Bienfaits et Débauche

Dans les paragraphes suivants, nous analyserons la manière dont le Coran conçoit le paradis et d’après ses descriptions nous "essayerons" d’imaginer cet endroit parfait. Mais avant cela, nous devons aborder certains points importants. Dans nos sociétés actuelles, beaucoup de gens ont consciemment ou inconsciemment des idées et des impressions erronées au sujet des richesses et des plaisirs de la vie d’ici-bas. Nous devons donc décrire certains concepts islamiques de base dont le sens a dévié de leur signification originale.

Ayant dit cela, nous devons d’abord faire la distinction entre "bienfaits" et "débauche".

En effet, beaucoup de gens pensent qu’une vie confortable, luxueuse, et ostentatoire ainsi que tout ce qui va avec est "non-islamique". Ils considèrent certaines façons de vivre telles que porter des vêtements chers, consommer de la bonne nourriture, avoir des loisirs, participer à des soirées, acquérir des maisons magnifiquement décorées et réaliser des travaux d’art comme des choses appartenant à des gens ignorants et coupés de leur religion. Ils appellent souvent ce genre de vie "dépravée" et critiquent ceux qui "mènent des vies sans discipline et pleines de débauche". Cette conception erronée doit être corrigée. Pour cela, nous devons définir le mot débauche. Dans la langue arabe, ce mot (safahat) dérive de safih et peut-être traduit comme un manque de discipline et une faiblesse d’esprit qui provient d’une vie de richesse et de confort irresponsables.

La vie au paradis que Dieu a gracieusement choisie pour Ses serviteurs, et la vie d’ici-bas caractérisée par le bien-être et la jouissance de biens ne sont pas incompatibles. Elles constituent le mode de vie le plus noble, et celui qui est le plus conforme aux enseignements moraux et religieux.

Nous voyons donc qu’une mauvaise définition du terme "débauche" ouvre le pas à une mauvaise compréhension. La débauche ou la rébellion contre Dieu au travers d’un manque de discipline ou d’irresponsabilité est une condition de l’esprit humain. Les gens ne sont pas dépravés à cause de leurs vêtements, de leurs belles maisons, de décors esthétiques ou de richesses matérielles. Au contraire, le problème est dans leur esprit.

Le résultat naturel est le suivant : si les gens ont une forte moralité coranique et une foi élevée, ils peuvent vivre dans la plus grande opulence sans jamais devenir des débauchés. En effet, en jugeant avec les critères coraniques les situations qu’ils rencontrent, ils voient toutes ces choses comme des bénédictions. En d’autres termes, ils réalisent que tous ces biens sont des cadeaux de Dieu. Donc, si les musulmans savent qu’ils doivent toutes ces merveilles, cette opulence, ces bienfaits et cette richesse à Dieu, ils remercient naturellement notre Seigneur pour ce qu’Il leur a donné. Ceci est après tout la raison de l’existence de tous les bienfaits sur terre.

Si nous appliquons ces critères de discernement à notre société, nous devons dire que ceux qui vivent une vie de débauche et se détournent des commandements de Dieu ont quitté le droit chemin car ils ne se rendent pas compte qu’ils Lui doivent tout ce qu’ils ont. S’ils voyaient ces choses comme des bénédictions, cela les conduirait à révérer et à remercier Dieu. Et ensuite, ils utiliseraient ces bienfaits et ces richesses de la manière que Dieu a prescrite pour eux : éviter le gaspillage et les utiliser de la façon qui Lui plaise.

Ainsi, la richesse peut être définie de deux manières. Certaines personnes fortunées sont des croyants qui considèrent que toutes leurs possessions sont des bénédictions de Dieu, alors que d’autres gens riches croiront que toutes ces possessions leur appartiennent, oublieront Dieu et tomberont dans la débauche. Cependant, Dieu a expliqué dans le Coran que la richesse et la pauvreté sont des tests pour les croyants, Dieu dit dans le Coran :

"Mais nous voulions favoriser ceux qui avaient été faibles sur terre et en faire des dirigeants et en faire les héritiers" (Coran, 28 : 5). Ceci peut arriver dans le monde, mais cela arrivera sans aucun doute dans l’au-delà.

Par conséquent, il serait totalement incorrect de trouver le mal dans une vie luxurieuse et opulente. Les musulmans ne doivent pas dédaigner ces gens ni les considérer avec mépris car après tout, toutes les choses matérielles de cette vie (beaux vêtements, nourriture délicieuse, maisons magnifiques, œuvres d’art…) ont été créées pour les musulmans, comme nous pouvons le lire dans la sourate 7 al-A’raf, verset 32 :

Dis : "Qui a interdit la parure d'Allah, qu'Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes nourritures ?" Dis : "Elles sont destinées à ceux qui ont la foi, dans cette vie, et exclusivement à eux au Jour de la Résurrection."

Le Coran donne l’exemple du prophète Salomon (psl), à qui Allah donna une grande richesse. En effet, il décrit ces possessions ainsi que son opulent palais et ses œuvres d’art dans la sourate Saba’, versets 12 et 13, et dans la sourate an-Naml, verset 44. Salomon (psl) remerciait Allah au milieu des toutes ses merveilles parce qu’il savait qu’elles lui venaient par la grâce de notre Seigneur. En nous rapportant ses mots, "Je suis parvenu à aimer tout ce qui est bon parce que cela me permet de garder à l'esprit le nom d'Allah" (Coran, 38 : 32), le Coran attire notre attention sur la profonde compréhension du monde de ce prophète.

L’amour des biens est légitime tant qu’il s’agit d’un moyen de louer Dieu. Ne doutons pas que les croyants qui ont cet amour n’hésiteront pas à utiliser leurs possessions comme Dieu l’a demandé. Les possessions sont des bénédictions appartenant à Dieu et donc ceux qui les auront les utiliseront comme Dieu le demande.

Mais si les possessions ne sont pas vues comme des bénédictions du Seigneur, alors s’installe la dissolution. Le Coran nous donne maints exemples de gens qui s’attachent à la richesse d’une façon déviante. Un des exemples les plus clairs est celui de Coré, un homme riche qui jubilait (Coran, 28 : 76) en disant : "C'est par une science que je possède que ceci m'est venu" (Coran, 28 : 78). Un tel amour des possessions ne peut pas rapprocher les gens de Dieu, tout au contraire, il les détourne de Son chemin et les écarte de la foi. Le Coran décrit ce type d’amour de la manière suivante :

L'homme est, certes, ingrat envers son Seigneur ; et pourtant, il est certes, témoin de cela ; et pour l'amour des richesses il est certes ardent. (Coran, 100 : 6 -8)

C’est pour cette raison que les musulmans doivent considérer la richesse selon les critères coraniques et ne la rechercher que pour plaire à Dieu et servir l’Islam. Ils doivent désirer toutes les bénédictions de Dieu car les bénédictions dans la vie terrestre n’ont été créées que pour les serviteurs sincères et croyants qui ne ménagent pas leurs efforts pour plaire à leur Seigneur. Nous devons être continuellement reconnaissants pour les bénédictions de Dieu et suivre l’exemple de Salomon (psl) : "… quel bon serviteur ! Il était plein de repentir." (Coran, 38 : 30).

Ceux qui vivent selon l’esprit véritable des enseignements du Coran et adoptent le point de vue décrit ci-dessus seront estimés "dignes et qualifiés" pour entrer au paradis, endroit d’une éternelle splendeur, merveilleuse beauté et richesse. Les gens qui pensent et se sentent comme Salomon (psl), qui dit : "Je suis parvenu à aimer tout ce qui est bon parce que cela me permet de garder à l'esprit le nom d'Allah." (Coran, 38 : 32), sont de vrais croyants.

Comme c’est ainsi que les croyants penseront au paradis, leur véritable demeure, ils doivent établir ce point de vue dans ce monde, qui n’est qu’une préparation au monde à venir. Loin de considérer la richesse, la beauté ou encore la splendeur comme de la débauche, les croyants doivent savoir que tous les bienfaits qu’ils ont leur parviennent par la grâce de notre Seigneur. Ils doivent reconnaître sa valeur, apprendre à en jouir, et en être reconnaissants.

Les bénédictions du paradis que nous verrons dans les prochains paragraphes doivent être examinées avec les références présentées ci-dessus.