosophes.
Or, comme nous l’avons dit dans l’introduction, Dieu, l’Exalté, nous invite tous à réfléchir et Il nous a fait savoir qu’Il a révélé le Coran pour que les hommes réfléchissent à son contenu:
Voici un Livre béni que Nous avons fait descendre vers toi, afin qu’ils méditent sur ses versets et que les doués d’intelligence réfléchissent! (Sourate 38, “Sâd”, v. 29)
En réalité ce qui est important, c’est l’amélioration de la capacité à réfléchir de chacun d’entre nous ainsi que l’approfondissement de notre réflexion. Les gens qui ne font aucun effort dans ce sens continuent à vivre dans “l’insouciance” profonde. Le terme insouciance signifie dans le cas présent négligence, abandon, tromperie, méprise. L’état d’insouciance de ceux qui ne réfléchissent pas est une conséquence de l’oubli ou du mépris délibéré du but de leur création et des réalités enseignées par la religion. C’est une voie extrêmement dangereuse qui peut mener en Enfer. En conséquence, Dieu a mis en garde cette catégorie d’hommes et Il les a qualifiés de négligents:
Et invoque ton Seigneur en toi-même, en humilité et crainte, à mi-voix, le matin et le soir, et ne sois pas du nombre des insouciants. (Sourate 7, “l’enceinte du Paradis”, v. 205)
Et avertis-les du Jour du regret, quand tout sera réglé; alors qu’ils sont [dans ce monde] inattentifs et qu’ils ne croient pas. (Sourate 19, “Marie”, v. 39)
Dans le Coran, Dieu fait allusion aux gens qui s’interrogent et qui, après avoir réfléchi consciencieusement, voient la vérité et Le craignent. Il dit que ceux qui suivent aveuglément leurs pères par tradition, sans prendre le temps de réfléchir, ont tort. Quand on interroge ces gens-là, ils disent qu’ils sont religieux et qu’ils croient en Dieu. Mais puisqu’ils ne réfléchissent pas, cela signifie qu’ils n’amendent pas leur conduite par crainte de Dieu. La mentalité de ces gens est clairement révélée dans les versets suivants:
Dis: “À qui appartiennent la terre et ceux qui y sont, si vous savez?” Ils diront: “À Allah.” Dis: “Ne vous souvenez-vous donc pas?” Dis: “Qui est le Seigneur des sept cieux et le Seigneur du Trône sublime?” Ils diront: [ils appartiennent] “à Allah”. Dis: “Ne craignez-vous donc pas?” Dis: “Qui détient dans Sa main la royauté absolue de toute chose, et qui protège et n’a pas besoin d’être protégé? [Dites], si vous le savez!” Ils diront: “Allah.” Dis: “Comment donc se fait-il que vous soyez ensorcelés?” [au point de ne pas croire en Lui]. Nous leur avons plutôt apporté la vérité et ils sont assurément des menteurs. (Sourate 23, “les croyants”, v. 84-90)
Dans les versets ci-dessus, Dieu demande aux gens: “Comment se fait-il donc que vous soyez ensorcelés?” Dans ce verset, le terme “ensorcelés” traduit un état d’engourdissement mental qui prend le contrôle des gens. Une personne qui ne réfléchit pas est engourdie. Sa vision devient floue. Elle agit comme si elle ne voyait pas la réalité devant ses yeux et sa faculté de jugement s’affaiblit. Elle devient même incapable de saisir la stricte vérité. Elle ne peut pas être pleinement consciente des faits extraordinaires qui se produisent à ses côtés. Elle ne comprend pas les détails complexes des événements. C’est le résultat de la vie insouciante que mènent les gens depuis des milliers d’années et de l’état d’abandon dans lequel se trouvent leurs pensées. Ils agissent comme si la pensée était un simple héritage culturel et cela ne fait qu’augmenter leur engourdissement mental.
Nous pouvons expliquer un des aboutissements de ce “charme collectif” par l’exemple suivant:
Sous la surface de la Terre, il y a une “couche en ébullition” qu’on appelle le magma. La croûte de la Terre qui est très fine implique que ce feu est très proche de nous, presque sous nos pieds. Pour mieux comprendre combien la croûte terrestre est fine par rapport à l’ensemble de la Terre, nous pouvons la comparer à l’épaisseur de la pelure d’une pomme par rapport à la totalité de la pomme.
Tout le monde sait, que juste au-dessous de la surface de la Terre, il y a une couche qui bouillonne à de très hautes températures; mais nous y pensons peu et ceci parce que nos pères et mères, frères, parents, amis, voisins, nos journalistes, nos producteurs de programmes télévisés et nos professeurs d’universités eux non plus n’y pensent pas.
Nous, nous voulons essayer de vous y faire penser. Nous savons qu’une personne qui a perdu la mémoire s’efforcera de prendre des renseignements sur son environnement et que pour obtenir des réponses, elle posera des questions aux gens qui l’entourent. En premier lieu elle demandera où elle se trouve. Que pensera-t-elle quand on lui dira que sous le sol où elle se tient, il y a une sphère de feu bouillante et que des flammes pourraient jaillir de la surface de la Terre au cas où un fort tremblement de terre ou une éruption volcanique se produisaient? Allons plus loin et supposons que l’on dise à cette personne que ce monde n’est qu’une petite planète flottant dans un vide obscur et infini appelé espace et que l’espace contient de plus grands dangers que ceux représentés par la couche de la Terre. Par exemple, des météores pesant des tonnes qui circulent librement autour de la Terre et qui pourraient changer de trajectoire sous l’influence gravitationnelle d’une autre planète et ainsi entrer en collision avec elle.
De toute évidence, après de telles révélations, cette personne ne pourra oublier, même pour un instant, la situation dangereuse dans laquelle elle se trouve. Elle étudiera comment les gens vivent dans cet environnement auquel ils ont l’air de se cramponner comme des désespérés. C’est alors qu’elle réalisera qu’un système parfait a été créé. L’intérieur de la planète sur laquelle elle vit contient certes un grand danger, mais des équilibres très délicats empêchent ce danger d’être nuisible aux gens, sauf en cas de circonstances exceptionnelles. La personne qui réfléchit comprend alors que la Terre et que toutes les créatures qui y vivent, mènent leur existence en sécurité par la seule volonté de Dieu, l’Exalté, suite à l’équilibre parfait qu’Il a créé.
Ce n’est qu’un exemple parmi les millions, voire les milliards d’exemples sur lesquels les gens doivent réfléchir. En voici un autre, qui nous aidera à comprendre comment l’insouciance affecte la faculté de penser des hommes et diminue leur capacité intellectuelle.
Les gens savent que la vie d’ici-bas passe et se termine très rapidement. Néanmoins, ils agissent comme s’ils n’allaient jamais quitter ce monde. Ils vivent comme si la mort n’existait pas. C’est une sorte d’envoûtement qui se transmet de génération en génération. Son pouvoir est si grand que lorsque quelqu’un parle de la mort, les gens changent immédiatement de sujet de peur de rompre le charme et d’affronter les réalités. Les gens qui ont passé toute leur vie à acheter de belles maisons, des résidences d’été, des voitures et à envoyer leurs enfants dans de bonnes écoles ne veulent pas penser qu’un jour ils mourront et ne pourront pas emporter leurs voitures, leurs maisons et leurs enfants avec eux. Par conséquent, au lieu de se mettre à faire quelque chose pour “la vie réelle” qu’ils vivront après leur mort, ils préfèrent tout simplement ne pas y penser.
Pourtant, tôt ou tard nous mourrons tous définitivement et que nous y croyons ou pas, la vie éternelle commencera pour chacun d’entre nous. Que cette vie éternelle soit vécue au Paradis ou en Enfer dépendra de ce que nous aurons fait durant notre courte existence ici-bas. Telle est la stricte vérité et la seule raison pour laquelle les gens font comme si la mort n’existait pas est que cet envoûtement agit sur eux parce qu’ils ne réfléchissent pas.
Ceux qui ne peuvent pas échapper à cette magie, et par conséquent vivent en état d’insouciance, comprendront la réalité des faits en les voyant de leurs propres yeux après leur mort. Dieu nous enseigne ce fait dans le Coran:
Tu restais indifférent à cela. Et bien, Nous ôtons ton voile; ta vue est perçante aujourd’hui. (Sourate 50, “Qâf”, v. 22)
Comme Dieu le dit dans ce verset, la vue qui à cause du manque de réflexion est trouble ici-bas, sera “perçante” quand après sa mort la personne rendra ses comptes dans l’Au-delà.
Il faut ajouter que les gens s’imposent délibérément cet envoûtement. Ils supposent qu’en agissant ainsi, ils vivront une vie paisible et détendue. Pourtant, il est très facile pour n’importe qui de se débarrasser de cet engourdissement mental et de commencer à vivre avec une conscience claire. Dieu a présenté la solution aux gens. Ceux qui réfléchissent peuvent dissiper ce sortilège tandis qu’ils sont encore vivants. Ils sont capables de comprendre que tous les événements ont un but et une signification cachée, et à tout moment, ils peuvent voir de la sagesse dans les événements que Dieu crée.
Il n’y a pas d’heure, de lieu ou de condition appropriée pour la réflexion. N’importe qui peut réfléchir, que ce soit en marchant dans la rue, en allant au bureau, en conduisant une voiture, en travaillant sur un ordinateur, en assistant à une réunion, en regardant la télévision ou bien en mangeant.
Par exemple, en conduisant une voiture, il est possible de voir de nombreuses personnes sur notre route. Celui qui les regarde peut penser à beaucoup de choses différentes. Il peut lui venir à l’esprit que les aspects physiques de la population sont très divers. Aucune personne ne ressemble à une autre. Il est extraordinaire de constater que, bien que nous possédions tous des organes identiques tels que les yeux, les sourcils, les mains, les bras, le nez etc., ils paraissent tous très différents les uns des autres. En poussant cette réflexion un peu plus loin, nous pouvons penser à une multitude d’autres choses encore.
Celui qui observe toutes ces personnes pressées, peut être amené à penser à diverses choses. À première vue, chacun de ces individus paraît être un individu “distinct”. Chacun d’eux vit dans un monde qui lui est propre avec des désirs, des projets, des goûts, un mode de vie particulier et des pensées qui le rendent heureux ou malheureux. Or, ces différences sont trompeuses. En général, l’être humain naît, grandit, va à l’école, cherche un travail, se marie, a des enfants qu’il enverra également à l’école et mariera, vieillit, devient grands-parents et finit par décéder. De ce point de vue, il n’y a pas de grandes différences entre les vies des gens. Que l’on vive à Istanbul ou dans une ville mexicaine, cela ne change rien. Tous ces gens, où qu’ils vivent, mourront un jour. Dans quelques dizaines d’années aucun d’entre eux ne sera plus vivant. Celui qui s’interroge se rend compte de cette évidence, et s’il continue à réfléchir il en viendra à se poser les questions suivantes: “Puisque nous mourrons tous, pourquoi agissons-nous comme si nous n’allions jamais quitter ce monde? Pourquoi, puisque la mort est un fait certain, agissons-nous presque tous comme si notre vie dans ce monde était éternelle alors que nous devrions plutôt œuvrer pour notre vie future dans l’Au-delà?”
Celui qui se pose ce type de questions est quelqu’un qui réfléchit et c’est par sa réflexion qu’il arrive à des conclusions décisives.
Une grande majorité de gens ne se posent jamais ces questions. Si on leur demande soudain: “À quoi pensez-vous en ce moment?”, il apparaîtra qu’ils pensent à des choses très futiles qui ne leur sont d’aucune utilité, alors qu’ils pourraient réfléchir à des sujets “constructifs”, “raisonnables” et “importants” à chaque moment de leur journée et en tirer des conclusions.
En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, il y a certes des signes pour les doués d’intelligence, qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, invoquent Allah et méditent sur la création des cieux et de la terre (disant): “Notre Seigneur! Tu n’as pas créé cela en vain. Gloire à Toi! Garde-nous du châtiment du Feu.” (Sourate 3, “la famille de Imrân”, v. 190-191)
Dans le Coran, Dieu nous informe que puisque les croyants sont des gens qui réfléchissent, ils voient le côté miraculeux de Sa création et exaltent Son pouvoir, Son savoir et Sa sagesse dans toutes les circonstances.
Pour que la contemplation profite à une personne et la conduise vers la bonne conclusion, celle-ci doit toujours penser positivement. Par exemple, une personne qui voyant quelqu’un de beaucoup plus beau qu’elle, se sentirait inférieure à cause de ses propres imperfections physiques et en viendrait à l’envier, éprouverait un sentiment que Dieu désapprouve. Par contre, quelqu’un qui aspire à obtenir l’agrément de Dieu considère la beauté de l’autre comme une manifestation de Sa création. En considérant l’autre comme un symbole de la beauté que Dieu a créée, elle en tire un grand plaisir et demande à Dieu de rehausser la beauté de cet être dans l’Au-delà. Quant à sa propre personne, elle demande à Dieu de lui accorder la vraie beauté éternelle dans l’Au-delà. Elle réalise que l’homme ne peut jamais être parfait ici-bas, car le monde a été créé avec des imperfections. Cela s’inscrit dans les épreuves de la vie. Ce raisonnement permet d’augmenter le désir ardent du Paradis. Ceci n’est qu’un exemple de pensée sincère et c’est tout au long de sa vie que l’homme rencontre des exemples semblables. Il est mis à l’épreuve pour voir s’il fait preuve d’un bon comportement et d’une manière de penser qui soient agréables à Dieu.
Son succès dans l’épreuve et dans la contemplation (qui lui fera gagner les faveurs de Dieu dans l’Au-delà) dépend des leçons et des avertissements qu’il tire des choses sur lesquelles il réfléchit. Pour cela, il est impératif qu’il pense sincèrement et de façon constante. Dieu dit dans le Coran:
C’est Lui qui vous fait voir Ses preuves, et fait descendre du ciel, pour vous, une subsistance. Seul se rappelle celui qui revient [à Allah]. (Sourate 40, “l’absoluteur”, v. 13)