Il en fut de même pour les gens de Pharaon et pour ceux qui, avant eux, avaient traité de mensonge les signes de leur Seigneur. Nous les avons fait périr pour leurs péchés. Et Nous avons noyé les gens de Pharaon. Car ils étaient tous des injustes. (Sourate al-Anfal: 54)
L'ancienne civilisation égyptienne, à l'instar d'autres cités-états établies en Mésopotamie à la même époque, est connue pour avoir été l'une des plus vieilles civilisations du monde, et il a été montré qu'elle a constitué un état organisé doté de l'ordre social le plus avancé de son temps. Trois facteurs ont grandement contribué à l'essor de la civilisation égyptienne: l'écriture y a été découverte et utilisée dès le 3ème millénaire avant Jésus-Christ, le fleuve Nil a été mis à profit et l'Égypte s'est naturellement trouvée protégée des agressions extérieures de par la nature de son territoire.
Mais cette civilisation a aussi été celle du "règne des Pharaons", qui est le système mécréant le plus nettement dénoncé dans le Coran. Ces souverains débordèrent d'orgueil, dévièrent de la voie droite et blasphémèrent; et finalement, ni leur civilisation avancée, ni leur ordre socio-politique, ni leurs succès militaires ne les sauvèrent de la destruction.
Cette civilisation égyptienne était fondée sur la fertilité du fleuve Nil. Les Égyptiens s'étaient établis dans la Vallée du Nil à cause de l'abondance des eaux de ce fleuve, et parce qu'ils pouvaient cultiver la terre avec cette eau sans être dépendants de la saison des pluies. L'historien Ernst H. Gombrich a rappelé que l'Afrique a un climat très chaud et peut ne pas connaître de pluies durant des mois. C'est pour cette raison que beaucoup de régions de ce continent sont extrêmement sèches, et sont recouvertes de vastes déserts. D'ailleurs, il y a le désert des deux côtés du fleuve Nil, et il pleut rarement en Égypte. Mais cela importe peu dans ce pays, puisque le fleuve Nil traverse le territoire en son milieu, et ce du nord au sud.33
Ainsi, quiconque exerce un contrôle sur ce fleuve exerce par conséquent un pouvoir sur le vecteur le plus important du commerce et de l'agriculture de l'Égypte. C'est de cette manière que les pharaons ont dominé l'Égypte.
Le parcours étroit et vertical du Nil à travers le pays ne permettait pas l'établissement de larges zones résidentielles autour du fleuve, et par conséquent la civilisation égyptienne était constituée de petites villes et de villages, et non d'énormes cités. Cette dissémination de la population a également contribué à la domination du peuple égyptien par les pharaons.
Le roi Ménès est connu pour avoir été le premier pharaon égyptien ayant unifié toute l'ancienne Égypte en un seul état, vers le 3ème millénaire avant Jésus-Christ. En fait le terme "pharaon" désignait à l'origine le palais où vivait le roi égyptien à cette époque mais, avec le temps, il servit à désigner le roi d'Égypte lui-même. C'est pourquoi les dirigeants de l'ancienne Égypte commencèrent à être appelés "pharaons".
Étant les possesseurs, les administrateurs et les chefs de l'État dans sa totalité, ces pharaons furent facilement acceptés comme étant des incarnations de la plus grande divinité de la religion polythéiste qui sévissait dans l'ancienne Égypte. L'administration des terres égyptiennes, leur répartition, leurs revenus, ainsi que tous les services et domaines du pays, étaient gérés au nom du pharaon.
Le caractère absolu du régime procurait au pharaon un tel pouvoir qu'il pouvait se permettre tout ce qu'il voulait. Dès l'établissement de la première dynastie, au temps de Ménès qui devint le premier roi d'Égypte en unifiant la Haute et la Basse Égypte, les eaux du Nil furent distribuées au public par le biais de canaux. En plus de cela, toute production de biens et de services fut placée sous la tutelle du souverain. La répartition et la distribution des sources de richesses étaient ainsi laissées à la discrétion du pharaon qui, sans difficulté, maintenait dans la soumission toute une population. Le roi d'Égypte, bientôt couramment appelé pharaon, était considéré comme un être saint qui détenait un immense pouvoir et subvenait aux besoins de tout son peuple; et il n'y avait qu'un pas vers sa divinisation, pas qui fut aisément franchi. Et les pharaons eux-mêmes se mirent à croire en leur caractère divin.
Certains termes utilisés par pharaon lors de sa conversation avec Musa, et mentionnés dans le Coran, prouvent qu'ils avaient vraiment adopté cette croyance. Il essaya ainsi d'intimider Musa en disant:
Si tu adoptes une autre divinité que moi je te ferai jeter en prison! (Sourate ash-Shu'ara: 29)
Et il déclara aux gens autour de lui:
… je ne connais pas de divinité pour vous autre que moi… (Sourate al-Qasas: 38)
Ceci montre amplement qu'il se considérait lui-même comme un dieu.
Selon l'historien grec Hérodote, les anciens Égyptiens étaient les gens les plus "dévots" dans le monde. Pourtant, leur religion n'était pas la religion de la vérité, mais il s'agissait bien au contraire d'un polythéisme pervers, qu'ils se refusaient à abandonner à cause de leur extrême conservatisme.
Les anciens Égyptiens étaient largement influencés par l'environnement naturel dans lequel ils vivaient. La géographie naturelle de l'Égypte protégeait le pays de façon parfaite contre les agressions extérieures, car l'Égypte était entourée de déserts, de montagnes et de mers. Les attaques éventuelles ne pouvaient aisément emprunter que deux voies, et il était aisé pour les Égyptiens de garder ces deux chemins d'accès. Les Égyptiens demeurèrent donc isolés du monde extérieur à cause de ces facteurs naturels. Mais avec les siècles, cet isolement fut la source d'une bigoterie obscurantiste; les Égyptiens adoptèrent une attitude hostile à toute innovation et à toute remise en question, se traduisant par un conservatisme forcené en matière de religion. Et la "religion de leurs ancêtres", mentionnée fréquemment dans le Coran, devint leur valeur la plus importante.
C'est pourquoi Pharaon et son cercle rapproché tournèrent le dos à Musa et à Harun lorsque ceux-ci leur proclamèrent la religion de vérité, en disant:
Ils dirent: "Est-ce pour nous écarter de ce sur quoi nous avons trouvé nos ancêtres que tu es venu à nous, et pour que la grandeur appartienne à vous deux sur la terre? Et nous ne croyons pas en vous!" (Sourate Yunus: 78)
La religion de l'ancienne Égypte était divisée en branches, dont les plus importantes étaient la religion officielle de l'État, les croyances des gens du peuple et la croyance dans la vie après la mort.
Selon la religion officielle de l'État, le pharaon était un être divin. Il était l'incarnation vivante sur la terre des dieux de la population, et son devoir était l'exercice de la justice et la protection de cette population.
Les croyances religieuses des Égyptiens étaient surtout fondées sur le culte rendu à leurs dieux. Les "intermédiaires" entre ces dieux et le peuple étaient les prêtres, qui occupaient une position dominante dans la société. Usant de la sorcellerie et de la magie, les prêtres formaient une classe sociale importante dont les pharaons utilisaient les services afin de maintenir la population dans la soumission.
Les croyances répandues au sein du peuple étaient extrêmement compliquées, et les individus qui venaient contredire la religion officielle de l'État furent opprimés par les pharaons successifs. De façon simplifiée, les Égyptiens croyaient en de nombreuses divinités, et ces dieux étaient habituellement représentés sous la forme de corps humains surmontés de têtes d'animaux. Il pouvait cependant y avoir quelques variantes d'une région à l'autre.
La vie après la mort occupait une place centrale dans la croyance égyptienne. Ils pensaient que l'âme survivait après le décès du corps, et qu'elle était transportée par des anges particuliers auprès du Dieu qui exerçait une fonction de Juge, assisté de quarante-deux autres "juges assistants"; une balance était alors selon eux avancée, et l'âme du défunt y était pesée. Ceux chez qui la bonté l'emportait connaissaient ensuite la félicité, tandis que les réprouvés étaient sujets à de grands tourments: les malfaisants étaient tourmentés à jamais par une étrange créature surnommée "Le Mangeur de Morts".
La croyance des anciens Égyptiens en l'au-delà montre clairement des connotations avec la religion monothéiste et la religion de vérité. Ce point particulier de la croyance dans l'au-delà prouve que la religion de vérité et le message divin avaient atteint autrefois la terre d'Égypte, mais que cette religion avait été plus tard pervertie, le monothéisme se trouvant entaché d'ajouts polythéistes. Il est un fait avéré que des avertisseurs appelant les gens à attester de l'unicité d'Allah et à se comporter comme Ses serviteurs ont été envoyés à plusieurs reprises en Égypte, tout comme cela a également été le cas pour tous les peuples sur terre à une époque ou une autre. L'un d'eux était le Prophète Yusuf, dont l'histoire est rapportée en détail dans le Coran. L'histoire de Yusuf est aussi extrêmement importante parce qu'elle inclut l'arrivée des Enfants d'Israël en Égypte et leur établissement dans ce pays.
Par ailleurs, il existe dans les sources historiques des références à certains Égyptiens qui invitèrent les gens autour d'eux à embrasser des religions monothéistes, et ce avant même la venue de Musa. L'un d'entre eux est le pharaon le plus remarquable de l'histoire de l'Égypte, à savoir Amenhotep IV.
Amenhotep IV
Les pharaons égyptiens furent en général brutaux, oppresseurs, belliqueux et sans aucune pitié. En général, ils adoptèrent la religion polythéiste de l'Égypte et se déifièrent eux-mêmes par le biais de cette religion. Mais il y eut un pharaon dans l'histoire de l'Égypte, qui fut radicalement différent des autres. Ce pharaon a défendu la croyance en un Créateur unique, et il s'est trouvé confronté à l'opposition farouche des prêtres d'Ammon, qui profitaient du système polythéiste, et de certains militaires qui soutenaient les prêtres, et il mourut assassiné. Ce pharaon s'appelait Amenhotep IV, et son règne eut lieu au cours du 14ème siècle avant Jésus-Christ.
Lorsque Amenhotep IV arriva sur le trône en 1375 avant Jésus-Christ, il eut à faire face à un conservatisme et à un traditionalisme vieux de plusieurs siècles. Jusqu'alors, la structure de la société et les relations entre le palais royal et le peuple n'avaient subi aucune modification. Tout événement extérieur et toute réforme religieuse étaient complètement ignorés, attitude qui avait frappé les voyageurs grecs et qui, nous l'avons expliqué plus haut, provient des spécificités géographiques de l'Égypte.
Imposée au peuple par les pharaons, la religion officielle requérait une foi aveugle dans les traditions du passé. Mais Amenhotep IV refusa d'adopter la religion officielle. L'historien Gombrich écrit:
Il (Amenhotep IV) rompit avec de nombreuses coutumes consacrées par une vieille tradition. Il refusa de rendre hommage aux nombreux dieux étranges vénérés par son peuple. Pour lui il n'y avait qu'un seul Dieu suprême, Aton, qu'il adorait et qu'il représentait sous la forme du Soleil. Il s'est d'ailleurs lui-même surnommé Akhenaton, d'après le nom de son Dieu, et il déplaça sa cour en un lieu éloigné dénommé aujourd'hui El-Amarna, pour se mettre hors de portée des prêtres des autres dieux.34
Après la mort de son père, le jeune Amenhotep IV se trouva soumis à de fortes pressions, à cause de sa croyance monothéiste et de sa volonté d'effectuer des changements radicaux dans tous les domaines. Les prêtres de Thèbes firent tout pour l'empêcher de répandre sa religion. Le jeune pharaon et ses partisans quittèrent alors la cité de Thèbes pour aller s'établir à Tell-El-Amarna. Là, ils édifièrent une cité nouvelle et moderne, qui fut surnommée "Akh-et-aton". Amenhotep IV changea aussi son nom, qui signifiait "satisfaction d'Amon" en Akh-en-aton, qui signifiait "soumis à Aton". Amon était le nom donné à la plus grande idole dans le polythéisme égyptien. Selon Amenhotep, Aton était le "Créateur des cieux et de la terre", titre qui revient à Allah en Islam.
Choqués par ces événements, les prêtres d'Amon voulaient chasser Akhenaton à tout prix, et ils tirèrent profit d'une crise économique dans ce sens. Akhenaton fut empoisonné par des conspirateurs. Les pharaons qui régirent ensuite l'Égypte prirent soin de rester soigneusement sous l'influence des prêtres.
Après Akhenaton, des pharaons soutenus par l'armée accédèrent au pouvoir, ce qui ne fit que renforcer le vieux polythéisme traditionnel et favoriser le retour de l'Égypte vers le passé. Presque un siècle plus tard arriva sur le trône Ramsès II, qui connut le plus long règne de l'histoire de l'Égypte. Selon de nombreux historiens, Ramsès II a été le pharaon qui persécuta les Enfants d'Israël et qui combattit contre Musa.35
À cause de leur profonde bigoterie, les anciens Égyptiens rejetaient ceux qui voulaient proclamer le message de l'adoration d'Allah seul, et ils revenaient sans cesse à leurs croyances déviées. Finalement, Musa fut envoyé par Allah comme messager (rasul) auprès d'eux, à une époque où le peuple égyptien suivait un système religieux contraire à la religion de vérité, et avait réduit en esclavage les Enfants d'Israël. Musa reçut pour instruction d'inviter les Égyptiens à embrasser la vraie religion, et de sauver les Enfants d'Israël de l'esclavage et de leur rappeler le droit chemin. Dans le Coran, Allah dit:
Nous te racontons, en toute vérité, l'histoire de Musa et de Pharaon, à l'intention des gens qui croient. Pharaon était hautain sur terre; il répartit en clans ses habitants, afin d'abuser de la faiblesse de l'un d'eux: il égorgeait leurs fils et laissait vivantes leurs femmes. Il faisait vraiment partie des corrupteurs. Mais Nous avons voulu favoriser ceux qui avaient été faibles sur terre et en faire des dirigeants et en faire les héritiers, et les établir puissamment sur terre, et faire voir à Pharaon, à Haman et à leurs soldats ce qu'ils redoutaient. (Sourate al-Qasas: 3-6)
Pharaon voulut empêcher le nombre des Enfants d'Israël de grandir, en faisant tuer tous les bébés de sexe masculin de leur communauté. C'est pour cela que, suite à l'inspiration d'Allah, la mère de Musa plaça ce dernier dans un panier qu'elle mit ensuite sur le fleuve Nil. C'est ainsi que Musa parvint au palais de Pharaon. Dans le Coran, les versets relatifs à cet épisode sont les suivants:
Et Nous révélâmes à la mère de Musa ceci: "Allaite-le. Et quand tu auras peur pour lui, jette-le dans les eaux. Et ne crains rien et ne t'attriste pas: Nous te le rendrons et ferons de lui un messager." Les gens de Pharaon le recueillirent, pour qu'il leur soit un ennemi et une source d'affliction! Pharaon, Haman et leurs soldats étaient fautifs. Et la femme de Pharaon dit: "Cet enfant réjouira mon œil et le tien! Ne le tuez pas. Il pourrait nous être utile ou bien nous le prendrons pour fils." Et ils n'imaginaient pas les conséquences de ce qu'ils faisaient. (Sourate al-Qasas: 7-9)
La femme de Pharaon empêcha le meurtre de Musa et elle l'adopta. Par suite, Musa effectua son enfance dans le palais de Pharaon. Des années plus tard, Musa quitta l'Égypte et se rendit à Madyan. À la fin de la période qu'il passa auprès du peuple de Madyan, Allah lui parla directement et lui annonça sa qualité de prophète. Il reçut pour instruction de retourner chez Pharaon et de proclamer à ce dernier le message de la religion d'Allah.
Les gens réduits en esclavage, que Pharaon exploitait. À la période du Nouvel Empire en particulier, les minorités vivant dans le pays étaient asservies en vue de réaliser d'ambitieux projets architecturaux. Les Enfants d'Israël faisaient partie de ces minorités. Dans la figure du haut, des esclaves oeuvrant à la construction d'un temple sont vraisemblablement les Enfants d'Israël. La figure du bas représente des esclaves, présumés encore être des Enfants d'Israël, en train d'accomplir des travaux préparatoires à la réalisation de projets de construction: il s'agit de la fabrication de briques, en faisant bouillir de la boue sur le feu, et de la préparation de mortier.
Musa et son frère Harun se rendirent chez Pharaon et lui transmirent le message de la religion de vérité, obéissant ainsi à l'ordre d'Allah. Ils lui demandèrent d'arrêter de tourmenter les Enfants d'Israël et de les laisser partir avec eux. Il parut inacceptable à Pharaon que Musa, qu'il avait gardé auprès de lui pendant tant d'années , se tienne aujourd'hui face à lui et lui parle de cette manière. C'est pour cela que Pharaon l'accusa d'ingratitude:
Pharaon dit: "Ne t'avons-Nous pas élevé chez nous quand tu étais un petit enfant? Et n'es-tu pas demeuré chez nous de nombreuses années de ta vie? Puis tu as commis le méfait que tu as accompli, et tu es vraiment ingrat." (Sourate ash-Shu'ara: 18-19)
Pharaon essayait par là de jouer sur les sentiments de Musa. Il lui paraissait évident que, puisque lui et son épouse avaient élevé Musa, ce dernier devrait continuer de leur obéir. L'atmosphère émotionnelle créée par Pharaon avait aussi pour objectif d'influencer les notables de son peuple, afin qu'ils penchent de son côté.
D'autre part, le message de la religion de vérité proclamé par Musa minait le pouvoir de Pharaon, et rabaissait ce dernier au niveau des gens ordinaires. À partir de là, il serait dans l'obligation d'obéir à Musa. Et s'il libérait les Enfants d'Israël, il perdrait ainsi une importante main d'œuvre, ce qui compromettrait gravement ses projets.
Pour toutes ces raisons, Pharaon ne prit pas en considération les paroles de Musa. Il essaya de se moquer de lui, et voulut prouver sa force. Et il l'a refusé. Dans le même temps, il essaya de présenter Musa et Harun comme des anarchistes et de les accuser d'avoir des arrière-pensées politiques. Finalement, personne au sein des proches de Pharaon n'obéit à Musa et à Harun, exceptés les magiciens, refusant donc la religion de vérité présentée à eux. C'est pourquoi Allah leur infligea tout d'abord quelques calamités.
Considéré par beaucoup d'historiens comme étant le pharaon mentionné dans le Coran, Ramsès II est ici représenté en train de tuer des prisonniers réduits en esclavage. Comme le montrent ces images, les pharaons aimaient s'idéaliser et être ainsi représentés sous l'aspect de guerriers puissants; ils apparaissent donc comme des héros à la stature élevée et aux larges épaules, capables de saisir simultanément plusieurs personnes.
Ci-dessus: Puisque les pharaons se considéraient comme étant des êtres possédant une nature divine, ils s'efforçaient d'apparaître supérieurs à tout le monde.
Ci-contre: Des captifs de guerre faits prisonniers par les Égyptiens sont montrés attendant l'exécution de la sentence de mort prononcée à leur encontre.
La peste est dans tout le pays.
Le sang est partout.
Ipuwer Papyrus, chapitre 2, pages 5-6
Pharaon et son cercle étaient si profondément plongés dans leur polythéisme et leur idolâtrie, à savoir "la religion de leurs ancêtres", qu'ils n'envisageaient aucunement de pouvoir y renoncer. Même les miracles accomplis par Musa ne suffirent pas à ébranler leurs superstitions. De plus, ils exprimèrent leur négation ouvertement:
Et ils dirent: "Quel que soit le miracle que tu nous apportes pour nous fasciner, nous ne croirons pas en toi." (Sourate al-A'raf: 132)
À cause de leur comportement, Allah fit s'abattre sur eux séparément plusieurs fléaux "surnaturels" (Sourate al-A'raf: 133) pour leur faire goûter aux tourments de ce monde, précédant bien évidemment les tourments éternels de l'au-delà. Le premier malheur a consisté en une sécheresse et une raréfaction des récoltes. À ce propos, le Coran précise:
Ramsès II est ici représenté dans son char, boutant un grand nombre d'ennemis. À l'instar de beaucoup d'autres représentations, il s'agit ici d'un scénario imaginaire que Pharaon avait demandé à ses peintres de tracer.
Et Nous avons éprouvé les gens de Pharaon par des années de disette et par une diminution des récoltes afin qu'ils se rappellent. (Sourate al-A'raf: 130)
Les Égyptiens avaient basé leur système agricole sur le fleuve Nil et, par conséquent, ils n'étaient pas soumis aux aléas climatiques. Mais un désastre inattendu survint à cause de l'arrogance et de l'orgueil de Pharaon et de ses proches à l'égard d'Allah et de leur rejet de Son prophète. Ainsi le niveau des eaux du Nil se mit-il à baisser sérieusement, et les canaux d'irrigation issus du fleuve se montrèrent défaillants dans l'apport d'eau aux cultures. De plus, une extrême chaleur causa le dessèchement des récoltes. Les Égyptiens furent très ébranlés car ils considéraient le fleuve Nil comme étant infaillible. Cette sécheresse éprouva aussi Pharaon, qui avait pour habitude de s'adresser à son peuple en ces termes:
… Ô mon peuple! Le royaume d'Égypte ne m'appartient-il pas ainsi que ces canaux qui coulent à mes pieds? N'observez-vous donc pas? (Sourate az-Zukhruf: 51)
Cependant, au lieu de tirer des enseignements de cette situation, Pharaon et ses proches pensèrent que Musa et les Enfants d'Israël étaient la cause de ces malheurs, aveuglés qu'ils étaient par leurs superstitions. Ils ne firent en fait que s'enfoncer dans leur insolence, et d'autres malheurs allaient suivre; Allah leur envoya une série de désastres énumérés dans le Coran:
Et Nous avons envoyé sur eux l'inondation, les sauterelles, les poux, les grenouilles et le sang, comme signes explicites. Mais ils s'enflèrent d'orgueil et demeurèrent un peuple profondément pécheur. (Sourate al-A'raf: 133)
Ces plaies qui firent souffrir l'Égypte sont également décrites dans l'Ancien Testament, en accord cette fois-ci avec le Coran:
Et si tu refuses de les laisser partir, eh bien Je répandrai des grenouilles à toutes tes frontières: et le fleuve regorgera de grenouilles, qui sortiront de l'eau pour venir dans ta maison et dans ta chambre à coucher, et sur ton lit, et chez tes serviteurs, et sur tes proches, et dans tes fours et dans tes pétrins. (Exode, 8: 2-3)
Et le Seigneur dit à Moïse: "Dis à Aaron de saisir son bâton et de frapper avec la poussière du pays, afin que se répandent partout en Égypte des poux." (Exode, 8: 16)
Et les sauterelles envahirent la terre d'Égypte, et recouvrirent toutes les côtes d'Égypte: elles étaient très agressives, il n'y en avait jamais eu de semblables auparavant et il n'y en aura plus de semblables après elles. (Exode, 10: 14)
... et le cœur de Pharaon se durcit, et il ne leur prêta pas l'oreille; ainsi l'avait voulu le Seigneur. (Exode, 8: 19)
Des désastres continuèrent de s'abattre sur Pharaon et les siens. Certains de ces désastres furent d'ailleurs occasionnés par des objets qui étaient adorés par les Égyptiens; par exemple, le fleuve Nil et les grenouilles avaient été déifiés par eux et, comme ils étaient assimilés à des sources infaillibles de grands bienfaits, Allah a puni les gens par l'intermédiaire de ces pseudo-divinités, afin de secouer les consciences tétanisées et leur montrer qu'ils n'avaient aucune puissance.
Selon les exégètes de l'Ancien Testament, le "sang" désigne la transformation des eaux du fleuve Nil en cet élément, ce qui expliquerait la métaphore du Nil devenant rouge vif. D'après une autre interprétation, c'est une bactérie qui aurait donné la couleur rouge aux eaux du fleuve.
Le Nil était la principale source de vie pour les Égyptiens. Toute atteinte portée à ce fleuve pouvait donc entraîner la mort de l'Égypte entière. Mais si la bactérie avait infesté le Nil au point qu'il devienne rouge sur toute sa longueur, alors tout être vivant consommant de l'eau du fleuve aurait été infecté par la bactérie en question.
De récentes explications pour la coloration rouge de l'eau ont mis en avant les protozoaires, le zooplancton, le phytoplancton et les dinoflagellés. Toutes ces diverses floraisons ont tendance à désoxygéner l'eau et à produire des toxines nocives à la fois pour les poissons et les grenouilles.
La bataille de Kadesh. Cette bataille opposant Ramsès II aux Hittites a été faussement présentée par l'historiographie égyptienne comme une grande victoire pour Pharaon. En fait, Pharaon y échappa de peu à la mort, et dut se résoudre à conclure la paix..
Citant le récit de l'Exode dans la Bible, Patricia A. Tester, du Service des Pêches de la Marine Américaine, a écrit, dans un article publié dans les Annales de l'Académie des Sciences de New York, qu'un peu moins de 50 espèces de phytoplancton sur les 5000 espèces connues sont toxiques, mais que ces espèces toxiques sont dangereuses pour la vie aquatique. Dans la même publication, Ewen C.D. Todd, du Ministère Canadien de la Santé, a cité presque deux douzaines de phytoplanctons spécifiques ayant causé divers troubles à travers le monde, en se basant sur des données historiques et préhistoriques. W. W. Carmichael et I. R. Falconer ont établi une liste de maladies associées à l'algue d'eau douce bleu-verte. L'hydro-écologiste Joann M. Burkholder, de l'Université d'État de Caroline du Nord, a décrit une espèce de dinoflagellés, appelée Pfiesteria piscimorte et trouvée dans les eaux des estuaires, et qui est capable de tuer des poissons, comme son nom l'indique (piscimorte).36
À l'époque de Pharaon, il semble donc que ce genre de calamité ait bel et bien existé. Selon ce scénario, quand le Nil fut contaminé, les poissons moururent également et les Égyptiens perdirent ainsi une abondante source de nourriture. Vu l'absence de poissons prédateurs, les grenouilles purent alors se multiplier à une vitesse vertigineuse et le Nil connut alors une surpopulation relativement à cette espèce; ces grenouilles cherchèrent probablement à migrer sur la terre ferme pour échapper à l'environnement aquatique devenu anoxique et toxique, en voie de putréfaction, mais elles moururent là et se décomposèrent tout comme les poissons. Le Nil et les terres adjacentes devinrent de la sorte infects, et l'eau douce inconsommable. De plus, l'extinction des espèces de grenouilles a inévitablement entraîné la prolifération d'insectes tels que les sauterelles et les poux.
Évidemment, ce sont seulement des interprétations. Mais peu importe comment ces désastres se sont produits ou quelles conséquences ils ont entraînées, l'important c'est que ni Pharaon ni aucun de ses proches ne sont revenus dans la voie d'Allah; au contraire, leur arrogance ne fit qu'augmenter.
Pharaon et les siens étaient si hypocrites qu'ils pensaient pouvoir tromper Musa, et donc Allah, par de fausses promesses, implorant Musa de les soulager chaque fois qu'un nouveau malheur s'était abattu sur eux:
Et quand le châtiment les frappa, ils dirent: "Ô Musa, invoque pour nous ton Seigneur en vertu de Sa promesse envers toi. Si tu éloignes de nous le châtiment, nous croirons certes en toi et nous laisserons partir avec toi les Enfants d'Israël." Et quand nous eûmes éloigné d'eux le châtiment jusqu'au terme fixé qu'ils devaient atteindre, voilà qu'ils violèrent l'engagement. (Sourate al-A'raf: 134-135)
Allah a expliqué à Pharaon et aux siens, par l'intermédiaire de Musa, ce dont ils devaient avoir conscience, et ainsi furent-ils avertis. Pour toute réponse, ils se rebellèrent et l'accusèrent d'être possédé ou d'avoir des ambitions cachées. Allah prépara une fin humiliante pour eux. Il révéla à Musa ce qui devait arriver:
Et Nous révélâmes à Musa: "Pars de nuit avec Mes serviteurs, car vous serez poursuivis." Puis Pharaon envoya des hérauts dans les villes pour dire: "Ce sont, en fait, une bande peu nombreuse, mais ils nous irritent, tandis que nous sommes tous vigilants." Ainsi, Nous les fîmes donc sortir des jardins et des sources, des trésors et d'un lieu de séjour agréable. Il en fut ainsi! Et Nous les donnâmes en héritage aux Enfants d'Israël. Au lever du soleil ils les poursuivirent. Puis, quand les deux partis se virent, les compagnons de Musa dirent: "Nous allons être rattrapés." (Sourate ash-Shu'ara: 52-61)
Alors que Pharaon et son armée, sûrs d'eux-mêmes, se rapprochaient des Enfants d'Israël et que ces derniers pensaient être pris au piège, Musa a toujours gardé une foi infaillible dans l'aide d'Allah:
Jamais! Car j'ai avec moi mon Seigneur qui va me guider! (Sourate ash-Shu'ara: 62)
C'est à ce moment qu'Allah sauva Musa et les Enfants d'Israël en ouvrant la mer.
Pharaon et ses hommes furent noyés sous les eaux qui se refermèrent sur eux après que les Enfants d'Israël eurent traversé sans dommages:
Alors Nous révélâmes à Musa: "Frappe la mer de ton bâton." Elle se fendit alors, et chaque versant devint semblable à une énorme montagne. Nous fîmes approcher l'autre parti. Et Nous sauvâmes Musa et tous ceux qui étaient avec lui; ensuite Nous noyâmes les autres. Voilà bien là un prodige, mais la plupart d'entre eux ne croient pas. Et ton Seigneur est, en vérité, le Tout-Puissant et le Tout-Miséricordieux. (Sourate ash-Shu'ara: 63-68)
Le bâton de Musa était doté de propriétés miraculeuses. Ainsi Allah l'avait-Il transformé en un serpent lors de Sa première révélation à lui, et plus tard ce même bâton s'était encore transformé en un serpent et avait avalé les sorcelleries des magiciens de Pharaon. Et maintenant, Musa divisa la mer après l'avoir frappée avec ce bâton. Ce fut là l'un des plus grands miracles accordés au Prophète Musa.
Le Coran nous informe des aspects les plus importants de l'événement de la division de la Mer Rouge. Selon le récit coranique, Musa quitta l'Égypte accompagné des Enfants d'Israël qui lui ont obéi. Cependant, Pharaon ne put supporter ce départ effectué sans sa permission. Lui et ses soldats les poursuivirent, en se montrant "hargneux et méprisants" (Sourate Yunus: 90)
Alors que Musa et les Enfants d'Israël avaient atteint une rive de la mer, l'armée égyptienne surgit non loin d'eux. Certains Israélites se sont révoltés de ce fait contre Musa.
Cette faiblesse de la communauté est également décrite dans le verset coranique suivant:
Puis, quand les deux partis se virent, les compagnons de Musa dirent: "Nous allons être rattrapés." (Sourate ash-Shu'ara: 61)
À vrai dire, ce n'était pas la première fois que les Enfants d'Israël faisaient preuve d'un tel comportement empreint de doute et de refus d'obéissance. À titre d'exemple, ils s'étaient déjà plaints de lui par le passé, en disant:
Nous avons été persécutés avant que tu viennes à nous, et après ton arrivée… (Sourate al-A'raf: 129)
Contrairement au tempérament faible de son peuple, Musa se montrait extrêmement confiant, puisqu'il avait la certitude en Allah. Dès le début de sa lutte, Allah l'avait informé qu'Il le soutiendrait et le secourrait:
Ne craignez rien. Je suis avec vous: J'entends et Je vois tout. (Sourate Ta-Ha: 46)
Lorsque Musa se trouva confronté aux magiciens de Pharaon, il ressentit "quelque peur en lui-même" (Sourate Ta-Ha:67)
Sur ce, Allah lui révéla qu'il devait se montrer serein car la victoire lui reviendrait finalement:
N'aie pas peur. C'est toi qui auras le dessus. (Sourate Ta-Ha: 68)
C'est pourquoi il a réagi sans aucune hésitation quand ses coreligionnaires ont craint d'être subjugués. Il a dit:
Jamais! Car j'ai avec moi mon Seigneur qui va me guider! (Sourate ash-Shu'ara: 62)
Allah révéla à Musa qu'il devrait frapper la mer avec son bâton:
Alors Nous révélâmes à Musa: "Frappe la mer de ton bâton." Elle se fendit alors, et chaque versant fut comme une énorme montagne. (Sourate ash-Shu'ara: 63)
Nous allons aujourd'hui épargner ton corps sans âme, afin que tu deviennes un signe pour tes successeurs. Mais, en vérité, beaucoup de gens ne prêtent aucune attention à Nos signes!(Surat Yunus: 92)
En fait, Pharaon aurait dû comprendre que la situation avait quelque chose d'extraordinaire, ce miracle se déroulant devant ses yeux; il était clair qu'il y avait là une intervention divine. La mer s'ouvrit pour que puisse passer le peuple que Pharaon s'apprêtait à détruire. De plus, il n'y avait aucune assurance que la mer ne se refermerait pas après le passage des Enfants d'Israël. Et pourtant Pharaon et son armée continuèrent alors la poursuite, s'engouffrant entre les deux pans de mer. Il est probable qu'alors, les Égyptiens aient perdu toutes leurs capacités à penser avec raison, et ce car ils étaient aveuglés par la haine et le mépris, et ils étaient ainsi incapables de comprendre la nature miraculeuse de l'événement.
Dans le Coran, Allah décrit comme suit les derniers moments de Pharaon:
Et Nous fîmes traverser la mer aux Enfants d'Israël. Pharaon et ses armées les poursuivirent, hargneux et méprisants. Puis, quand la noyade l'eut atteint, il dit: "Je crois qu'il n'y a pas d'autre divinité que Celui en qui ont cru les Enfants d'Israël. Et je suis du nombre des musulmans." (Sourate Yunus: 90)
Ici nous pouvons voir un autre miracle de Musa. Rappelons-nous du verset suivant:
Et Musa dit: "Ô notre Seigneur, Tu as accordé à Pharaon et à ses notables des parures et des biens dans la vie présente, et voilà, Ô notre Seigneur, qu'avec cela ils égarent les gens loin de Ta voie. Ô notre Seigneur, anéantis leurs biens et endurcis leurs cœurs afin qu'ils ne croient pas, jusqu'à ce qu'ils aient vu le châtiment douloureux." Allah dit: "Votre prière est exaucée. Demeurez tous deux sur le chemin droit, et ne suivez point la voie de ceux qui ne savent pas." (Sourate Yunus: 88-89)
Il ressort clairement du verset précédent que Musa avait été informé en réponse à son invocation que Pharaon croirait en Allah au moment où il serait confronté personnellement au châtiment douloureux. En effet, Pharaon proclama sa foi quand il fut sur le point d'être submergé par les flots.
Mais son repentir de mourant n'a pu le sauver de se noyer. Pharaon et son armée qui se sont noyés servent d'exemples pour l'humanité:
Maintenant donc? Alors qu'auparavant tu as désobéi et que tu as été du nombre des corrupteurs! Nous allons aujourd'hui épargner ton corps sans âme, afin que tu deviennes un signe pour tes successeurs. Mais, en vérité, beaucoup de gens ne prêtent aucune attention à Nos signes. (Sourate Yunus: 91-92)
Nous sommes aussi informés que les hommes de Pharaon ont également reçu leur part du châtiment; puisqu'ils étaient "hargneux et méprisants" (Sourate Yunus: 90), "des hommes enfoncés dans le péché" (Sourate al-Qasas: 8), "des injustes" (Sourate al-Qasas: 40),et que "ils pensèrent qu'ils ne seraient pas ramenés vers Allah" (Sourate al-Qasas: 39), ils méritaient d'être châtiés par Allah. Ainsi Allah a-t-il saisi Pharaon et les siens pour les jeter dans la mer:
Alors Nous Nous sommes vengé d'eux; Nous les avons noyés dans les flots, parce qu'ils traitaient de mensonges Nos signes et n'y prêtaient aucune attention. (Sourate al-A'raf: 136)
Allah décrit ensuite ce qu'il est advenu après la mort de Pharaon:
Et Nous avons fait hériter les gens qui étaient opprimés des contrées orientales et occidentales de la terre, contrées que Nous avons bénies. Et la très belle promesse de ton Seigneur sur les Enfants d'Israël s'accomplit en récompense de leur endurance... (Sourate al-A'raf: 137)
33. Ernst H. Gombrich, Dünya Tarihi, Çev. Ahmet Mumcu, İstanbul: İnkilap Kitabevi, 1997, s. 25.
34. E. H. Gombrich, Sanatın Öyküsü, Çev. Bedrettin Cömert, 4.b., İstanbul: Remzi Kitabevi, 1992, s. 41.
35. Eli Barnavi, Historical Atlas of The Jewish People, London: Hutchinson, 1992, s. 4; "Egypt", Encyclopædia Judaica, Cilt 6, s. 481 ve "The Exodus and Wanderings in Sinai", Cilt 8, s. 575; Le Monde de la Bible, No: 83, Temmuz-Ağustos 1983, s. 50; Le Monde de la Bible, No:102, Ocak-Şubat 1997, s. 29-32; Edward F. Wente, The Oriental Institute News and Notes, No:144, Kış 1995; Jacques Legrand, Chronicle of The World, Paris: Longman Chronicle, SA International Publishing,1989, s. 68; David Ben-Gurion, A Historical Atlas Of the Jewish People, New York: Windfall Book, 1974, s. 32.
36. http://www2.plaguescape.com/a/plaguescape/
37. "Red Sea", Encyclopædia Judaica, Cilt 14, s. 14-15.
38. David Ben-Gurion, The Jews in Their Land, New York: A Windfall Book, 1974, ss. 32-33.