plaine mésopotamienne
Et en effet Nous avons envoyé Nuh vers son peuple. Il demeura parmi eux mille ans moins cinquante années. Puis le déluge les emporta alors qu'ils étaient dans un état d'injustice. (Sourate al-Ankabut: 14)
Mentionné dans presque toutes les cultures, le déluge de Nuh (Noé) est l'un des exemples auxquels le Coran fait le plus souvent allusion. L'indifférence du peuple de Nuh face à ses conseils et avertissements, leurs réactions et la manière dont s'est déroulé leur châtiment sont abordés dans de nombreux versets.
Le Prophète Nuh fut envoyé pour avertir son peuple qui s'était détourné des versets d'Allah et Lui avaient même donné des associés, et pour les inciter à abandonner leur rébellion et à réemprunter la bonne voie, celle de l'adoration exclusive d'Allah. En dépit des appels répétés de Nuh et de ses avertissements contre le déclenchement de la colère d'Allah, son peuple persévéra dans l'erreur. Dans le Coran, la manière dont cette affaire s'est développée est ainsi décrite:
Nous avons certes envoyé Nuh vers son peuple. Il dit: "Ô mon peuple, adorez Allah, car vous n'avez pas d'autre divinité que Lui. Ne Le craignez-vous donc pas?" Alors les notables de son peuple qui avaient mécru dirent: "Celui-ci n'est qu'un être humain comme vous, voulant se distinguer à votre détriment. Si Allah avait voulu, ce sont des anges qu'Il aurait fait descendre. Jamais nous n'avons entendu cela chez nos ancêtres les plus lointains. Ce n'est, en vérité, qu'un homme atteint de folie, observez-le donc durant quelque temps." Il dit: "Seigneur! Apporte-moi Ton secours, car ils me traitent de menteur!" (Sourate al-Mu'minun: 23-26)
Comme il ressort de ces versets, les chefs de la communauté essayèrent d'accuser Nuh de vouloir s'emparer du pouvoir, et par ailleurs ils essayèrent de le faire passer pour un 'possédé', et finalement ils décidèrent de patienter avec lui un moment, tout en maintenant une pression sur lui.
Sur ce, Allah dit au Messager Nuh de construire une arche puisque les malfaisants qui ont rejeté la foi seraient punis par la noyade, tandis que les croyants seraient sauvés.
Lorsque vint l'heure du châtiment, une eau abondante jaillit des entrailles de la terre et cela, combiné à une pluie torrentielle, causa un immense déluge. Allah dit à Nuh "d'embarquer un couple de chaque espèce ainsi que sa famille, sauf ceux contre qui le décret avait déjà été prononcé" (Sourate al-Mu'minun: 27). Tous les êtres qui n'étaient pas à bord de l'Arche furent noyés, y compris le propre fils de Nuh, qui avait pensé pouvoir se réfugier sur une montagne avoisinante. Quand les eaux se retirèrent à la fin du déluge, le commandement divin ayant été mis à exécution, l'Arche demeura sur le Judi, c'est-à-dire en un lieu élevé, comme le Coran nous le précise.
Les études archéologiques, géologiques et historiques montrent que cet incident s'est bien déroulé comme le Coran l'a rapporté. Le déluge est aussi décrit de façon très similaire par plusieurs civilisations passées et dans de nombreux documents historiques, bien qu'il y ait des variantes dans les noms des protagonistes et des lieux impliqués, et tout ce qui est arrivé à un peuple dévié est présenté aux gens de notre époque comme étant un avertissement.
Mis à part l'Ancien et le Nouveau Testaments, le déluge est mentionné dans des récits sumériens et assyro-babyloniens, dans des légendes grecques, dans le Shatapatha, le Brahmana et le Mahabharata en Inde, dans certaines légendes galloises des Iles britanniques, dans des légendes scandinaves et lithuaniennes, et même dans certains récits chinois.
Comment une même information détaillée et pertinente a-t-elle pu être disséminée dans des régions aussi éloignées géographiquement et culturellement les unes des autres, et si loin de la région impliquée par le désastre?
La réponse est claire: le fait que le même incident soit répertorié chez différentes communautés ayant peu de possibilités de communiquer entre elles montre de toute évidence que ces peuples ont reçu ce savoir par une source divine. Il semble que le déluge, l'un des événements les plus destructeurs de l'histoire, a été évoqué par des prophètes suscités au sein de diverses civilisations, et ce pour avertir leurs peuples respectifs. C'est ainsi que le déluge s'est ancré dans la mémoire collective de cultures aussi diversifiées.
Par ailleurs, bien qu'ayant été rapportée dans de nombreuses cultures et sources religieuses, l'histoire du déluge et du Prophète Nuh a souvent été grandement altérée, s'écartant ainsi de la version originale à cause de la falsification des sources ou de la transmission incorrecte, et peut-être aussi à cause de mauvaises intentions. Une recherche honnête révèle que, parmi toutes les narrations sur le déluge, la seule description vraiment consistante et authentique est celle fournie par le Coran.
Le déluge de Nuh est mentionné dans de nombreux versets coraniques. Nous allons les citer ci-dessous en les classant selon la séquence des événements.
Certes Nous avons envoyé Nuh vers son peuple. Il dit: "Ô mon peuple, adorez Allah car vous n'avez pas d'autre divinité que Lui. Je crains pour vous le châtiment d'un jour terrible." (Sourate al-A'raf: 59)
Je suis pour vous un messager digne de confiance. Craignez donc Allah et obéissez-moi. Et je ne vous demande pas de salaire pour cela; mon salaire n'incombe qu'au Seigneur des mondes: craignez donc Allah et obéissez-moi. (Sourate ash-Shuara: 107-110)
(Ensuite Nous avons envoyé une longue lignée de prophètes pour vous instruire). Nous avons envoyé Nuh à son peuple:. Il dit: "Ô mon peuple, adorez Allah, car vous n'avez pas d'autre divinité que Lui. Ne Le craignez-vous donc pas?" (Sourate al-Mu'minun: 23)
Nous avons envoyé Nuh vers son peuple: "Avertis ton peuple, avant que ne leur vienne un châtiment douloureux ." (Sourate Nuh: 1)
Et vous saurez bientôt à qui viendra un châtiment qui l'humiliera, et sur qui s'abattra un châtiment durable! (Sourate Hud: 39)
Afin que vous n'adoriez qu'Allah. Je crains pour vous le châtiment d'un jour douloureux. (Sourate Hud: 26)
Les notables de son peuple dirent: "Nous te voyons dans un égarement manifeste." (Sourate al-A'raf: 60)
Ils dirent: "O Nuh, tu as discuté avec nous et multiplié les discussions. Apporte donc ce dont tu nous menaces, si tu es du nombre des véridiques!" (Sourate Hud: 32)
Et il se mit à construire l'Arche. Et chaque fois que des notables de son peuple passaient près de lui, ils se moquaient de lui. Il dit: "Si vous vous moquez de nous, eh bien, nous nous moquerons de vous comme vous vous moquez de nous." (Sourate Hud: 38)
Alors les notables de son peuple qui avaient mécru dirent: "Celui-ci n'est qu'un être humain comme vous, voulant se distinguer à votre détriment. Si Allah avait voulu, ce sont des anges qu'Il aurait fait descendre. Jamais nous n'avons entendu cela chez nos ancêtres les plus lointains. Ce n'est, en vérité, qu'un homme atteint de folie, observez-le donc durant quelque temps." (Sourate al-Mu'minun: 24-25)
Avant eux le peuple de Nuh avait crié au mensonge. Ils traitèrent Notre serviteur de menteur et dirent: "C'est un possédé!" Et il fut repoussé. (Sourate al-Qamar: 9)
Les notables de son peuple qui avaient mécru dirent alors: "Nous ne voyons en toi qu'un homme comme nous; et nous voyons que ce sont seulement les plus vils parmi nous qui te suivent sans réfléchir; et nous ne voyons en vous aucune supériorité sur nous. Plutôt nous pensons que vous êtes des menteurs!" (Sourate Hud: 27)
Ils dirent: "Croirons-nous en toi, alors que ce sont les plus vils qui te suivent?" Il dit: "Je ne sais pas ce que ceux-là faisaient. Leur compte n'incombe qu'à mon Seigneur, si vous pouvez comprendre. Je ne suis pas celui qui repousse les croyants. Je ne suis qu'un avertisseur explicite." (Sourate ash-Shu'ara': 111-115)
Et il fut révélé à Nuh: "De ton peuple, il n'y aura pas plus de croyants que ceux qui ont déjà cru. Ne t'afflige pas pour ce qu'ils font." (Sourate Hud: 36)
Tranche donc clairement entre eux et moi; et sauve-moi ainsi que ceux des croyants qui sont avec moi. (Sourate ash-Shu'ara': 118)
Il invoqua donc son Seigneur: "Moi je suis vaincu. Fais triompher Ta cause." (Sourate al-Qamar: 10)
Il dit: "Ô Seigneur! J'ai appelé mon peuple nuit et jour; mais mon appel n'a fait qu'accroître leur fuite." (Sourate Nuh: 5-6)
Il dit: "Seigneur! Apporte-moi Ton secours, car ils me traitent de menteur!" (Sourate al-Mu'minun: 26)
Nuh, en effet, fit appel à Nous qui sommes le Meilleur Répondeur qui exauçons les prières. (Sourate as-Saffat: 75)
Et construis l'Arche sous Nos yeux et d'après Notre révélation. Et ne M'interpelle plus au sujet des injustes, car ils vont être noyés. (Sourate Hud: 37)
Et ils le traitèrent de menteur. Or, Nous le sauvâmes, lui et ceux qui étaient avec lui dans l'Arche, et Nous noyâmes ceux qui traitaient de mensonges Nos signes. C'étaient vraiment des gens aveugles. (Sourate al-A'raf: 64)
Ensuite Nous noyâmes ceux qui étaient restés à l'arrière. (Sourate ash-Shu'ara': 120)
Et en effet Nous avons envoyé Nuh vers son peuple. Il demeura parmi eux mille ans moins cinquante années. Puis le déluge les emporta alors qu'ils persistaient dans leur négation. (Sourate al-Ankabut: 14)
Nous l'avons sauvé, lui et ceux qui étaient avec lui, par miséricorde de Notre part, et Nous avons exterminé ceux qui traitaient de mensonges Nos signes et qui n'étaient pas croyants. (Sourate al-A'raf: 72)
Dans le Coran, Allah rapporte un dialogue entre Nuh et son fils, au début du déluge:
Et l'Arche vogua en les emportant au milieu des vagues semblables à des montagnes. Et Nuh appela son fils, qui restait en un lieu écarté: "Ô mon enfant, monte avec nous et ne reste pas avec les mécréants." Il répondit: "Je vais me réfugier sur un mont qui me préservera de l'eau." Et Nuh lui dit: "Il n'y a aujourd'hui aucun protecteur contre l'ordre d'Allah, tous périront sauf celui à qui Il fait miséricorde." Et les vagues s'interposèrent entre les deux, et le fils fut alors du nombre des noyés. (Sourate Hud: 42-43)
Nous le sauvâmes donc, de même que ceux qui étaient avec lui dans l'arche, pleinement chargée (avec toutes les créatures). (Sourate ash-Shu'ara': 119)
Puis Nous les sauvâmes, lui et les gens de l'Arche; et Nous en fîmes un signe pour les mondes. (Sourate al-Ankabut: 15)
Nous ouvrîmes alors les portes du ciel à une eau torrentielle, et Nous fîmes jaillir de la terre des sources. Les eaux se rencontrèrent d'après un ordre qui était déjà décrété. Et Nous le portâmes sur une Arche faite de planches tenues par des fibres de palmiers. (Sourate al-Qamar: 11-13)
Puis lorsque Notre commandement vint et que les fontaines de la terre firent jaillir leur eau, Nous dîmes: "Fais monter dans l'Arche un couple de chaque espèce ainsi que ta famille, sauf ceux contre qui le décret est déjà prononcé, et les croyants." Mais ceux qui avaient cru avec lui étaient peu nombreux. Et il dit: "Montez dedans. Que sa course et son mouillage soient au nom d'Allah. Certes mon Seigneur est Pardonneur et Très-Miséricordieux." Et elle vogua en les emportant au milieu des vagues semblables à des montagnes. Et Nuh appela son fils, qui restait en un lieu écarté: "Ô mon enfant, monte avec nous et ne reste pas avec les mécréants." (Sourate Hud: 40-42)
Nous lui révélâmes: "Construis l'Arche sous Nos yeux et selon Notre révélation. Et quand Notre commandement viendra et que les fontaines de la terre feront jaillir leur eau, embarque sur elle un couple de chaque espèce et ta famille, sauf ceux contre qui le décret a déjà été prononcé; et ne t'adresse pas à Moi au sujet des injustes, car ils seront fatalement noyés." (Sourate al-Mu'minun: 27)
Et il fut dit: "Ô terre, absorbe ton eau! Et toi, ciel, retiens ta pluie!' L'eau baissa, l'ordre fut exécuté, et l'Arche s'installa sur le Mont Judi, et il fut dit: "Que disparaissent les pervers!" (Sourate Hud: 44)
C'est Nous qui, quand l'eau déborda, vous avons chargés sur l'Arche, afin d'en faire pour vous un rappel que toute oreille fidèle conserve. (Sourate al-Haqqa: 11-12)
Paix et salut sur Nuh dans tout l'univers! Ainsi récompensons-Nous les bienfaisants. Il était, certes, un de Nos serviteurs croyants. (Sourate as-Saffat: 79-81)
Ceux qui nient la réalité du déluge de Nuh avancent comme argument qu'une submersion de la terre entière est impossible. Toutefois, leur négation de tout déluge vise aussi à avancer une excuse pour leur mécréance. Le déluge est décrit dans le Coran, seul livre divin inaltéré, d'un point de vue différent de celui du Pentateuque et des légendes véhiculées par diverses cultures. Le Pentateuque, qui désigne l'ensemble des cinq premiers livres de l'Ancien Testament altéré, affirme que le déluge fut mondial. Cependant rien de semblable n'est exprimé dans le Coran et, bien au contraire, les versets relatifs à ce sujet montrent que le désastre fut régional, n'affectant que le peuple de Nuh.
Lorsqu'on compare les narrations du déluge dans l'Ancien Testament et dans le Coran, cette différence apparaît de façon flagrante. L'Ancien Testament, qui a subi de nombreuses altérations et des ajouts à travers l'histoire, si bien qu'il ne peut pas être considéré comme étant la révélation originale, décrit ainsi l'enchaînement des événements:
Et Dieu vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre, et que chacune de ses pensées était déviée, ainsi que son cœur. Et le Seigneur regretta d'avoir placé l'homme sur la terre, et cela Le peina profondément. Et le Seigneur dit: "Je détruirai l'homme que J'ai créé à partir de cette terre; et Je détruirai à la fois l'homme et la bête, et la créature rampante tout comme celle qui vole dans les airs; car J'ai regretté de les avoir faits." Mais Nuh trouva grâce aux yeux du Seigneur. (Genèse, 6: 5-8)
Dans le Coran, cependant, il est spécifié sans ambiguïté que seul le peuple de Nuh a été détruit, et non le monde entier. Tout comme Hud fut envoyé au seul peuple de 'Ad (Sourate Hud: 50) Salih au peuple de Thamud (Sourate Hud:61) et tous les prophètes ayant précédé Muhammad à leurs peuples respectifs, Nuh ne fut suscité qu'auprès de son peuple, et le déluge n'a frappé que ce peuple:
Certes Nous avons envoyé Nuh à son peuple et il leur dit: "Je suis pour vous un avertisseur explicite, afin que vous n'adoriez qu'Allah. Je crains pour vous le châtiment d'un jour douloureux." (Sourate Hud: 25-26)
Ceux qui ont péri étaient des gens qui n'avaient pas suivi le message transmis par leur prophète et s'étaient enfoncés dans la rébellion. À ce sujet, certains versets sont très explicites:
Et ils le traitèrent de menteur. Or, Nous le sauvâmes, lui et ceux qui étaient avec lui dans l'Arche, et Nous noyâmes ceux qui traitaient de mensonges Nos signes. C'étaient vraiment des gens aveugles. (Sourate al-A'raf: 64)
Or Nous l'avons sauvé, lui et ceux qui étaient avec lui, par miséricorde de Notre part, et Nous avons exterminé ceux qui traitaient de mensonges Nos signes et qui n'étaient pas croyants. (Sourate al-A'raf: 72)
De plus, dans le Coran, Allah rappelle qu'Il ne détruit pas une communauté sans avoir envoyé auprès d'eux un avertisseur. Et ce n'est qu'après que le messager a été traité de menteur que la destruction prend un sens. Allah déclare dans la sourate al-Qasas:
Ton Seigneur ne fait pas périr de cités avant d'y avoir envoyé un messager pour leur réciter Nos versets. Et Nous ne faisons périr les cités que lorsque leurs habitants pratiquent l'injustice. (Sourate al-Qasas: 59)
Il est énoncé dans le Coran qu'Allah ne détruit pas un peuple sans l'avoir préalablement mis en garde. C'est pourquoi Allah n'a pas détruit les peuples contemporains de celui de Nuh à qui Il n'avait pas encore envoyé de messager.
C'est ainsi que nous sommes sûrs que le désastre a été régional, et non général. Les excavations creusées dans le cadre de recherches archéologiques, menées dans la région où le déluge est supposé avoir eu lieu, montrent que seule une partie de la Mésopotamie a été affectée, comme nous le verrons un peu plus loin.
Les exégètes de la Bible pensent que Nuh a fait monter à bord de l'Arche un couple de chaque espèce animale vivant à l'époque sur terre, sauvant ainsi les animaux de l'extinction.
Ceux qui défendent ce point de vue ont de sérieux défis à relever: celui de l'alimentation de tous ces animaux dans l'Arche, celui de leur hébergement à bord, et celui de leur séparation les uns par rapport aux autres. Par ailleurs, une épineuse question se pose: comment les animaux des différents continents ont-ils pu être rassemblés? Et également: comment ont-ils pu survivre hors de leur habitat naturel le temps qu'a duré le châtiment, et il se pose aussi le problème des animaux dangereux tels que les serpents et les scorpions.
Telles sont les questions auxquelles l'Ancien Testament altéré est confronté. Dans le Coran, rien ne dit que toutes les espèces animales de la terre ont eu des représentants à bord de l'Arche. Conformément à ce que nous avons dit plus haut, les animaux embarqués furent très probablement ceux de la région où résidait Nuh.
Ceci dit, c'est même évident qu'il est impossible de rassembler des spécimens de toutes les espèces animales vivant dans cette région-là. Il est presque impensable d'imaginer Nuh et ses quelques disciples partant dans toutes les directions afin d'effectuer une telle collecte. Il est encore plus improbable qu'ils aient pu prendre un couple de chaque espèce d'insectes, à supposer qu'ils aient déjà pu distinguer pour chacune le mâle de la femelle! C'est la raison pour laquelle on peut légitimement supposer que seuls les animaux facilement capturables ont été embarqués et nourris dans l'Arche, et que ces quelques animaux étaient surtout des animaux domestiques utiles à l'homme: moutons, chevaux, vaches, volailles et chameaux par exemple, car ceux-ci permettaient le redémarrage de la vie après le retrait des eaux et la destruction de tous les troupeaux.
Ici il est important de noter que l'un des exemples de la sagesse divine en ce commandement d'Allah de rassembler des animaux peut être davantage la préoccupation de rétablir une vie équilibrée immédiatement après la disparition du déluge que de sauver le genre animal en lui-même. D'ailleurs, puisque le châtiment ne s'était abattu que sur une seule région, l'extinction des races animales n'aurait pas pu se produire, et de plus il y aurait eu au cours du temps des migrations pour peupler l'espace vide consécutif au désastre, permettant de reconstituer peu à peu l'ancien cheptel. C'est donc en vue d'une reprise très rapide d'une vie normale que l'ordre de préserver des animaux a été donné.
Une autre question relative au déluge et sujette à débat est de savoir si le niveau des eaux s'est suffisamment élevé pour recouvrir les montagnes. Comme il a été spécifié, nous apprenons du Coran que l'Arche s'est déplacée sur al-Judi, où elle est demeurée après le déluge. Le mot Judi fait généralement référence à un site montagneux spécifique, tandis que dans la langue arabe ce terme signifie "colline ou promontoire". Par conséquent on peut penser que dans le Coran Judi ne désigne pas une montagne particulière, mais indique seulement que l'Arche a été élevée par rapport au niveau des plaines. De plus, le terme Judi n'implique pas que les eaux soient nécessairement montées jusqu'au niveau des montagnes, il signifie seulement que leur niveau a monté. Ce qui est encore une preuve que la terre entière n'a pas été submergée, contrairement à ce qu'affirme l'Ancien Testament, mais que les eaux ont simplement recouvert une région.
Les plaines mésopotamiennes sont souvent citées pour avoir probablement été le théâtre du déluge. Cette région du monde est le berceau des plus anciennes civilisations connues. De plus, étant située entre le Tigre et l'Euphrate, cette région géographique est sujette à des risques d'inondations. Le déluge a ainsi pu comporter un débordement simultané de ces deux fleuves.
La seconde raison de la probable localisation du déluge dans cette région est historique. En effet, des écrits provenant de plusieurs civilisations de la région mentionnent l'occurrence d'un déluge contemporain à ces civilisations. Ayant été témoins de ce grandiose événement et de l'éradication du peuple de Nuh, les gens de cette époque ont ressenti le besoin de consigner par écrit les détails de ce cataclysme et de ses conséquences. Il est un fait connu que la plupart des légendes relatives au déluge sont d'origine mésopotamienne. Mais ce qui est plus important pour nous, ce sont les découvertes archéologiques. Celles-ci montrent en effet qu'un déluge de grande envergure a frappé cette région. Comme nous le verrons en détail dans les pages qui suivent, ce déluge a suspendu le cours de la civilisation pendant un certain temps. Dans les excavations, les traces apparentes d'un tel sinistre ont été mises à jour.
Ces excavations montrent que la Mésopotamie a subi au cours de son histoire divers désastres consécutifs à des déluges et aux crues du Tigre et de l'Euphrate. Par exemple, il y a environ 4000 ans, au temps de Ibbi-Sin, qui gouvernait la nation de Ur située au sud de la Mésopotamie, une année est connue comme "venant après un déluge qui avait anéanti les frontières entre les cieux et la terre".1 Vers 1700 avant Jésus-Christ, au temps du babylonien Hammourabi, une année est connue comme étant celle où s'était produite la catastrophe de "la destruction de la cité d'Eshnunna par un déluge".
Au 10ème siècle avant Jésus-Christ, au temps du roi Nabu-mukin-apal, un déluge s'abattit sur la cité de Babylone.2 Aux 7ème, 8ème, 10ème, 11ème et 12ème siècles de l'ère chrétienne, d'importants déluges frappèrent la même région. Et au 20ème siècle, ces catastrophes se renouvelèrent en 1925, 1930 et 1954.3 Il est donc clair que la région a toujours été sujette aux calamités causées par les eaux et, comme il est indiqué dans le Coran, il n'est pas impossible qu'un sinistre plus important que les autres ait pu anéantir tout un peuple.
Il n'est pas surprenant qu'aujourd'hui nous découvrions les traces des communautés dont le Coran nous dit qu'elles ont été détruites. L'archéologie vient confirmer le fait que plus une communauté disparaît brusquement, plus il est probable que nous puissions exhumer certains de ses vestiges.
Dans le cas de la disparition soudaine d'une civilisation, par exemple suite à un cataclysme naturel, ou à un exode massif pour cause de guerre, les traces de la civilisation en question pourront être bien mieux préservées. Les maisons et les outils de la vie quotidienne sont en effet recouverts par la terre en un laps de temps assez court; ils se trouvent ainsi préservés pour de très longues périodes, non altérés par la main des hommes, et ils fournissent des renseignements abondants sur le passé lorsqu'ils sont mis à jour par les archéologues.
C'est ainsi que de nombreuses traces du déluge de Nuh ont été découvertes de nos jours. On estime que cette catastrophe remonte environ au 3ème millénaire avant Jésus-Christ, toute une civilisation a disparu brutalement et plus tard une toute nouvelle civilisation a vu le jour à sa place. Les preuves du déluge ont donc été préservées pendant des milliers d'années, pour nous servir d'avertissement.
Nombreuses ont été les recherches menées dans les plaines de Mésopotamie afin d'en savoir plus sur le déluge. Ainsi, les vestiges de quatre grandes cités ont permis de révéler les traces de ce qui a été une inondation majeure. Ces cités étaient les plus grandes de Mésopotamie: Ur, Erech, Kish et Shuruppak.
Une illustration représentant le déluge de Nuh
Ces quatre villes auraient été submergées par les eaux vers le 3ème millénaire avant Jésus-Christ.
Examinons d'abord le cas des fouilles menées dans la cité d'Ur.
Les plus anciens vestiges d'une civilisation mis à jour lors des fouilles menées dans cette cité, sur laquelle est bâtie la ville actuelle de "Tell al-Muqayyar", remontent à près de 7000 ans avant Jésus-Christ. Plusieurs cultures se sont succédées dans cette région où diverses populations se sont installées au cours de l'histoire.
Les archéologues ont réussi à montrer qu'une rupture de civilisation s'est produite suite au déluge, et qu'ensuite de nouvelles civilisations ont émergé plus tard. R.H.Hall, du British Museum, a entrepris les premières fouilles en ce lieu. Leonard Woolley, qui assuma la direction des fouilles après Hall, dirigea des recherches communes entreprises conjointement par le British Museum et l'Université de Pennsylvanie. Les fouilles conduites par Woolley, et qui eurent un retentissement mondial, durèrent de 1922 à 1934.
Les fouilles de Sir Woolley se sont déroulées au milieu du désert entre Bagdad et le Golfe Persique. Les fondateurs de la cité d'Ur étaient un peuple venu du Nord de la Mésopotamie et qui se surnommaient eux-mêmes "Ubaidiens". Assez rapidement, des informations furent rassemblées sur ce peuple. Les découvertes réalisées par Woolley sont ainsi décrites par l'archéologue allemand Werner Keller:
Les puits de fouille devinrent de plus en plus profonds. De nouvelles couches, comportant des fragments de jarres, de poteries et de bols, continuèrent à être exhumés. Les experts remarquèrent que les poteries changeaient peu d'une couche à l'autre. Elles avaient exactement la même apparence que les vestiges trouvés dans les tombes royales. Par conséquent, il semblait que pendant des siècles la civilisation sumérienne n'avait pas subi de changement radical. Ainsi ils avaient atteint très tôt un niveau de développement étonnamment élevé.
C'est alors qu'après plusieurs jours de travail les ouvriers de Woolley appelèrent ce dernier: "Nous avons découvert une nouvelle couche." Il se rendit au fond du puits pour en avoir le cœur net. Sa première pensée fut: "Nous y sommes enfin." Il s'agissait de sable, de sable pur d'un genre qui ne pouvait avoir été déposé que par de l'eau.
Ils décidèrent de continuer à creuser le puits encore plus profondément. Les pelles et les pioch"Les tombes des rois d'Ur", c'est ainsi que Woolley, grisé par sa joie de les avoir découvertes, avait surnommé les tombes de nobles Sumériens dont l'authentique splendeur avait été exposée au grand jour lorsque les pioches des archéologues avaient attaqué un tumulus à quinze mètres au sud du temple, permettant de mettre à jour une longue rangée de tombes surmontées de pierres. Ces caveaux de pierre renfermaient de véritables trésors, car ils étaient remplis de gobelets coûteux, de cruches et de vases magnifiquement façonnés, de vaisselle de bronze, de mosaïques de perles, de lapis-lazuli et d'argent entourant ces corps moisis dans la poussière. Des harpes et des lyres reposaient adossés aux murs. Il écrivit plus tard dans son journal personnel: "Presqu'immédiatement des découvertes furent réalisées, qui confirmèrent nos hypothèses. Directement sous le sol d'une tombe royale, nous avons trouvé de nombreuses tablettes en argile au milieu de cendres de bois brûlé, qui comportaient des caractères d'un type beaucoup plus ancien que celui des caractères figurant sur les tombes. À en juger par la nature de l'écriture, ces tablettes pourraient remonter à environ 3000 ans avant Jésus-Christ. Elles seraient donc antérieures de deux ou trois siècles à celles des tombes."es retournèrent de nouveau le sol: un mètre, deux mètres, et toujours la même couche de vase pure. Soudain, à trois mètres de profondeur, la couche de vase cessa aussi brutalement qu'elle avait commencé: de nouvelles traces d'un habitat humain venaient d'être mises en évidence; mais la qualité de la poterie s'était considérablement altérée. Ici, elle avait été fabriquée par les seules mains de l'homme, sans instruments. On ne trouva aucune présence de métal. Les seuls outils exhumés là étaient de très primitifs silex taillés. Ils remontaient sans doute à l'Âge de pierre!
Le déluge était la seule explication possible de ce grand dépôt d'argile découvert sous cette colline à Ur, qui séparait clairement deux époques de civilisation humaine. La mer avait laissé ses traces indélébiles sous la forme de petits organismes marins incrustés dans la boue.4
D'après les découvertes archéologiques, le déluge de Nuh s'est produit sur les plaines de Mésopotamie. Ces plaines avaient alors un aspect différent. Dans le diagramme ci-dessus, la frontière maritime de ces plaines est indiquée par des pointillés rouges. On pense que la vaste zone située en deçà de ces pointillés était alors occupée par la mer.
Les analyses microscopiques ont révélé que ce grand dépôt de boue argileuse sous la colline d'Ur s'est accumulé à la suite d'une submersion si forte que toute l'ancienne civilisation sumérienne a dû être emportée. L'épopée de Gilgamesh et l'histoire de Nuh se trouvaient ainsi réunies dans ce puits creusé profondément sous le désert iraqien.
Max Mallowan a rapporté les pensées de Leonard Woolley, qui a dit qu'une aussi énorme masse d'alluvions formée en une seule fois ne peut être le résultat que d'une gigantesque inondation. Woolley a également décrit la couche séparant la cité sumérienne d'Ur de la cité d'Al-Ubaid, dont les habitants utilisaient de la poterie peinte, comme étant un vestige de déluge.5
Ces recherches ont ainsi permis de montrer que la cité d'Ur s'est trouvée au cœur du déluge. Werner Keller a exprimé l'importance des excavations susmentionnées en disant que la mise à jour des restes d'une cité sous une couche de boue prouve qu'une inondation dévastatrice a eu lieu à cet endroit.6
Une autre cité mésopotamienne porteuse des traces du déluge est "Kish des Sumériens", qui correspond à la ville actuelle de Tall Al-Uhaimer. Selon d'anciennes sources sumériennes, cette cité a été le "berceau de la première dynastie post-diluvienne".7
La cité de Shuruppak, au sud de la Mésopotamie, qui correspond à la ville actuelle de Tall Fa'rah, recèle aussi des traces apparentes d'un déluge. Les études archéologiques dans cette cité ont été menées par Erich Schmidt, de l'Université de Pennsylvanie, entre 1920 et 1930. Des fouilles ont permis d'y mettre à jour trois couches porteuses de restes d'habitations appartenant à une période comprise entre la lointaine préhistoire et la troisième dynastie d'Ur (2112-2004 avant Jésus-Christ). Les découvertes les plus significatives ont été les ruines de maisons bien construites ainsi que des tablettes portant des caractères cunéiformes et à caractère administratif, indiquant qu'une société hautement développée existait déjà là vers la fin du 4ème millénaire avant Jésus-Christ.8
Ce qui est important, c'est que le désastre du déluge semble s'être produit dans cette cité vers 3000-2900 avant Jésus-Christ. D'après ce qui a été rapporté par Mallowan, Schmidt a atteint, à 4-5 mètres sous la terre une couche jaunâtre (formée par le déluge) composée d'un mélange de sable et d'argile. Schmidt a défini cette couche argilo-sableuse, qui datait de l'époque de l'Ancien Royaume de Cemdet Nasr, comme étant "d'origine fluviale", et devant être associée au déluge de Nuh.9
Probablement, la cité de Shuruppak fut aussi affectée que les autres cités par le déluge, et les indices découverts le font donc remonter au début du 3ème millénaire avant Jésus-Christ.10
Le dernier endroit qui semble avoir été affecté par le déluge est la cité d'Erech, au sud de Shuruppak, connue aujourd'hui sous le nom de Tall Al-Warka. Une couche de boue y a été mise en évidence, à l'instar des autres cités, dont l'ancienneté est semblable aux autres couches du même type découvertes ailleurs.11
Il est un fait bien connu que le Tigre et l'Euphrate traversent la Mésopotamie d'un bout à l'autre. Il semble que, durant les événements diluviens, ces fleuves ainsi que de nombreux points d'eau et rivières débordèrent et que, ces eaux s'ajoutant aux eaux de pluie, cela engendra une catastrophe sans précédent. Allah décrit dans le Coran cette conjonction des eaux:
Les fouilles menées par Sir Leonard Woolley dans les plaines de Mésopotamie ont permis de révéler la présence d'une couche de boue argileuse épaisse de 2,5 mètres. Cette couche provient certainement des alluvions charriées par les eaux du déluge et, dans le monde entier, elle n'existe que dans cette seule région. Cette découverte a contribué à montrer que le déluge ne s'est produit qu'à une échelle régionale.
Nous ouvrîmes alors les portes du ciel à une eau torrentielle, et Nous fîmes jaillir de la terre des sources. Les eaux se rencontrèrent d'après un ordre qui était déjà décrété. (Sourate al-Qamar: 11-12)
Lorsque les causes secondaires du déluge sont examinées une par une, toutes apparaissent comme étant des phénomènes tout à fait naturels. Ce qui a rendu l'événement extraordinaire, c'est leur occurrence simultanée, et faisant suite justement aux avertissements lancés par Nuh.
L'établissement en différents lieux de preuves relatives à l'existence du déluge a permis d'estimer la superficie affectée par le désastre: environ 160 km d'ouest en est, sur 600 km du nord au sud. Cela revient à dire que toutes les plaines mésopotamiennes ont été touchées. Lorsque nous citons les cités de Ur, Erech, Shuruppak et Kish dans cet ordre-là, nous nous apercevons qu'elles sont situées le long d'une même route. Par conséquent, les environs de ces villes ont dû être également inondés. Il faut par ailleurs noter que vers 3000 avant Jésus-Christ, la structure géographique de la Mésopotamie différait de celle d'aujourd'hui; à cette époque-là, le lit de l'Euphrate passait plus à l'est que de nos jours, et cet ancien cours passait à proximité des quatre cités susmentionnées. Avec l'ouverture des "sources de la terre et du ciel", il semble que le fleuve Euphrate soit sorti de son lit et ait pu détruire ces villes.
L'existence du déluge a été mentionnée à presque tous les peuples par l'intermédiaire des prophètes communiquant la religion de vérité, mais ce fait historique a été ensuite transformé en légendes par ces différentes communautés, qui ont corrompu l'histoire et effectué des ajouts.
Allah a communiqué aux humains des informations concernant le déluge de Nuh par l'intermédiaire de Ses messagers et livres, suscités auprès de diverses communautés à titre d'exemple et d'avertissement. Cependant, à chaque fois que les textes divins ont été altérés, les descriptions du déluge se sont trouvées entremêlées d'apports mythologiques. Seul le Coran résiste à l'épreuve des faits empiriquement observables. Et ce parce qu'Allah est le gardien de ce Livre, le préservant de toute corruption et ne permettant pas que même le plus petit changement y soit apporté. Le Coran est ainsi placé sous la protection spéciale d'Allah:
En vérité c'est Nous qui avons fait descendre le message, et c'est Nous qui en sommes le Gardien. (Sourate al-Hijr: 9)
Dans la dernière partie de ce chapitre relatif au déluge, nous allons voir comment cet événement a été décrit, bien qu'avec plusieurs déformations, dans différentes cultures ainsi que dans les Ancien et Nouveau Testaments.
Le livre authentique révélé au Prophète Musa fut la Tawrah. Cette révélation originelle a été très largement altérée, et le livre biblique, le Pentateuque, est éloigné du message d'origine. Par ailleurs, il a subi de nombreuses modifications de la part des rabbins de la communauté juive. De même, les révélations communiquées aux Enfants d'Israël par d'autres prophètes après Musa ont été corrompues. Par conséquent, le Pentateuque altéré ressemble davantage à un ensemble de récits retraçant l'histoire de la tribu d'Israël plutôt qu'à un livre divin. Et sans surprise, les contradictions qui y sont contenues apparaissent très bien dans l'histoire relative à Nuh, bien qu'il y ait des concordances avec le Coran.
Selon l'Ancien Testament, Dieu proclama à Nuh que tous excepté les croyants seraient détruits, parce que la terre regorgeait de corruptions diverses. C'est en ce sens qu'Il lui ordonna de fabriquer l'Arche et lui décrivit en détail la marche à suivre. Il lui dit aussi d'embarquer sa famille, ses trois fils, les épouses de ses fils, ainsi qu'un couple de chaque espèce vivante et des provisions.
Sept jours plus tard, lorsqu'arriva le moment du déclenchement du déluge, toutes les sources souterraines se mirent à jaillir, le ciel se mit à déverser des pluies torrentielles et tout ce qui était sur terre fut englouti. Cela dura 40 jours et 40 nuits. L'Arche se trouva portée par les flots recouvrant toutes les montagnes et les hautes collines. Et seuls ceux qui étaient aux côtés de Nuh furent sauvés, les autres ayant péri par noyade. Puis la pluie cessa, et les eaux commencèrent à reculer 150 jours après.
Sur ce, le dix-septième jour du septième mois, l'Arche s'arrima au Mont Ararat (Agri). Nuh décida d'envoyer une colombe pour voir si les eaux s'étaient complètement retirées, et la colombe ne revenant pas, il comprit que le déluge était bel et bien fini. Dieu leur enjoignit de déparquer et de se répandre sur la terre.
Voici comment certaines parties de l'Ancien Testament relatent le déluge de Nuh:
Et Dieu dit à Nuh: "Le temps est venu pour Moi de mettre fin à tous les êtres vivants; car la terre est ravagée par la violence à cause d'eux; et, écoute bien, je les détruirai au moyen de la terre. Fabrique-toi une arche en bois de saccophore;…
… Et, écoute bien, Moi-même Je recouvrirai la terre par des eaux jaillissantes, afin d'y détruire toute chair portant en elle le souffle de la vie. Et tout être vivant sur terre mourra. Mais avec toi Je ferai un pacte; et tu monteras dans l'Arche, toi et tes fils, et ta femme et les femmes de tes fils également.
Et de chaque espèce vivante, tu feras monter dans l'Arche deux êtres, afin de les garder vivants auprès de toi; ce seront un mâle et une femelle…"
… Ainsi fit Nuh; et il agit en toutes choses selon ce que Dieu lui ordonna. (Genèse, 6: 13-22)
Et l'Arche se fixa lors du septième mois, le dix-septième jour du mois, sur le Mont Ararat. (Genèse, 8: 4)
Des bêtes qui sont pures tu prélèveras sept couples, les mâles et leurs femelles; et des bêtes impures tu prélèveras un couple, le mâle et sa femelle. Des oiseaux aussi tu prélèveras sept couples de chaque espèce, les mâles et leurs femelles, afin de maintenir sur la terre les semences de la vie. (Genèse, 7:2-3)
Et J'établirai Mon pacte avec toi; il n'y aura plus de déluge détruisant tous les êtres vivants; et il n'y aura plus de déluge détruisant la terre. (Genèse, 9:11)
Selon l'Ancien Testament altéré, en accord avec le verdict: "tout être vivant sur terre mourra" lors d'un déluge frappant la terre entière, tous les hommes ont été punis, et les seuls survivants furent ceux qui montèrent sur l'Arche avec Nuh.
Le Nouveau Testament dont nous disposons de nos jours n'est pas un livre divin dans le vrai sens du terme, car il a été altéré dans le temps. Traitant des paroles et actes de 'Isa (Jésus) le Nouveau Testament commence par quatre Évangiles rédigés plus d'un siècle après Jésus, par des gens n'ayant pas vécu aux côtés de 'Isa et ne l'ayant même pas rencontré une seule fois; les quatre évangélistes concernés étaient Matthieu, Marc, Luc et Jean. Il y a des contradictions évidentes entre les quatre Évangiles. En particulier, l'Évangile de Jean diffère grandement des trois autres (appelés Évangiles Synoptiques) qui sont à peu près comparables entre eux. Les autres livres du Nouveau Testament comprennent les lettres écrites par les Apôtres et Saul de Tarse (qui fut appelé plus tard Saint-Paul) décrivant les actes des apôtres après 'Isa.
Par conséquent, le Nouveau Testament d'aujourd'hui n'est en rien un texte divin, mais plutôt un livre semi-historique.
Dans le Nouveau Testament, le déluge de Nuh est brièvement décrit comme suit: Nuh fut envoyé comme messager à une communauté vivant dans la désobéissance, en plein égarement, mais les gens ne l'écoutèrent pas et persévérèrent dans leur perversité. Sur ce, Allah sauva Nuh et les quelques croyants en les plaçant sur l'Arche, et il confronta les négateurs avec la réalité d'un déluge. Certains chapitres du Nouveau Testament abordent ainsi le sujet:
Et ainsi qu'il en fut à l'époque de Nuh, semblable sera le destin du Fils de l'homme. Dans les jours qui précédèrent le déluge, ils mangeaient et buvaient et contractaient des mariages, jusqu'au moment où Nuh entra dans l'Arche, et ils se montrèrent insouciants jusqu'au déclenchement du déluge, qui les emporta tous; ainsi en sera-t-il lorsque l'Heure du Fils de l'homme viendra.(Matthieu, 24: 37-39)
Et Il n'épargna pas le vieux monde, mais Nuh le huitième (homme) fut sauvé, prédicateur vertueux, et Il déclencha le déluge sur le monde des impies. (Second Épître de Pierre, 2: 5)
Et ce qui s'est produit du temps de Nuh se répétera lorsque sonnera l'Heure du Fils de l'homme. Tous les gens mangeaient, buvaient et s'épousaient, jusqu'à ce que Nuh fut entré dans l'Arche et que le déluge les eut tous emportés. (Luc, 17: 26-27)
Ils sont volontiers ignorants que, du fait de la Parole de Dieu, le monde d'alors fut englouti par les eaux. (Second Épître de Pierre, 3: 5-6)
Selon les Sumériens, un dieu appelé Enlil dit aux humains que d'autres dieux voulaient les détruire tous, mais que lui voulait les sauver. Le héros de l'histoire est Ziusudra, le roi pieux de la cité de Sippur. Le dieu Enlil dit à Ziusudra ce qu'il fallait faire pour être sauvé du déluge. Le texte racontant la fabrication du bateau est manquant, mais son existence est mentionnée dans les morceaux où il est indiqué à Ziusudra comment être sauvé. Si l'on fait confiance à la version babylonienne du déluge, on arrive à la conclusion que dans la version sumérienne complète de l'événement il doit y avoir bien plus de détails sur l'origine du déluge et sur la façon dont le bateau a été construit.
Selon d'autres récits babyloniens et sumériens, Xisuthros ou Khasisatra fut sauvé du déluge après être monté à bord d'un vaisseau long de 925 mètres, où avaient également embarqué sa famille, ses amis, et certains oiseaux et animaux. Il est dit que les eaux débordèrent à tel point qu'elles semblaient vouloir atteindre le ciel, les océans produisant des raz-de-marée et les rivières sortant de leur lit. Le navire s'était retrouvé après cela sur la montagne corydéenne.
Selon les légendes assyro-babyloniennes, Ubar-Tutu ou Khasisatra fut sauvé ainsi que sa famille, ses serviteurs, leurs troupeaux et certains animaux sauvages en embarquant sur un bateau dont la largeur et la hauteur étaient égales. Le déluge dura six jours et six nuits. Lorsque le vaisseau atteignit la Montagne Nizar, une colombe qui avait été lâchée retourna à bord mais un autre oiseau, un corbeau, ne revint pas.
Selon certains écrits sumériens, assyriens et babyloniens, Ut-Napishtim et sa famille survécurent au déluge qui dura six jours et six nuits. Il est dit: "Le dix-septième jour, Ut-Napishtim regarda dehors. Tout était calme. L'homme était redevenu comme de l'argile." Quand l'embarcation eut atteint la Montagne Nizar, Ut-Napishtim fit partir une colombe, un corbeau et un moineau. Le corbeau se mit à déchiqueter les cadavres, mais les deux autres oiseaux ne revinrent pas.
Inde: Dans les récits épiques de l'Inde que sont le Shatapatha, le Brahmana et le Mahabharata, la personne dénommée Manu est sauvée des eaux en même temps que Rishiz. Selon la légende, un poisson que Manu avait attrapé, et dont il avait épargné la vie, se mit soudainement à grandir et lui dit de construire un bateau et de l'attacher à sa proue. Le poisson conduisit le bateau au-dessus de vagues énormes, et le mena vers le nord, jusqu'à la montagne Hismavat.
Pays de Galles: Selon une légende galloise. (Le Pays de Galles est une région celtique de Grande-Bretagne) Dwynwen et Dwyfach échappèrent au désastre en montant à bord d'un bateau. Lorsque cessa le terrible déluge résultant du débordement de Llynllion, qui fut appelé le Lac des Vagues, Dwynwen et Dwyfach commencèrent à repeupler la Grande-Bretagne.
Scandinavie: Les légendes nordiques rapportent que Belgamir et sa femme échappèrent au déluge en se protégeant à bord d'un grand vaisseau.
Lituanie: Dans une légende lithuanienne, il est dit que quelques couples d'humains et d'animaux ont obtenu leur salut en s'abritant au sommet d'une montagne élevée. Lorsque les vents et les flots déchaînés, qui duraient depuis douze jours et douze nuits, faillirent les atteindre et les avaler, le Créateur leur lança une énorme coquille de noix. Ils furent sauvés du désastre en naviguant après être entrés à l'intérieur de cette coquille.
Chine: Des sources chinoises rapportent qu'une personne appelée Yao ainsi que sept autres personnes, ou bien Fa Li avec sa femme et leurs enfants, furent sauvés du déluge et des tremblements de terre en prenant place à bord d'une embarcation. Il est dit que "la terre était toute en ruines. Les eaux jaillissaient et recouvraient tout". Finalement, les eaux se retirèrent.
Toutes ces légendes indiquent une réalité historique concrète. Au cours de l'histoire, chaque communauté a reçu le message, chacun a entendu parler de la révélation divine, et ainsi tous ont eu vent du déluge. Malheureusement, comme les gens ont tourné le dos aux commandements divins, les détails concernant le déluge furent plusieurs fois modifiés, pour donner naissance à des légendes et des mythes.
La seule source ayant conservé en toute intégrité la véritable histoire de Nuh et du peuple qui l'avait rejeté est le Coran, qui est par ailleurs l'unique révélation divine demeurant inaltérée.
Le Coran nous fournit des informations correctes non seulement sur le déluge de Nuh, mais aussi sur d'autres événements historiques et peuples. Dans les pages suivantes, nous passerons en revue ces récits véridiques.
1. Max Mallowan, Noah's Flood Reconsidered, Iraq: XXVI-2, 1964, s. 66.
2. Max Mallowan, Noah's Flood Reconsidered, Iraq: XXVI-2, 1964, s. 66.
3. Muazzez İlmiye Çığ, Kuran, İncil ve Tevrat'ın Sümer'deki Kökleri, 2.b., İstanbul: Kaynak Yayınları, 1996.
4. Fred Warshofsky, "Ur of the Chaldees", Readers Digest, Aralık 1977.
5. Max Mallowan, Noah's Flood Reconsidered, Iraq: XXVI-2, 1964, s. 70.
6. Werner Keller, Und die Bibel hat doch recht (The Bible as History; a Confirmation of the Book of Books), New York: William Morrow, 1956, s. 40.
7. "Kiş", Ana Britannica, Cilt 13, s. 361.
8. "Şuruppah", Ana Britannica, Cilt 20, s. 311.
9. Max Mallowan, Early Dynastic Period in Mesapotamia, Cambridge Ancient History 1-2, Cambridge: 1971, s. 238.