C'est alors qu'après plusieurs jours de travail les ouvriers de Woolley appelèrent ce dernier : "Nous avons découvert une nouvelle couche." Il se rendit au fond du puits pour en avoir le cœur net. Sa première pensée fut : "Nous y sommes enfin." Il s'agissait de sable, de sable pur d'un genre qui ne pouvait avoir été déposé que par de l'eau.
Ils décidèrent de continuer à creuser le puits encore plus profondément. Les pelles et les pioches retournèrent de nouveau le sol : un mètre, deux mètres, et toujours la même couche de vase pure. Soudain, à trois mètres de profondeur, la couche de vase cessa aussi brutalement qu'elle avait commencé : de nouvelles traces d'un habitat humain venaient d'être mises en évidence.
Le déluge était la seule explication possible de ce grand dépôt d'argile découvert sous cette colline à Ur, qui séparait clairement deux époques de civilisation humaine...231
Les analyses microscopiques ont révélé que ce grand dépôt de boue argileuse sous la colline d'Ur s'est accumulé à la suite d'une submersion si forte que toute l'ancienne civilisation sumérienne a dû être anéantie. L'épopée de Gilgamesh et l'histoire de Noé se trouvaient ainsi réunies dans ce puits creusé profondément sous le désert mésopotamien.
Max Mallowan a rapporté les pensées de Leonard Woolley, qui a dit qu'une aussi énorme masse d'alluvions formée en une seule fois ne peut être le résultat que d'une gigantesque inondation. Woolley a également décrit la couche séparant la cité sumérienne d'Ur de la cité d'Al-Ubaid, dont les habitants utilisaient de la poterie peinte, comme étant un vestige de déluge.232
Ces recherches ont ainsi permis de montrer que la cité d'Ur s'est trouvée au cœur du déluge. Werner Keller a exprimé l'importance des excavations susmentionnées en disant que la mise à jour des restes d'une cité sous une couche de boue prouve qu'une inondation dévastatrice a eu lieu à cet endroit.233
Une autre cité mésopotamienne porteuse des traces du déluge est "Kish des Sumériens", qui correspond à la ville actuelle de Tell el-Uhaimir. Selon d'anciennes sources sumériennes, cette cité a été le "berceau de la première dynastie post-diluvienne".234
La cité de Shuruppak, au sud de la Mésopotamie, qui correspond à la ville actuelle de Tell Fara, recèle aussi des traces apparentes d'un déluge. Les études archéologiques dans cette cité ont été menées par Erich Schmidt, de l'Université de Pennsylvanie, entre 1920 et 1930. Des fouilles ont permis d'y mettre à jour trois couches porteuses de restes d'habitations appartenant à une période comprise entre la lointaine préhistoire et la troisième dynastie d'Ur (2112-2004 av. JC). Les découvertes les plus significatives ont été les ruines de maisons bien construites ainsi que des tablettes portant des caractères cunéiformes et à caractère administratif, indiquant qu'une société hautement développée existait déjà là vers la fin du 4ème millénaire av. JC.235
Ce qui est important, c'est que le désastre du déluge semble s'être produit dans cette cité vers 3000-2900 av. JC. D'après ce qui a été rapporté par Mallowan, Schmidt a atteint, à 4-5 m sous la terre une couche jaunâtre (formée par le déluge) composée d'un mélange de sable et d'argile. Schmidt a défini cette couche argilo-sableuse, qui séparait la période de Djemdet Nasr de l'époque de l'Ancien Royaume, comme étant "d'origine fluviale", et devant être associée au déluge de Noé.236
En résumé, les fouilles effectuées dans la cité de Shuruppak ont encore une fois permis de découvrir les indices d’un déluge qui remonte à 3000-2900 ans av. JC. Tout comme les autres cités, Shuruppak fut probablement frappée par un déluge.237
Le dernier endroit qui semble avoir été affecté par le déluge est la cité d'Erech, au sud de Shuruppak, connue aujourd'hui sous le nom de Warka. Une couche de boue y a été mise en évidence, à l'instar des autres cités, dont l'ancienneté est semblable aux autres couches du même type découvertes ailleurs, c’est-à-dire environ 3000 ans av. JC.238
Il est un fait bien connu que le Tigre et l'Euphrate traversent la Mésopotamie d'un bout à l'autre. Il semble que, durant les événements diluviens, ces fleuves ainsi que de nombreux points d'eau et rivières débordèrent et que, ces eaux s'ajoutant aux eaux de pluie, engendrèrent un gigantesque déluge. Ce phénomène est rapporté en ces termes par le Coran :
Nous ouvrîmes alors les portes du ciel à une pluie torrentielle, et fîmes jaillir de la terre des sources. Les eaux se rencontrèrent d’après un ordre qui était déjà décrété dans une chose [faite]. Et Nous le portâmes sur un objet [fait] de planches et de clous [l’Arche]. (Coran, 54 : 11-13)
Cela revient à dire que toutes les plaines mésopotamiennes ont été touchées. Lorsque nous citons les cités de Ur, Erech, Shuruppak et Kish dans cet ordre-là, nous nous apercevons qu'elles sont situées le long d'une même route. Par conséquent, les environs de ces villes ont dû être également inondés. Il faut par ailleurs noter que vers 3000 av. JC, la structure géographique de la Mésopotamie différait de celle d'aujourd'hui ; à cette époque-là, le lit de l'Euphrate passait plus à l'est que de nos jours, et cet ancien cours passait à proximité des quatre cités susmentionnées. Avec l'ouverture des "sources de la terre et du ciel", il semble que le fleuve Euphrate soit sorti de son lit et ait pu détruire ces villes. (Dieu sait mieux)
Dieu a communiqué aux humains des informations concernant le déluge de Noé par l'intermédiaire de Ses messagers et livres, suscités auprès de diverses communautés à titre d'exemple et d'avertissement. Cependant, à chaque fois que les textes divins ont été altérés, les descriptions du déluge se sont trouvées entremêlées d'apports mythologiques. Seul le Coran résiste à l'épreuve des faits empiriquement observables. Et ce parce que Dieu est le Gardien de ce livre, le préservant de toute corruption et ne permettant pas que même le plus petit changement y soit apporté. Le Coran est ainsi placé sous la protection spéciale de Dieu. (Voir Les nations disparues, 2ème éd., Harun Yahya, Editions Essalam, Paris, 2003)
LA CITE D'IRAM
Au début des années 1990, furent publiés dans plusieurs journaux connus, des articles annonçant "la découverte de la cité arabe disparue", "la découverte de la cité arabe légendaire", "l'Atlantis des sables, Ubar". Ce qui rendit cette découverte encore plus curieuse est que cette cité est mentionnée également dans le Coran. Nombreux furent ceux, qui auparavant pensaient que le peuple de 'Ad évoqué dans le Coran était purement mythique et que leur cité ne serait jamais trouvée. Dès lors, ils ne purent dissimuler leur étonnement face à cette fabuleuse découverte.
Ce fut Nicolas Clapp, un éminent réalisateur de documentaires et un maître-assistant en archéologie, qui mit au jour la ville de légende évoquée dans le Coran.239 Arabophone et réalisateur de films documentaires à succès, Clapp est tombé, lors de ses recherches sur l'histoire arabe, sur un ouvrage très intéressant. Ce livre, intitulé Arabia Felix, avait été écrit par le chercheur britannique Bertram Thomas en 1932. Arabia Felix, qui signifie "l’Arabie heureuse",était l'appellation romaine pour le sud de la Péninsule Arabique, qui inclut aujourd'hui le Yémen et une grande partie du Sultanat d'Oman. Les Grecs appelaient cette région Eudaimon Arabia (L'Arabie bénie), et les érudits arabes médiévaux Al-Yaman as-Saida (L'heureux Yémen)240 parce que les gens qui y vivaient autrefois servaient d’intermédiaires privilégiés dans le commerce très lucratif des épices entre l’Inde et le Nord de la Péninsule Arabique. De plus, les habitants de cette région produisaient et revendaient de l'encens, une résine aromatique issue d'arbres rares.
Avant vous, certes, beaucoup d'événements se sont passés. Or, parcourez la terre, et voyez ce qu'il est advenu de ceux qui traitaient (les prophètes) de menteurs. (Coran, 3:137) |
Le chercheur britannique Thomas a longuement parlé de ces tribus et a même déclaré avoir trouvé les traces d'une ancienne cité fondée par l'une d'elles.241 Il s'agissait de la cité connue des Bédouins sous le nom de "Ubar". Lors de l'un de ses voyages dans la région, les Bédouins du désert lui avaient montré d'anciennes pistes et avaient déclaré que ces pistes menaient vers la vieille cité d'Ubar. Thomas, qui était passionné par ce sujet, mourut avant d’avoir pu compléter ses investigations.
Clapp se plongea dans les écrits de Thomas et crut en l'existence de la cité perdue évoquée dans l'ouvrage. Sans perdre de temps, il commença ses propres recherches, en essayant de poursuivre le travail entamé par Thomas. Clapp utilisa deux approches différentes pour prouver l'existence d'Ubar. Premièrement, il retrouva les pistes mentionnées par les Bédouins. Il s'adressa ensuite à la NASA afin d'obtenir les photos satellites de la région. Après beaucoup d'efforts, il parvint à convaincre les autorités locales de prendre des clichés de la zone tant souhaitée.242
Clapp étudia après cela les anciens manuscrits et cartes de la bibliothèque Huntington en Californie. Son objectif était de trouver une carte de la région visée. Une courte recherche lui permit d'en découvrir une : il s'agissait d'une carte dessinée par le géographe égypto-grec Ptolémée au 2ème siècle (de l'ère chrétienne). Cette carte révélait l'emplacement d'une ancienne cité trouvée dans la région ainsi que les pistes qui y menaient.
Entre-temps, sa recherche fit un bond en avant lorsqu’il reçut la nouvelle que la NASA avait procédé aux prises de photos souhaitées. Ces photos montraient l'existence de pistes caravanières difficilement décelables à l'œil nu depuis le sol, mais clairement identifiables depuis le ciel. En comparant les clichés avec la carte de Ptolémée, Clapp parvint très vite à la conclusion suivante : les pistes des deux documents coïncidaient, et elles aboutissaient sur un vaste site ayant toute l’apparence de l'emplacement d'une cité.
Finalement, grâce au travail de Clapp et à celui de Thomas avant lui, ainsi qu’à l’aide fournie par les chercheurs de la NASA, l’emplacement de cette cité légendaire, qui avait fait l’objet de récits oraux par les Bédouins, fut découvert. Peu de temps après, commencèrent les fouilles et des vestiges enfouis sous les sables furent mis au jour. C'est pourquoi cette cité perdue fut surnommée "l'Atlantis des sables, Ubar".
Cependant, quels éléments permettaient de démontrer que cette ancienne cité était bien celle où avait vécu le peuple de 'Ad évoqué dans le Coran ?
Dès le début de cette recherche, on comprit que les restes de cette cité appartenaient au peuple de ‘Ad. La concordance devint incontestable à partir du moment où, parmi les restes découverts, on mit au jour les vestiges de colonnes et tours d’Iram mentionnées de façon précise dans le Coran. L'un des responsables des fouilles, le Dr Juris Zarins, déclara qu’étant donné que les tours sont l’un des signes distinctifs d’Ubar et qu’Iram est mentionnée comme abritant des tours et des piliers, ces indices si particuliers suffisent à prouver que le site déterré n'est autre que celui d’Iram, la cité des 'Ad décrite dans le Coran.
N’as-tu pas médité la façon dont ton Seigneur a traité Ad, [la tribu d’] Iram aux colonnes en hauteur, [qui était] telle que jamais il n’en fut créé de semblable dans le pays. (Coran, 89 : 6-8)
Nous avons donc vu que les informations fournies par le Coran à propos des évènements du passé concordent parfaitement avec les informations de sources historiques, ce qui est une autre preuve que le Coran est bien la parole de Dieu. (Voir Les nations disparues, 2ème éd., Harun Yahya, Editions Essalam, Paris, 2003)
La photo satellite ci-dessus montre la région d'Oman dans le sud de la Péninsule Arabique. Sur les photos de la cité d'Ubar, prises depuis l'espace par la NASA en 1992, on découvrit les traces d'anciennes pistes caravanières. Le peuple de 'Ad, dont le Coran nous révéla l'existence il y a 1.400 ans de cela, apparaît comme l'un des miracles du Coran découvert grâce à la technologie moderne. |
LES CITES DE SODOME ET GOMORRHE
Le Prophète Loth (psl) a été un contemporain du Prophète Abraham (psl). Il a été envoyé comme messager à l'une des communautés vivant non loin du peuple d'Abraham (psl). Au sein de cette communauté, comme nous le dit le Coran, régnait une perversion inconnue au monde jusqu'alors, à savoir l’homosexualité. Lorsque Loth les exhorta à abandonner ce type de pratique déviante, et leur délivra le message de Dieu, ils le rejetèrent. Ils refusèrent de souscrire à sa prophétie et s'obstinèrent à continuer dans la même voie. En conséquence, ils furent éradiqués de la surface de la terre par Dieu, qui fit s’abattre sur eux un terrible désastre.
Et [souviens-toi de] Loth lorsqu’il dit à son peuple : "Commettez-vous des turpitudes que nul à travers les mondes n’a commises avant vous ? Vous copulez avec des hommes en renonçant aux femmes pour assouvir vos appétits ! Vous êtes un peuple livré à ses excès." ... Nous fîmes pleuvoir sur eux des pierres : considère quelle fut la fin des criminels ! (Coran, 7 : 80-84)
Nous allons faire s’abattre sur cette cité un châtiment venu du ciel pour prix de leur perversion. Et nous en laissâmes une trace [litt.: un signe] évidente à l’intention de ceux qui sont en mesure de réfléchir. (Coran, 29 : 34-35)
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Une photographie de la Mer Morte |
La cité où vivait le Prophète Loth (psl) et qui fut détruite est désignée par Sodome dans l'Ancien Testament. Située au Nord de la Mer Rouge, cette communauté fut détruite de la façon dont la décrit le Coran. Des études archéologiques révèlent que la cité est plus précisément située près de la Mer Morte, à la frontière israélo-jordanienne actuelle. Selon les scientifiques, la zone est couverte de grands dépôts de soufre. C’est pourquoi, aucune forme de vie animale ou végétale n’y existe et elle est considérée comme un symbole de destruction.
Le soufre est un élément qui apparaît suite à une éruption volcanique. En effet, il existe dans le Coran des preuves explicites quant aux méthodes de destruction employées, à savoir un tremblement de terre et une éruption volcanique. L’archéologue allemand Werner Keller déclare ceci à propos de cette région :
La Vallée de Siddim, incluant Sodome et Gomorrhe, située le long de cette grande fissure, a un jour brutalement plongé dans l'abysse. Leur destruction survint suite à un grand tremblement de terre, probablement accompagné d'explosions, d'éclairs, de fuites de gaz naturel et d'incendies généralisés… L’affaissement en question a libéré des forces volcaniques qui jusqu'alors avaient été maintenues en dormance tout le long de la fracture. Dans la haute vallée jordanienne, près de Bashan, il existe encore d'énormes cratères de volcans éteints ; de grandes coulées de lave ainsi que d'épaisses couches de basalte ont été déposées à la surface du calcaire.243
Ces couches de lave et de basalte constituent la preuve la plus importante de la survenue d'une explosion volcanique et d’un tremblement de terre. Dans tous les cas, le Lac de Loth, connu aussi sous le nom de Mer Morte, se situe au-dessus d’une zone à activité sismique, en d’autres mots, une zone sismique.
Le lit de la Mer Morte est situé sur une dépression tectonique – la Vallée du Rift – qui s’étend sur 300 km depuis la mer de Galilée [Bahr Tabariyeh] au nord jusqu’au Wadi Arabah au sud.244
L'aspect mécanique du désastre ayant frappé le peuple de Loth a été révélé par les recherches des géologues. Ces derniers ont montré que le tremblement de terre qui détruisit le peuple de Loth a été la conséquence de la présence d'une faille continentale très longue. Le fleuve Jourdain connaît un dénivelé de 180 m dans sa course de 190 km. Cette information ajoutée au fait que le Lac de Loth est situé à 400 m en dessous du niveau de la mer, montrent bien qu'un événement géologique majeur s'est produit dans cette zone.
La structure intéressante du Jourdain et de la Mer Morte ne correspond qu'à une petite partie de la fracture qui passe par cette région. La ligne de faille suit le prolongement de la grande dépression qui part des Monts Taurus, s'étend jusqu'à la rive méridionale du Lac de Loth et continue ensuite à travers le désert de l'Arabie jusqu'au Golfe d'Aqaba, avant de franchir la Mer Rouge et se terminer en Afrique. Toutes les régions situées le long de cette ligne ont été le théâtre d’une forte activité volcanique. De la lave et du basalte noirs existent sur les hauteurs de Galilée en Israël, sur les plaines de Jordanie situées en altitude, dans le golfe d'Aqaba et dans d'autres régions aux alentours.
Tous ces vestiges et les caractéristiques géographiques indiquent qu’un événement géologique majeur a eu lieu dans la Mer Morte.
La revue National Geographic fait le commentaire suivant dans son numéro de décembre 1957 :
Le Mont de Sodome, vaste étendue aride, se dresse de façon abrupte au-dessus de la Mer Morte. Personne n'a jamais trouvé les cités détruites de Sodome et Gomorrhe, mais les spécialistes pensent qu'elles se trouvaient dans la Vallée de Siddim, en face de ces falaises. Il est possible que des crues de la Mer Morte les aient englouties suite à un tremblement de terre.245
L’une des informations dont on dispose sur ces cités détruites porte sur leur emplacement – comme le révèle le Coran dans la sourate al-Hijr, verset 76 – le long d’une ligne principale. Les géographes ont montré que cette région est située sur une ligne allant vers le Sud-Est de la Mer Morte, s’étendant de la Péninsule Arabe à la Syrie et à l’Egypte. (Voir Les nations disparues, 2ème éd., Harun Yahya, Editions Essalam, Paris, 2003)
Et Nous renversâmes [la ville] de fond en comble et fîmes pleuvoir sur eux des pierres d'argile dure. Voilà vraiment des preuves, pour ceux qui savent observer ! Elle (cette ville) se trouvait sur un chemin connu de tous [entre Makkah et la Syrie à la place actuelle de la mer morte]. (Coran, 15 : 74-77) LE PEUPLE DE SABA ET L'INONDATION D'ARIM
Il y a quelques siècles de cela, la communauté de Saba faisait partie des quatre plus grandes civilisations de l’Arabie du Sud.
Les sources historiques relatives au peuple de Saba indiquent habituellement que ce peuple a été le vecteur d'une véritable civilisation, à l'instar des Phéniciens, et qu'il pratiquait beaucoup le commerce. Les historiens reconnaissent que les Sabéens ont atteint un certain degré de civilisation et de culture, comme en témoignent les termes "restaurer", "consacrer" et "construire" fréquemment employés par les dirigeants de Saba. Le barrage de Ma'rib, l'un des édifices les plus importants construits par ce peuple, démontre clairement le niveau technologique qu'ils possédaient.
L'Etat sabéen était en mesure d'adopter une politique expansionniste, grâce à son armée, l'une des plus puissantes de la région. Doté d'une culture et d'une armée prépondérantes, l'Etat sabéen était certainement l’une des "superpuissances" régionales de l’époque. L’extraordinaire puissance de l’armée de l'Etat sabéen est également décrite dans le Coran. Une déclaration des commandants de l'armée sabéenne, mentionnée dans le noble livre, montre le degré de confiance qui régnait au sein de cette armée. Ils avaient en effet déclaré :
… Nous sommes dotés d’une grande force et d’une puissance redoutable et c’est à toi qu’appartient le commandement. Vois toi-même ce que tu vas ordonner. (Coran, 27 : 33)
Grâce au barrage de Ma’rib construit avec une technologie plutôt avancée pour cette époque, le peuple de Saba possédait une grande capacité d’irrigation. La fertilité du sol résultant de l’application de cette technique et le contrôle exercé par les Sabéens sur les pistes caravanières, leur permit de mener une vie confortable, emplie de bien-être. Pourtant, au lieu de remercier Dieu pour tous ces bienfaits, le Coran nous informe qu’ "ils se détournèrent [de Dieu]". De plus, ils refusèrent de tenir compte des avertissements et des rappels qui leur avaient été faits. En raison de leurs faibles valeurs morales, ils ont mérité le châtiment de Dieu : leurs barrages s’effondrèrent et l’inondation d’Arim détruisit toutes leurs terres.
La capitale de l'Etat sabéen, Ma'rib, jouissait d'une grande opulence grâce à son emplacement géographique. Cette cité était située aux abords du fleuve Adhanah. Et l'endroit où le fleuve rejoignait le Mont Balaq était très propice à la construction d'un barrage. Exploitant cette topographie favorable, les Sabéens y construisirent un barrage dès le début de leur installation dans la région, et commencèrent à pratiquer l'irrigation. Ils atteignirent après cela un degré de prospérité véritablement élevé. Et Ma'rib fut l'une des cités les plus développées de l'époque. Pline, un écrivain grec, avait visité cette contrée et avait décrit sa prospérité en termes très élogieux et avait témoigné du paysage verdoyant caractérisant cette partie de l'Arabie.246
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Les ruines du Temple de Ma'rib |
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Le barrage de Ma'rib, dont on voit ci-dessus et sur le côté les ruines, fut l'un des plus importants ouvrages des Sabéens. L'effondrement du barrage eut pour conséquence l'inondation d'Arim, mentionnée dans le Coran, et l'État Sabéen fut affaibli économiquement et il ne tarda pas à disparaître. |
Le barrage de Ma'rib mesurait 16 m de haut, 60 m de large et 620 m de long. Selon les estimations, il permettait d'irriguer une zone de 9.600 hectares, dont 5.300 situés sur la plaine du sud et le restant appartenant à la plaine du nord. Les inscriptions sabéennes mentionnent ces deux plaines sous le nom de "Ma'rib et les deux plaines" dans les inscriptions sabéennes.247 La formulation du Coran, "les deux jardins, l'un à droite et l'autre à gauche" (Coran, 34 : 15) désigne probablement les jardins imposants et les vignobles appartenant à ces deux vallées. Grâce à ce barrage et à son système d’irrigation, la région fut réputée pour être la plus florissante et la mieux irriguée du Yémen. Le Français J. Holevy et l'Autrichien Glaser ont prouvé à partir de documents écrits que le barrage de Ma'rib existait depuis une époque fort reculée. En effet, des inscriptions rédigées dans le dialecte Himer établissent que ce barrage a rendu la région environnante très productive et qu’il en constituait le cœur économique.
L’effondrement du barrage en l'an 542 eut pour conséquence l’inondation d’Arim à l’origine d’énormes pertes. Les centaines d'années de labeur des Sabéens disparurent soudain avec la destruction de vignobles, de vergers et de terres cultivées. Il semble que suite à cet événement, le peuple sabéen entra rapidement dans une phase de récession, et de déclin résultant dans la disparition de l'Etat sabéen.
Lorsque nous examinons le Coran à la lumière des découvertes évoquées précédemment, nous constatons qu'il existe une réelle concordance entre les données historiques et les faits rapportés par le livre sacré. Les découvertes archéologiques et les données historiques corroborent les informations rapportées par le Coran. Les versets rappellent que le peuple de Saba a été détruit suite à une terrible inondation pour n'avoir pas écouté les exhortations faites par leur prophète et pour avoir rejeté la religion. Cette inondation est décrite ainsi dans le Coran :
La tribu de Saba’ avait pourtant un signe dans son territoire, en l’occurrence deux jardins situés à droite et à gauche [de celui-ci]. "Mangez de ce dont votre Seigneur vous gratifie et témoignez-Lui votre gratitude : [pour] ce pays si agréable et [pour] un Seigneur accordant volontiers Son pardon." Ils se détournèrent néanmoins et Nous déchaînâmes contre eux le torrent qui avait crevé les digues et Nous substituâmes à leurs jardins deux autres plantés d’épineux, de tamaris et de quelques jujubiers. C’est ainsi que Nous les rétribuâmes pour prix de leur mécréance et qui donc est ainsi sanctionné si ce n’est le mécréant ? (Coran, 34 : 15-17)
Dans le Coran, le châtiment qui s’abattit sur le peuple de Saba est désigné par sayl al-`arim, soit "inondation d’Arim". L’expression employée dans le noble livre nous décrit également la façon dont le désastre se produisit. Le mot arim désigne un barrage ou une barrière. L’expression sayl al-`arim décrit l’inondation conséquente à l’effondrement du barrage. Les commentateurs du Coran ont résolu le problème relatif à l’époque et à l’emplacement en se laissant guider par les termes utilisés dans le Coran au sujet du fleuve Arim. Par exemple, Mawdudi a écrit dans son commentaire du Coran :
Le terme arim, qui apparaît dans l'expression sayl al-`arim, est une forme dérivée du vocable arimen, utilisé dans le dialecte de l'Arabie du Sud, et qui signifie "barrage, barrière". Dans les ruines exhumées lors des fouilles menées au Yémen, ce mot semble utilisé fréquemment dans ce sens, dans de nombreuses inscriptions ; par exemple, dans celles qui furent réalisées après la restauration du grand mur de Ma'rib en 542 et 543, sous l'ordre du roi éthiopien Ebrehe (Abraha), qui gouvernait aussi le Yémen, le mot arim est employé à plusieurs reprises pour désigner un barrage, d’où l'expression sayl al-`arim signifiant "inondation désastreuse produite par la rupture d'un barrage". Le verset : "… Nous leur changeâmes leurs deux jardins en deux bosquets aux fruits amers, des tamaris et des jujubiers rabougris" (Coran, 34 : 16), décrit l'état du pays après la catastrophe. Après l'effondrement du mur, tout le territoire fut inondé. Tous les systèmes d'irrigation mis en place par les Sabéens, ainsi que les murs situés au pied des montagnes tombèrent en ruine. Dès lors, alors que la région ressemblait à un vaste jardin, elle se trouva subitement transformée en une véritable jungle. Et il n'y eut dès lors plus de fruits autres que ceux, semblables à des cerises, portés par de petits arbustes.248
L'archéologue chrétien Werner Keller, auteur de l'ouvrage Und Die Bible Hat Doch Recht (Le livre saint avait raison), reconnut que l'inondation d'Arim s'était produite selon la description du Coran, et il écrivit que l'existence d'un tel barrage et la destruction du pays entier suite à son effondrement prouvent que l'épisode coranique relatif aux gens du jardin a bel et bien eu lieu.249
Après la catastrophe, la région acquit progressivement toutes les caractéristiques d’un désert, et les Sabéens, avec la disparition de leurs terres agricoles, perdirent la source essentielle de leurs revenus. Leurs terres agricoles, qui avaient été une source de prospérité et de pouvoir financier, disparurent. Cette situation fut la conséquence de l'ingratitude de ce peuple envers Dieu et de son refus de croire en Lui. [Voir Les nations disparues, 2ème éd., Harun Yahya, Editions Essalam, Paris, 2003)
LE PEUPLE D'AL–HIJR
Le peuple de Thamud est une tribu mentionnée dans le Coran et dont nous connaissons l’essentiel. Les sources historiques confirment qu’un peuple connu sous le nom de Thamud existait depuis de nombreuses années. On pense aussi que la communauté d'al-Hijr, évoquée dans le Coran, et les Thamud, ne font probablement qu'un seul et même peuple, car l'autre nom des Thamud est Ashab al-Hijr. Donc "Thamud" est le nom attribué à un peuple, tandis que al-Hijr peut être celui d'une des cités fondées par ce même peuple. Un géographe grec ancien, Pline, a écrit que les Thamud habitaient des localités appelées Domotha et Hegra, correspondant à l’actuelle cité de Hijr.250
Les sources les plus anciennes mentionnant l’existence des Thamud sont les annales de l’Etat babylonien. Elles relatent la victoire du roi babylonien Sargon II (8ème siècle av. JC) sur ce peuple lors d'une campagne menée dans le Nord de l'Arabie. Les Grecs ainsi qu’Aristote, Ptolémée et Pline nous renvoient également à ce peuple en parlant des "Tamudaei", c'est-à-dire "Thamud".251 Les traces des Thamud disparurent complètement bien avant la venue du Prophète Mohammad (pbsl), entre 400 et 600 de l'ère chrétienne. [Voir Les nations disparues, 2ème éd., Harun Yahya, Editions Essalam, Paris, 2003)
De nos jours on peut admirer les meilleurs exemples de travail sur la pierre dans l’ancienne cité de Pétra, au sud-ouest de la Jordanie. En effet, le Coran souligne ainsi leur expertise dans ce domaine :
[Salih dit à son people] Souvenez-vous lorsque après Ad Dieu fit de vous Ses lieutenants et qu’Il vous fit habiter sur terre, édifiant des palais en plaine et creusant des habitations troglodytes en montagne ; souvenez-vous des faveurs de Dieu et ne commettez point, en corrupteurs, d’iniquité sur terre. (Coran, 7 : 74)
Certes, les gens d'al-Hijr ont traité de menteurs les messagers. Nous leur avons montré Nos miracles, mais ils s'en étaient détournés. Et ils taillaient des maisons dans leur montagnes, vivant en sécurité. Puis, au matin, le Cri les saisit. Ce qu'ils avaient acquis ne leur a donc point profité. (Coran, 15:80-84) |