AVERTISSEMENT
Tous les individus qui observent leur environnement attentivement se rendent compte que tout ce qui existe dans l'Univers – ce qui est animé et ce qui ne l'est pas – doit forcément avoir été créé. La question devient alors: "Qui est le Créateur de toutes ces choses?"
Il est évident que "le fait de la création", révélé par chaque aspect de l'Univers, ne peut pas être le résultat de l'Univers lui-même. Le système solaire ne peut pas s'être créé ou organisé par lui-même. Les plantes, les êtres humains, les bactéries, les érythrocytes, et les papillons ne peuvent pas s'être créés par eux-mêmes. C'est pour cela que la possibilité que tout ce qui existe puisse être le produit du hasard n'est même pas imaginable.
Nous concluons donc que toute chose a été créée, mais qu'aucune d'entre elles n'a pu en être le Créateur. Le Créateur est différent de tout ce que nous voyons avec nos yeux, Il est une force supérieure et invisible. Pourtant, Son existence et Ses attributs sont visibles dans tout ce qui existe.
Ceux qui nient l'existence de Dieu s'opposent à cette réalité. Ces personnes sont conditionnées à ne croire qu'à ce qu'elles voient avec leurs propres yeux. Elles sont contraintes d'ignorer la vérité de la création et elles essaient de prouver que l'Univers et les êtres vivants n'ont pas été créés. La théorie de l'évolution est un exemple flagrant de leurs efforts vains pour arriver à cette fin.
L'erreur fondamentale de ceux qui nient l'existence de Dieu est perpétuée par d'autres individus qui ne nient pas vraiment cette existence mais qui ont une fausse perception de Lui. Ils ne nient pas la création elle-même mais ont des croyances superstitieuses sur l'endroit où Dieu se trouve. Ils pensent qu'Il se trouve dans les "cieux", en haut quelque part. Implicitement, ils imaginent qu'Il se trouve au-delà d'une planète très lointaine, qu'Il n'intervient dans les affaires terrestres que de temps en temps ou qu'Il n'y intervient pas du tout. Ils imaginent qu'Il a créé l'Univers et l'a abandonné ensuite à lui-même, laissant les gens maîtres de leur propre destin.
Il y en a d'autres qui ont entendu dire qu'il est écrit dans le Coran que Dieu se trouve partout. Pourtant ils ne peuvent pas exactement comprendre ce que cela veut dire. Ils pensent que Dieu entoure toute chose comme le feraient des ondes radio ou un gaz invisible et intangible.
En bref, ces croyances sont incapables de démontrer "où" Dieu se trouve et elles sont en réalité toutes fondées sur une erreur commune. Sur ce sujet, ces gens portent des préjugés qui n'ont aucun fondement et se font donc de fausses opinions sur Dieu.
Ces préjugés portent sur la nature et les caractéristiques de la matière. Nous sommes tellement conditionnés que nous ne nous demandons jamais si la matière existe vraiment ou si elle n'est qu'une ombre. La science moderne détruit ce préjugé et présente une réalité très importante. Dans les pages suivantes, nous allons essayer de clarifier cette grande réalité qui est dévoilée dans le Coran.
Toute l'information que nous possédons au sujet du monde dans lequel nous vivons nous est transmise par nos cinq sens. Le monde que nous connaissons consiste en ce que nos yeux voient, nos mains sentent, nos nez hument, nos langues goûtent et que nos oreilles entendent. Nous ne pensons jamais que le monde extérieur puisse être autre chose que ce que nos sens nous présentent, puisque depuis notre naissance nous sommes dépendants de ceux-ci.
Les recherches scientifiques modernes avancent une thèse très différente qui remet en cause notre perception du monde.
Cette thèse soutient que notre perception du "monde extérieur" est formée dans notre cerveau par des signaux électriques. C'est-à-dire que la rougeur des pommes, la solidité du bois, notre maison, notre famille et tout ce que nous possédons, et même les lignes de ce livre sont en réalité composées de signaux électriques.
Frederick Vester décrit le stade auquel la science est parvenue:
"Les propos de certains scientifiques déclarant que 'l'homme est une image, toute chose éprouvée est temporaire et fallacieuse, et cet Univers est une ombre' semblent être prouvés par la science moderne."14
Le fameux philosophe, George Berkeley commente ce sujet de la façon suivante:
"Nous croyons en l'existence des objets seulement parce que nous les voyons et nous les touchons, et parce qu'ils nous sont reflétés par nos sensations. Pourtant, nos perceptions ne sont que des idées formées dans notre esprit. C'est-à-dire que les objets que nous percevons ne sont en réalité rien d'autre que des idées qui existent seulement dans notre esprit... Puisque tout cela n'existe que dans l'esprit, il est clair que nous sommes trompés par des illusions quand nous imaginons que l'Univers et les choses peuvent avoir une existence autre que celle qui existe dans notre esprit. Donc, tout ce qui nous entoure n'existe que dans notre esprit."15
Afin d'éclaircir la question, considérons le sens qui nous fournit l'information la plus générale au sujet du monde extérieur, celui de la vue.
Même au moment où nous ressentons la lumière et la chaleur d'un feu, l'intérieur de notre cerveau est complètement sombre et sa température reste inchangée. |
Les faisceaux de lumière provenant d'un objet sont reflétés à l'envers sur la rétine. Ici, l'image est convertie en signaux électriques et est ensuite transmise au "centre visuel" qui se trouve au fond du cerveau. Puisque le cerveau est complètement isolé de la lumière, il est impossible que cette lumière atteigne ce centre visuel. Cela signifie que nous visualisons en fait un vaste monde de lumière et de profondeur à l’intérieur d’une tache minuscule qui est isolée de la lumière. |
L'action de voir est réalisée progressivement. Des faisceaux lumineux, les photons, se déplacent de l'objet observé vers l'œil. Ils passent à travers les lentilles qui se trouvent devant l'œil et sont alors réfractés. Ils tombent ensuite en se renversant sur la rétine qui se trouve derrière l'œil. C'est à ce niveau que la lumière se transforme en signaux électriques. Ces signaux sont ensuite transmis par les neurones à notre minuscule centre visuel situé au fond du cerveau. Dans ce centre, le signal électrique est perçu comme étant une image. En réalité, nous "voyons" dans cet endroit minuscule situé dans la partie postérieure du cerveau. Notons que cette partie est isolée de la lumière.
Reconsidérons maintenant ce processus apparemment ordinaire. Quand nous disons que "nous voyons", nous percevons en réalité les photons qui atteignent nos yeux et pénètrent notre cerveau après avoir été transformés en signaux électriques. Cela veut dire que quand nous disons: "nous voyons", nous observons en réalité les signaux électriques dans notre cerveau.
Toutes les images que nous percevons sont formées dans notre centre visuel qui n'occupe que quelques centimètres cubes du volume total de notre cerveau. Le livre que nous lisons en ce moment et le paysage illimité que nous voyons quand nous regardons l'horizon s'intègrent dans cet endroit minuscule. Il est important de souligner, comme nous venons de le faire, que le cerveau est isolé de toute lumière; son intérieur est donc totalement obscur. Il n'a donc aucun contact avec la lumière elle-même.
Nous pouvons illustrer cette situation intéressante par un exemple. Supposons que nous regardions une bougie allumée. Nous pouvons nous asseoir devant cette bougie et la regarder à une certaine distance. Pendant cette période, notre cerveau n'entre jamais en contact direct avec la lumière de la bougie. C'est-à-dire que même si nous voyons la lumière de la bougie, l'intérieur de notre cerveau reste complètement obscur. Nous contemplons donc un monde lumineux et coloré dans notre cerveau obscur.
R. L. Gregory donne l'explication suivante au sujet des aspects miraculeux de la vue:
"Nous sommes tellement habitués à l'acte de la vue qu'il nous faut développer notre imagination pour réaliser qu'il y a des problèmes à résoudre. Considérez que nous voyons des objets solides dans notre environnement en partant des images minuscules, déformées et à l'envers qui se trouvent dans nos yeux. Nous percevons un monde d'objets à partir des lignes de simulation qui se trouvent sur nos rétines. Ceci n'est pas moins qu'un miracle."16
La même situation s'applique à tous nos autres sens. L'ouïe, le toucher, le goût et l'odorat sont tous le résultat de signaux électriques transmis au cerveau et perçus dans les centres pertinents du cerveau.
Les stimuli provenant d'un objet sont convertis en signaux électriques et causent des réactions dans le cerveau. Quand nous "voyons", nous visualisons en réalité les effets de ces signaux électriques dans notre cerveau.
L'ouïe fonctionne d'une manière similaire à la vue. L'oreille externe capture les sons dans l'auricule et les dirige vers l'oreille centrale. L'oreille centrale transmet les vibrations produites par les sons à l'oreille interne en les intensifiant. L'oreille interne transforme ces vibrations en signaux électriques qu'elle envoie au cerveau. Tout comme dans le cas de la vue, l'acte d'entendre a en réalité lieu dans le centre auditif du cerveau. Le cerveau est isolé des sons tout comme il est isolé de la lumière. C'est-à-dire que quelle que soit l'intensité du bruit à l'extérieur, l'intérieur du cerveau lui est complètement silencieux.
Cependant, même les sons les plus subtils sont perçus par le cerveau. L'oreille d'une personne saine entend tout, sans aucun bruit ou aucune interférence atmosphérique. Dans notre cerveau, alors même qu'il est isolé du son, nous pouvons écouter les symphonies d'un orchestre, entendre les bruits d'une foule, percevoir tous les sons produits dans un intervalle aussi vaste que celui qui sépare le bruissement d'une feuille à celui du rugissement d'un avion. Pourtant, à ce moment-là, si le niveau de son dans notre cerveau était mesuré par un appareil sensible, on verrait qu'un silence complet y règne.
Notre sens de l'odorat est formé de façon semblable. Les molécules volatiles émises par une branche de vanille ou une rose atteignent les récepteurs qui se trouvent dans les poils délicats de l'épithélium du nez. Ils sont ensuite transformés en signaux électriques et transmis au cerveau où ils sont perçus sous la forme d'une odeur. Tout ce que nous sentons d'agréable ou de désagréable, n'est rien que la perception cérébrale de l'interaction de molécules volatiles après leur transformation en signaux électriques. Ainsi, nous percevons la senteur d'un parfum, d'une fleur, des aliments que nous préférons, de la mer ou d'autres odeurs encore que nous aimons ou détestons, dans notre cerveau. Les molécules elles-mêmes n'atteignent jamais le cerveau. Tout comme avec le son et la vision, ce sont seulement de simples signaux électriques qui arrivent à notre cerveau. Autrement dit, toutes les odeurs que nous avons associées – dès notre naissance – à des objets extérieurs ne sont que des signaux électriques que nous ressentons par l'intermédiaire de nos sens.
Tout ce que nous voyons durant nos vies se forme dans une partie du cerveau appelée "centre visuel". Ce centre se trouve au fond de notre cerveau et n’occupe que quelques centimètres de volume. A la fois, le livre que nous lisons maintenant et l'horizon illimité que nous voyons lorsque nous regardons au loin s'adaptent à cet espace minuscule. Par conséquent, nous voyons les objets non pas dans leurs dimensions réelles telles qu’elles existent à l’extérieur, mais dans des tailles perçues par notre cerveau.
Parallèlement, il existe quatre types différents de récepteurs chimiques sur le bout de notre langue. Ceux-ci se rapportent aux quatre perceptions du goût que nous pouvons ressentir: le salé, le sucré, l'amer et l'aigre. Nos récepteurs gustatifs transforment ces perceptions en signaux électriques suite à une chaîne de processus chimiques, et les transmettent au cerveau. Ces signaux sont perçus donc en tant que goût par le cerveau. Le goût que nous ressentons quand nous mangeons du chocolat ou un fruit qui nous plaît n'est en réalité que l'interprétation de signaux électriques par le cerveau. Nous n'atteignons donc jamais l'objet qui appartient au monde extérieur; en d'autres mots, nous ne voyons, ne sentons ni ne goûtons le chocolat réellement. Par exemple, si les nerfs gustatifs qui sont reliés au cerveau étaient coupés, le goût des choses que nous mangeons n'atteindrait jamais notre cerveau; nous perdrions alors complètement le sens du goût.
A ce stade, nous sommes obligés d'admettre un autre fait: nous ne pouvons donc jamais savoir si quelqu'un d'autre perçoit la couleur rouge ou entend une note de musique comme nous le faisons nous-mêmes.17
Notre toucher ne fait pas exception à cette règle. Lorsque nous touchons un objet, toute l'information qui nous aide à reconnaître le monde extérieur et les objets est transmise au cerveau par des nerfs sensitifs qui se trouvent sur la peau. Le toucher est donc formé dans notre cerveau. Contrairement à ce que nous croyons généralement, l'endroit où nous percevons notre sens du toucher n'est pas le bout de nos doigts ni notre peau, mais le "centre de perception du toucher" qui se trouve dans notre cerveau. C'est cette interprétation cérébrale des stimulations électriques qui atteignent notre cerveau, qui nous permet d'éprouver ces objets de manière différente et de sentir qu'ils sont, soit durs, mous, chauds ou froids. Nous dérivons tous les détails qui nous aident à reconnaître un objet à partir de ces stimuli. B. Russell et L. Wittgenstein, deux célèbres philosophes, s'expriment ainsi à ce sujet:
"Par exemple, qu'un citron ait vraiment existé ou non et la manière dont il a existé ne peut pas être remis en question et examinés. Un citron n'est qu'un goût éprouvé par la langue, une odeur ressentie par le nez, une couleur et une forme perçues par l'œil; et seules ces caractéristiques-ci peuvent être sujettes à un examen et une évaluation. La science ne peut jamais connaître réellement le monde physique."18
Il est donc impossible pour nous d'atteindre la connaissance du monde physique. Tous les objets qui se trouvent autour de nous ne sont qu'une série de perceptions telles que la vue, l'ouïe et le toucher. Notre cerveau, en traitant les données qu'il reçoit dans notre centre visuel et dans nos autres centres sensoriels, ne confronte jamais, et ceci durant toute notre vie, "l'original" de la matière existant à l'extérieur mais seulement la copie formée à l'intérieur de notre cerveau. Nous nous trompons donc constamment en supposant que ces copies sont en fait de la matière réelle.
En raison de ces stimuli artificiels, un monde physique aussi vrai et réaliste que le monde réel peut être formé dans notre cerveau, et ceci sans que le monde physique existe réellement. Grâce à ces stimuli artificiels, une personne peut s'imaginer conduire une voiture, alors qu'elle est en réalité assise tranquillement chez elle. |
De tous les faits physiques décrits jusqu'ici, nous pouvons déduire la chose suivante: tout ce que nous voyons, touchons, entendons et percevons comme étant de "la matière", de la "Terre" ou de "l'Univers" ne sont en fait que des signaux électriques qui se produisent dans notre cerveau.
Celui qui mange un fruit n'est donc pas confronté au fruit réel mais à une perception formée dans notre cerveau. L'objet considéré par la personne comme étant un fruit n'est en fait qu'une impression électrique, qui a lieu dans le cerveau et qui a la forme, le goût, l'odeur et la structure de ce fruit. Si les nerfs optiques reliés au cerveau étaient soudainement coupés, l'image de ce fruit disparaîtrait aussitôt. Une déconnexion du nerf reliant les senseurs nasaux et le cerveau anéantirait complètement notre odorat. En bref, le fruit n'est rien d'autre que l'interprétation de signaux électriques par le cerveau.
Un autre aspect intéressant est le sentiment de distance. Par exemple, la distance qui se trouve entre vous et ce livre n'est en réalité qu'un sentiment d'espace formé dans votre cerveau. Les objets qui paraissent distants à la vue de quelqu'un existent aussi dans le cerveau. Celui qui regarde les étoiles dans le ciel croit qu'elles sont à une distance de millions d'années lumière. Pourtant, ce qu'il "voit" vraiment ce sont les étoiles qui sont en lui-même, dans son centre visuel. Quand vous lisez ces lignes, vous ne serez pas en réalité dans la pièce où vous croyez vous trouver, la pièce est en vous. Le fait que vous puissiez voir votre propre corps vous pousse à penser que vous êtes à l'intérieur de celui-ci. Pourtant, vous devez vous souvenir que votre corps est aussi une image formée dans votre cerveau.
Ceci est également vrai pour tous nos autres sens. Par exemple, lorsque nous croyons entendre le son de la télévision dans une pièce voisine, nous n'entendons en réalité que le son réfléchi dans notre cerveau. Nous ne pouvons ni prouver l'existence de la pièce voisine ni que le son vienne réellement de la télévision qui se trouve dans ladite pièce. Le raisonnement est le même lorsque nous entendons un son à plusieurs mètres de distance ou lors d'une conversation entre deux personnes; tout ceci en réalité ne représente que des perceptions de l'information contenue dans notre centre auditif qui ne mesure que quelques centimètres xxcarrés dans notre cerveau. Aucun concept comme la droite, la gauche, le devant ou le derrière n'existe excepté dans ce centre de perception. En d'autres termes, le sentiment que le son nous parvient de la droite ou de la gauche n'est qu'une perception; il n'existe aucune direction d'où provient le son.
Il en est de même pour les odeurs que nous percevons; aucune ne nous parviendra de loin. Nous sommes tous convaincus que le résultat final formé dans notre centre olfactif est la vraie odeur des objets du monde extérieur. Pourtant, tout comme l'image d'une rose est dans notre centre visuel, l'odeur d'une rose l'est dans notre centre olfactif; il n'existe en réalité ni rose ni odeur qui appartienne au monde extérieur.
Les découvertes de la physique moderne démontrent que l'Univers n’est qu’une accumulation de perceptions. Une question est apparue sur la couverture d’un magazine scientifique américain bien connu: le New Scientist, qui a étudié ce thème dans son numéro du 30 janvier 1999. La question posée était: "Audelà de la réalité: l'Univers est-il vraiment un amas d'information primaire et la matière juste un mirage?" |
Le "monde extérieur" que nous percevons n'est qu'une simple série de signaux électriques parvenant à notre cerveau. Durant toute notre vie, notre cerveau traite ces signaux et en tire de l'information. Quant à nous, nous vivons sans savoir que nous sommes constamment induits en erreur, en croyant que ce sont les versions originales des êtres existant dans le "monde extérieur". Nous sommes trompés car nous n'atteignons jamais la matière elle-même autrement que par l'intermédiaire de nos sens.
De plus, notre cerveau interprète et attribue un certain sens aux signaux que nous tenons pour être le "monde extérieur". Examinons par exemple notre sens auditif. Notre cerveau transforme les ondes sonores du monde extérieur en quelque chose d'harmonieux, telle une symphonie. La musique est donc aussi une perception créée par notre cerveau. Même les couleurs qui parviennent à nos yeux ne sont que de simples signaux électriques aux longueurs d'ondes diverses. Notre cerveau transforme donc ces signaux en couleurs. Il n'existe aucune couleur dans le "monde extérieur". La pomme n'est pas rouge, le ciel n'est pas bleu, les arbres ne sont pas verts. Ils sont ainsi car nous les percevons de cette manière. Le monde extérieur dépend entièrement de celui qui le perçoit.
Un simple handicap, tel qu'un défaut sur la rétine de l'œil cause le daltonisme. Certaines personnes perçoivent donc du bleu comme étant du vert ou du rouge comme étant du bleu; d'autres perçoivent toutes les couleurs comme étant des dégradés de gris. Ainsi, ce n'est pas important si l'objet extérieur est coloré ou non.
Berkeley, un éminent philosophe, a également attiré notre attention sur cette vérité:
"Au début, on croyait que les couleurs, les odeurs etc. 'existaient vraiment', mais ces hypothèses ont été abandonnées par la suite, et l'on a compris qu'elles existaient seulement en fonction de nos sensations."19
En conclusion, nous voyons des objets colorés non pas parce qu'ils sont colorés et non pas parce qu'ils ont une existence matérielle indépendante et extérieure à nous-mêmes. La vérité concernant la matière est que toutes les qualités que nous attribuons aux objets sont en réalité dans notre intérieur et non pas dans un "monde extérieur".
Que Reste-t-il Donc de ce "Monde Extérieur"?
Jusqu'à présent, nous avons constamment mentionné la notion d'un "monde extérieur" et celle d'un monde de perceptions formé dans nos cerveaux, qui est en réalité celui que nous connaissons. Pourtant, puisque nous ne pouvons jamais réellement atteindre le "monde extérieur", comment pouvons-nous être totalement sûrs qu'un tel monde existe vraiment?
A vrai dire, nous ne le pouvons pas. Puisque chaque objet n'est qu'une série de perceptions et que celles-ci existent seulement dans notre cerveau, il est plus correct de dire que le seul monde qui existe vraiment est celui de nos perceptions. En d'autres termes, le seul monde que nous connaissons est celui qui existe dans notre cerveau: ce monde est conçu, enregistré et rendu vivant précisément à cet endroit-là. Pour résumer, ce monde est créé à l'intérieur de notre cerveau et il est en réalité l'unique monde dont nous pouvons être sûrs.
Nous ne pouvons donc jamais prouver que toutes ces perceptions que nous observons dans notre cerveau ont des corrélatifs matériaux. Ces perceptions pourraient en théorie provenir d'une source artificielle.
Il est d'ailleurs possible d'observer cela. Nous savons que de faux stimuli peuvent produire dans notre cerveau un "monde matériel" entièrement imaginaire. Imaginons par exemple un magnétophone très développé avec lequel nous pourrions enregistrer toutes sortes de signaux électriques différents. D'abord, nous transmettrions toute l'information concernant une scène quelconque (en incluant l'image d'un corps) à cet instrument en la transformant en signaux électriques. Puis, imaginons que le cerveau peut survivre séparément du corps. La dernière étape serait de connecter l'enregistreur au cerveau à l'aide d'électrodes qui auraient la même fonction que les nerfs et d'envoyer l'information préenregistrée au cerveau. De cette manière, nous nous retrouverions dans une scène créée totalement artificiellement. Nous pourrions par exemple être amenés à conduire rapidement sur une autoroute. Il ne nous serait jamais possible de réaliser que nous ne sommes constitués de rien sauf d'un cerveau. La raison en est que, ce dont nous avons besoin pour former un monde dans notre cerveau, n'est pas l'existence d'un monde réel mais plutôt celle de stimuli. Il est donc parfaitement possible que ces stimuli nous parviennent d'une source artificielle, tel qu'un magnétophone par exemple.
Lisons ce que Bertrand Russell, philosophe renommé, a écrit à ce sujet:
"Ce sens du toucher, que nous ressentons lorsque nous appuyons nos doigts sur une table, n'est qu'une perturbation électrique qui agit sur les électrons et protons dont nos doigts sont composés, et causée, conformément à la physique moderne, par la proximité des électrons et protons de la table. Si cette même perturbation sur le bout de nos doigts se produisait d'une autre manière, nous devrions avoir des sensations, et ceci bien qu'il n'y ait pas de table."20
Il est en effet pour nous très facile de nous laisser induire en erreur en pensant que ces perceptions sont réelles, alors qu'elles n'ont aucun corrélatif matériel. Nous éprouvons d'ailleurs très souvent ce sentiment dans nos rêves, pendant lesquelles nous vivons des événements, voyons des personnes, des objets et des scènes qui nous paraissent complètement réels. Pourtant, ce ne sont que des perceptions. Il n'existe aucune différence fondamentale entre un rêve et le "monde réel"; tous deux se passent dans le cerveau.
Comme nous l'avons dit jusqu'ici, cela ne fait donc aucun doute que le monde dans lequel nous croyons vivre et que nous nommons "monde extérieur" soit perçu dans notre cerveau. Pourtant, une question d'importance primordiale doit être posée à ce stade: si tous les événements physiques que nous connaissons sont des perceptions intrinsèques à notre cerveau, qu'est-ce donc alors que notre cerveau? Puisque notre cerveau fait partie du monde physique, tout comme nos bras, nos jambes ou tout autre objet, pourquoi ne serait-il pas une perception lui aussi?
Pour mieux nous éclairer à ce sujet, reprenons l'exemple des rêves. Imaginons que nous voyons un rêve dans notre cerveau conformément à ce que nous avons dit jusqu'ici. Dans ce rêve, nous aurions un corps imaginaire, un bras imaginaire, un œil imaginaire, et un cerveau imaginaire. Si, pendant ce rêve, quelqu'un nous demandait: "Où vois-tu?", nous répondrions: "Je vois dans mon cerveau". Pourtant, il n'existe en vérité aucun cerveau qui vaille la peine d'être mentionné, mais seulement une tête et un cerveau imaginaires. Celui qui voit les images n'est pas le cerveau imaginaire du rêve, mais un "être" qui est de loin "supérieur" à lui.
Nous savons maintenant, qu'il n'existe aucune distinction physique entre une scène onirique et une scène que nous appelons "vie réelle". C'est ainsi que si l'on nous posait dans une scène de la vie réelle la même question, à savoir "où voyez-vous?", cela ne servirait à rien de répondre "dans notre cerveau" comme c'était le cas dans l'exemple ci-dessus. Dans les deux cas, l'entité qui voit et qui perçoit n'est pas le cerveau, qui n'est après tout qu'un morceau de chair.
Si nous analysons un cerveau, nous remarquons qu'il n'est constitué que de lipides et de protéines, qui existent d'ailleurs aussi dans d'autres organismes vivants. Cela signifie que dans ce morceau de chair appelé "cerveau", il n'existe rien qui pourrait observer des images, constituer une conscience ou créer cet être que nous appelons le "moi".
R. L. Gregory explique cette erreur que les gens font fréquemment lorsqu'ils se reportent aux perceptions visuelles du cerveau:
"Il existe une tentation, qui doit être éludée d'ailleurs, de dire que ce sont les yeux qui produisent les images dans le cerveau. L'idée d'une image dans le cerveau suggère la présence d'une sorte d'œil intérieur pour la voir - mais ceci nécessiterait la présence d'un autre œil pour voir cette image... et ce processus continuerait ainsi en une régression infinie d'yeux et d'images. C'est absurde."21
C'est ce point-ci qui crée un dilemme pour les matérialistes, qui affirment que seule la matière est vraie: à qui appartient donc cet "œil intérieur" qui voit, qui perçoit ce qu'il voit et qui réagit?
Le cerveau est une série de cellules composées de protéine et des molécules de graisse. Il est constitué de cellules nerveuses appelées neurones. Ce morceau de viande n'a aucun pouvoir pour observer des images, pour constituer une conscience ni pour créer l'être que nous appelons le "moi".
Karl Pribram s'est également concentré sur l'importante question de savoir qui perçoit réellement, et ceci au sein du monde de la science et de la philosophie:
"Depuis les Grecs, les philosophes n'ont cessé de penser 'à ce fantôme dans la machine', 'à ce petit homme dans le petit homme' etc. Où se trouve le 'je', la personne qui utilise son cerveau? Qui est-il celui qui réalise le fait de savoir? Tout comme saint François d'Assises le dit: 'Ce que nous recherchons est celui qui voit.'22
Réfléchissons un peu maintenant: ce livre qui est entre nos mains, la pièce dans laquelle nous nous trouvons, en bref toutes les images qui nous font face sont vues dans notre cerveau. Sont-ce les atomes qui voient ces images? Des atomes sourds, muets et inconscients? Pourquoi certains atomes auraient-ils acquis cette qualité alors que d'autres ne l'auraient pas? Est-ce que les actes de penser, de comprendre, de se souvenir, d'être heureux ou malheureux ou tout autre acte, consistent en des réactions électrochimiques entre ces atomes?
Si nous réfléchissons calmement à ces questions, nous constatons qu'il est ridicule de chercher une volonté quelconque dans les atomes. Il est clair que celui qui voit, qui entend et qui sent est un être supra-matériel. Cet être est bel et bien "vivant" et n'est ni de la matière, ni une image de cette matière. Cet être s'associe à des perceptions qui lui font face en se servant de l'image de notre corps.
Cet être Est Notre "âme".
Cet agrégat de perceptions que nous appelons "monde matériel" n'est en réalité rien d'autre qu'un rêve observé par cette âme. Tout comme le corps que nous possédons, le monde matériel que nous percevons dans nos rêves n'existe pas réellement; l'Univers dans lequel nous habitons et le corps que nous possédons n'ont pas non plus une réalité matérielle.
L'être réel est notre âme. La matière ne consiste qu'en de simples perceptions envisagées par notre âme. Les êtres intelligents qui écrivent et lisent ces lignes ne sont pas juste un amas d'atomes, de molécules et de réactions chimiques qu'ils partagent, mais des "âmes".
Si nous réfléchissons profondément sur tout ce qui est dit ici, chacun réalisera bientôt ce fait stupéfiant et extraordinaire par lui-même: tous les événements du monde ne sont que de l'imagination… |
Tous ces faits nous obligent à affronter une question très importante. Si ce que nous considérons comme étant le monde matériel n'est qu'un amas de perceptions vues par notre esprit, mais alors quelle est la source de ces perceptions?
Pour répondre à cette question, nous devons tout d'abord considérer le point suivant: la matière n'a pas d'existence indépendante. Puisque la matière est une perception, elle est en quelque sorte "artificielle". En d'autres mots, cette perception doit être causée par une autre force, ce qui revient à dire qu'elle a dû être créée. En outre, cette création se doit d'être continue. S'il n'existait aucune création continue et cohérente, tout ce que nous appelons matière disparaîtrait. Nous pourrions comparer cette situation à une télévision où une image est montrée aussi longtemps que le signal continue à être diffusé. Mais alors, qui est-ce qui permet à nos âmes d'observer les étoiles, le monde, les plantes, les gens, nos corps et toutes les autres choses que nous voyons?
Il est évident qu'il existe un Créateur, qui a créé l'Univers entier, c'est-à-dire la somme de toutes ces perceptions et qui continue sans cesse d'œuvrer sur Sa création. Puisque ce Créateur nous dévoile une création si magnifique, Il doit sûrement détenir une force et une puissance éternelles.
Ce Créateur s'est Lui-même présenté à nous. Il a fait descendre un livre sur terre et, à travers ce livre Il a Lui-même décrit, l'homme, l'Univers et la raison de notre existence.
Ce Créateur est Dieu et Son Livre est le Coran.
Les vérités qui nous conduisent à penser que les cieux et la terre, c'est-à-dire l'Univers, ne sont pas stables, que leur présence n'est possible que parce que Dieu les a créés, et qu'Il les fera disparaître quand Il mettra fin à Sa création, sont toutes expliquées dans le verset suivant:
Allah retient les cieux et la terre pour qu'ils ne s'affaissent pas. Et s'ils s'affaissaient, nul autre après Lui ne pourra les retenir. Il est Indulgent et Pardonneur. (Surat Fatir: 41)
Comme nous l'avons mentionné au début, certaines personnes n'ont pas une compréhension véritable et sincère de Dieu. C'est pourquoi, elles L'imaginent comme un être qui est présent quelque part dans les cieux mais qui n'intervient pas du tout dans les affaires de ce monde. Les fondements de cette logique résident dans la croyance que l'Univers n'est qu'un ensemble de matière et que Dieu se trouve "en dehors" de ce monde matériel, dans un endroit retiré. Dans certaines religions erronées, la croyance en Dieu se limite à cette compréhension.
Pourtant, comme nous venons de l'indiquer, la matière n'est composée que de sensations. Et l'unique être réel absolu est Dieu. Cela veut dire que seul Dieu existe; toutes les autres choses ne sont en réalité que des ombres. De cette manière, il est impossible de concevoir Dieu comme étant séparé et en dehors de toute cette masse de matière. Dieu est sans aucun doute "partout" et Il inclut toute chose. Cette vérité est d'ailleurs expliquée dans le Coran de la façon suivante:
Allah! Point de divinité à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par lui-même "al-Qayyum". Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. A lui appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, ils n'embrassent que ce qu'Il veut. Son Trône "Kursiy" déborde les cieux et la terre, dont la garde ne Lui coûte aucune peine. Et Il est le Très Haut, le Très Grand.. (Surat al-Baqarah: 255)
Un autre verset du Coran mentionne de plus que Dieu est indépendant de l'espace et qu'Il inclut de manière indirecte toute chose:
A Allah seul appartiennent l'Est et l'Ouest. Où que vous vous tourniez, la Face (direction) d'Allah est donc là, car Allah a la grâce immense; Il est Omniscient. (Surat al-Baqarah: 115)
Puisque chaque être matériel est une perception, personne ne peut voir Dieu; mais Dieu voit la matière qu'Il a créée sous toutes ses formes. Nous pouvons lire dans le Coran: "Les regards ne peuvent l'atteindre, cependant qu'Il saisit tous les regards. Et Il est le Doux, le Parfaitement Connaisseur." (Surat al-An'am: 103)
Ainsi nous ne pouvons pas comprendre l'existence de Dieu à l'aide de nos yeux, mais nous savons que Dieu inclut entièrement notre être intérieur et extérieur, nos regards et nos pensées. Nous ne pouvons ni prononcer un mot, ni même respirer sans qu'Il le sache.
Bien que nous ressentions ces perceptions sensorielles tout au long de nos vies, l'être le plus proche de nous n'est aucunement une de ces sensations, mais bien Dieu Lui-même. Le verset suivant nous dévoile le secret de cette réalité: "Nous avons effectivement créé l'homme et Nous savons ce que son âme lui suggère et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire." (Surat Qaf: 16)
Lorsqu'une personne pense que son corps n'est composé que de "matière", elle ne peut en aucun cas comprendre cette vérité qui est pourtant si importante. Si elle considère son cerveau comme étant "soi-même", l'endroit qu'elle considère comme étant extérieur à elle n'est alors éloigné que de 20 à 30 cm. Quand elle comprend que la matière n'existe pas mais que chaque chose n'est en réalité que le résultat de sa propre imagination, les notions comme le dehors, le dedans, le lointain ou le proche perdent tout leur sens. Dieu l'entoure complètement et Il est "infiniment proche" d'elle.
Dans le verset suivant, Dieu met en évidence Sa proximité avec les hommes:
Et quand Mes serviteurs t'interrogent sur Moi.. alors Je suis tout proche... (Surat al-Baqarah: 186)
Il l'affirme également dans un autre verset:
Et lorsque Nous te disions que ton Seigneur cerne tous les gens (par Sa puissance et Son savoir). Quant à la vision que Nous t'avons montrée, Nous ne l'avons faite que pour éprouver les gens, tout comme l'arbre maudit mentionné dans le Coran. Nous les menaçons; mais cela ne fait qu'augmenter leurs grande transgression. (Surat al-Isra: 60)
L'homme est donc induit en erreur lorsqu'il pense que son être représente la chose la plus proche de lui-même. Car Dieu est assurément plus proche de nous que nous le sommes de nous-mêmes. Il attire notre attention sur ce point dans le verset suivant:
Lorsque le souffle de la vie remonte à la gorge (d'un moribond), et qu'à ce moment-là vous regardez, et que Nous sommes plus proche de lui que vous [qui l'entourez] mais vous ne [le] voyez point. (Surat al-Waqi’a: 83-85)
Comme ce verset nous l'indique, les gens vivent sans prendre connaissance de ce fait phénoménal probablement parce qu'ils ne l'observent pas avec leurs propres yeux.
D'un autre côté, il est complètement impossible pour l'homme, qui n'est rien qu'un être d'ombre, d'avoir une force et une volonté indépendantes de Dieu. Du reste, le 96ème verset de la sourate as-Saffat, "... c'est Allah qui vous a créés, vous et ce que vous fabriquez", démontre bien que tout se produit sous le contrôle de Dieu. Dans le Coran, cette réalité est déclarée dans le verset suivant:
Ce n'est pas vous qui les avez tués: mais c'est Allah qui les a tués... (Surat al-Anfal: 17)
Cette sourate indique donc bien que rien n'est indépendant de Dieu. Puisque l'humain est un être d'ombre, il ne peut accomplir le fait de par lui-même. Pourtant, Dieu a doté cet être d'ombre du sentiment de "soi". En réalité, c'est Dieu qui accomplit tous les actes. Ainsi, si quelqu'un considère les actes qu'il accomplit comme étant les siens, il se tromperait fortement.
Ceci est la réalité. Une personne peut bien ne pas vouloir accepter cette vérité et se considérer comme un être indépendant de Dieu, cela n'y change rien, car même son déni imprudent se produit aussi grâce à la volonté et à la puissance de Dieu.
C'est donc un fait reconnu scientifiquement que le "monde extérieur" n'a pas une réalité matérielle et qu'il n'est qu'un ensemble d'images présentées continuellement à notre âme par Dieu. Néanmoins, certaines personnes n'incluent pas ou plutôt généralement ne veulent pas tout inclure dans le concept de "monde extérieur".
Réfléchissons à ce sujet d'une manière sincère et courageuse. Nous nous rendrons compte que notre maison, nos meubles, notre voiture – que nous venons peut-être d'acheter – notre bureau, nos bijoux, notre compte bancaire, notre garde-robe, notre époux, nos enfants, nos collègues et tout ce que nous possédons sont en réalité inclus dans ce monde extérieur imaginaire qui est projeté à notre être. Tout ce que nous voyons, entendons, sentons – en d'autres termes – percevons autour de nous grâce à nos cinq organes sensoriels fait partie de ce "monde imaginaire": la voix de notre chanteur favori, la dureté de la chaise sur laquelle nous sommes assis, un parfum dont nous aimons l'odeur, le soleil qui nous tient chaud, une fleur aux belles couleurs, un oiseau passant devant notre fenêtre, une vedette naviguant à toute allure sur l'eau, la terre fertile de notre jardin, l'ordinateur que nous employons pour notre travail ou encore notre hi-fi dernier cri...
Ceci est la réalité, car le monde n'est qu'une série d'images créées pour mettre l'homme à l'épreuve. Les gens sont mis à l'épreuve durant leur courte vie par des perceptions qui n'existent pas. Ces perceptions nous sont bien évidemment présentées, et ceci intentionnellement, comme attrayantes et séduisantes. Ce fait est du reste lui aussi mentionné dans le Coran:
On a enjolivé aux gens l'amour des choses qu'ils désirent: femmes, enfants, trésors thésaurisés d'or et d'argent, chevaux marqués, bétail et champs; tout cela est l'objet de jouissance pour la vie présente, alors que c'est près d'Allah qu'il y a bon retour. (Surat Ali-Imran: 14)
A cause de l'attrait que peuvent procurer la richesse, les magots entassés d'or et d'argent, les dollars, les bijoux, les comptes bancaires, les cartes de crédit, les garde-robes pleines de vêtements, les voitures dernier modèle; en d'autres termes, à cause de toutes les formes de prospérité qu'elles possèdent déjà ou essaient de posséder, de nombreuses personnes négligent leur religion. Ces gens se concentrent donc seulement sur ce monde et oublient l'Au-delà. Ils sont induits en erreur par l'aspect "beau et attirant" de cette vie. Ainsi, négligent-ils de faire la prière, de donner l'aumône aux pauvres et d'accomplir l'adoration qui les feront prospérer dans l'Au-delà. Au lieu de cela, ils s'exclament: "J'ai des idéaux", "j'ai des responsabilités", "je n'ai pas assez de temps", "j'ai des affaires à compléter" ou "je ferai cela plus tard". Ils passent leur vie à essayer de prospérer uniquement sur cette terre. Dans le verset "ils connaissent un aspect de la vie présente, tandis qu'ils sont inattentifs à l'au-delà" (Surat ar-Rum: 7), cette fausse perception est clairement décrite.
Le fait que nous décrivons dans ce chapitre, notamment que tout ne consiste qu'en une image, est fondamental car ses implications ôtent tout sens à toutes les passions et à de nombreux désirs. La vérification de ce fait prouve que ce que les gens possèdent ou tentent de posséder – leur fortune acquise par avidité, leurs enfants dont ils se vantent, leurs époux ou épouse qu'ils considèrent proche d'eux-mêmes, leurs amis, leur corps qui leur sont chers, leur statut social qu'ils utilisent pour se distinguer les uns des autres, les écoles dont ils sont sortis diplômés, les vacances qu'ils passent – ne sont rien qu'une illusion. C'est pourquoi tous ces efforts, tout ce temps dépensé, toute cette avidité s'avèrent être sans importance.
Ceci explique aussi pourquoi certaines personnes sont induites en erreur de façon inconsciente. En se vantant de la sorte de leur fortune, de leurs propriétés ou de leurs yachts, elles agissent comme si toutes ces choses existaient réellement. Ces personnes riches ou aisées, qui voyagent dans leurs yachts d'une manière ostentatoire, qui montrent fièrement leurs nouvelles voitures, qui parlent sans cesse de leur fortune, qui estiment que leurs possessions les mettent à un niveau plus élevé que tous les autres et qui en plus pensent avoir réussi grâce à tout cela, devraient plutôt penser à la situation dans laquelle elles se trouveront lorsqu'elles se rendront compte que tout ce succès n'était en fait qu'une pure illusion.
Ces scènes sont la plupart du temps aussi rencontrées dans les rêves. Dans leurs songes, ces gens ont aussi des maisons, des voitures rapides, des bijoux extrêmement précieux, des piles de dollars et des lingots d'or et d'argent. Dans leurs rêves, ils appartiennent également à la classe supérieure, possèdent des usines et ont le privilège de régner sur des milliers d'ouvriers, mettent des habits que tout le monde souhaiterait porter. Comme chaque personne, qui à son réveil oserait se vanter de toutes ces possessions imaginaires, se verrait ridiculisée, il en va de même pour celui qui se vante des images qu'il voit dans ce monde. Ce qu'il voit dans ses rêves et dans ce monde ne représente que des images créées dans son cerveau.
D'une manière similaire, la réaction des gens face à des événements qu'ils vivent dans ce monde les rendra honteux lorsqu'ils se rendront compte de la réalité. Ceux qui se disputent violemment, ceux qui s'emportent furieusement, s‘escroquent, se soudoient, commettent des falsifications, mentent, comptent avidement leur argent, font du mal aux gens, maltraitent et maudissent les autres, se mettent en colère, ne pensent qu'à leur statut et à leur rang, sont envieux et se vantent, seront totalement déshonorés lorsqu'ils réaliseront que tout ces actes accomplis n'étaient qu'un rêve.
Puisque c'est Dieu qui crée toutes ces images, Il est le Seul et l'Unique Possesseur de toute chose. Ce fait est d'ailleurs souligné dans le Coran:
C'est à Allah qu'appartient tout ce qui est dans les cieux et sur la terre. Et Allah embrasse toute chose (de Sa science et de Sa puissance). (Surat an-Nisa: 126)
C'est donc une pure folie que de mettre la religion de côté au nom de passions imaginaires et de perdre ainsi la vie éternelle qui signifierait une privation éternelle.
A ce stade, il nous faut souligner un point important: nous ne sommes pas en train de dire ici que "les possessions, la fortune, les enfants, l'époux et l'épouse, les amis, le rang que vous avez vont disparaître tôt ou tard, et qu'ils n'ont donc aucun sens", mais nous indiquons que "toutes les possessions que vous croyez avoir n'existent pas réellement et qu'elles sont seulement des rêves composés d'images que Dieu nous montre pour nous mettre à l'épreuve". Comme vous pouvez le constater, il existe une grande différence entre ces deux phrases.
Même si quelqu'un ne veut pas admettre cela tout de suite et se laisse induire en erreur en supposant que tout ce qu'il possède existe vraiment, chacun finira par mourir et, dans l'Au-delà, au moment où nous serons tous recréés tout deviendra alors clair. Ce jour-là, "la vue est perçante" (Surat Qâf, 22) et nous verrons tout plus intelligiblement. Et à ce moment, si nous avons passé notre vie entière à courir après des buts imaginaires, nous souhaiterons n'avoir jamais vécu cette vie et dirons: "Hélas, comme j'aurais souhaité que [ma première mort] fût la définitive. Ma fortune ne ma servi à rien. Mon autorité est anéantie et m'a quitté!" (Surat al-Haqqah: 27-29)
C'est pourquoi ce que devrait faire tout homme sage, et ceci pendant qu'il en a encore le temps, serait d'essayer de comprendre la réalité de l'Univers alors qu'il est sur terre. Autrement, il passera toute sa vie à courir après des rêves et sera obligé d'affronter à la fin un châtiment très grave. L'état final – auquel ces personnes qui courent toute leur vie après des illusions (ou des mirages) dans ce monde et oublient leur Créateur – seront confrontées, est décrit dans le verset suivant:
Quant à ceux qui ont mécru, leurs actions sont comme un mirage dans une plaine désertique que l'assoiffé prend pour de l'eau. Puis quand il y arrive, il s'aperçoit que ce n'était rien; mais y trouve Allah qui lui règle son compte en entier, car Allah est prompt à compter. (Surat an-Nur: 39)
Dès le début de ce chapitre, nous avons clairement déclaré que la matière n'a pas d'être absolu contrairement à ce que prétendent les matérialistes, mais qu'elle est plutôt une série d'impressions sensorielles créées par Dieu. Les matérialistes refusent cette réalité évidente d'une manière extrêmement dogmatique et avancent des antithèses sans fondement. A lui seul, ce fait détruit leur philosophie.
George Politzer, un marxiste ardent et un des plus grands avocats de la philosophie matérialiste du 20ème siècle, a donné "l'exemple du bus" comme étant "la plus grande preuve" de l'existence de la matière. Selon Politzer, les philosophes qui pensent que la matière n'est qu'une perception, s'enfuissent aussi vite que possible lorsqu'ils voient un bus qui est sur le point de les écraser. Pour lui, c'est une preuve de l'existence physique de la matière.23
Lorsqu'on a dit au célèbre matérialiste Johnson, que la matière n'était qu'une série de perceptions, il essaya de "prouver" l'existence physique des pierres en leur donnant un simple coup de pied.24
Un exemple semblable est donné par Friedrich Engels, le mentor de Politzer et le co-fondateur du matérialisme dialectique avec Marx. Il a écrit: "Si les gâteaux que nous mangeons n'étaient que de simples perceptions, notre appétit ne serait pas satisfait."25
Beaucoup d'autres exemples similaires existent dans les livres des célèbres matérialistes qu'ont été Marx, Engels, Lénine etc. ainsi que quelques phrases outrageuses telles que "vous comprenez l'existence de la matière quand on vous donne une gifle sur le visage".
La raison pour laquelle ces matérialistes donnent des exemples de ce genre-là est qu'ils interprètent l'explication "la matière est une perception" comme "la matière est un jeu de lumière". Ils pensent donc que la perception est limitée à la vue et que les autres sens tels que le toucher comporte des corrélatifs physiques. Ainsi, un bus qui écrase un homme leur fait dire: "Regardez, il l'a écrasé, ce n'est donc pas une perception." Ils ne comprennent pas, que toutes les perceptions ressenties lors d'un accident de bus, comme la dureté du choc, la collision et la souffrance, naissent également dans notre cerveau.
LE MONDE DANS LES REVES Pour nous, la réalité signifie tout ce qui peut être touché avec la main et vu avec l'oeil. Dans nos rêves, nous pouvons également "toucher avec notre main et voir avec notre oeil", alors qu’il n’existe en fait ni main, ni oeil, ni même quelque chose qui pourrait être touché ou perçu. Aucune réalité matérielle excepté notre cerveau ne peut produire ces choses. Nous sommes tout simplement induits en erreur. | |
Mais où se situe donc la ligne qui sépare la vie réelle de celle de nos rêves? En fin de compte, ces deux formes de vie se passent à l’intérieur de notre cerveau. Si nous pouvons si facilement vivre dans un monde irréel lorsque nous rêvons, il en va de même pour le monde dans lequel nous vivons lorsque nous sommes éveillés. Quand nous sortons d'un rêve, il n'existe aucune raison logique qui nous empêche de penser que nous rentrons alors dans un plus long rêve appelé: "vie réelle". La raison pour laquelle nous considérons le rêve comme faisant partie d’un monde de fées et notre monde comme étant "réel" n’est que la conséquence de nos habitudes et de nos préjugés. Ceci nous suggère que nous pouvons donc nous réveiller de la vie que nous menons sur terre, tout juste comme nous pouvons sortir d'un rêve. |
Le meilleur exemple pour expliquer cette réalité est le rêve. Une personne peut vivre des événements très réalistes pendant son rêve. Elle peut tomber d'un escalier et se casser une jambe, avoir un grave accident de voiture, être écrasée par un bus ou encore manger un gâteau et se sentir rassasiée. Des événements semblables à ceux vécus dans nos vies quotidiennes sont également éprouvés dans nos rêves. Ils procurent la même sensation de persuasion du réel que dans la réalité et ils éveillent des sentiments identiques.
En rêve, une personne peut donc se voir écrasée par un bus, rouvrir ses yeux dans un hôpital et comprendre qu'elle est devenue infirme, alors qu'il ne s'agit là que d'une perception. Elle peut aussi rêver qu'elle meurt lors d'un accident de voiture, que les anges de la mort prennent son âme et que sa vie dans l'Au-delà commence. (Cet événement peut être éprouvé de la même manière dans la vie, qui, comme le rêve, n'est qu'une perception.)
Cette personne perçoit ainsi très finement les images, les sons, la solidité, la lumière, les couleurs et toutes les autres perceptions de l'événement qu'elle a éprouvé dans son rêve. Les sensations qu'elle éprouve pendant son rêve sont donc tout aussi naturelles que celles éprouvées dans la vie "réelle". Le gâteau qu'elle mange dans son rêve la satisfait tout autant, bien que ce soit seulement une perception du rêve, car le fait d'être rassasié est aussi une perception. Pourtant, à ce moment-là cette personne est en réalité couchée sur son lit. Il n'existe ni escalier, ni circulation et ni bus à considérer. Le rêveur a des sentiments et ressent des perceptions qui n'existent pas dans le monde extérieur. Le fait même que dans nos rêves, nous éprouvions, voyions et sentions des événements qui n'ont aucun corrélatif physique dans le "monde extérieur", révèle très clairement que ce "monde extérieur" qui constitue nos vies en état d'éveil n'est également qu'une perception.
Ceux qui croient à la philosophie matérialiste, et tout particulièrement les marxistes, sont furieux lorsqu'on leur parle de la réalité de l'essence de la matière. Ils citent des exemples de raisonnement superficiel appartenant à Marx, à Engels ou à Lénine et font des déclarations émotionnelles.
Pourtant, ces personnes devraient penser au fait qu'elles pourraient aussi faire les mêmes déclarations dans leurs rêves. Dans leurs rêves, elles pourraient aussi lire Das Kapital (Le Capital), participer à des réunions, se battre avec la police, recevoir des coups sur la tête et ressentir de la souffrance suite à leurs blessures. Cependant, et ceci est particulièrement important, si on le leur demandait pendant leurs rêves, elles penseraient que ce qu'elles ressentent aussi dans leurs rêves est de "la matière absolue", tout comme elles affirment que ce qu'elles voient quand elles sont réveillées est de "la matière absolue". Pourtant, tout ce que ces gens voient, éprouvent ou ressentent, que ce soit dans leurs rêves ou dans leurs vies quotidiennes, ne sont que des perceptions.
Considérons l'exemple donné par Politzer de l'accident de voiture. Si les nerfs de la personne écrasée, qui relient ses cinq sens à son cerveau, étaient connectés à ceux de quelqu'un d'autre – Politzer par exemple – par une connexion parallèle et ceci au moment où le bus avait heurté la personne; il heurterait de la même manière et en même temps Politzer qui serait alors tranquillement assis chez lui à ce moment-là. Toutes les sensations éprouvées par cette personne accidentée seraient également éprouvées par Politzer, tout juste comme une chanson que nous entendrions au moyen de deux haut-parleurs différents mais qui seraient connectés au même magnétophone. Politzer sentirait, verrait et éprouverait le freinage du bus. Il ressentirait le choc du véhicule contre son corps et verrait les images de son bras cassé, du sang, des fractures… Il remarquerait son entrée dans la salle d'opération ainsi que la dureté du plâtre et la faiblesse de son bras.
Toute autre personne connectée en parallèle aux nerfs de cet homme vivrait intégralement l'accident exactement comme Politzer l'a vécu. Si l'homme accidenté rentrait dans le coma, chacune des autres personnes tomberait également dans le coma. De plus, si toutes les perceptions de l'accident de voiture étaient enregistrées dans un appareil et étaient retransmises en boucle à une personne, ladite personne ressentirait le choc contre le bus plusieurs fois de suite.
Mais alors, lequel de ces bus a t-il réellement percuté ces personnes? La philosophie matérialiste n'offre aucune réponse cohérente à cette question. La réponse correcte est que toutes ces personnes vivraient cet accident de voiture dans tous ses détails, mais uniquement dans leurs propres cerveaux.
Ce même principe pourrait aussi s'appliquer aux exemples du gâteau et de la pierre. Si les nerfs des organes sensoriels d'Engels – organes qui lui permettent quand il mange un gâteau de ressentir des sensations telles que la satiété et la plénitude dans son estomac – étaient connectés parallèlement au cerveau d'une deuxième personne; cette personne ressentirait également ce sentiment de satiété tout comme Engels. Si les nerfs de Johnson, qui a ressenti de la souffrance lorsque son pied a frappé une pierre, étaient connectés à une deuxième personne en parallèle, cette personne éprouverait également la même souffrance.
Alors, lequel de ces gâteaux ou laquelle de ces pierres sont-ils réels? Ici encore, la philosophie matérialiste ne peut offrir aucune réponse raisonnable. La seule réponse correcte et logique est la suivante: Engels et l'autre personne ont mangé tous les deux leur gâteau dans leurs cerveaux et ils ont tous deux été rassasiés. Johnson et l'autre personne ont pleinement vécu tous les deux l'instant où ils ont frappé la pierre dans leurs cerveaux.
Modifions maintenant légèrement l'exemple que nous avons donné au sujet de Politzer. Connectons désormais les nerfs de la personne écrasée par le bus directement au cerveau de Politzer, et les nerfs de ce dernier (qui rappelons-le est assis dans sa maison) directement au cerveau de la personne écrasée par le bus. Dans ce cas précis, Politzer penserait qu'un bus l'a heurté bien qu'il soit assis chez lui à ce moment-là. Par contre, la personne qui a vraiment été écrasée par le bus n'aurait jamais ressenti l'impact de l'accident et elle aurait l'impression qu'elle se trouvait tranquillement assise chez Politzer. La même logique peut bien sûr être appliquée aux exemples du gâteau et de la pierre.
Comme nous le voyons, il est impossible pour un homme de transcender ses sens et de s'en libérer. De la même manière, l'âme d'un homme peut être exposée à toutes sortes de représentations d'événements physiques bien qu'il n'ait aucun corps physique, aucune existence et aucun poids matériel. Il est donc impossible à une personne de réaliser cela parce qu'elle part du principe que toutes ces images tridimensionnelles sont belles et bien réelles. Ce qui la rend si sûre d'elle, c'est que comme tout un chacun, elle dépend de perceptions éprouvées par ses organes sensoriels.
Le fameux philosophe anglais David Hume commente ce fait de la manière suivante:
"Pour parler franchement, quand je m'inclus dans ce que j'appelle le 'moi', je tombe toujours sur une perception spécifique appartenant au chaud ou au froid, à la lumière ou à l'ombre, à l'amour ou à la haine, à l'amertume ou au sucré ou à d'autres notion encore. Si ces perceptions n'existaient pas, je ne pourrais jamais me saisir en un temps particulier et je n'observerais rien d'autre que de la perception."26
Les matérialistes présupposent que tout ce dont nous parlons ici n'est que philosophie. Pourtant, soutenir que le "monde extérieur", comme nous l'appelons, n'est qu'une série de perceptions n'est en rien philosophique mais représente au contraire un fait tout à fait scientifique. La formation d'images et de sensations cérébrales est enseignée en détail dans les écoles de médecine. Ces faits, prouvés par la science du 20ème siècle, en particulier par la physique, montrent clairement que la matière n'a pas de réalité absolue et que dans un sens, chacun d'entre nous regarde "le moniteur qui se trouve dans son cerveau".
Quiconque croit en la science, qu'il soit athée, bouddhiste ou partisan d'un autre point de vue, devrait accepter cette vérité. Un matérialiste peut donc nier l'existence d'un Créateur mais ne peut en aucun cas nier cette réalité scientifique.
L'incapacité de Karl Marx, de Friedrich Engels, de Georges Politzer et de bien d'autres à comprendre un fait si simple et évident est très étonnant. Nous pouvons cependant porter à leur décharge que le développement de la connaissance scientifique était probablement insuffisant à leur époque. Aujourd'hui, alors que la science et la technologie ont atteint un niveau très élevé, il ne fait aucun doute que les découvertes récentes rendent la compréhension de cette réalité plus accessible. Mais les matérialistes sont partagés par la double crainte de comprendre ce fait, même partiellement, et de réaliser qu'elle démolit définitivement leur philosophie.
Pendant un certain temps, aucune réponse substantielle ne nous était parvenue des milieux matérialistes turcs concernant le contenu de ce livre qui accrédite la thèse que la matière n'est qu'une perception. Cela nous a donné l'impression que nos idées n'avaient pas été assez bien clarifiées et qu'elles avaient donc besoin d'être mieux expliquées. Pourtant, peu de temps après, il s'est avéré que les matérialistes éprouvaient un malaise certain face à ce sujet et qu'ils redoutaient que quelqu'un ne le traite en profondeur et cela probablement à cause de la popularité qu'il connaît auprès du public.
En effet, les matérialistes n'ont cessé de proclamer à voix haute dans leurs publications, au cours de leurs conférences et leurs tables rondes leur crainte et leur panique. Leurs discours agités et désespérés démontraient alors clairement qu'ils subissaient une crise intellectuelle assez sévère. L'effondrement scientifique de la théorie de l'évolution (prétendue base de leur philosophie) était déjà un énorme choc pour eux. Mais désormais, il leur fallait reconnaître qu'ils commençaient même à perdre la "matière" et cette dernière représentait pour eux un pilier encore plus important que ne pouvait l'être le darwinisme. L'annonce de toutes ces vérités représenta pour eux un véritable choc. Ils déclarèrent du reste ouvertement que ce sujet était la "plus grande menace" à laquelle ils avaient jamais été confrontés parce qu'il "démolissait totalement leur contexte culturel".
Rennan Pekunlu, académicien et écrivain à la revue Bilim ve Utopya (Science et Utopie), qui avait décidé de défendre le matérialisme, fut l'un de ceux qui exprimèrent à cœur ouvert l'anxiété et la panique ressenties par les milieux matérialistes. Dans ses articles publiés dans Bilim ve Utopya et lors d'une conférence auquel il avait participé, Pekunlu a présenté le livre de Harun Yahya intitulé Le mensonge de l'évolution comme étant "une menace" primaire lancée contre le matérialisme. Ce qui dérangeait le plus Pekunlu, et ceci plus encore que les chapitres qui invalidaient le darwinisme, était la partie que vous êtes en train de lire actuellement. Le message qu'a lancé Pekunlu à ses lecteurs et à son audience, qui n'était constituée d'ailleurs que d'une poignée de gens, était le suivant: "Ne vous laissez pas entraîner par l'endoctrinement de l'idéalisme et continuez de croire au matérialisme". Il a cité Vladimir I. Lénine, le leader de la sanglante révolution communiste de Russie, comme référence. Conseillant à chacun de lire le livre de ce dernier intitulé Le matérialisme et l'empiriocriticisme vieux de plus d'un siècle, Pekunlu n'a fait que répéter les conseils de Lénine: "Ne réfléchissez pas à ce sujet car vous perdrez la trace du matérialisme et vous serez emportés par la religion." Dans un article qu'il a écrit dans la revue susmentionnée, il a cité ces lignes de Lénine:
"Une fois que vous niez la réalité objective, qui nous est transmise par nos sensations, vous aurez déjà perdu toutes les armes contre le fidéisme, car vous vous glisserez dans l'agnosticisme ou dans le subjectivisme – et c'est tout ce que le fidéisme exige. Une seule griffe prise au piège et l'oiseau est perdu. Et nos Marxistes furent tous pris au piège de l'idéalisme, c'est-à-dire d'un fidéisme dilué et plutôt subtil; ils furent tous pris au piège au moment où ils prirent cette "sensation" non pas comme étant une image du monde extérieur mais comme étant un "élément" spécial. Ce n'est pourtant la sensation, l'âme et la volonté de personne."27
Ces paroles nous montrent que ce que Lénine et ses amis avaient cherché à occulter dérange de la même façon les matérialistes modernes. Cependant, Pekunlu et les autres matérialistes souffrent d'un problème plus grave encore; car ils savent pertinemment que ce fait peut maintenant être soutenu d'une façon beaucoup plus explicite, certaine et convaincante qu'il y a 100 ans. Nous pensons que c'est la première fois dans l'histoire de l'homme que ce sujet est expliqué d'une manière aussi claire.
Pourtant, on peut dire que de nos jours un grand nombre de scientifiques matérialistes ne prennent toujours pas au sérieux le fait que "la matière n'est rien qu'une illusion". Le thème abordé dans ce chapitre est l'un des plus importants et passionnants sujets que l'on puisse rencontrer. Il est certain que peu de gens ont eu l'opportunité d'être confronté à un sujet aussi crucial auparavant. Et pourtant, il suffit d'observer les réactions de ces scientifiques ou la manière dont ils articulent leurs discours et leurs articles pour noter le caractère superficiel de leur compréhension.
Leurs réactions démontrent que leur adhésion aveugle au matérialisme a causé du dommage à leur logique. C'est pour cette raison qu'ils sont tant éloignés de la compréhension de ce sujet. Alaattin Senel, académicien et écrivain à la revue Bilim ve Utopya, exprima des sentiments semblables à ceux de Rennan Pekunlu lorsqu'il déclara: "Oubliez l'effondrement du darwinisme, le sujet vraiment menaçant est celui-ci." Ressentant que sa propre philosophie n'avait aucun fondement, il a constamment fait des demandes telles que: "Prouvez ce que vous dites!" Or, ce qui est encore plus intéressant est que cet écrivain avait lui-même écrit qu'il ne pouvait pas comprendre ce fait qu'il considérait du reste comme étant une menace.
Par exemple, dans un article où il a exclusivement traité de ce sujet, Senel accepte le fait que le monde extérieur soit perçu dans le cerveau comme étant une image. Pourtant, il continue à prétendre que ces images sont divisées en deux: celles qui ont des corrélatifs physiques et celles qui n'en ont pas, et que toutes les images se rapportant au monde extérieur ont des corrélatifs physiques. Afin de soutenir son assertion, il a donné "l'exemple du téléphone". Dans son sommaire, il a écrit:
"Je ne peux pas savoir si les images que j'ai dans mon cerveau ont des corrélatifs dans le monde extérieur ou non, mais le même problème se pose lorsque je parle au téléphone. Quand je parle au téléphone avec quelqu'un, je ne peux pas voir la personne avec qui je parle; mais je peux par contre lui confirmer que j'ai bel et bien eu cette conversation avec elle quand je la verrai plus tard." 28
Ce qu'il veut dire signifie ceci: si nous doutons de nos perceptions, nous pouvons observer la matière elle-même et ainsi confirmer sa réalité. Pourtant, il s'agit de toute évidence d'une mauvaise conception, car il est impossible pour nous d'atteindre la matière à proprement parler. Nous ne pouvons jamais "sortir" hors de notre cerveau et savoir ce qu'il y a réellement à l'extérieur. Que la voix au téléphone ait un corrélatif physique ou non sera confirmé par la personne à l'autre bout de la ligne! Pourtant, cette prétendue confirmation, qui est elle-même vécue dans le cerveau est également imaginaire.
Rennan Pekunlu, écrivain matérialiste turc, affirme que "la théorie de l'évolution n'est pas si importante. Par contre, il reconnaît que le sujet traité dans ce livre est une vraie menace" parce qu’il invalide la matière, le seul concept dans lequel il a foi. |
Ces personnes vivent les mêmes événements dans leurs rêves. Senel pourrait aussi par exemple voir qu'il parle au téléphone dans son rêve et ainsi obtenir la confirmation de sa conversation. Dans son rêve, Pekunlu pourrait de la même façon croire qu'il est confronté à "une menace grave" et conseiller aux gens de lire les livres de Lénine vieux de plus d'un siècle. Pourtant, peu importe ce qu'ils pensent, car ces matérialistes ne pourront jamais nier que les événements qu'ils ont vécus et les personnes avec lesquelles ils ont parlé dans leurs rêves ne sont rien d'autre que des perceptions.
Qui va alors confirmer que si les images dans le cerveau ont des corrélatifs ou non? Les êtres d'ombres contenus dans le cerveau? Il est sans aucun doute impossible pour les matérialistes de trouver une source d'information qui pourrait leur procurer et confirmer cette information qui se rapporte à l'extérieur du cerveau.
Le fait de concéder que toutes les perceptions sont formées dans le cerveau, sans admettre que quelqu'un peut sortir "en dehors" de celui-ci et avoir ainsi ses perceptions confirmées par le monde extérieur réel, manque singulièrement de logique. Toute personne ayant un niveau normal de compréhension et de raisonnement peut pourtant facilement comprendre ceci. Tout individu objectif peut comprendre (par rapport à tout ce que nous avons dit) qu'il est impossible pour lui de tester l'existence du monde extérieur avec ses sens. De plus, il est clair que la croyance aveugle dans le matérialisme altère la capacité de raisonnement de ses partisans. C'est pour cette raison que comme leurs prédécesseurs qui avaient essayé de "prouver" l'existence de la matière en donnant des coups de pied sur des pierres ou en mangeant des gâteaux, les matérialistes modernes commettent de sérieuses erreurs d'appréciation dans leur raisonnement.
L'atmosphère de panique qui a soufflé sur les milieux matérialistes turcs – dont nous avons mentionné quelques exemples ci-dessus – démontre que les matérialistes font face actuellement à un échec complet, chose à laquelle ils n'avaient jamais été confrontés durant toute leur histoire. La matière n'est donc qu'une perception; ce fait a été prouvé par la science moderne d'une manière claire, directe et indéniable et il ne reste plus aux matérialistes qu'à voir et à admettre l'effondrement de la totalité du monde matériel auquel ils se sont fiés et dans lequel ils ont cru aveuglément.
La pensée matérialiste a existé durant toute l'histoire de l'humanité. Les matérialistes, très sûrs d'eux-mêmes et de la philosophie en laquelle ils croyaient, se sont constamment révoltés contre Dieu, leur Créateur. Le scénario qu'ils ont écrit soutient que la matière n'a ni début ni fin, et que l'Univers ne peut avoir de créateur. En raison de leur arrogance, ils ont renié Dieu et se sont réfugiés dans la matière à laquelle ils ont accordé une existence réelle. Ils étaient tellement sûrs d'eux, qu'il était évident pour eux, qu'aucune explication ne viendrait jamais les contredire.
C'est pourquoi les faits relatés dans ce livre qui expliquent quelle est la vraie nature de la matière, ont tellement surpris ces personnes. Tout ce qui a été raconté jusqu'ici détruit les fondements de leur philosophie et ne laisse aucune place à un autre discours. La matière, sur laquelle ils ont fondé toutes leurs idées, leurs vies, leur arrogance et leur déni, a brusquement disparu. Pourquoi le matérialisme aurait-il une raison d'exister si la matière elle-même n'existe pas?
L'un des attributs de Dieu est la force qu'Il détient pour dénouer les complots des non-croyants. Dans le verset suivant, il est d'ailleurs déclaré:
...Ils complotèrent, mais Allah a fait échouer leur complot, et Allah est le meilleur en stratagèmes. (Surat al-Anfal: 30)
Dieu a ainsi pris au piège les matérialistes en leur faisant croire que la matière existait bel et bien, et par la même Il les a humiliés d'une manière évidente. Les matérialistes ont cru que leurs possessions, leurs statuts, leurs rangs, la société à laquelle ils appartenaient, en bref le monde entier existaient vraiment et ils se sont basés sur ces faits pour se rebeller contre Dieu. Ils se sont vantés devant Dieu ne faisant qu'augmenter ainsi leur incroyance et ils ont fini par se fier totalement à la matière. Mais, ils ont oublié que Dieu les entoure de toute part et que ce Dieu qu'ils nient a décrit l'état dans lequel ils se trouvent à cause de leur incompréhension.
Ou cherchent-ils un stratagème? Mais ce sont ceux qui ont mécru qui sont victimes de leur propre stratagème. (Surat at-Tur: 42)
C'est probablement la plus grande défaite de toute leur existence. Les matérialistes, qui faisaient preuve d'arrogance et qui ont été induits en erreur, ont subi une défaite mémorable dans la guerre qu'ils ont livrée à Dieu. Le verset: "Ainsi, Nous avons placé dans chaque cité de grands criminels qui y ourdissent des complots. Mais ils ne complotent que contre eux-mêmes et ils n'en sont pas conscients." (Surat al-An'am: 123) annonce combien ces gens qui se révoltent contre leur Créateur sont inconscients et combien terrible sera leur fin. Dans un autre verset, le même fait est décrit ainsi:
Ils cherchent à tromper Allah et les croyants; mais ils ne trompent qu'eux-mêmes, et ils ne s'en rendent pas compte. (Surat al-Baqarah: 9)
Alors que les mécréants essayaient de comploter, ils ne se sont pas rendus compte de l'importance d'un fait qui est décrit par les mots suivants:" ils ne trompent qu'eux-mêmes, et ils ne s'en rendent pas compte". C'est cependant un fait avéré que tout ce qu'ils vivent n'est qu'une divagation conçue spécialement pour qu'elle puisse être perçue par eux, et que tous les complots qu'ils conçoivent ne sont que de simples images formées dans leur cerveau tout comme l'ensemble des actes qu'ils accomplissent. Leur égarement leur fait oublier qu'ils sont tous seuls en compagnie de Dieu, et qu'ils sont ainsi pris au piège de leurs propres plans.
Comme les non-croyants du passé, ceux qui vivent aujourd'hui sont également confrontés à une réalité qui détruit complètement leurs plans sournois. Avec le verset: "la ruse de Diable est certes, faible" (Surat an-Nisa’: 76), Dieu affirme que ces complots étaient déjà voués à l'échec le jour même où ils ont été tramés. Il rassure les croyants dans le verset: "Leur manigance ne vous causera aucun mal." (Surat al-Imran: 120)
Dans un autre verset, Dieu déclare: "Quant à ceux qui ont mécru, leurs actions sont comme un mirage dans une plaine désertique que l'assoiffé prend pour de l'eau. Puis quand il y arrive, il s'aperçoit que ce n'était rien; mais y trouve Allah qui lui règle son compte en entier, car Allah est prompt à compter." (Surat an-Nur, 39)
Comme le confirme le verset, le matérialisme aussi devient un mirage pour celui qui se rebelle ainsi; lorsqu'ils ont recours à cette doctrine, ils se rendent compte qu'elle n'est rien d'autre qu'une illusion. Dieu les a trompés en créant un mirage qui leur a fait voir toute cette accumulation d'images comme si elles existaient réellement. Toutes ces personnes "éminentes"; ces professeurs, ces astronomes, ces biologistes, ces physiciens, et tous les autres, quels que soient leur classe sociale et leur rang, ont été dupés, et se sont retrouvés punis pour avoir adulé la matière comme leur dieu. En partant du principe que l'accumulation d'images est absolue, ils ont fondé leur philosophie et leur idéologie sur cette simple hypothèse. Ils ont pris part à des discussions sérieuses et ont adopté un discours soi-disant "intellectuel". Ils se sont considérés suffisamment sages pour proposer un argument sur la vérité de l'Univers. Ce qui est plus grave encore, c'est qu'ils s'en sont servis pour remettre en cause l'existence de Dieu, mais ils l'ont fait en manquant réellement de discernement. Dieu explique la situation dans le verset suivant:
Et ils [les autres] se mirent à comploter. Allah a fait échouer leur complot. Et c'est Allah qui sait le mieux leur machination! (Surat al-Imran: 54)
Il est peut-être possible d'échapper à certains complots; mais celui qui est mené par Dieu contre les non-croyants est si déterminé qu'il n'existe pour eux aucune possibilité d'y échapper. Quoi qu'ils fassent ou qu'ils appellent, ils ne trouveront jamais personne d'autre que Dieu pour les sauver. Dieu nous déclare du reste dans le Coran: "Et ils ne trouveront, pour eux, en dehors d'Allah, ni allié ni secoureur." (Surat an-Nisa’: 173)
Les matérialistes ne s'attendaient pas à tomber dans un tel piège. Avec les moyens du 20ème siècle, ils étaient sûrs d'eux-mêmes et pensaient qu'ils pourrait facilement attirer les gens vers l'incroyance. Dans le verset suivant Dieu nous décrit la mentalité perpétuelle des non-croyants et quelle sera leur destinée:
Ils ourdirent une ruse et Nous ourdîmes une ruse sans qu'ils s'en rendent compte. Regarde donc ce qu'a été la conséquence de leur stratagème: Nous les fîmes périr, eux et tout leur peuple. (Surat an-Naml: 50-51)
En interprétant ces versets sur un autre plan: les matérialistes ont été obligés de se rendre compte que tout ce qu'ils possèdent n'est qu'une illusion, et donc que tout ce qu'ils possèdent a été détruit. Lorsqu'ils voient leurs possessions, usines, dollars, enfants, époux et épouses, or, rang et statut et même leurs propres corps – qu'ils croient exister – glisser entre leurs mains, ils sont déjà morts selon l'expression du 51ème verset de la sourate an-Naml. A ce stade, ils ne sont plus des entités matérielles mais seulement des âmes.
Il ne fait aucun doute que pour les matérialistes la manifestation de cette vérité est la pire des situations possibles. Le fait de savoir que tout ce qu'ils possèdent n'est qu'une illusion équivaut (si l'on utilise leurs propres mots) à parler "d'une mort avant la mort" sur terre.
Cela les laisse seul avec Dieu. Avec le verset, "Laisse-Moi avec celui que J'ai créé seul" (Surat al-Muddattir: 11), Dieu nous appelle pour nous faire réaliser que chacun d'entre nous, est en vérité, totalement seul devant Sa présence. Ce fait remarquable est d'ailleurs répété plusieurs fois dans d'autres versets:
Et vous voici venus à Nous, seuls, tout comme Nous vous avions créés la première fois, abandonnant derrière vos dos tout ce que Nous vous avions accordé... (Surat al-An'am, 94)
Et au Jour de la résurrection, chacun d'eux se rendra seul auprès de Lui. (Surat Maryam, 95)
En d'autres termes, même ceux qui vénèrent la matière comme il s'agissait de leur dieu, ont tous été eux aussi créés par Dieu et Lui retourneront. Ils sont soumis à Dieu qu'ils le veuillent ou non. Ils attendent le Jour du jugement dernier où chacun devra régler ses comptes, bien qu'ils ne veuillent pas l'admettre.
Par sa capacité à prouver que le monde matériel n'est en réalité qu'un "être d'ombre", ce sujet devient essentiel pour saisir L'existence de Dieu, Sa création et pour comprendre qu'Il est l'Unique Etre Absolu.
En abordant cette vérité sérieusement, nous réalisons que la terre n'est pas l'endroit que beaucoup de gens s'imaginent. Elle n'est pas un endroit absolu qui a une existence propre et réelle comme le supposent ceux qui errent sans but dans les rues, qui se battent dans les bars, qui se montrent dans les pubs luxueux, qui se vantent de leurs biens ou qui dédient leurs vies à des buts vains. Le monde n'est qu'un ensemble de perceptions et d'illusions. Tous les gens que nous avons mentionnés ci-dessus ne sont que des êtres d'ombres qui "regardent" ces perceptions dans leurs cerveaux; même s'ils n'en sont pas conscients.
Ce concept est très important car il discrédite complètement la philosophie matérialiste et provoque son effondrement. C'est la raison pour laquelle les matérialistes comme Marx, Engels et Lénine ont encouragé leurs disciples à "ne pas réfléchir" à ce concept. La vision restrictive de ces personnes les a empêchées de comprendre que chaque perception est formée dans le cerveau. Elles partent du principe que le monde qu'elles voient grâce à leur cerveau est le "monde extérieur" et ne peuvent donc pas saisir la preuve pourtant évidente du non-sens de leur théorie.
Cet égarement est la conséquence d'une sorte de "voile" qui recouvre la raison des personnes qui ne croient pas en Dieu. Il est dit dans le Coran: "Ils ont des cœurs, mais ne comprennent pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n'entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels sont les insouciants." (Surat al-A'raf: 179)
Nous pouvons cependant dépasser cette difficulté en nous servant du pouvoir de notre réflexion personnelle. Pour cela, nous devons nous concentrer fortement, y consacrer toute notre attention, réfléchir à la façon dont nous voyons les objets autour de nous et à la manière dont nous ressentons leur toucher. Si nous y pensons attentivement, nous pouvons ressentir que l'être intelligent qui voit, entend, touche, pense et lit ce livre en ce moment précis n'est rien d'autre que notre âme. Celle-ci ne faisant que regarder sur un écran cette perception appelée "matière". Toute personne qui comprend cela n'appartient plus au domaine du monde matériel qui trompe la plupart de l'humanité, mais a ouvert la porte de la vraie vie.
Cette réalité a été comprise par bon nombre de théistes et de philosophes tout au long de l'histoire. Des intellectuels tels que l'imam Rabbani, Muhyiddin Ibn al-‘Arabi et Mawlana Jami avaient pris conscience de ce fait en se servant de leur esprit critique et ceci grâce aux indices qu'ils avaient trouvés dans le Coran. Certains philosophes occidentaux comme George Berkeley sont arrivés à la même conclusion par la raison. L'imam Rabbani a écrit dans Maktubat (Lettres) que tout l'Univers matériel n'était en fait qu'une "illusion et une supposition (perception)" et que le seul être absolu était Dieu:
"Dieu… La substance de ces êtres qu'Il créa n'est autre que le néant… Tout ce qu'Il créa navigue entre les sens et les illusions… L'existence de l'Univers réside donc dans cette 'sphère' de sens et d'illusions, et elle n'est en aucun cas matérielle… En vérité, il n'existe rien en dehors de l'Etre Glorieux, (qui est Dieu)."29
L'imam Rabbani a explicitement écrit que toutes les images présentées à l'homme ne sont que des illusions et qu'elles n'ont pas de versions originales à l'original.
"Ce cycle imaginaire est illustré par l'imagination. Il est pourtant vu dans la mesure où il est illustré, grâce à l'œil de l'âme. De l'extérieur, il a l'air comme s'il s'agissait de l'œil que nous avons sur notre figure. Or, ce n'est pas le cas. Il n'y a ni désignation, ni trace à l'extérieur. Il n'y a rien à voir. Même le visage d'une personne se reflétant sur un miroir est ainsi. Le 'dehors' n'est pas quelque chose de constant. Il n'existe aucun doute que sa constance et son image ne sont que de l'IMAGINATION. Dieu est celui qui sait le mieux."30
L'intelligence et les signes du Coran ont permis également à Mawlana Jami d'énoncer la même idée: "Tout ce qu'il y a dans l'Univers n'est que sens et illusions, semblable à des images reflétées sur un miroir ou à des ombres".
Certes, le nombre de ceux qui ont compris ceci à travers l'histoire a toujours été limité. De grands savants comme l'imam Rabbani avaient déjà écrit qu'il ne serait pas sage de révéler ce fait aux masses, car la plupart des gens ne seraient pas capables de le saisir. Aujourd'hui, ce fait est devenu empirique grâce aux preuves avancées par la science, cependant c'est grâce à Rabbani que la description de l'Univers en tant qu'un "être-ombre" a été décrit pour la première fois d'une manière aussi concrète, claire et explicite.
Sans aucun doute le 21ème siècle marquera un moment important de l'histoire. Grâce à la science les gens devraient comprendre plus aisément les réalités divines et de ce fait ils devraient se tourner en plus grand nombre vers Dieu. Les croyances matérialistes du 19ème siècle seront certainement reléguées dans les archives de l'histoire, parce que les gens pourront saisir ce que l'existence et la création de Dieu signifient. Ils pourront mieux comprendre aussi Son intemporalité et Son omniprésence. L'humanité s'émancipera en laissant tomber tous les voiles, toutes les duperies et toutes les superstitions qui depuis des centaines d'années l'ont toujours induite en erreur.
Il est impossible que cet inévitable cours du destin soit empêché par un quelconque "être-ombre".
14. Frederick Vester, Denken, Lernen, Vergessen, vga, 1978, p. 6
15. George Politzer, Principes Fondamentaux de Philosophie, Editions Sociales, Paris 1954, pp. 38-39-44
16. R. L. Gregory, Eye and Brain: The Psychology of Seeing, Oxford University Press Inc. New York, 1990, p. 9
17. Lincoln Barnett, The Universe and Dr. Einstein, William Sloane Associate, New York, 1948, p. 20
18. Orhan Hancerlioglu, Dusunce Tarihi (L'histoire de la pensée), Istanbul: Remzi Kitabevi, 6ème éd., septembre 1995, p. 447
19. V.I. Lenin, Materialism and Empiriocriticism, Progress Publishers, Moscou, 1970, p. 14
20. Bertrand Russell, ABC of Relativity, George Allen and Unwin, Londres, 1964, pp. 161-162
21. R. L. Gregory, Eye and Brain: The Psychology of Seeing, Oxford University Press Inc. New York, 1990, p. 9
22. Ken Wilber, Holographic Paradigm and Other Paradoxes, p. 20
23. George Politzer, Principes Fondamentaux de Philosophie, Editions Sociales, Paris 1954, p. 65
24. Orhan Hancerlioglu, Dusunce Tarihi (L'histoire de la pensée), Istanbul: Remzi Kitabevi, 6ème éd., septembre 1995, p. 261
25. George Politzer, Principes Fondamentaux de Philosophie, Editions Sociales, Paris 1954, p. 65
26. David Hume, A Treatise of Human Nature, Book I, Section IV: Of Personal Identity
27. Rennan Pekunlu, "Aldatmacanin Evrimsizligi", (La non-évolution de la tromperie), Bilim ve Utopya, décembre 1998, (V. I. Lenin, Materialism and Empiriocriticism, Progress Publishers, Moscou, 1970, pp. 334-335)
28. Alaettin Senel, "Evrim Aldatmacasi mi? Devrin Aldatmacasi mi?", (La tromperie de l'évolution ou la tromperie de l'époque?), Bilim ve Utopya, décembre 1998
29. Mektubat-ı Rabbani (Lettres de Rabbani), vol. II, 357ème lettre, p. 163
30. Mektubat-ı Rabbani (Lettres de Rabbani), vol. II, 357ème lettre, p. 1432