Allah veut vous alléger les obligations, car l'homme a été créé faible. (Sourate an-Nisa, 28)
L'altruisme, la confiance, la compassion, la modestie, l'honnêteté, le comportement amical ; nourrir les pauvres, tenir ses promesses, restituer à temps un article emprunté, être digne, mature, doux, clément, reconnaissant, patient, brave, respectueux, composé ; ne pas tricher, ne pas voler autrui, ne pas rabaisser autrui sont là quelques-unes des qualités inscrites dans le Coran.
En réalité, tout le monde sait par sa conscience quelles sont les caractéristiques approuvées par Allah. Cependant, Satan laisse imaginer qu'il est très difficile de vivre selon ces critères moraux. On pense même que l'application stricte de ces valeurs morales sans compromis n'est propre qu'aux prophètes et à leurs compagnons. Les qualités morales des personnes ignorantes sont comme un lien attaché à une fine ficelle – elle casse au moindre souffle. Par exemple, une personne calme au quotidien peut se laisser envahir par la colère, devenir incontrôlable, vulgaire et agressive lorsque ses intérêts sont compromis. Dans la société actuelle, beaucoup d'individus ont ces penchants, c'est pourquoi des traits négatifs tels que l'égoïsme, la protection de l'intérêt personnel au dépend d'autrui, la tromperie, la malhonnêteté, l'hypocrisie, le manque d'empathie, l'arrogance, l'impolitesse, la jalousie deviennent la norme. On n'hésite pas à se définir de la sorte : "Je suis très ambitieux, très jaloux et égoïste", comme si ces défauts valorisaient la personnalité. En conséquence, on finit par accepter mutuellement ce genre de défauts.
Or Allah a créé l'homme avec une fitra, c'est-à-dire un sens religieux inné. Il est donc naturel que l'homme se plaise à observer et à maintenir un bon sens moral. Une attitude contraire à sa nature mène l'homme vers les problèmes et la tristesse. Dans son ouvrage intitulé "Les Rayons", un éminent savant de notre passé proche, Bediuzzaman Said Nursi, attire notre attention sur la facilité à vivre une vie religieuse et sur l'adversité que l'absence de foi apporte à la vie humaine.
"… le mode de croyance et d'adhésion à l'unicité d’Allah est bien délimité, directe et simple. En revanche, les manières de nier la religion sont extrêmement longues, difficiles et dangereuses. En d'autres termes, la non-croyance et l'association de partenaires à Allah ne sont pas raisonnables dans ce monde sage, où tout prend le chemin le plus simple et le plus court. La croyance et l'affirmation de l'unicité divine sont aussi nécessaires et essentielles à l'univers que le Soleil. De la même manière, la voie la plus confortable, bénéfique, et sûre dans la moralité et la conduite humaine est la voie du droit chemin et de la modération." (Bediuzzaman Said Nursi, La Collection de Risale-i Nur, La Collection des Rayons, 15ème Rayon)
Dans un autre ouvrage, Bediuzzaman évoque cette idée :
"Marcher sur la voie de la non-croyance c'est comme si l'on marche sur la glace ou sous terre, c'est-à-dire que cela inspire de la répulsion. Par conséquent, il est difficile pour celui qui penche vers cette voie sciemment de marcher sur cette voie. Or, l'insouciance et l'imitation peuvent dissimuler cet obstacle. Quant à suivre le chemin de la croyance, c'est comme se mouvoir dans l'eau ou dans les airs. C'est une voie attractive, par conséquent elle est simple pour qui est enclin à la suivre. " (Bediuzzaman Said Nursi, Epitomes de la Lumière, 2ème Chapitre, p. 71)
Il est possible de connaître quelques plaisirs dans une vie dénuée de la foi. Mais ils sont toujours éphémères et apportent tristesse et souffrance. Même si l'individu vit dans l'abondance, la beauté et le plaisir, s'il n'a pas la foi, il sera torturé par l'idée de tout perdre que ce soit dû à la tournure des évènements sur terre ou parce qu'il devra faire face à l'inévitable : la mort. Donc il ne lui est pas possible d'éprouver la vraie paix lorsqu'il n'y a ni foi en l'au-delà, ni soumission à Allah. Bediuzzaman exprime ainsi la fin de l'individu sans foi ni morale :
"La vie, si elle est dénuée de foi ou dotée d'une foi rebelle, est inefficace. Elle produira des souffrances et de la tristesse bien au-delà des plaisirs superficiels qu'elle apporte." (Bediuzzaman Said Nursi, La Collection de Risale-i Nur, La Collection des Mots, 13ème Mot)
La morale détermine le bien et le mal. Pour ceux qui choisissent le chemin de la foi, la voie entre cette vie et l'au-delà est ininterrompue de plaisir, de joie et d'aisance. Même s'ils connaissent des désagréments, ils continuent à vivre avec la certitude que les troubles sont temporaires et que tout ce qui manque en ce monde leur est promis dans l'au-delà. Afin d'atteindre la bénédiction infinie, la marche à suivre est très simple : en obéissant au Coran et en écoutant leur conscience, les gens atteindront le paradis, un lieu de beautés infinies et de bienfaits continus, par la volonté d’Allah.
Pensons aux voitures sur l'autoroute… Chacun de ses occupants est unique, par sa culture, par le poste qu'il occupe, par son caractère, par son niveau d'éducation… Chacun est différent, mais tous roulent sur l'autoroute.
Imaginons que deux de ces voitures fassent un accident. Un des occupants est blessé et a perdu connaissance. Une voiture passe, le conducteur voit le corps inerte et poursuit sa route. Un autre conducteur, lui, s'arrête immédiatement pour porter secours au blessé.
Ce qui distingue ces deux conducteurs est que l'un a écouté sa conscience et l'autre non. La différence de culture, d'éducation, d'emploi, de race et de lignée entre les deux individus n'a eu aucune portée. Tout individu, sans exception, possède la voix de la conscience qui lui indique ce qui est juste. Chaque fois qu'il commet une erreur, sa conscience lui rappelle ce qui est correct. Cette voix est facilement reconnaissable dans la mesure où c'est la première chose que l'on entend. Tant qu'on suit cette voix, on vivra une vie paisible. En revanche, si on se bouche les oreilles et on se cherche des excuses, il faudra vivre avec une conscience coupable et connaître inévitablement l'adversité.
L'existence de notre conscience est un grand bienfait d’Allah puisqu'elle nous assure la paix et l'aisance. En écoutant notre conscience, nous saurons distinguer le bien du mal dans chaque situation, plaire à Allah et nous assurer notre salut dans ce monde et dans l'au-delà.
Allah nous dit que nous serons sauvés en écoutant notre conscience :
Et par l'âme et Celui qui l'a harmonieusement façonnée et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété ! A réussi, certes celui qui la purifie. (Sourate ach-Chams, 7-9)
"A réussi certes celui qui la purifie" met clairement en avant l'idée que quiconque écoute sa conscience trouve la paix.
Quant à ceux qui ne s'inspirent pas de leur conscience, ce verset décrit leur sort :
Et est perdu, certes, celui qui la corrompt ! (Sourate ach-Chams, 10)
La conscience des non-croyants continue à leur commander le bien et le juste. Cela aboutit à une lutte interne. Le pécheur est torturé jour et nuit pour ses méfaits. En définitive, ce sera la perte pour lui dans ce monde et le suivant.
Tout le monde est frappé tôt ou tard par des incidents malheureux et douloureux qui peuvent parfois bouleverser une vie entière. Si l'on n'est pas épaulé par la morale du Coran, on vit dans la déprime, l'inquiétude, la tension et la crainte face à des événements déplaisants mineurs ou majeurs. Cette souffrance est le résultat du choix qui consiste à vivre dans l'inconscience face à une réalité essentielle. Allah mentionne dans l'un de Ses versets : "Allah n'opprime pas les hommes, ils s'oppriment eux-mêmes." Aussi quand on n'a pas la foi et qu'on ignore ce dont Allah nous informe, la vie est faite de chagrin, d'anxiété, de crainte et de faiblesse.
Les croyants sont protégés de toute inquiétude car ils ont foi en tout ce que Allah a créé. Ils se rappellent, par ailleurs, que toutes leurs actions sont inscrites auprès d’Allah et qu'ils ne font que suivre leur destinée. Ils gardent à l'esprit que la conclusion des évènements voulus par Allah sera positive. Le sort des pieux serviteurs d’Allah est organisé le plus sagement.
Le terme de destinée est familier pour beaucoup, mais peu le comprennent vraiment. Certains croient, par exemple, que la couleur des cheveux, la taille ou la parenté sont inscrites dans le sort de l'individu ; d'autre part ils pensent pouvoir modifier leur lot en essayant fort et en persévérant. En réalité, chaque moment de la vie de la personne, chaque incident vécu et à vivre, chaque mot prononcé, chaque regard, chaque voix font partie de la destinée. Il est ainsi déjà écrit dans son destin que le lecteur lira ces lignes à cette heure, en ce jour. Allah savait cet instant des millions d'années avant notre création. Il a pu se produire de nombreuses choses avant que ce livre ait pu être lu, une visite inattendue ou autre. Peu importe, tout ceci est du domaine d’Allah. De même, le destin du lecteur, du visiteur ou même de ce livre est déjà prédéterminé. Allah évoque cette question dans l'un de Ses versets :
Tu ne te trouveras dans aucune situation, tu ne réciteras aucun passage du Coran, vous n'accomplirez aucun acte sans que Nous soyons témoin au moment où vous l'entreprendrez. Il n'échappe à ton seigneur ni le poids d'un atome sur terre ou dans le ciel, ni un poids plus petit ou plus grand qui ne soit déjà inscrit dans un livre évident. (Sourate Yunus, 61)
Allah n'est pas soumis aux notions de temps et d'espace. L'humanité si. C'est pourquoi, le passé, le présent et le futur sont pour Allah un seul moment. Notre prochain anniversaire fait partie du futur pour nous. En réalité, ce moment a déjà été vécu dans la présence d’Allah. Allah sait déjà ce qu'il se passera ce jour-là. De la même manière, Il connaît chaque détail des deux, trois, dix, quarante prochaines années. Allah est conscient de la vie au quotidien à la seconde près des milliards d'individus ayant vécu depuis la création de l'univers ainsi que ceux qui vivront jusqu'à la fin des temps. Allah a créé le temps infini en une période infinitésimale, c'est-à-dire qu'Il a créé tous les temps en une fraction de seconde.
Se dire que Allah sait tout par Sa science infinie et se rendre compte que les individus sont des observateurs de leur destin est un grand bienfait pour le croyant. Un croyant sincèrement soumis à Allah prend son destin comme une leçon, avec excitation, gratitude et contemplation. Il regarde sa destinée se dérouler avec la même confiance, réconfort et bonheur que s'il était en train de regarder un film assis sur un canapé.
Allah étant son ami et gardien, le croyant est heureux des évènements, des visions et des discours qui composent son sort. Allah éprouve ses créatures à travers différentes situations. Cela peut sembler effrayant, difficile ou inquiétant. Mais chacune de ces situations est planifiée dans le plus grand détail par la volonté d’Allah. Ainsi, le Prophète Joseph (psl) fut emprisonné pendant de nombreuses années, en dépit de son innocence. Malgré cela, il a accepté joyeusement le sort que Allah lui avait réservé. Au lieu de voir dans son incarcération une calamité, il l'a considérée comme une porte s'ouvrant sur de nombreux bienfaits et beautés. En effet, n'éprouve pas le même plaisir celui qui voit une rose tous les jours que celui qui n'a que des murs en béton pour spectacle. Celui qui subit la rudesse et la souffrance jouira plus du confort et de la beauté. Tout comme celui qui est emprisonné à tort apprécie sa situation car il sait qu'en contre partie il aura la satisfaction d’Allah et la récompense dans l'au-delà. En somme, il sait que personne, lui y compris, ne pourrait modifier une seconde de son sort, et il vit dans la résignation.
Le croyant soumis à son destin s'efforce certainement de faire tout son possible dans toutes les situations. Donc s'il est malade, il se fera examiner par un médecin, il prendra un traitement et se soignera. Il sait néanmoins que sa visite chez le médecin, son traitement sont écrits dans son destin. Aussi ne connaîtra-t-il jamais le malheur, la tristesse et l'inquiétude. Il vit dans le confort et dans la conscience que Allah lui souhaite le meilleur. Il est essentiel pour l'homme de croire qu'il y a une explication derrière chaque événement. Les croyants voient même dans les situations éprouvantes un grand bienfait pour eux et ils s'en remettent à Allah. Cette qualité est propre aux croyants. Notre Prophète (pbsl) évoque ce thème dans un de ses hadiths :
"L'affaire du musulman est décidément remarquable ! Car elle est toujours à son avantage, et cela est particulier au croyant. Si une bonne nouvelle le touche, il remercie Allah et cela lui bénéficie. Si une calamité le touche, il l'endure et cela lui bénéficie aussi."(Sahih Muslim)
Allah est le seul Juge de l'univers et Il possède une force infinie. Conscient de cette réalité, il n'y a clairement d'autre choix que de se soumettre et se résigner à Lui. Car chaque situation, chaque personne, chaque parole est sous le contrôle d’Allah. Comme notre Prophète (pbsl) disait, tout ce qui vient de notre Seigneur est une beauté et un bienfait pour le croyant. Allah fait référence aux croyants qui placent leur confiance en Lui avec la conscience de cette réalité :
Je place ma confiance en Allah, mon Seigneur et le vôtre. Il n'y pas d'être vivant qu'Il ne tienne par son toupet. Mon Seigneur, certes, est sur un droit chemin. (Sourate Hud, 56)
Les non croyants supposent que tout est en leur pouvoir et contrôle. Ils vivent dans la crainte, la tristesse et le pessimisme continus. C'est comme l'excitation croissante lorsque l'on croit pouvoir changer la fin du film regardé. Cette montée d'adrénaline est toute aussi inappropriée et inutile pour celui qui regarde son sort se dérouler. Ceux qui, par exemple, accusent autrui à tort, sont sous le contrôle d’Allah. Allah en est à l'origine pour éprouver les hommes. Tant que le croyant endure dans l'espoir de l'approbation divine, du paradis et de Sa miséricorde, il n'a aucune raison de se lamenter. Car Allah envoie Son secours aux croyants et les soulage. Allah le promet. A ceux qui furent lésés, Allah déclare :
Ainsi en est-il. Quiconque châtie de la même façon dont il a été châtié, et qu'ensuite il est victime d'un nouvel outrage, Allah l'aidera, car Allah est certainement absoluteur et pardonneur.(Sourate al-Hajj, 60)
La seule voie possible pour les croyants qui connaissent le pouvoir, l'aide et l'amitié d’Allah est de se soumettre à Lui. C'est là la meilleure voie et la plus simple. S'ils agissent autrement, ils s'infligent un fardeau au-delà de leur capacité. Bediuzzaman explique dans "Les Mots" la difficulté qu'on s'inflige lorsqu'on ne croit pas en Allah :
"L'homme est impuissant et il est exposé à des nombreux revers de fortune. Il est indigent et ses besoins sont multiples. Il est faible et le poids de la vie est lourd. S'il ne compte pas sur le Tout-Puissant, Lui fait confiance et se soumet à Lui, sa conscience sera toujours troublée. Des tourments inutiles, des souffrances et des regrets le feront suffoquer et l'intoxiqueront ou le transformeront en bête."(Bediuzzaman Said Nursi, La Collection de Risale-i Nur, La Collection des Mots, 6ème Mot)
Ce conseil n'est pas donné afin que l'on puisse se consoler ou consoler autrui, ni pour pousser à réfléchir ceux qui sortent d'une épreuve. C'est là tout simplement la réalité de la création d’Allah et de la vie terrestre. Agir de manière contraire ne revient qu'à se tromper. En résumé, les ignorants vivent sous tension en raison de leur mécréance en Allah, même au summum de la prospérité et du confort matériel. Tandis que le croyant vit dans l'aisance et le bonheur, grâce à sa religion, peu importe sa condition.
Le Coran décrit les croyants ainsi :
En vérité, les bien-aimés d’Allah seront à l'abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés, ceux qui croient et qui craignent Allah. Il y a pour eux une bonne annonce dans la vie d'ici-bas tout comme dans la vie ultime. Il n'y aura pas de changement aux paroles d’Allah. Voilà l'énorme succès ! (Sourate Yunus, 62-64)
Si l'on fait attention, on remarquera que beaucoup tentent de gagner la satisfaction, l'amitié ou l'amour des autres au cours de leur vie, que ce soit auprès d'amis, de patrons, de collègues, de voisins, de disciples ou d'enfants. Selon cette mentalité, il y a toujours quelqu'un à qui plaire, à travers son mode de vie, son style vestimentaire, sa façon de parler, en somme à travers tout. Ce qui rend la vie difficile, ennuyante et fatigante. Qui plus est, l'individu qui cherche toujours à plaire est obligé de se débarrasser de sa conscience. Par exemple, il hésitera à signaler à ses amis qu'ils agissent mal, de crainte de les perdre. Toute sa vie, il devra taire sa conscience de peur de se retrouver isolé. Ce sera difficile au début, mais avec le temps sa conscience sera complètement rodée, et il deviendra incapable de différencier le bien du mal, la beauté de la laideur.
Cet individu risque également de déplaire à une personne en tentant d'en satisfaire une autre. Donc il peut s'attirer les foudres de sa famille en cherchant le plaisir de ses amis avant tout et vice versa. Ou en essayant d'impressionner son supérieur hiérarchique, il cause le mépris de ses collègues. Inexorablement, l'inconfort, la tension et le mécontentement vont naître.
Pour sa part, le musulman sincère se concentrera sur le plaisir d’Allah seul. Peu importe ce que diront les autres sur lui, les commandements d’Allah passent avant tout. Rechercher l'accord divin le guide toujours sur le droit chemin. Allah nous explique la différence entre le croyant et celui qui est possédé par plusieurs partenaires :
Allah a cité comme parabole un homme appartenant à des associés se querellant à son sujet et un autre homme appartenant à un seul homme : sont-ils égaux en exemple ? Louanges à Allah ! Mais la plupart d'entre eux ne savent pas.(Sourate az-Zumar, 29)
La seule voie convenable à suivre est celle qui mène à la satisfaction d’Allah. Bediuzzaman déclare également que lutter dans cette voie mènera toujours à une vie aisée :
"Vous devriez chercher le plaisir divin dans vos actions. Le Tout-Puissant doit être satisfait, même si le monde entier est mécontent. S'Il accepte une action et tout le monde la rejette, cela n'a aucun effet. Une fois Son plaisir gagné et l'action agréée, même si vous ne le Lui demandez pas, s'Il le souhaite, Il la fera accepter de tous. Il les fera consentir également." (Bediuzzaman Said Nursi, La Collection de Risale-i Nur, La Collection des Eclairs, Le 21ème Eclair)
Cette réflexion de Bediuzzaman est extrêmement importante : elle est la clé de la sincérité et de l'ardeur. On ne devient un musulman sincère et pieux que si l'on cherche la satisfaction d’Allah. Si l'on a tendance à chercher le plaisir des autres, l'hypocrisie intervient. Or l'hypocrisie mène à la ruine dans ce monde et dans l'au-delà. En essayant de plaire aux autres, on n'obtient jamais la réaction escomptée. Les autres ne sont pas capables d'apprécier les efforts. Et même s'ils les apprécient, ils n'en demeurent pas moins d'impuissants individus. Le Seul Juge et Possesseur de toute chose, Allah, ouvre Son paradis infini à ceux qui Le satisfont. Le paradis est la demeure où tous les désirs sont exaucés. Seuls seront sauvés ceux qui obéissent aux souhaits d’Allah :
Par ceci, Allah guide aux chemins du salut ceux qui cherchent Son agrément. Et Il les fait sortir des ténèbres à la lumière par Sa grâce. Et Il les guide vers un chemin droit. (Sourate al-Maidah, 16)
Obéir aux commandements d’Allah assure la meilleure vie : simple et pleine de joie dans ce monde et l'au-delà.
Les non-croyants défendent avant tout leurs désirs et leurs propres intérêts. Leur plaisir, bien-être et confort priment. Aussi l'altruisme leur semble-t-il difficile. Chez eux, une attitude égoïste est interprétée comme étant intelligente, tandis que le comportement altruiste est considéré naïf. En revanche, les croyants voient dans l'altruisme une manière de gagner la satisfaction d’Allah et de l'adorer.
Allah cite des attitudes altruistes de croyants :
Ils offrent la nourriture, malgré son amour, au pauvre, à l'orphelin et au prisonnier : "C'est pour le visage d’Allah que nous vous nourrissons : nous ne voulons de vous ni récompense ni gratitude. Nous redoutons, de notre Seigneur, un jour terrible et catastrophique." Allah les protégera donc du mal de ce jour-là, et leur fera rencontrer la splendeur et la joie. (Sourate al-Insan, 8-11)
Le croyant sait qu'en retour de ses actions altruistes, il gagnera la satisfaction d’Allah et les bienfaits de l'au-delà où il connaîtra "splendeur et joie", comme le verset l'indique ; et les choses sacrifiées n'auront aucune importance. Dans cette vie, temporaire, courte et imparfaite, le bien préféré n'aura aucune valeur ni beauté comparé à la satisfaction d’Allah et la récompense du paradis. Le croyant, par conséquent n'attend rien en retour de sa gentillesse, aussi grande soit-elle.
Par ailleurs, Allah promet également l'abondance dans ce monde et promet à l'altruiste davantage que ce qu'il sacrifia :
Quiconque prête à Allah de bonne grâce, Il le lui rendra multiplié plusieurs fois. Allah restreint ou étend Ses faveurs. Et c'est à Lui que vous retournerez. (Coran, 2 : 245)
Ceux qui dépensent leurs biens dans le sentier d’Allah ressemblent à un grain d'où naissent sept épis, à cent grains l'épi. Car Allah multiplie la récompense à qui Il veut et la grâce d’Allah est immense, et Il est omniscient. Ceux qui dépensent leurs biens dans le sentier d’Allah sans faire suivre leurs largesses ni d'un rappel ni d'un tort, auront leur récompense auprès de leur Seigneur. Nulle crainte pour eux, et ils ne seront point affligés. (Sourate al-Baqarah, 261-262)
En l'absence de foi en Allah et en l'au-delà, le moindre sacrifice est une grande perte et se fait au détriment des intérêts propres. Les non-croyants voient les magnifiques bienfaits de leur sacrifice comme une perte. L'égoïsme les rend tendus et déprimés, tentant à tous prix de garder la mainmise sur leurs biens. Même chez eux, ils ne connaissent pas la paix : ils voient les meubles vieillir, leur réserve de denrées s'épuiser, les visites de leurs amis les font souffrir et créent le trouble. Ils se torturent avec leur décadence. Ils passent à côté de ce que la décence apporte.
Et c'est Lui qui agrée de Ses serviteurs le repentir, pardonne les méfaits et sait ce que vous faites. (Sourate Achoura, 25)
Allah est pardonneur. Les croyants, obéissant aux valeurs morales approuvées d’Allah, savent pardonner face à la malveillance et chasser la méchanceté par la douceur. Il ne fait pas de doute que la patience et la clémence envers le malfaiteur sont les qualités de la personne pieuse. Ce comportement lui vaut l'amour d’Allah en guise de récompense :
Ceux qui dépensent dans l'aisance et dans l'adversité, qui dominent leur rage et pardonnent à autrui – car Allah aime les bienfaisants –. (Sourate al-Imran, 134)
Répondre au mal par le bien contribue à créer un espace confortable de paix pour tous. Un tel environnement est préférable au règne de la vengeance, de la rancune, de la haine et de l'animosité. Bien sûr il n'est pas simple de se contrôler et de faire preuve de patience afin de se débarrasser de la colère et des sentiments négatifs qui nous envahissent. Mais il en résulte une atmosphère amicale, respectueuse et paisible. C'est ce que Allah explique aux croyants dans Ses versets :
La bonne action et la mauvaise ne sont pas pareilles. Repousse le mal par ce qui est meilleur ; et voilà que celui avec qui tu avais une animosité devient tel un ami chaleureux. Mais ce privilège n'est donné qu'à ceux qui endurent et il n'est donné qu'au possesseur d'une grâce infinie. (Sourate Fussilat, 34-35)
Ceux qui ne pardonnent pas sont entourés d'ennemis qui les détestent et les méprisent. En revanche, le pardon garantit une vie confortable et permet de resserrer les liens. Une vie bonne et simple est la récompense d’Allah.
Le mépris et le sentiment de supériorité causent une grande souffrance. Au contraire, la modestie apaise. La personne méprisante se croit, tout d'abord, maîtresse d'elle-même. Elle se vante donc de son intelligence au lieu de remercier Allah de l'avoir dotée d'un cerveau. En amplifiant ses capacités, une telle personne finit par se sentir supérieure et arrogante et par rabaisser les autres. C'est pourquoi son entourage ne l'apprécie pas et se tient à l'écart. Certains vont tout de même continuer à lui témoigner un faux respect, car elle peut leur nuire. L'arrogant n'a pas d'amis dont l'amitié est réelle, authentique et candide. Il n'inspirera que des sentiments faux et factices.
L'arrogant s'évertue de toujours paraître sans la moindre imperfection, se vante d'être le plus intelligent et n'admet jamais ses erreurs. Quand il commet une faute, il fait tout pour la dissimuler aux autres, et notamment en usant du mensonge. Les êtres humains sont très vulnérables, imparfaits et sont éprouvés à tout instant durant leur vie terrestre. Il est donc naturel qu'ils aient des défauts et qu'ils commettent des erreurs. Cela ne fait pas de sens de vouloir les cacher aux autres. Allah voit tout et Il sait tout. Se rendre compte que ce qui importe est sa position aux yeux d’Allah et aux yeux des hommes faillibles facilite la vie. On évite ainsi de courber l'échine face à l'adversité.
Une autre erreur, cause de grande dépression, consiste à se valoriser plus de par certaines qualités. C'est également caractéristique de Satan. Quand Allah créa le Prophète Adam (psl), Il ordonna à Satan et à tous les anges de se prosterner devant lui. Les anges se prosternèrent immédiatement. Tandis que Satan s'y refusa en prétextant :
"Je suis meilleur que lui, dit Satan, Tu m'as créé de feu et tu l'as créé d'argile". (Sourate Sad, 76)
Se considérant supérieur aux autres créatures, Satan osa désobéir à Allah.
Le Coran cite également les hommes qui ont dévié de la religion d’Allah car ils se sont estimés supérieurs aux autres. Par exemple, en se disant "Nous sommes les fils d’Allah et Ses préférés" (Sourate al-Maidah, 18), les juifs et les chrétiens dévièrent. Tous les êtres humains, eux y compris, sont les créatures vulnérables d’Allah. Toute créature relève d’Allah et suit le destin qu'Il lui a préparé. Personne ne peut développer par ses propres moyens certaines qualités pour atteindre un rang supérieur par rapport aux autres. La supériorité se mesure uniquement par les efforts déployés par les hommes à se rapprocher d’Allah et donc par leur piété.
A ceux qui se prétendent exceptionnels et supérieurs, Allah répond :
"Pourquoi donc vous châtie-t-Il pour vos péchés ?" En fait, vous êtes des êtres humains d'entre ceux qu'Il a créés. Il pardonne à qui Il veut et Il châtie qui Il veut. Et à Allah seul appartient la royauté des cieux et de la terre et de ce qui se trouve entre les deux. Et c'est vers Lui que sera la destination finale. (Sourate al-Maidah, 18)
Il est extrêmement pesant de se dire parfait car cela signifie qu'il faut constamment surveiller son comportement. Cela s'illustre, par exemple, lors de réunions par une concurrence dans l'influence du discours, dans l'élégance vestimentaire, dans l'intelligence des solutions apportées, en somme, il est question d'attirer l'attention à soi. Pendant les réunions, il faut mettre en avant l'aspect extraordinaire de sa personne ; ne pas se distinguer dans la masse est inacceptable pour l'ego. Rien n'est plus naturel ou sincère dans cet état d'esprit. Chaque chose est calculée et planifiée à la mesure des certitudes des personnes arrogantes. Leurs souffrances sont flagrantes.
Elles ne peuvent, en outre, jamais atteindre leurs buts. Leur arrogance entraîne la haine et la colère dans leur entourage. Et quand elles perdent tout, elles tombent dans la dépression.
Ceux qui discutent sur les versets d’Allah sans qu'aucune preuve ne leur soit venue, n'ont dans leurs poitrines qu'orgueil. Ils n'atteindront pas leur but. Implore donc la protection d’Allah, car c'est Lui l'Audient, le Clairvoyant. (Sourate Ghafir, 56)
Plus important encore, les personnes arrogantes, en plus de ne jamais pouvoir atteindre leurs ambitions, perdent l'amour d’Allah :
Et ne détourne pas ton visage des hommes, et ne foule pas la terre avec arrogance : car Allah n'aime pas le présomptueux plein de gloriole.(Sourate Luqman, 18)
Les gens modestes, en revanche, ne connaissent pas les tourments des arrogants. Bien évidemment, tout le monde voudrait posséder le meilleur et être le meilleur. Mais quand cela se fait pour satisfaire des désirs terrestres, pour se grandir aux yeux des hommes et pour acquérir le respect, cela ne confère aucun avantage. La personne humble désire se surpasser pour gagner la récompense d’Allah. Ce qu'elle accomplit ou acquiert est le fruit de la bénédiction d’Allah. Aussi, elle ne s'attriste pas si elle ne réussit pas. Elle remercie Allah pour le succès qu'Il lui accorde dans ses entreprises. Le croyant sait que le monde a été créé pour l'éprouver. Il reste serein et confiant.
Bediuzzaman définit cette différence de vie entre les gens hautains et les gens modestes :
"Celui qui a une trop haute estime de lui-même est visité par les calamités et rencontre des difficultés. Tandis que celui qui n'est pas particulièrement attaché à lui-même, trouve le bonheur et reçoit la miséricorde." (Bediuzzaman Said Nursi, La Collection de Risale-i Nur, La Collection de Lettres, 23ème Lettre)
Chaque fois que les ignorants ont des ennuis, ils ont recours à la tromperie. C'est pour eux un bon moyen de sauver leur peau. Cependant, ils oublient qu'ils souffriront torturés par leur malhonnêteté. Le menteur vit constamment dans l'appréhension d'être découvert et de l'humiliation qui en découlerait. Le mensonge torture par ailleurs la conscience. Dans un environnement où prévaut le mensonge, prévalent également le manque de sincérité et l'hypocrisie. La méfiance et le scepticisme s'installent. Comment peut-on accorder sa confiance dans de telles circonstances ? L'amitié basée sur le mensonge et l'hypocrisie ne sera ni sincère ni profonde.
Par contre, pour la personne qui craint Allah, l'honnêteté est primordiale. Allah ne commande-t-il pas aux croyants d'être honnêtes ?
O vous qui croyez ! Craignez Allah et parlez avec droiture.(Sourate Ahzab, 70)
Le croyant qui commet une erreur, ne la cache pas aux autres, car il sait que Allah le regarde et l'écoute. En faisant face à Allah, il se repentit. Les autres croyants n'exploiteront pas la confession. Au contraire, ils loueront sa sincérité et sa modestie. Si le croyant n'a rien à cacher et s'il ne s'entoure pas d'airs mystérieux, il est accessible et engageant. Les gens se sentent à leur aise avec lui. On évite ainsi l'humiliation et les épreuves difficiles. Les hommes sincères et honnêtes créent une atmosphère agréable autour d'eux. La récompense qu'ils recevront dans l'au-delà est bien meilleure :
Allah dira : "Voilà le jour où leur véracité va profiter aux véridiques : ils auront des jardins sous lesquels coulent les ruisseaux pour y demeurer éternellement." Allah les a agréés et eux L'ont agréé. Voilà l'énorme succès.(Sourate al-Maidah, 119)
Dans cette partie, à travers quelques exemples nous avons expliqué que le bonheur et la simplicité sont le résultat de l'application des valeurs morales du Coran. Prenons un autre cas encore. Un individu qui s'est laissé auparavant envahir par la jalousie commencera à tirer du plaisir de toutes les beautés, des gens de bien et des succès d'autrui dès qu'il l'aura éliminée. En d'autres termes, au lieu d'être jaloux et envieux à l'égard de la beauté de son ami, il va instantanément louer la création d’Allah. Un autre exemple : une personne impatiente peut apprendre les vertus de la patience aux yeux d’Allah. Elle connaîtra la paix en se résignant et en faisant confiance à Allah, même dans les situations les plus difficiles. Faire preuve de patience mène à la récompense. Il suffit de croire en Allah, au destin qu'Il nous a tracé, au paradis et à l'enfer pour acquérir la paix et le bonheur. Se trompent ceux qui tentent d'y parvenir par d'autres moyens. Aucun bienfait n'est accessible sans la foi.