Tout au long de la vie, plusieurs gens se fixent des objectifs à atteindre: acquérir des biens, obtenir un meilleur statut social, se marier et fonder une famille sont parmi les buts les plus communément recherchés chez les êtres humains. Des efforts considérables sont déployés afin d'y parvenir. En dépit de la seule réalité incontournable qui est le vieillissement et l'extinction de toute chose, les gens ne peuvent se détacher de préoccupations purement matérielles. Pourtant une automobile toute neuve va rapidement se démoder, des terres généreuses vont devenir stériles à cause de facteurs naturels, une femme splendide va se décatir avec l'âge, et par-dessus chaque être humain sur cette terre va mourir, en abandonnant derrière lui tout ce qu'il possédait. Mais tous ces faits indéniables ne peuvent détourner l'homme d'une dévotion insondable à l'égard des biens de ce monde.
Ceux qui se cramponnent aveuglément à ces possessions illusoires se rendront compte qu'ils ont consumé leur existence à vouloir atteindre des objectifs purement virtuels. Une fois morts ils découvriront tout le ridicule de leur situation. Ce n'est malheureusement qu'à ce moment-là que le seul véritable objectif de cette vie-ci leur apparaîtra clairement, à savoir vivre en serviteur sincère de Dieu.
Dans le Coran, Dieu souligne avec force cet "attachement profond" au matériel dans le verset suivant:
On a enjolivé aux gens l'amour des choses qu'ils désirent: les femmes, les enfants, l'or et l'argent thésaurisés, les chevaux remarquables, le bétail et les champs; tout cela est objet de jouissance pour la vie présente, alors que c'est auprès d'Allah que se trouve le meilleur. (Surat Ali-Imran: 14)
Toutes les préoccupations de cette vie-ci, la gestion des biens, les épouses, les enfants et le commerce, accaparent exagérément l'esprit des gens. Cependant, s'ils étaient conscients de la grandeur et de la puissance de Dieu, ils comprendraient bien vite que toutes les choses accordées à l'homme ne sont que des causes secondaires à travers lesquelles on doit s'efforcer d'obtenir Sa satisfaction. Ils comprendraient également que la préoccupation essentielle doit être de bien servir le Seigneur. Mais les ambitions matérielles sont aveuglantes, entravant tout raisonnement sain et entraînant une compréhension très limitée du passage ici-bas; ainsi "placent-ils la barre très haut" dans cette existence viciée.
Il est surprenant que l'homme oublie complètement l'Au-delà, qui est pourtant une résidence supérieure et éternelle aménagée pour lui, se satisfaisant uniquement d'ici-bas. Même pour quelqu'un n'ayant pas une foi complète, la "faible probabilité" d'un Au-delà devrait, au moins, lui faire adopter une attitude plus prudente.
Les croyants, par contre, sont eux convaincus qu'il ne s'agit pas d'une "possibilité", mais d'une réalité. C'est pourquoi ils s'efforcent d'éliminer de leur vie le moindre risque d'être envoyé en Enfer; leurs efforts sont entièrement tournés vers la recherche du Paradis. Ils savent pertinemment que l'amertume ressentie dans l'Au-delà après une vie passée à courir après des chimères sera grande. Ils sont bien conscients que les richesses accumulées, que ce soit dans les banques ou sous forme de voitures luxueuses ou de villas somptueuses, ne serviront pas de rançon pour échapper au châtiment éternel. Par ailleurs, ni la famille ni les amis les plus chers ne pourront les sauver. Chaque âme sera en effet responsable de ses actes passés. Et malgré tout cela, la majorité des gens peuvent affirmer que leur vie présente n'aura pas de prolongement, et c'est pourquoi ils "plongent à corps perdu" dans le présent immédiat. Dieu nous dit dans le verset suivant:
La course aux richesses vous distrait, jusqu'à ce que vous soyez dans la tombe. (Surat at-Takathur: 1-2)
Le caractère trompeur de l'attirance vers les mondanités constitue, sans nul doute, le secret de l'épreuve d'ici-bas. Dieu crée en effet pour l'homme tout un environnement fonctionnant de façon merveilleuse, mais toutes ces choses sont éminemment périssables; ceci pour faire réfléchir les gens et les inciter à comparer cet univers périssable à l'Au-delà. C'est le "secret" dont nous parlons. La vie présente peut être apparemment magnifique, le monde naturel étant par exemple haut en couleur et révélant sans cesse la gloire de la création de Dieu Tout-Puissant. Mener une vie agréable et jouir de multiples plaisirs est, sans nul doute, fort attirant et l'homme supplie Dieu de lui accorder beaucoup de facilités. Pourtant, cela ne doit pas constituer un objectif ultime, puisque la seule ambition qui importe est d'obtenir la satisfaction de Dieu et Son Paradis. L'homme doit donc toujours avoir en tête cette réalité tout en profitant des bienfaits mis à sa disposition. Dieu avertit l'homme à ce sujet dans le verset suivant:
Tout ce qui vous a été donné est la jouissance éphémère de la vie d'ici-bas et sa parure, alors que ce qui est auprès d'Allah est meilleur et plus durable… Ne comprenez-vous donc pas?(Surat al-Qasas: 60)
Cette avidité pour les choses matérielles est l'une des causes qui font oublier à certains l'Au-delà. Il y a aussi une autre chose dont il faut se souvenir: quel que soit le bien matériel en question, l'homme n'est jamais heureux très longtemps une fois qu'il est entré en possession de ce bien, et son désir est toujours relancé et aiguillonné; son "moi" en demande sans cesse davantage, exigeant plus et mieux. Ainsi l'être humain vit haletant, ne pouvant jouir d'un sentiment de plénitude et de sérénité dans ce monde.
Certains gens pensent qu'ils sont en mesure d'améliorer leur vie à partir du moment où ils en prennent la décision. De plus, ils assimilent généralement une vie de grande qualité à des gains d'argent croissants, à un niveau de vie progressant sans cesse, à la présence autour de soi d'une famille heureuse, et à un statut social envié. Et pourtant, ceux qui se comportent ainsi sont clairement dans l'erreur, car dans leur lutte pour obtenir la paix dans cette vie-ci ils oublient l'Au-delà, ils ignorent qu'ils doivent se préoccuper de devenir de vrais serviteurs de Dieu et ils ne se montrent pas reconnaissants à Son égard.
Dieu informe l'homme du caractère insignifiant de ce monde-ci dans le Coran:
Sachez que la vie présente n'est que jeu, amusement, vaine parure, une course à l'orgueil entre vous et une rivalité dans l'acquisition des richesses et des enfants. Elle est en cela pareille à une pluie: la végétation qui en vient émerveille les cultivateurs, puis elle se fane et tu la vois donc jaunie; ensuite elle devient des débris. Et dans l'Au-delà il y a un dur châtiment [pour les mécréants], et aussi un pardon et un agrément de la part d'Allah [pour les croyants]. Et la vie présente n'est que jouissance trompeuse. (Surat al-Hadid: 20)
Ci-contre la reconstitution d’un monument Maya au Honduras. Ci-dessous, l’état actuel du même monument, autrefois symbole d’une civilisation magnifique. La comparaison entre ces deux images révèle un fait frappant: aucune splendeur n’est protégée du déclin en ce monde.
Considérer que l'Au-delà est une éventualité lointaine, ou même nier son existence, est l'erreur fondamentale de certaines personnes. Celles-ci s'imaginent qu'elles n'auront jamais à quitter leurs richesses. L'orgueil leur fait fuir l'obéissance à Dieu et tourner le dos à Sa promesse. Leur fin est relatée comme suit:
Ceux qui n'espèrent pas en Notre rencontre, qui sont satisfaits de la vie présente et s'y sentent en sécurité, et ceux qui sont inattentifs à Nos Signes, leur refuge sera le Feu, pour ce qu'ils acquéraient. (Surat Yunus: 7-8)
L'histoire nous fournit de nombreux exemples: rois, empereurs et pharaons pensaient atteindre l'immortalité par le biais de leurs fabuleuses richesses; la pensée qu'il existe quelque chose de plus valorisant que ces biens et la détention du pouvoir ne leur a même pas traversé l'esprit. Et pire encore, cette mentalité viciée a contaminé leurs peuples, qui furent fascinés par leur puissance sur cette terre. Cependant, tous ces incroyants se sont trouvés confrontés à une fin terrible. Dieu nous en informe dans le Coran:
Pensent-ils que ce que Nous leur accordons en biens et en enfants [est une avance] que Nous Nous empressons de leur faire sur les biens [de la vie future]? Au contraire, ils n'en sont pas conscients. (Surat al-Mu'minun: 55-56)
Que leurs biens et leurs enfants ne t'émerveillent point! Allah ne veut par là que les châtier dans la vie présente, et que les voir rendre péniblement l'âme en état de mécréance. (Surat at-Tawbah: 55)
Il ne reste qu’un théâtre de l’ancienne grande métropole romaine, qui a aujourd’hui un visage totalement différent. Le cliché de droite montre dans quelle vétusté se trouve ce théâtre. De nos jours, il n’y a plus aucune trace de quiconque ayant vécu à cette époque glorieuse.
Cela fait partie des récits que Nous te racontons concernant des cités: les unes demeurent encore debout, tandis que d’autres sont rasées.(Surat Hud: 100)
Ces gens-là ignorent un point crucial, à savoir que toutes les richesses appartiennent à Dieu qui répartit comme Il veut une partie de Ses biens illimités. En retour, l'homme se doit de montrer sa gratitude envers son Créateur et de Le servir loyalement. Personne ne peut empêcher Dieu de distribuer Ses biens, de même que nul ne peut acquérir du bien si Dieu ne le veut pas. C'est ainsi que Dieu met les humains à l'épreuve. Mais ceux qui oublient leur Créateur et le Jour du jugement ne se soucient pas de cela:
Allah étend largement Ses dons ou [les] restreint à qui Il veut. Ils se réjouissent de la vie sur terre, mais la vie d'ici-bas ne paraîtra que comme une jouissance éphémère en comparaison de l'Au-delà. (Surat ar-Ra'd: 26)
Plusieurs gens croient qu'une vie parfaitement paisible est possible ici-bas. Cette mentalité suggère qu'on peut trouver le bonheur authentique et gagner le respect des autres en devenant riche. La même mentalité suppose aussi qu'une fois cette félicité atteinte, elle durera jusqu'à la fin des temps. Pourtant, la vérité est toute autre; l'homme ne pourra jamais réaliser la vie de ses rêves s'il oublie son Créateur et le Jour du jugement, car sans conscience de l'objectif suprême, il ne cesse de passer d'un objectif matériel à un autre, toujours insatisfait. Il n'est plus content de son nouvel appartement dès qu'il s'aperçoit que celui de son voisin est mieux décoré que le sien, ou si le style de son aménagement intérieur devient démodé du fait de l'évolution des goûts. Et il en est de même pour ce qui est de la garde-robe; toujours insatisfaits des vêtements et costumes qu'ils possèdent déjà, beaucoup de gens ne cessent de les renouveler. La psychologie des mécréants est clairement expliquée dans le verset suivant:
Laisse-Moi avec celui que J'ai créé seul, et à qui J'ai donné des biens abondants, et des enfants qui lui tiennent toujours compagnie, pour qui aussi J'ai aplani toutes difficultés. Cependant il convoite [de Moi] que Je lui donne davantage. (Surat al-Muddaththir: 11-15)
Celui qui est doué de raison et de compréhension ne pourra que reconnaître que les gens possédant de vastes demeures et de riches garde-robes ne peuvent vraiment jouir que d'une partie seulement de leurs biens; même si vous possédiez la plus grande maison au monde, pourriez-vous apprécier le confort de chaque chambre en même temps? Et si vous possédiez la plus grande garde-robe, combien de costumes pourriez-vous porter chaque jour? Et pour la nourriture, ce serait d'ailleurs la même chose: face à un repas très abondant et extrêmement diversifié, votre estomac ne tolérerait qu'un petit peu de chaque plat; sinon le résultat serait une torture pour votre corps et non un plaisir.
La liste d'exemples semblables pourrait être longue, mais ce qu'il faut retenir c'est que l'homme ne dispose que d'un temps assez court pour profiter de ses richesses. Certains gens aisés vivent aveuglés par leurs possessions, n'étant presque pas conscients qu'ils se dirigent inexorablement vers leur fin, comme les autres, et le verset suivant rappelle cette attitude:
Il pense que sa fortune le rendra immortel!(Surat al-Humazah: 3)
Ils sont si fascinés par leur richesse que lorsqu'ils se trouveront confrontés à l'échéance terrible du Jour du jugement, ils souhaiteront à tout prix échapper au châtiment en déclarant vouloir se racheter par le don de tous leurs biens:
… Le malfaisant aimerait pouvoir se racheter du châtiment de ce jour, en livrant ses enfants, sa compagne, son frère, même son clan qui le protégeait, et tout ce qui est sur la terre, tout ce qui pourrait le sauver. Mais rien [ne le sauvera]. [L'Enfer] est un brasier. (Surat al-Ma'arij: 11-15)
Heureusement, certains hommes sont bien conscients que la richesse et la prospérité sont sous le contrôle de Dieu. Ils savent donc que le statut et le rang au sein de la société sont des notions ridicules. Et eux seuls comprennent vraiment que les biens matériels ne les sauveront pas dans l'Au-delà. Ils ne se lancent donc pas dans la vaine course au "toujours plus" dans cette vie. Ces gens modestes ne sauraient être arrogants. Ils se montrent reconnaissants envers Dieu pour tout ce qu'Il leur accorde car ils n'oublient jamais Son existence. En retour pour un tel comportement, Dieu leur promet une vie honorable et confortable. Les serviteurs de Dieu, centrant leur vie sur la dévotion à leur Seigneur, ne se trompent pas sur la nature des biens d'ici-bas, qui apparaissent à leurs yeux sans valeur par rapport au bien éternel du Paradis. L'éventuelle richesse ne leur fait pas tourner la tête et, au contraire, elle les rend encore plus reconnaissants et proches de Dieu. Ils accordent à chacun son dû et consacrent à chaque aspect de la vie l'importance qu'il mérite. Ils s'efforcent d'obtenir l'agrément de Dieu à l'aide de ce qu'Il leur accorde. Plutôt que de s'investir dans la matérialité, ils se concentrent sur l'acquisition des valeurs coraniques qu'ils se doivent d'honorer, conscients que c'est sur leur fidélité à l'Islam qu'ils obtiendront leur statut auprès de leur Seigneur.
L'ignorance quant au rôle réel des biens de ce monde plonge les gens dans l'oubli du caractère éphèmere de la possession de ces biens, correspondant à une période de 60 ou 70 ans en général; car après cette courte vie ils laisseront derrière eux leurs demeures, voitures et enfants, alors qu'auparavant ils n'auront jamais sérieusement réfléchi à leur solitude dans la tombe. Ils auront ainsi sans cesse couru en pure perte en quête d'une aisance maximale.
Et par ailleurs, ceux qui savourent la richesse en oubliant leur Créateur connaissent l'amertume dès cette vie-ci avant de s'exposer à celle de l'Au-delà:
Ceux qui ne croient pas, ni leurs biens ni leurs enfants ne les mettront aucunement à l'abri de la punition d'Allah. Ils seront du combustible pour le Feu. (Surat Ali-Imran: 10)
Le Coran proclame l'anéantissement de ceux qui font preuve d'une insatiable soif de richesses:
Celui qui amasse une fortune et la compte, pensant que sa fortune l'immortalisera. Mais non! Il sera certes jeté dans la Houtamah. Mais qui te dira ce qu'est la Houtamah? C'est le Feu attisé d'Allah, qui monte jusqu'aux cœurs. Il se refermera sur eux, en colonnes (de flammes) étendues. (Surat al-Humazah: 2-9)
La vraie richesse appartient à ces croyants qui, intérieurement, ne font jamais preuve d'attachement pour les possessions de ce monde et qui croient vraiment que seul Dieu peut tout accorder à l'être humain. Ce sont eux les riches de ce monde, car ils ne limitent pas leur vie à seulement 50 ou 60 ans. Les croyants se lancent dans le meilleur commerce qui soit, en troquant cette vie contre le Paradis. Ils préfèrent le permanent au temporaire. Dieu nous en informe dans le verset suivant:
Certes Allah a acheté aux croyants leurs propres personnes et leurs biens en échange du Paradis. Ils combattent dans le sentier d'Allah: ils tuent et ils se font tuer. C'est une promesse authentique qu'Il a prise sur Lui-même dans la Torah, l'Evangile et le Coran. Et qui est plus fidèle qu'Allah à son engagement? Réjouissez-vous donc de l'échange que vous avez fait. Et c'est là le très grand succès. (Surat at-Tawbah: 111)
Ceux qui méprisent ces réalités et qui se cramponnent à l'illusoire comprendront bientôt qui se trouve engagé sur la bonne voie.
Le mariage est généralement considéré comme un tournant dans la vie de l'être humain, nombreux rêvant de rencontrer le partenaire de sa vie. Une "bonne alliance" est l'un des objectifs-clés des jeunes, qui sont souvent "endoctrinés" à ce sujet. Cependant, les relations hommes-femmes reposent sur des bases malsaines dans les sociétés ignorantes, à savoir les sociétés qui n'ont pas accepté de mettre en pratique le mode de vie coranique: les "amitiés", par lesquelles les deux sexes ne recherchent qu'une satisfaction émotionnelle, ne sont que des relations purement romantiques. En vérité, les mariages sont le plus souvent fondés sur des bénéfices matériels mutuels; ainsi, nombreuses sont les femmes qui espèrent trouver un homme aisé qui leur garantira un niveau de vie élevé, quitte à devoir cohabiter avec quelqu'un pour lequel elles ne ressentent aucune affection. De leur côté, les hommes recherchent une femme ayant un "look" très agréable.
Les motivations des sociétés ignorantes dans ce domaine négligent un point crucial: ces considérations matérialistes sont finalement appelées à périr; Dieu peut reprendre la fortune d'un homme en un instant. De même, un joli visage peut se perdre par un accident de la vie quotidienne. De toute façon, le temps qui passe procure par la vieillesse des dommages irréversibles infligés à notre santé, à notre force et à notre beauté. Quelles seront donc, dans un système matérialiste, les conséquences de ces circonstances imprévisibles? Par exemple, pensez au cas d'un homme qui a épousé une femme uniquement parce qu'il était impressionné par sa beauté; comment réagira-t-il si un accident lui occasionne des séquelles esthétiques? Et même si aucun accident ne survient, la quittera-t-il dès l'apparition des premières rides? Les réponses à ces interrogations révèlent sans nul doute les fondements déraisonnables de la pensée matérialiste.
Un mariage devient précieux lorsqu'il a pour seul objectif la satisfaction de Dieu. Sinon, il devient un fardeau dans ce monde-ci et dans l'autre. Et si rien ne se produit ici-bas, l'homme comprendra dans l'Au-delà qu'il s'est fourvoyé s'il avait un autre objectif en se mariant. Mais alors il sera trop tard; le Jour du jugement, il souhaitera que sa femme l'aide à obtenir son propre salut. Mais la terreur de ce jour rendra caduques toutes les relations entretenues dans ce monde. Dieu évoque les relations entre proches parents le Jour du jugement dans le verset suivant:
... Le malfaisant aimerait pouvoir se racheter du châtiment de ce jour, en livrant ses enfants, sa compagne, son frère, même son clan qui le protégeait. (Surat al-Ma'arij: 11-13)
Il ressort de ces versets que les gens n'accorderont aucune attention à leurs conjoints, amis, frères ou sœurs le Jour du jugement. Dans leurs efforts désespérés pour obtenir leur salut, ils seraient prêts à utiliser leurs proches comme rançon si cela leur permettait d'échapper au châtiment. De plus, ils se maudiront mutuellement pour ne s'être pas mis en garde les uns les autres contre une fin si terrible. Le Coran mentionne le cas d'Abu Lahab et de sa femme, qui tous deux ont mérité le Feu éternel:
Que périssent les deux mains d'Abu Lahab, et que lui-même périsse! Sa fortune ne lui sert à rien, ni ce qu'il a acquis. Il sera brûlé dans un Feu plein de flammes, de même que sa femme, la porteuse de bois épineux, qui aura à son cou une corde de fibres. (Surat al-Masad: 1-5)
Le mariage acceptable aux yeux de Dieu est, par contre, fondé sur des critères totalement différents: seule la recherche de Sa satisfaction est un motif valable, et non un quelconque profit matériel ou physique. Pour les croyants, seule compte la taqwa, à savoir le fait d'éviter tout ce qui est interdit par Dieu et d'accomplir tout ce qu'Il a commandé, par crainte de Lui. Les époux trouveront la paix et le bonheur dans un tel mariage, comme le précise le verset suivant:
Et parmi Ses Signes il y a le fait qu'Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l'affection et de la bonté. Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent. (Surat ar-Rum: 21)
Avec la taqwa comme seul lien, les époux peuvent envisager avec sérénité l'Au-delà. Comme ils s'exhortent mutuellement à la piété et dirigent leur vie dans le sens voulu par Dieu, il est probable qu'ils se côtoieront dans l'éternité. Leurs relations dans cette vie sont ainsi évoquées dans le Coran:
Les croyants et les croyantes sont les alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable et interdisent le blâmable, ils accomplissent la prière, s'acquittent de l'aumône légale et obéissent à Allah et à Son Messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah est Tout-Puissant et Sage. (Surat at-Tawbah: 71)
Une préoccupation majeure de l'être humain est de laisser derrière lui des fils qui perpétueront son nom dans le futur. Cependant, si l'intention de plaire à Dieu est absente, cette ambition risque fort de devenir un facteur de déviation de l'homme. Une personne est éprouvée dans ses enfants aussi; dans ce sens, ce qui est attendu de l'être humain, c'est qu'il élève ses enfants d'une manière qui satisfera Dieu:
Vos biens et vos enfants ne sont qu'une épreuve, alors qu'auprès d'Allah il y a une énorme récompense. (Surat at-Taghabun: 15)
Dans le verset, l'usage du mot "épreuve" revêt une grande signification. Pour certains gens, avoir des enfants constitue l'un des buts majeurs de leur existence. Toutefois, pour l'Islam, un croyant ne souhaite avoir une progéniture qu'afin de satisfaire Dieu. Sinon, le désir d'avoir un enfant pour le seul motif de satisfaire son ego devient une source de shirk. L'exemple de ceux qui oublient leur vrai rôle sur terre et qui font de l'obtention d'une progéniture "le but suprême de l'existence" est évoqué dans le Coran:
C'est Lui qui vous a créés d'un seul être, dont il a tiré son épouse, pour qu'il trouve de la tranquillité auprès d'elle; et lorsque celui-ci eut cohabité avec elle, elle conçut une légère grossesse, avec laquelle elle se déplaçait (facilement). Puis lorsqu'elle se trouva alourdie, tous deux invoquèrent leur Seigneur: "Si Tu nous donnes un (enfant) sain, nous serons certainement du nombre des reconnaissants." Puis lorsqu'Il leur eut donné un (enfant) sain, ils assignèrent à Allah des associés en ce qu'Il leur avait donné. Mais Allah est bien au-dessus des associés qu'on Lui assigne. Est-ce qu'ils assignent comme associés ceux qui ne créent rien et qui eux-mêmes sont créés? (Surat al-A'raf: 189-191)
Parmi les croyants, les prophètes cités dans le Coran avaient comme seule intention de contenter Dieu, et l'exemple de la femme de Imran est à cet égard très éloquent:
Rappelle quand la femme de Imran dit: "Ô mon Seigneur, je T'ai voué en toute exclusivité cet enfant qui est dans mon ventre; accepte-le donc de moi. C'est Toi l'Audient et l'Omniscient." (Surat Ali-Imran: 35)
L'invocation du Prophète Ibrahim (que la paix soit sur lui) est aussi un puissant exemple pour les croyants:
Notre Seigneur! Fais de nous des gens soumis à Ta volonté, et de notre descendance une communauté soumise à Toi! Et enseigne-nous les rites du pèlerinage à accomplir, et accepte notre repentir; car c'est Toi certes l'Accueillant au repentir, le Très-Miséricordieux. (Surat al-Baqarah: 128)
Selon ce verset, le désir d'enfants est un acte d'adoration de Dieu si l'intention de Lui plaire est présente. Mais s'il y a absence d'une telle intention, les conséquences peuvent être néfastes déjà dans cette vie, sans parler de l'Au-delà. Les croyants savent bien que leurs enfants sont un dépôt de la part de Dieu; par conséquent ils ne tirent aucune fierté personnelle si l'un de leurs enfants est beau ou intelligent, conscients que c'est Dieu qui a doté cet enfant avec des caractéristiques si avantageuses. Un accès de fierté serait véritablement de la mécréance.
Obtenir une progéniture uniquement pour flatter son ego aura des conséquences fâcheuses le Jour du jugement, quand l'homme mécréant voudra se racheter: pour cela il ignorera tout lien avec quiconque, et déclarera vouloir offrir ses fils, sa femme et ses autres parents comme rançon, mais ce sera en vain.
En fait les enfants élevés dans un contexte d'ignorance causent déjà des soucis à leur famille dès cette vie-ci. En effet, toutes les contraintes liées à la venue d'un enfant sont vécues comme des fardeaux difficiles à gérer si l'enfant n'a pas été voulu pour plaire à Dieu. Dès le début de la grossesse, la maman doit changer son style de vie, devant réarranger ses priorités. Les besoins de son futur enfant deviennent prioritaires, et ainsi va-t-elle revoir sa façon de manger et de dormir. Puis vers la fin de la grossesse, les tâches quotidiennes et même les mouvements du corps les plus simples deviennent impossibles. Pourtant, les principales difficultés surgissent après la naissance; la mère va devoir prodiguer les plus grands soins à son bébé, qui ne laissera que très peu de temps à sa mère pour ses besoins et préoccupations personnels. Donc la mère va désirer que son nouveau-né grandisse suffisamment pour qu'elle puisse avoir "plus de temps à elle". Entre-temps, la mère ne se rend pas compte comment les années passent vite. Par contre, si la mère ne désire que la satisfaction de Dieu, un tel laps de temps sera considéré comme un acte d'adoration à l'égard de son Seigneur. Pour les mécréants, cependant, cette période difficile peut devenir une pure perte de temps.
Dans une société ignorante, les parents sont souvent déçus lorsqu'ils élèvent leurs enfants; ceux-ci développent généralement une mentalité individualiste et égocentrique. Soumis à leurs pulsions égoïstes, il est possible qu'ils ne servent leurs parents que s'ils peuvent escompter en retour un profit matériel pour eux-mêmes. Les parents ne deviennent conscients de cela qu'une fois proches de la vieillesse, alors que dans leurs premières années en tant que parents, ils s'imaginaient que ces enfants seraient présents à leurs côtés en cas de difficultés, comme de véritables "bâtons de vieillesse"; mais le plus souvent, la seule issue pour eux est de finir leurs jours dans une maison de retraite.
Dieu fournit à l'homme dans le Coran un cadre à l'intérieur duquel il doit agir en tant que croyant, notamment à l'égard de ses parents. Dieu exige le respect et la miséricorde envers père et mère, surtout lorsque ceux-ci sont frappés par l'âge:
Et ton Seigneur a décrété: "N'adorez que Lui; et faites preuve de bonté envers père et mère: si l'un d'eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi, alors ne leur dis point: 'Ouf!' et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses. Et par miséricorde, abaisse pour eux l'aile de l'humilité et dis: "Ô mon Seigneur, fais-leur miséricorde comme ils m'ont élevé alors que j'étais tout petit." (Surat al-Isra: 23-24)
Comme il ressort de ces versets, il est hautement valorisant pour les croyants d'élever leur enfant à la lumière des valeurs coraniques; tandis que les incroyants qui élèvent leurs enfants en les obligeant à adopter la mentalité ignorante environnante n'agissent qu'en pure perte pour ce monde et pour l'autre. De plus, les croyants qui font des efforts d'éducation dans la voie de Dieu obtiennent Son agrément même si l'enfant rejette le point de vue islamique; les parents doivent seulement effectuer le travail nécessaire et ensuite s'en remettre à Dieu. Et en-dehors de Dieu, les gens n'ont ni protecteur ni soutien.
Ceux qui fondent tous leurs espoirs uniquement dans leurs enfants ne recevront rien ni dans ce monde ni dans l'autre:
Puis quand viendra le Fracas, le jour où l'homme fuira son frère, sa mère, son père, sa compagne et ses enfants; car chacun d'eux, ce jour-là, aura son propre cas pour l'occuper. (Surat Abasa: 33-37).
Comme il a été spécifié plus haut dans le présent livre, l'homme n'est créé que pour servir son Créateur. Tout ce qui l'entoure n'est qu'un ensemble d'épreuves destinées à le tester. Après la mort, l'homme sera jugé sur ses actes, et les actes selon leur intention; en retour, l'homme accédera au Paradis ou bien à l'Enfer. En résumé la richesse, la beauté ou les fils n'ont pas de valeur, alors que la taqwa, ou crainte de Dieu, est primordiale:
Ni vos biens ni vos enfants ne vous rapprocheront de Nous. Sauf celui qui croit et œuvre dans le bien. Ceux-là auront une double récompense pour ce qu'ils œuvraient, tandis qu'ils seront en sécurité, aux étages supérieurs (du Paradis). (Surat Saba: 37)
Quant à ceux qui ne croient pas, ni leurs biens ni leurs enfants ne pourront jamais leur servir contre la punition d'Allah. Et ce seront les gens du Feu: ils y demeureront éternellement.(Surat Ali-Imran: 116)
Ni leurs biens ni leurs enfants ne leur seront d'aucune utilité contre le châtiment d'Allah. Ce sont les gens du Feu, où ils demeureront éternellement. (Surat al-Mujadalah: 17)