Dans les chapitres précédents, nous avons expliqué l’importance de la sincérité aussi bien que les caractéristiques des croyants sincères à la lumière du Coran. N’importe quel vrai croyant, souhaitant gagner l’approbation de Dieu et être comblé des bienfaits éternels du Paradis, devrait accorder une attention particulière à ces versets tout au long de sa vie, et vivre en conformité avec la moralité du Coran, afin d’atteindre la sincérité. Pour cela, il faut se tourner vers Dieu avec un cœur sincère, et s’efforcer de ne gagner que le consentement de Dieu. Il faut être extrêmement attentif à toutes les influences négatives qui peuvent nuire à sa pureté car nous savons que Satan lutte continuellement, grâce à de nombreuses ruses, pour éloigner les gens du Droit Chemin.
Il faut garder à l’esprit que l’on peut endommager sa sincérité par certaines actions accomplies par habitude, ou par des comportements acquis au contact de notre entourage. Il faut donc être attentif à ses intentions, et prononcer chaque parole, accomplir chaque mouvement uniquement pour Dieu. Et cela n’est pas une chose insurmontable.
La pureté, l’honnêteté et la dévotion continue à Dieu sont des caractéristiques qui peuvent être obtenues sans grande difficulté. Notre Seigneur nous a soutenu avec Ses prophètes et ses croyants pieux, et nous a montré, dans le Coran, comment acquérir la sincérité. Les savants musulmans ont aussi accordé une grande importance à la sincérité, et utilisé leurs travaux pour inviter les vrais croyants à se tourner vers Dieu.
Les travaux de Bediuzzaman Said Nursi, savant renommé, jouent un rôle important en guidant les musulmans qui s’efforcent d’atteindre la sincérité. Bediuzzaman a souligné en particulier le besoin de la purification de soi, et présenté des recommandations critiques aux vrais croyants:
Ô mes frères de l’Au-delà! Et Ô mes compagnons au service du Coran! Vous devez savoir – et vous savez – qu’en ce monde, la sincérité est le principe le plus important à l’œuvre se rapportant à l’Au-delà; c’est la plus grande force, et l’intercesseur le plus acceptable, et le point de support le plus ferme, et le chemin le plus court vers la réalité, et la prière la plus acceptable, et le moyen le plus merveilleux d’atteindre son but, et la plus grande qualité, et l’adoration la plus pure.5
La sincérité est la caractéristique primordiale que l’on doit posséder afin de servir Dieu le mieux possible. Le Coran nous dit:
Nous t’avons fait descendre le Livre en toute vérité. Adore donc Dieu en Lui vouant un culte exclusif. C’est à Dieu qu’appartient la religion pure… (Sourate 39, az-Zumar: 2-3)
La vraie religion ne peut se vivre qu’en servant Dieu et en Lui obéissant sincèrement. Bediuzzaman Said Nursi affirme qu’on doit acquérir la sincérité afin d’obtenir le mérité de ses actions en présence de Dieu:
... Puisque dans la sincérité repose une grande force et de nombreuses lumières... nous sommes certainement contraints, plus que quiconque, de travailler avec toute notre force pour gagner cette sincérité. Nous avons absolument besoin de nous inculquer la sincérité. Autrement, ce que nous avons accompli jusqu’ici dans notre service sacré sera en partie perdu, et ne persistera pas; et nous serons tenus pour responsables.6
Dans le Coran, Dieu nous indique comment acquérir une foi et une sincérité non corrompues. De plus, chaque homme a été créé avec la capacité de comprendre, d’éprouver et d’augmenter sa sincérité et son authenticité. Notre conscience peut nous amener à la sincérité et nous permettre de comprendre ce qui est sincère et ce qui ne l’est pas, en nous purifiant de toutes les attitudes qui entravent la sincérité et en nous tournant vers Dieu avec un cœur honnête. On doit donc se rendre compte que notre conscience est un guide divin. On ne doit pas se chercher des excuses du genre: "Je ne savais pas quelle approche était la plus sincère", "Je ne pouvais pas deviner que ce comportement nuirait à ma sincérité", "Je pensais que j’étais sincère et authentique", etc. On devrait toujours garder à l’esprit que ces excuses ne sont pas sincères et qu’elles servent uniquement à avoir bonne conscience. Il devient alors assez simple, si on écoute sa conscience, d’atteindre la sincérité et de la conserver jusqu’au Jour du Jugement.
Dans ce chapitre, nous aborderons différents "moyens d’atteindre la sincérité", tels qu’ils sont exposés dans les versets du Coran, et qui nous viennent continuellement et inconsciemment à l’esprit. Nous en citerons des exemples de la vie quotidienne et nous verrons les attitudes qui empêchent d’être sincère, et combien il est simple de l’être.
Afin d’éprouver une vraie sincérité, il faut avant tout comprendre pourquoi la sincérité est importante et avoir un profond désir d’atteindre un tel niveau de foi car toute personne qui n’en saisit pas l’importance peut alors rechercher la puissance et le pouvoir en ce monde afin d’atteindre un prestige social. Une telle personne recherche obstinément la renommée, la réputation, la gloire, la richesse, la beauté, des références universitaires et d’autres honneurs. Pourtant, rien de tout cela ne peut accorder la vraie puissance et la véritable estime, ni dans ce monde ni dans l’Au-delà. Bediuzzaman Said Nursi rappelle aux vrais croyants que le pouvoir, dans ce monde et le prochain, ne peut s’obtenir que par la sincérité:
"Vous devez savoir que toute votre force repose dans la sincérité et la vérité. Même ceux qui ont tort gagnent de la force de leur sincérité dans leurs méfaits. La preuve que la force repose dans la vérité et la sincérité est ce service. Une petite quantité de sincérité dans notre travail prouve cette affirmation et est une preuve en soi"7
Par conséquent, oublier ce principe et courir après le matériel ne permet pas de gagner le consentement le Dieu.
Imaginons par exemple qu’une tâche importante soit divisée entre quatre ou cinq musulmans. Imaginons aussi que l’un d’entre eux soit chargé d’un travail apparemment sans importance mais qui peut néanmoins être difficile à accomplir, tandis que les autres sont chargés de travaux de premier plan qui attirent directement l’attention et les éloges. Si la première personne refuse d’accomplir sa tâche pour la seule raison qu’elle restera dans l’ombre et ne recevra aucun éloge, et qu’elle souhaite accomplir un travail qui procure plus de reconnaissance et de respect, alors elle empiétera sur sa sincérité. Elle se sera vraisemblablement laissée entraîner par des pensées non sincères, comme "Même si je déploie d’énormes efforts, mon nom ne sera finalement pas mentionné. Qui plus est, les autres gagneront plus de mérite en travaillant moins que moi". Pourtant, l’attitude la plus noble dans une telle situation, serait de ne travailler que pour obtenir la reconnaissance de Dieu et pour rechercher Son consentement. Si le travail apporte un bénéfice, il n’est d’aucune importance de savoir qui y participe. Même si on n’acquière pas la reconnaissance des autres et qu’on reste inconnu, on doit saisir l’opportunité de gagner le consentement de Dieu. Voilà ce qu’implique un comportement sincère.
En agissant sincèrement, on ne gagne pas uniquement le bonheur et la tranquillité d’esprit dans ce monde, mais on peut aussi espérer une grande récompense dans l’Au-delà. Une telle personne ne dépend pas de ses possessions terrestres, de son autorité, de ses biens ou de sa richesse ou de l’estime qu’on lui accorde, mais elle dépend entièrement de Dieu, et donc de sa foi, de son intelligence, de sa conscience et de sa sincérité. Dieu aide toujours ceux qui se tournent vers Lui avec une dévotion pure:
... Dieu soutient, certes, ceux qui soutiennent Sa religion. Dieu est assurément Fort et Puissant. (Sourate 22, al-Hajj: 40)
Ainsi, aucune force ne peut vaincre la foi et la sincérité. Et cette sincérité nous assure de gagner l’assistance et le soutien de Dieu.
La crainte de Dieu est la voie fondamentale pour augmenter sa sincérité. On doit se consacrer à Dieu avec un profond amour après avoir compris Sa grandeur, qu’il n’y a aucune autre force en dehors de Lui, qu’Il a créé l’univers a partir de rien et qu’Il protège les êtres vivants avec compassion. On comprend ainsi que notre seul véritable ami, à la fois dans ce monde et dans l’Au-delà, c’est Dieu. Son consentement est donc la seule approbation à rechercher. En plus de ce profond amour, on doit craindre profondément Dieu:
…Et craignez Dieu. Et sachez que c’est vers Lui que vous serez rassemblés. (Sourate 2, al-Baqara: 203)
La crainte de Dieu résulte de la compréhension et de la reconnaissance de Sa grandeur et de Sa puissance. Quelqu’un qui comprend l’éminence de l’autorité de Dieu et de Sa puissance éternelle sait qu’il aura à faire face à Son courroux et à Son châtiment, qui font partie de la justice divine, s’il échoue à mener une vie se conformant à Ses souhaits. Les tourments préparés par Dieu dans la vie de ce monde et dans l’Au-delà pour ceux qui Le renient sont détaillés dans les versets du Coran, et nous sommes tous mis en garde. Tout vrai croyant est toujours conscient de cela. La crainte de Dieu permet de se souvenir continuellement que cette vie terrestre va se terminer tôt ou tard, et que tout le monde devra rendre des comptes, en présence de Dieu, pour ses actions. Ainsi, il a toujours conscience des tourments encourus. Cette conscience lui fait ressentir une crainte inhérente au châtiment de Dieu, et il s’efforce donc de s’en protéger.
Il refuse constamment d’agir en désaccord avec ce qu’ordonne et approuve Dieu, et se protège en accomplissant convenablement tout ce qu’Il ordonne. Un homme sincère, qui craint Dieu et qui est prudent, est conscient de ce qui déplait à Dieu et des moyen de l’éviter. Par exemple, s’il se rend compte que le mauvais côté de son âme est attiré par les possessions terrestres, il placera toute sa richesse et tout son pouvoir dans une noble cause pour l’amour de Dieu, afin de se débarrasser de ce penchant. Voilà la véritable moralité en accord avec la sincérité. Quelqu’un désirant être sincère doit se rappeler immédiatement les ordres de Dieu pour "dépenser dans le chemin de Dieu" et "craindre Dieu autant que l’on peut" afin de se retenir de tout comportement qui Lui est déplaisant. Comme Dieu l’ordonne, il doit dépenser dans Son chemin, sans tenir compte des tentations du mauvais côté de son âme:
La bonté pieuse ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté pieuse est de croire en Dieu, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien, quelque amour qu’on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide et pour délier les jougs, d’accomplir la Salat et d’acquitter la Zakat. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, voilà les véridiques et voilà les vrais pieux! (Sourate 2, al-Baqara: 177)
Dieu conseille aux gens de Le craindre autant qu’ils le peuvent:
Craignez Dieu, donc autant que vous pouvez, écoutez, obéissez et faites largesses. (Sourate 64, at-Taghabun: 16)
En accord avec ce verset, un croyant n’est jamais satisfait du niveau de sa foi et essaye toujours d’augmenter la crainte de Dieu dans son cœur. Le Coran fait référence à ceux qui vivent dans la crainte de leur Seigneur:
Ceux qui redoutent leur Seigneur bien qu’ils ne L’aient jamais vu auront un pardon et une grande récompense. (Sourate 67, al-Mulk: 12)
…. Redoutent leur Seigneur et craignent une malheureuse reddition de compte. (Sourate 13, ar-Ra’d: 21)
La crainte de Dieu et la sincérité grandissent ensemble. Les vrais croyants essayent de craindre Dieu autant qu’ils le peuvent, en conformité avec le verset mentionné ci-dessus. Ces efforts font partie intégrante de la sincérité. Et les croyants sont capables de Le craindre comme il se doit:
Ô les croyants! Craignez Dieu comme Il doit être craint. Et ne mourez qu’en pleine soumission. (Sourate 3, al ‘Imran: 102)
La gravité et la sensibilité apportées par l’augmentation de la crainte de Dieu fait qu’une personne devient encore plus sincère et plus prudente. De plus, saisira les opportunités de se rapprocher de Dieu:
Ô les croyants! Craignez Dieu, cherchez le moyen de vous rapprocher de Lui et luttez pour Sa cause. Peut-être serez-vous de ceux qui réussissent! (Sourate 5, al-Ma’ida: 35)
Une personne qui craint profondément Dieu ne peut en aucun cas laisser jamais passer une opportunité d’adorer Dieu et d’agir en conformité avec les préceptes du Coran. Elle n’oublie jamais que Dieu l’entend et la voit en permanence et n’importe où, qu’elle soit seule ou entourée par une immense foule. Elle agit avec la conscience d’encourir le châtiment de Dieu si elle n’adopte pas le meilleur comportement. Avec cette crainte, sa compréhension est continuellement renforcée. Ainsi, elle ne sacrifie jamais la moindre part de sa sincérité, puisqu’elle se rappelle toujours la menace de l’Enfer au cours de sa vie.
Une des responsabilités de tout vrai croyant est d’être conscient de la vérité révélée dans le verset suivant, et d’atteindre un niveau de foi suffisant pour "honorer Dieu avec l’honneur qui Lui est dû":
Ils n’ont pas estimé Dieu comme Il devrait l’être alors qu’au Jour de la Résurrection, Il fera de la terre entière une poignée, et les cieux seront pliés dans Sa main droite. Gloire à Lui! Il est au-dessus de ce qu’ils Lui associent. (Sourate 39, az-Zumar: 67)
Dieu ne peut être honoré que si Ses attributs sont connus et Ses manifestations perçues et comprises à chaque instant. On ne peut se réfréner et atteindre une foi sincère que si l’on comprend vraiment l’étendue de Sa grandeur.
On doit être conscient qu’il n’y a pas de force plus importante que Dieu afin de L’honorer convenablement. Ceux qui n’arrivent pas à apprécier comme il se doit Dieu sont dupés par le clinquant de ce monde et basent leur vie sur cette tromperie. Ils ont tendance à accorder une importance démesurée à ceux qui possèdent l’argent, le respect et l’autorité, choses importantes selon les valeurs de ce monde. Ils les jugent comme étant des gens de pouvoir et de haut rang, avec la capacité de contrôler les autres aussi bien que la vie elle-même. Par conséquent, ils s’efforcent de gagner leur amour. Ils sont attentifs à se protéger de leur courroux, et craignent de devenir la cible du moindre mal qu’ils pourraient leur infliger.
Certains de ces gens pourraient affirmer croire en Dieu mais ils pensent pourtant que ceux qu’ils admirent ont un quelconque pouvoir d’action indépendant, en dehors de la volonté de Dieu. Cela peut évidemment affecter la sincérité de leur adoration et les amener à rechercher le consentement de ces gens qu’ils respectent ou vénèrent. Il n’existe pourtant aucun pouvoir de faire le bien ou le mal sans la permission de Dieu:
Si tu leur demandais: "Qui a créé les cieux et la terre? ", ils diraient assurément: "Dieu." Dis: "Voyez-vous ceux que vous invoquez en dehors de Dieu; si Dieu me voulait du mal, est-ce que ces divinités pourraient dissiper Son mal? Ou s’Il me voulait une miséricorde, pourraient-elles retenir Sa miséricorde?" - Dis: "Dieu me suffit: c’est en Lui que placent leur confiance ceux qui cherchent un appui." (Sourate 39, az-Zumar: 38)
… Dis: "Qui donc peut quelque chose pour vous auprès de Dieu s’Il veut vous faire du mal ou s’Il veut vous faire du bien? Mais Dieu est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. (Sourate 48, al-Fath: 11)
Dieu rappelle à l’humanité de ne craindre que Lui:
... Ne les craignez donc pas, mais craignez-Moi pour que Je parachève Mon bienfait à votre égard, et que vous soyez bien guidés! (Sourate 2, al-Baqara: 150)
Les prophètes avaient ce niveau de moralité, cette foi et cette sincérité pures. Dans le Coran, il est souligné que les prophètes ne craignaient personne à part Dieu:
Ceux qui communiquaient les messages de Dieu, Le craignaient et ne redoutaient nul autre que Dieu. Et Dieu suffit pour tenir le compte de tout. (Sourate 33, al-Ahzab: 39)
Chaque humain qui honore Dieu comme il se doit sait qu’il n’y a aucune force à part Dieu et ne craint que Lui. Il sait que rien ne peut arriver sans Son consentement et cela lui permet d’adorer continuellement Dieu d’une manière pure, sincère et non corrompue. S’il fait une bonne action ou réforme son comportement, ce sera pour satisfaire Dieu et gagner Sa compassion et éviter Son châtiment et non par crainte des réactions d’autres personnes.
Par exemple, si on demande à des collègues de faire un don à une fondation de charité, certains verront l’opportunité d’agir en conformité avec la morale du Coran donneront par crainte de Dieu, alors que d’autres auront peur des remarques désobligeantes de leurs collègues s’ils ne donnent pas. Ils agissent à contrecœur, ne voulant pas sincèrement donner de l’argent mais se sentent obliger de le faire pour ne pas décevoir les autres. Ces deux aumônes n’auront évidemment pas les mêmes récompenses en présence de Dieu. De telles personnes ont corrompu leur sincérité et se sont écartées de la moralité du Coran. Mais ceux qui agissent par crainte de Dieu peuvent espérer être récompensés par Lui.
A l’inverse, prenons l’exemple d’un homme qui a pris l’habitude d’user d’avantages malhonnêtes à son bureau. Si le rappel de Dieu ne lui fait pas arrêter ses actes mais qu’il les stoppe si on le menace de dévoiler ses agissements à ses collègues, il sera alors impossible d’affirmer qu’il est sincère. Il aura, en apparence, arrêté ses actes immoraux mais il ne l’aura pas fait par crainte de Dieu mais pour se protéger du courroux de ses collègues. Cependant, il sera toujours capable de faire amende honorable pour ce qu’il a fait. S’il se repent sincèrement et se réforme, il peut alors agir sincèrement. Il est très important, pour quiconque souhaite agir sincèrement, d’être vigilant dans sa vie de tous les jours. Pour atteindre la sincérité, il faut se débarrasser de la crainte de tout ce qui n’est pas Dieu.
Quelqu’un qui souhaite se comporter sincèrement quelles que soient les circonstances devrait faire le maximum d’efforts pour obtenir le consentement de Dieu:
… Concurrencez-vous donc dans les bonnes œuvres. C’est vers Dieu qu’est votre retour à tous… (Sourate 5, al-Ma’ida: 48)
Ensuite, Nous fîmes héritiers du Livre ceux de Nos serviteurs que Nous avons choisis. Il en est parmi eux qui se font du tort à eux-mêmes, d’autres qui se tiennent sur une voie moyenne, et d’autres, avec la permission de Dieu, devancent tous les autres par les bonnes actions; telle est la grâce infinie. (Sourate 35, Fatir: 32)
Un musulman sincère s’efforce de se hâter pour accomplir de bonnes actions. A chaque moment de sa vie, il lutte pour agir selon des manières qui plaisent à Dieu et devenir un de Ses serviteurs pieux.
Chacun est confronté, au cours de sa vie, à des situations qui laissent plusieurs options à partir desquelles il décide de sa façon de diriger ses affaires, et de la moralité à adopter. Le choix dépend entièrement de sa conscience. Un vrai croyant est extrêmement prudent et attentif aux options qui sont incompatibles avec les valeurs de la religion et les refuse catégoriquement pour adopter un comportement qu’il pense pouvoir satisfaire Dieu, lui permettre de se rapprocher de Lui et d’obtenir la meilleure récompense au Paradis. Sa capacité à obéir à sa conscience lorsqu’il prend sa décision est ce qui lui permet d’acquérir la sincérité. Dans le Coran, les croyants qui sont devenus les premiers dans les bonnes actions sont décrits de la manière suivante:
Ceux qui, de la crainte de leur Seigneur, sont pénétrés, qui croient aux versets de leur Seigneur, qui n’associent rien à leur Seigneur, qui donnent ce qu’ils donnent, tandis que leurs cœurs sont pleins de crainte [à la pensée] qu’ils doivent retourner à leur Seigneur. Ceux-là se précipitent vers les bonnes actions et sont les premiers à les accomplir. (Sourate 23, al-Muminun: 57-61)
Même si l’on est confronté à des milliers d’alternatives, il est simple de repérer celle qui plaît à Dieu. Cette voie est claire et évidente pour celui cherche à se rapprocher de Dieu et il perçoit tout ce qui lui arrive avec les yeux de la foi. Par exemple, pour choisir comment occuper sa journée, on peut choisir de prendre part à des activités sportives ou de regarder la télévision à la maison toute la journée. On peut affirmer que ces activités plaisent à Dieu, puisque le sport est important pour entretenir sa santé tandis que la télévision est un moyen de se cultiver. Assurément, faire du sport et regarder la télévision sont des activités bénéfiques. Mais le vrai croyant ne peut se contenter de ça. Il doit réaliser à quel point la religion est combattue dans ce monde. Des femmes sans défense, des personnes âgées et des enfants se font tuer dans des pays musulmans, simplement parce qu’ils disent "Notre Dieu est Allah"; les combats, les guerres et la dégénérescence morale se répandent. Il n’y a aucun doute que parler aux autres de la perfection de la moralité du Coran, et essayer d’être le moyen par lequel ils peuvent atteindre leur récompense céleste dans l’Au-delà, seraient des activités préférables. C’est une responsabilité qui doit être assumée par chaque musulman. Ceux qui choisiront de s’occuper de cette manière accompliront une action pieuse et serviront leurs intérêts dans le prochain monde. Ils gagneront également une récompense divine pour avoir communiqué la religion en étant la cause du salut pour les autres.
Dieu offre l’exemple suivant:
Ferez-vous de la charge de donner à boire aux pèlerins et d’entretenir la Mosquée Sacrée des devoirs comparables au mérite de celui qui croit en Dieu et au Jour dernier et lutte dans le sentier de Dieu? Ils ne sont pas égaux auprès de Dieu et Dieu ne guide pas les gens injustes. Ceux qui ont cru, qui ont émigré et qui ont lutté par leurs biens et leurs personnes dans le sentier de Dieu, ont les plus hauts rangs auprès de Dieu ... et ce sont eux les victorieux. (Sourate 5, at-Tawba: 19-20)
Ces versets montrent que donner de l’eau aux pèlerins ou entretenir la Mosquée Sacrée sont de bonnes actions qui appellent le consentement de Dieu mais il est préférable de faire plus si cela est possible. Certains combattent en sacrifiant leurs biens et leurs vies pour l’amour de Dieu. Il ne serait pas sincère de préférer des actions moins louables quand on pense qu’elles sont plus en conformité avec la moralité du Coran. Cela suggère qu’il n’utilise pas toute sa conscience, qu’il prend ses responsabilités à la légère, et qu’il n’est inquiet que de son confort et de sa sécurité. Mais les enseignements du Coran nous indiquent de préférer l’opportunité de gagner le consentement de Dieu à celle d’acquérir les choses de ce monde, quelle que soit la difficulté rencontrée. Voilà la véritable sincérité. De la même manière, les actions pieuses offrent le consentement de Dieu, Sa compassion et la récompense du Paradis.
Quiconque désirant être sincère doit avoir conscience du fait suivant: il ne doit attendre de récompense pour ses actions terrestres que de Dieu. Toute action réalisée en attendant une récompense autre que le consentement de Dieu, Sa compassion et une récompense divine, diminuera sa sincérité. Une bonne action accomplie afin de gagner des avantages matériels et sociaux plutôt qu’une récompense venant de Dieu n’apportera que perte au lieu d’un gain. Servir Dieu avec cet état d’esprit ne peut permettre d’acquérir une véritable sincérité. Cependant, toute action religieuse accomplie sans corrompre ses intentions avec autre chose que l’agrément de Dieu aboutira certainement à une grande récompense divine.
Dans le verset suivant, Dieu annonce, aux croyants qui font le bien, une grande récompense:
Certes, ce Coran guide vers ce qu’il y a de plus droit, et il annonce aux croyants qui font de bonnes œuvres qu’ils auront une grande récompense (Sourate 17, al-Isra’: 9)
Dieu nous informe dans un autre verset que faire le bien sera récompensé doublement:
Et ceux d’entre vous qui sont entièrement soumis à Dieu et à Son messager et qui font le bien, Nous leur accorderons deux fois leur récompense, et Nous avons préparé pour eux une généreuse attribution. (Sourate 33, al-Ahzab: 31)
Dans ses travaux, Bediuzzaman Said Nursi affirme que l’humanité ne peut réussir qu’en étant sincère, et que les gens ne peuvent être sincères qu’en recherchant le consentement de Dieu:
… C’est-à-dire que le seul moyen d’atteindre le salut et la délivrance est la sincérité. Il est de la plus haute importance d’accéder à la sincérité. L’acte le plus petit accompli avec sincérité est préférable à des tonnes d’actions accomplies sans sincérité. Une personne devrait considérer que ce qui apporte la sincérité dans ses actions est le fait de les accomplir simplement parce que c’est un commandement divin et que le résultat est l’agrément divin.8
Bediuzzaman souligne aussi le fait que l’affection ressentie envers une personne ne sera sincère que si l’on n’attend rien en retour excepté le consentement de Dieu:
La sincérité se retrouve partout. Un peu d’amour sincère est supérieur à des tonnes d’amour officiel pour lequel on attend un retour. Quelqu’un a décrit cet amour sincère comme suit: "Je ne veux pas de pot-de-vin, de récompense, de retour ou de récompense pour l’amour, car l’amour qui nécessite un prix en retour est faible et de courte durée."9
Quiconque souhaitant être sincère devrait comprendre pleinement cela. Ainsi, ses efforts deviendront sincères et il sera alors capable d’atteindre le consentement de Dieu, Sa compassion et une récompense céleste.
Cependant, Satan essaye continuellement d’égarer l’homme du droit chemin et de le diriger vers la recherche de bénéfices autre que le consentement de Dieu en nous soufflant des excuses du type "Je travaille déjà à gagner le consentement de Dieu, quel mal cela peut-il me faire si j’espère de petits bénéfices personnels?", "Je gagnerai à la fois le consentement de Dieu et le respect de la communauté", "Je ferai une bonne action, mais ils m’en devront une en retour", ou "Je vais faire un sacrifice, mais j’espère que tout me sera remboursé" etc. Chacune de ces pensées empêche d’être sincère et d’accomplir des actions pieuses.
Bediuzzaman dit que la sincérité ne peut être atteinte que si l’on est content et satisfait, au plus profond de notre cœur, de ce que Dieu nous donne, sans afficher ouvertement sa satisfaction car il sera demandé des comptes sur les intentions de son cœur en présence de Dieu:
On doit aussi prendre comme guide la qualité de préférer les autres à soi-même, la même qualité des Compagnons qui est louée dans le Coran. Par exemple, quand on offre un cadeau ou que l’on effectue un acte de charité, on devrait toujours préférer le bénéficiaire à soi-même, et sans exiger ou désirer, en son for intérieur, toute récompense matérielle pour service religieux, savoir que chaque acte est purement une grâce de Dieu et ne pas imposer un sens d’obligation aux hommes. Rien de terrestre ne doit être recherché en retour d’un service religieux, car autrement la sincérité sera perdue. Les hommes ont de nombreux droits et désirs, et peuvent même mériter la taxe sociale (zakat). Mais elle ne peut pas être exigée. Quand on reçoit quelque chose, on ne peut pas dire que "c’est une récompense pour mon service". On doit plutôt préférer à soi-même les autres qui le méritent plus. On manifeste ainsi la signification de " qui les préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux" (Sourate al-Hashr: 9), on peut être sauvé de ce terrible danger et atteindre la sincérité.10
Dans un autre de ses ouvrages, Bediuzzaman souligne l’importance de recevoir toutes les récompenses dans l’Au-delà en disant: "Ce monde est fait pour le service, pas pour recevoir une rémunération. La rémunération, les fruits, les lumières des actions pieuses sont pour le prochain monde. Apporter ces fruits éternels dans ce monde et souhaiter les avoir ici signifie rendre le prochain monde dépendant de celui. Ainsi, la sincérité de cette action pieuse est mise à mal, et sa lumière éteinte. Oui, ces fruits ne sont pas désirés, voulus. Tout homme récompensé doit remercier Dieu en pensant qu’il est récompensé pour être encouragé."11 En réalité, toutes les récompenses autres que le consentement de Dieu espérées par l’humanité appartiennent à ce monde et représentent la préférence de ce monde à l’Au-delà. Ceux qui prennent plaisir aux bénéfices de ce monde peuvent en être privées dans l’Au-delà. Tandis qu’une personne qui accomplit des actions pieuses en recherchant à acquérir le consentement de Dieu, et qui garde ses intentions pures de toute corruption, se verra accorder par Dieu des bénédictions dans ce monde et dans l’Au-delà:
Quiconque, mâle ou femelle, qui fait une bonne œuvre tout en étant croyant, Nous lui ferons vivre une bonne vie. Et Nous les récompenserons, certes, en fonction des meilleures de leurs actions. (Sourate 16, an-Nahl: 97)
Dans le Coran, de nombreux exemples soulignent la moralité suprême des prophètes à cet égard. On y apprend que les prophètes ont informé leurs communautés qu’ils n’attendaient d’autre récompense que le consentement de Dieu pour leur service.
[Hud dit] Ô mon peuple, je ne vous demande pas de salaire pour cela. Mon salaire n’incombe qu’à Celui qui m’a créé. Ne raisonnez-vous pas? (Sourate 11, Hud: 51)
[Noé dit] Ô mon peuple, je ne vous demande pas de richesse en retour. Mon salaire n’incombe qu’à Dieu. Je ne repousserai point ceux qui ont cru, ils auront à rencontrer leur Seigneur. Mais je vous trouve des gens ignorants. (Sourate 11, Hud: 29)
Bediuzzaman rappelle aussi que l’on ne peut acquérir la sincérité qu’en voulant imiter la moralité supérieure des prophètes:
… Plusieurs personnes peuvent être candidates pour la même position; plusieurs mains peuvent se tendre pour chaque récompense morale et matérielle qui est offerte. De là surviennent les conflits et les rivalités; l’harmonie se change en discorde, et l’entente en dispute. La cure et le remède pour cette maladie effroyable est la sincérité. La sincérité peut s’obtenir en préférant l’adoration de Dieu à sa propre âme, en poussant le plaisir de Dieu à triompher du plaisir de l’âme et de l’ego, manifestant ainsi la signification du verset: "Mon salaire n’incombe qu’à Dieu" (Sourate 11, Hud: 29); en renonçant aux récompenses matérielles et morales des hommes et ainsi manifestant la signification du verset: "Rien n’incombe au messager que de transmettre le message." (Sourate 5, al-Ma’ida: 99); et en sachant que des sujets tels que la bonne acceptation, faire une impression favorable, et gagner l’attention des hommes sont l’affaire de Dieu et une faveur venant de Lui, et qu’ils ne jouent aucun rôle dans la transmission du message, non plus qu’ils ne sont nécessaire pour cela, et que nous ne sommes pas responsables de les gagner – en sachant tout cela, une personne réussira à être sincère. Autrement, cela s’évanouira.12
Dans un de ses travaux traitant des conditions à remplir pour être sincère, Bediuzzaman Said Nursi souligne l’importance de se purifier du besoin d’être accepté des autres et de ne rechercher que le consentement de Dieu, en disant: "Vous devez rechercher le plaisir divin dans vos actions. Si Dieu le Tout-Puissant est satisfait, il n’est d’aucune importance que le monde entier soit mécontent. S’Il accepte une action et que tout le monde la rejette, cela n’a pas d’effet. Une fois que Son plaisir a été gagné et qu’Il a accepté une action, même si vous ne Lui demandez pas, s’Il le désire et que Sa sagesse l’exige, Il fera en sorte que les autres l’acceptent et les fera également consentir. Pour cette raison, le seul but dans ce service doit être la recherche directe du plaisir divin."13
Cet exemple permet de comprendre ce qu’est la sincérité et souligne le fait que dès que Dieu donne son consentement, rien n’a d’importance, pas même l’opposition du monde entier. De plus, Dieu contrôle les cœurs de tout un chacun. S’Il le voulait, Il ferait en sorte que tous soient d’accord avec vous.
A l’inverse, si Dieu ne donne pas Son consentement, il est sans importance que le monde entier donne le sien. Tout bon croyant sait avec certitude que s’il gagne seulement le consentement des gens cela ne vaut rien en présence de Dieu, et qu’il n’aura rien acquis pour le prochain monde, à moins que Dieu ne le veuille autrement. Ceux qui donnent leur consentement peuvent bien être nombreux ou puissant, ce sont cependant des êtres faibles qui n’agissent qu’avec la permission de Dieu, et qui perdront un jour leur pouvoir et leur puissance après s’être décomposés dans la terre. Le soutien des gens, même très nombreux, ne sera pas bénéfique dans l’Au-delà. Seul Dieu est Eternel et digne d’accorder son consentement. La compréhension de cette vérité permet d’acquérir la sincérité durable. Il faut se tourner vers l’obtention du consentement de Dieu en se libérant des "opinions des autres". Dans le Coran, Dieu décrit cela avec une métaphore:
Dieu a cité comme parabole un homme appartenant à des associés se querellant à son sujet et un [autre] homme appartenant à un seul homme: sont-ils égaux en exemple? Louanges à Dieu! Mais la plupart d’entre eux ne savent pas. En vérité tu mourras et ils mourront eux aussi. (Sourate 39, az-Zumar: 29-30)
Dans le Coran, rechercher l’accord des autres en plus de Dieu est considéré comme de "l’idolâtrie" (shirk) ou "associer des partenaires à Dieu". Dans le verset mentionné ci-dessus, Dieu compare celui qui cherche le consentement des autres et associe des partenaires à Dieu, à un homme appartenant à des associés se disputant à son sujet. Celui qui a la foi et qui sert fermement Dieu est comparé à un homme appartenant à une seule personne. Dieu nous rappelle que tous les êtres autres que Lui finiront par mourir et Il invite les gens à réfléchir à l’importance de ne rechercher que Son consentement.
Par conséquent, on doit se protéger des désirs vains et s’évaluer sincèrement. On cherche souvent l’approbation des autres mais c’est en opposition avec la moralité du Coran. De même, nombreux sont ceux qui n’agissent pas comme ils l’entendent mais uniquement de manière à être appréciés par leurs proches. En d’autres mots, leur première motivation devient le "désir d’acquérir le consentement des autres".
Nombre d’entre vous ont sans aucun doute souvent entendu des gens dire des choses comme "Que vont dire les gens?", "Comment pouvons-nous expliquer cela aux autres?", "Nous sommes devenus la risée du voisinage" ou "Maintenant, nous ne pouvons plus nous montrer en public".
Ces réactions sont dues au trop d’importance accordé à l’opinion des gens. Parfois, des gens qui ont commis un méfait ne sont pas tranquilles en pensant que les autres vont l’apprendre mais ils devraient plutôt craindre Dieu et se retourner vers Lui pour se repentir. Quand on ne ressent aucune culpabilité envers Dieu pour les erreurs commises, mais qu’on se sent honteux ou embarrassé face aux autres, il est clair qu’on accorde plus d’importance à l’approbation des gens qu’à celle de Dieu. Ces personnes n’accomplissent pas leurs devoirs religieux de la même manière en public et en privé. Excessivement inquiètes de l’opinion des autres, elles préfèrent gagner leur consentement plutôt que celui de Dieu.
Leur comportement diffère selon l’endroit, la ville, le pays où elles se trouvent et il peut leur arriver de négliger l’adoration de Dieu. Cependant, une personne sincère ne se comportera jamais de cette façon. Où qu’elle aille, quelle que soit la personne qu’elle rencontre, elle reste engagée dans sa dévotion par crainte de Dieu. Le Coran attire l’attention sur le fait qu’aucune condition ou circonstance ne peut influencer l’esprit des vrais musulmans:
[Il y a] des hommes que ni le négoce, ni le troc ne distraient de l’invocation de Dieu, de l’accomplissement de la Salat et de l’acquittement de la Zakat, et qui redoutent un Jour où les cœurs seront bouleversés ainsi que les regards. (Sourate 24, an-Nur: 37)
Ainsi, tout vrai croyant souhaitant être sincère doit se libérer complètement du souci de "ce que diront les gens" et ne chercher que le consentement de Dieu. Cette attitude ne vaut que pour les communautés ignorantes. L’approbation des gens ne nous apportera rien, alors que le consentement, le soutien, l’amour et l’approbation de Dieu vaut bien plus. Dieu permettra, à celui qui est sincère, de mener la meilleure des vies, à la fois dans ce monde et dans l’Au-delà, Il lui fournira le soutien qu’aucun être humain ne peut fournir, et lui accordera une amitié incomparable à l’amitié des humains. Dans un de ses ouvrages, Bediuzzaman Said Nursi souligne aussi ce fait important de la manière suivante:
... l’assentiment divin est suffisant. S’Il est votre aimé, alors tout est votre aimé. S’Il n’est pas votre aimé, alors les applaudissements du monde entier sont totalement sans valeur. Si on recherche l’assentiment et l’approbation des gens en même temps qu’une action détachée de ce monde, alors cette action sera annulée. Si vous préférez, ils détruisent la sincérité de cette action. S’ils sont tentants, alors ils retirent sa pureté.14
Ô ego, si tu obtiens l’assentiment de ton Créateur avec ta piété et ta dévotion, alors ce sera suffisant et il n’y aura pas besoin de rechercher l’assentiment des gens. Si les gens sont d’accord et acceptent au nom de Dieu, alors c’est bien. S’ils agissent pour gagner des bienfaits de ce monde, alors c’est inutile. Car ce sont de faibles serviteurs, tout comme vous. Préférer la seconde option signifie l’idolâtrie. Si un homme, s’adressant au sultan pour un problème commercial, obéit au sultan, alors l’affaire est réglée. Sinon, il y aura des ennuis et des situations gênantes avec le traitement préférentiel des gens. Dans tous les cas, la permission du sultan est obligatoire. Et cette permission dépend de son consentement.15
La conscience est une force chargée, par Dieu, de montrer à l’humanité le droit chemin. Elle met en garde les gens contre le mal de leur âme, les incitations du démon, et tous les types de comportement désapprouvés par le Coran. Elle inspire les moyens de plaire à Dieu et d’agir en conformité avec le Coran. Quelles que soient les circonstances, celui qui écoute la voix de sa conscience sera capable d’atteindre la sincérité. La sincérité signifie utiliser sa conscience de la manière la plus efficace qu’il soit. Cela implique également qu’on ne doit jamais abandonner sa conscience, même sous l’opposition de sa personnalité ou sous des influences extérieures.
Pour cette raison, quelqu’un souhaitant acquérir la sincérité devrait avant tout déterminer s’il fait bon usage de sa conscience. S’il lui arrive de ne pas suivre sa conscience, d’il n’écoute pas sa voix, et se comporte intentionnellement d’une manière qui plaît à son ego, alors il n’utilise pas sa conscience en conformité avec le Coran qui énonce:
Mais l’homme sera un témoin perspicace contre lui-même, quand bien même il présenterait ses excuses. (Sourate 75, al-Qiyama: 14-15)
Chacun sait intuitivement que la voix lui chuchotant à l’oreille est la voix de sa conscience, et aussi quelles excuses il met en avant pour ignorer cette voix.
La conscience est un grand bienfait et un don fait à l’humanité. Comme l’énonce Bediuzzaman Said Nursi:"Même si l’esprit s’en va en vacances et néglige son avis, la conscience ne peut jamais oublier son Créateur. Même s’il refuse son propre soi, il Le voit, pense à Lui et se dirige vers Lui." 16 ou "… Le Créateur ayant deux fenêtres dans chaque conscience causera Son habileté à toujours se manifester dans les cœurs humains"17
la conscience n’est jamais dépourvue, même si l’homme lui-même est ignorant. La conscience n’est jamais distraite même si la personne elle-même l’est. La conscience n’agit jamais faussement, et n’obéit pas au démon, même si la personne le fait. En bref, on peut commettre intentionnellement ou non des erreurs, mais notre conscience ne s’égare jamais du droit chemin et ne commet jamais d’erreur.
Cependant, notre capacité à écouter notre conscience peut diminuer. Si l’on agit en ignorant la voix de notre conscience, qui nous invite au droit chemin, et si l’on prend l’habitude de réprimer cette voix, alors on affaiblira l’influence de notre conscience, et notre capacité à l’écouter s’émoussera. Il sera de plus en plus difficile d’être influencé par cette voix et on pourra même la considérer comme insignifiante. Par conséquent, de nombreux comportements en total désaccord avec la conscience d’un vrai croyant finiront par "contourner" cette conscience et on ne sentira même plus ses tiraillements en violant les règles coraniques. Elle pourra aller à l’encontre du consentement de Dieu, et suivre le démon. Elle accomplira des actions désapprouvées par le Coran sans souci. Par exemple, pendant une guerre, la plupart des gens sentent un grand malaise en voyant des femmes et des enfants sans défense mourir. Ils souhaiteraient pouvoir les aider. Cependant, au fil des jours, lire les mêmes articles et voir les mêmes scènes, encore et toujours, tend à engourdir la conscience. Les nouvelles de mort ou de cruauté ne nous touchent plus, on ne ressent plus d’inquiétude et on n’est plus conscient de la moindre responsabilité.
Afin d’être sincère, il faut s’assurer que l’on est sensible à sa conscience, comme recommandé par le Coran. Cela est possible grâce à l’augmentation de sa crainte de Dieu. On doit profondément réaliser que Dieu nous entend et nous voit, partout et tout le temps. Il prend note de toutes nos actions; et Il nous appellera un jour pour en rendre des comptes. On doit s’efforcer de comprendre clairement que la mort peut survenir d’un moment à l’autre, et que l’on rendra des comptes en présence de Dieu. On sera confronté aux tourments de l’Enfer si l’on a échoué à vivre avec le niveau de moralité approuvé par Dieu et à faire bon usage de sa conscience. Si on réussit à laisser ces enseignements du Coran pénétrer profondément notre cœur, alors le manque d’éclat de notre conscience sera remplacé par une sensibilité consciencieuse. Une telle sensibilité peut, à son tour, nous permettre d’agir sincèrement en écoutant la voix de notre conscience, quelles que soient les circonstances.
Tout le monde parle ou au moins pense à vivre une longue vie et à retarder la mort. Les scientifiques consacrent des efforts importants à résoudre ce problème depuis de nombreux siècles, et ont essayé de trouver des formules pour permettre aux gens de vivre plus longtemps. Cependant, à ce jour, aucun progrès n’a été effectué. Dieu nous apprend que chaque personne a été créée mortelle, un fait que tout le monde devra finir par reconnaître:
Et Nous n’avons attribué l’immortalité à nul homme avant toi. Est-ce que si tu meurs, toi, ils seront, eux, éternels? Toute âme doit goûter la mort. Nous vous éprouverons par le mal et par le bien à titre de tentation. Et c’est à Nous que vous serez ramenés. (Sourate 21, al-Anbiya’: 34-35).
Que les gens l’acceptent ou non, tout le monde doit mourir, cette vie est courte et passagère. Tout le monde est envoyé dans ce monde pour être testé sur une période allant de soixante à soixante-dix ans. Par conséquent, c’est une très grande erreur de ne faire de projets que pour cette vie, d’accepter ce séjour de courte durée comme la vraie vie, et d’oublier l’Au-delà où l’on vivra pour toujours:
Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver et de savoir qui de vous est le meilleur en œuvre, et c’est Lui le Puissant, le Pardonneur. (Sourate 67, al-Mulk: 2)
Dieu décore ce monde afin de créer cet environnement dans lequel l’homme est testé. La rivalité des hommes pour jouir au maximum de cette vie ne doit pas nous abuser. Le Coran explique que ceux qui s’efforcent d’accumuler et d’entasser des biens, qui sacrifient leurs croyances afin d’obtenir de l’autorité, et qui jouent des rôles pour gagner l’approbation des autres, sont en train de courir après des chimères. Supposer que cette vie est réelle, et courir désespérément après des bénéfices et des récompenses terrestres, est aussi illogique, comique et humiliant que de confondre les paysages d’une pièce de théâtre avec la réalité.
Mais il faut se rappeler que ceux qui font des efforts pour acquérir des bénéfices à la fois dans ce monde et dans l’Au-delà, sont également leurrés. La vie de ce monde a été créée comme une bénédiction pour l’humanité. Tant qu’ils sont ici, les gens devraient utiliser de la meilleure façon possible ses splendeurs, et goûter de ses nombreux bienfaits. Mais on ne devrait jamais idéaliser ni courir après ces bienfaits avec une ambition ou un désir excessif. On devrait tous les utiliser, selon la religion, du mieux possible pour être reconnaissant envers Dieu pour ce qu’Il nous a donné. Il ne serait pas totalement sincère de rechercher à la fois le consentement de Dieu et les bénéfices de cette vie terrestre.
Dans le verset suivant, en mentionnant certains de Ses prophètes, Dieu rappelle à l’humanité que le comportement de ceux qui gardent uniquement l’Au-delà à l’esprit ont le plus de mérite:
Et rappelle-toi Abraham, Isaac et Jacob. Nos serviteurs puissants et clairvoyants. Nous avons fait d’eux l’objet d’une distinction particulière: le rappel de l’Au-delà. Ils sont auprès de Nous, certes, parmi les meilleurs élus. (Sourate 38, Sad: 45-47)
Néanmoins, Dieu accorde les plus grands bienfaits de ce monde à ceux qui se tournent sincèrement vers Lui et qui désirent l’Au-delà. Ainsi, quelqu’un qui s’éloigne de la sincérité en disant "Laissez-moi avoir ce monde et le prochain" sera au final privé des deux. Quelqu’un qui désire ardemment l’Au-delà seul, gagnera les bienfaits de ce monde et du prochain.
De la même manière, Bediuzzaman Said Nursi a dit:
"Le secret de ce sujet repose dans la sincérité. Les plaisirs éphémères de ce monde deviennent un but ultime pour ceux qui n’ont pas réussi à atteindre une pureté spirituelle. Ainsi, les actes accomplis par ces personnes pour l’Au-delà sont affectés par ces plaisirs, et leur sincérité est corrompue. Etant des objectifs de ce monde, ces plaisirs ne peuvent être recherchés en même temps que les actions permettant des récompenses détachées de ce monde. Sinon, la sincérité est mise à mal."18
Il souligna que la recherche des bénéfices de ce monde et du prochain émane d’une âme manquant d’éducation. Une telle façon de penser diminue la sincérité, et empêche d’accomplir des actions pieuses dédiées à l’Au-delà.
Dans un autre de ses travaux, Said Nursi a noté que seuls ceux "qui supposent que le monde est un hôtel" peuvent espérer mener la meilleure et la plus heureuse des vies. De là, un tel état d’esprit mène à acquérir le consentement de Dieu et à se comporter sincèrement.
J’observe que la personne la plus fortunée dans cette vie terrestre est celle qui voit le monde comme un hôtel, et se soumet et agit en conséquence. En considérant le monde de cette manière, elle peut rapidement s’élever au rang qui plaît à Dieu, le plus haut rang. Une telle personne ne donnera pas le prix d’un diamant pour quelque chose de la valeur du verre qui peut être cassé. Elle passera sa vie d’une manière droite et avec plaisir. Oui, les affaires de ce monde sont comme des morceaux de verre condamnés à être cassés, tandis que les affaires de l’Au-delà ont la valeur de parfaits diamants. La curiosité intense, l’amour fervent, la terrible gourmandise et les désirs obstinés, et les autres émotions intenses de la nature humaine, ont été accordés afin de gagner les affaires de l’Au-delà. Diriger ces émotions vers des affaires terrestres transitoires signifie donner le prix de diamants éternels pour des morceaux de verre qui vont être brisés.19
Par ces paroles, Bediuzzaman compare cette vie terrestre à un fragile bout de verre, et l’Au-delà à un diamant. Celui qui n’agit pas sincèrement et qui est préoccupé par cette vie, perdra sa récompense céleste, tout comme un homme qui sacrifierait un diamant pour un bout de verre sans valeur. Celui qui comprend que ce monde est comme un hôtel ne commettra pas la même erreur, et fera son possible dans ce monde et le prochain.
Certains appréhendent la signification de la mort de la mauvaise manière. Ils la considèrent comme une fin, la fin des bienfaits de ce monde, leur faisant dire un dernier adieu à cette vie, pour ne jamais revenir, et pour finir décomposés dans la terre. Cela vient d’une mauvaise compréhension de l’existence de Dieu, de la création et de cette vie terrestre. Ils n’ont pas conscience que leur vie terrestre n’est rien d’autre qu’un test pour déterminer le cours de leur vraie vie après leur mort. Ils considèrent ce monde comme la réalité et l’Au-delà comme une illusion. Pour cette raison, ils perçoivent la mort, qui ne fait que mettre un terme à cette vie pour entamer la prochaine, comme une fin.
La "mort" ou même "penser à la mort" devient effrayant et inquiétant pour eux. Ils pensent perdre le goût des plaisirs de cette vie s’ils commencent à penser à la mort. Par conséquent, ils tendent à prendre le plus de plaisir des bienfaits de ce monde, à s’immerger dans cette vie, en évitant de penser à la mort.
Cependant, qu’une personne pense ou non à la mort, le résultat final sera le même, chaque homme rencontrera certainement sa mort:
Dis: "La mort que vous fuyez va certes vous rencontrer. Ensuite vous serez ramenés à Celui qui connaît parfaitement le monde Invisible et le monde Visible et qui vous informera alors de ce que vous faisiez." (Sourate 62, al-Jumu’a: 8)
Il est donc plus sage de se préparer à rencontrer cet évènement inéluctable, plutôt que de l’éviter par négligence ou par oubli. Si l’on mène une vie à gagner le consentement de Dieu, alors la mort n’apportera aucune perte, aucun mal. Ce sera au contraire le moyen de commencer la vie éternelle, bien plus sublime. Si une personne s’est tournée vers Dieu avec un cœur sincère, la mort ne sera pas douloureuse, quelle que soit la manière dont elle survient Un homme fidèle à Dieu et sincère n’aura pas une mort douloureuse car Dieu parle de ceux "qui recueillent les âmes avec douceur". (Sourate 79, an-Nazi’at: 1-2)
De plus, penser à la mort ne diminue pas les plaisirs de ce monde mais peut permettre de mieux les apprécier en prenant conscience de leur caractère éphémère. Dans un de ses discours, le Prophète (sur lui la grâce et la paix) a indiqué l’importance de penser à la mort:
Parlez beaucoup de la mort. Car cela libère l’homme du monde. Et le libère du péché.20
De plus, la mort n’est pas le fin à la vie, des bienfaits et des plaisirs, mais bien le commencement de la véritable vie; c’est la transition vers le véritable monde, où les gens vivront éternellement suivant les choix qu’ils auront faits au cours de cette vie. S’ils ont apprécié la grandeur de Dieu et vécu en conformité avec cela, ils passeront cette vie éternelle au Paradis. Mais s’ils se sont immergé dans cette vie terrestre, et ont oublié la mort, le Jour du Jugement et l’Au-delà, alors leur résidence éternelle sera l’Enfer. S’abstenir de penser à la mort quand on est sur terre n’empêchera en aucun cas la rencontre de cette destinée ultime.
Réfléchir à la mort et s’arranger avec cette vérité sont des sujets essentiels à prendre en considération si l’on veut toujours agir sincèrement et de manière consciencieuse. Quelqu’un qui croit sincèrement en l’existence de Dieu et en l’Au-delà sait clairement que Dieu ne contrôle pas uniquement la vie mais aussi la mort. Personne ne peut retarder ou avancer cette fin. La mort viendra quand Dieu le décidera, et dans les circonstances qui Lui plaisent:
Pour chaque communauté il y a un terme. Quand leur terme vient, ils ne peuvent le retarder d’une heure et ils ne peuvent le hâter non plus. (Sourate 7, al-A’raf: 34)
Quelqu’un qui a conscience de cette vérité sait qu’il peut rencontrer la mort à tout moment. Comme on l’a déjà mentionné, la mort surviendra par la volonté de Dieu. Cela ne dépend pas de l’âge ou de la santé ou si l’on a agit ou non avec prudence. Par la volonté de Dieu, un accident, une maladie soudaine ou même une cause mineure peut nous mener à notre fin. Notre vie peut s’arrêter soudainement. Garder cela à l’esprit aide à agir sincèrement, et à utiliser au mieux sa sagesse, sa conscience et ses capacités car on sait qu’on pourra avoir à rendre des comptes à Dieu dans l’instant qui suit et être envoyé au Paradis ou en Enfer. Il faut vivre dans ce monde avec foi et sincérité, comme si on avait déjà été dans l’Au-delà et vu le Paradis et l’Enfer. Le croyant qui sait tout cela passe chaque moment dans une profonde crainte de Dieu, comme s’il allait immédiatement rencontrer les anges de la mort, comme si le livre contenant ses actions allait s’ouvrir, et comme s’il attendait la décision de savoir s’il est promis au Paradis ou à l’Enfer. Il agit en se rappelant en permanence la proximité et l’horreur des tourments de l’Enfer. Il conserve constamment la crainte d’expérimenter ce tourment pour toujours. D’un autre côté, il est aussi rempli de l’espoir d’échapper à l’Enfer, et de vivre une vie éternelle au Paradis comme un serviteur secouru par Dieu. Il agit en sachant avec certitude que de vaines excuses, comme "Je ne savais pas", "Je n’ai pas compris", "Je n’ai pas réalisé", "J’ai oublié", "J’ai été distrait par d’autres gens qui étaient ignorants", "Je me suis comporté de manière irresponsable", "J’ai suivi le démon" ou "J’ai pensé que Dieu allait sûrement me pardonner", "J’ai accompli mes devoirs religieux et j’ai pensé que ce serait suffisant", ne serviront à rien au Jour du jugement.
Un tel état d’esprit est caractéristique d’une conscience forte, d’une ferme compréhension, d’une sagesse avancée et de la sincérité qui en résulte. Le rappel de la mort évite de remettre à plus tard l’accomplissement de la moindre bonne action, de reporter ses affaires à plus tard ou de se comporter paresseusement, et quelles que soient les circonstances, on n’agit jamais sans enthousiasme. On doit penser que la vie ne sera peut-être pas suffisamment longue pour nous permettre d’accomplir une action "plus tard", que ce soit dans l’heure suivante ou le prochain jour. On est conscient que l’on pourra être plein de regrets dans l’Au-delà pour ces actions incomplètes ou ajournées.
On sait qu’on doit prendre exemple sur la sincérité des prophètes et on évite d’être parmi ceux qui seront plein de regrets dans l’Au-delà, et qui diront "Je souhaite avoir accompli plus d’actions pieuses, être venu en aide à plus de gens, m’être comporté avec une haute moralité et mené les pieux et les musulmans, m’être dévoué à la religion de Dieu plus fermement, avoir fait plus d’efforts pour informer les gens de la moralité de la religion, avoir ordonné aux gens de faire le bien et les empêcher de faire du mal, ne pas avoir remis à plus tard ma préparation pour l’Au-delà au lieu d’être préoccupé par des affaires de ce monde, quand j’avais l’opportunité de devenir un de ceux qui réussissent aujourd’hui".
Plus on accomplit d’actions vertueuses sincèrement, plus on récolte de profit en retour. On sait qu’on doit agir avec dévotion et sincérité afin d’échapper à une fin épouvantable en Enfer et que faire quelque chose à contrecœur, ou ne pas préférer la meilleure des actions risque de nous procurer des remords dans l’Au-delà. Notre profonde conscience et sincérité brillent en toute circonstance, on adopte une attitude sincère dans notre approche de Dieu et dans le respect, l’affection et la sincérité vis à vis des musulmans, dans notre belle moralité, notre abnégation, notre travail, notre adoration, nos prières, toutes ces choses que l’on effectue avec nos biens, notre personne, nos paroles, notre enthousiasme et notre vigueur.
On ne peut espérer acquérir une telle compréhension supérieure de la sincérité que si l’on vit en pensant continuellement à la mort. Dans son Traité, Bediuzzaman Said Nursi souligne les bénéfices de penser à la mort comme suit:
... O mes compagnons au service du Coran! Un des moyens les plus efficaces d’atteindre et de conserver la sincérité est ‘la contemplation de la mort’. Oui, comme c’est l’ambition de ce monde qui nuit à la sincérité et conduit une personne à l’hypocrisie, c’est la contemplation de la mort qui provoque le dégoût de l’hypocrisie et permet d’être sincère. C’est-à-dire penser à la mort et réaliser que ce monde est transitoire, et être ainsi sauvé des ruses de son âme. Oui, via des indications que les Soufis et les gens de vérité ont reçues des versets du Coran, Le Sage, comme "Toute âme doit goûter à la mort." (Sourate 3, Al ‘Imran: 185). Ils ont rendu la contemplation de la mort fondamentale pour leurs voyages spirituels, et pour chasser l’illusion de l’éternité, la source des ambitions de ce monde. Ils s’imaginent morts et placés dans la tombe. Après une réflexion prolongée, l’âme commandant le mal devient triste et affectée par une telle imagination au point d’abandonner ses ambitions et ses espoirs considérables. Il y a de nombreux avantages à cette contemplation. Le hadith dont la signification est "La mention fréquente de la mort dissipe le plaisir et le rend amer" enseigne cette contemplation.
Cependant, puisque notre chemin n’est pas le chemin des Soufis mais le chemin de la réalité, nous ne sommes pas obligés d’accomplir cette contemplation de manière imaginaire et hypothétique comme les Soufis. Faire cela n’est de toute façon pas en conformité avec le chemin de la réalité. Notre chemin n’est pas d’amener le futur vers le présent en pensant à la mort, mais d’aller en esprit vers le futur depuis le présent en respectant la réalité, et en se focalisant dessus. Oui, sans avoir besoin d’imagination ou de conception, on peut regarder son propre cadavre, l’unique fruit sur l’arbre de cette courte vie. De cette manière, on peut regarder sa propre mort, et si l’on va un peu plus loin, on peut voir la mort de ce siècle, et en allant encore plus loin, observer la mort de ce monde, et ouvrir la voie vers la sincérité totale.21
Avec ces mots, Bediuzzaman recommande d’évaluer la mort avec une clarté d’esprit et une maturité, comme si on avait déjà été placé dans notre tombe, vu notre propre mort et nos funérailles, et observé la mort du monde depuis l’Au-delà. Il insiste aussi sur le fait que penser à la mort peut constituer un moyen important de se purifier de toutes les faiblesses comportementales et morales attribuées à la vie de ce monde.
5. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclairr
6. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclair
7. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclair
8. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 17ème éclair
9. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 17ème éclair
10. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 20ème éclair
11. Bediuzzaman Said Nursi, Kastamonu Lahikası (Lettres de Kastamonu), p. 134
12. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclair
13. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclair
14. Bediuzzaman Said Nursi, Barla Lahikası (Lettres de Barla), p. 78
15. Bediuzzaman Said Nursi, Mesnevi-i Nuriye, p. 215.
16. Bediuzzaman Said Nursi, Mesnevi-i Nuriye, p. 215.
17. Bediuzzaman Said Nursi, Mesnevi-i Nuriye, p. 215.
18. Bediuzzaman Said Nursi, Emirdağ Lâhikası (Lettres d'Emirdağ), Vol. 1, p.86
19. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Lettres, La 9ème lettre
20. Ahmad Diya’al-Din al-Kamushkhanawi, Ramuz al-Ahadith, vol 1, 80/16
21. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclai