Dans les chapitres précédents, nous avons souligné les caractéristiques que doit posséder quiconque souhaitant être sincère. Il est également important de se purifier de toutes les pensées "gênant la sincérité" ou "obscurcissant totalement la sincérité". Bediuzzaman Said Nursi, a dit:
"Mes frères! Il y a de nombreux obstacles devant les grandes œuvres de bien. Satan lutte vigoureusement contre ceux qui accomplissent ces œuvres. On doit compter sur la force de sa sincérité face à ces obstacles et ces satans. Vous devez éviter les choses qui nuisent à la sincérité de la même manière que vous évitez les serpents et les scorpions. Selon les paroles du prophète Joseph , "Je ne m’innocente cependant pas, car l’âme est très incitatrice au mal, à moins que mon Seigneur, par miséricorde, ne la préserve du péché." (Sourate 12, Yusuf: 53), on ne doit pas compter sur l’âme incitatrice au mal. Ne laissez pas l’égoïsme et l’âme vous tromper!"22
Le démon est donc l’ennemi de ceux qui visent à être véritablement sincère. Il veut les égarer et interférer avec leur sincérité en encourageant les mauvais penchants de leur âme. Contre ces efforts déterminés du démon, tout vrai croyant devrait prendre la moralité du Prophète Joseph comme exemple. Il ne cède pas à son ego et évite ardemment tous ses ordres. Dans les prochains chapitres, nous verrons les attitudes qui détériorent la sincérité et les moyens de s’en écarter.
Cette vie est un test et, à moins que Dieu ne le veuille autrement, l’âme a été créée pour inviter les hommes à commettre de mauvaises actions, comme le fait de ne pas agir sincèrement. Pour y parvenir, l’âme se dirige vers le chemin qui encourage tous les types de mauvaises pensées. Comme indiqué dans le verset ci-dessous, le mauvais côté de l’âme est constitué de "péché et mal incessant":
Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée; et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété! (Sourate 91, ash-Shams: 7-8)
Cependant, Dieu inspire également aux hommes les moyens d’éviter ce mal et de purifier son âme.
Le verset suivant affirme que ceux qui corrompent leur âme échoueront, et que ceux qui la purifient seront parmi ceux qui réussissent:
A réussi, certes celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt. (Sourate 91, ash-Shams: 9-10
Très certainement, celui qui tend à être sincère et à être parmi les serviteurs dévoués de Dieu doit faire un tel choix. Dieu attire l’attention sur les efforts véritables accomplis par les croyants:
Et il y a parmi les gens celui qui se sacrifie pour la recherche de l’agrément de Dieu. Et Dieu est Compatissant envers Ses serviteurs. (Sourate 2, al-Baqara: 207)
Cependant, il est important de se conduire avec honnêteté et sincérité, et sans jamais se plaindre ni soutenir le mauvais côté de son âme. On doit s’entraîner à cet effet en purifiant son âme du mal et en la rendant docile, et en ne soutenant jamais le mauvais côté de son âme qui a toujours tort, s’oppose au Coran et agit comme le porte-parole du démon. Il faut donc sans cesse nous demander d’où viennent nos envies.
Nous ne nous sentons pas obligés de défendre l’âme d’une autre personne ou de prouver qu’elle a raison, et on doit agir de la même manière envers notre propre âme. Nous devons traiter le mauvais côté de notre âme comme un étranger et s’y opposer. On doit l’admonester quand elle incite au mal, et on doit écouter la voix de sa conscience, sans se soumettre aux mauvaises pulsions. C’est le seul moyen de repérer toute méthode trompeuse utilisée par son âme, de l’évaluer objectivement, et de la juger à la lumière du Coran. Alors seulement, on sera sincère et on obtiendra le consentement de Dieu:
Et pour celui qui aura redouté de comparaître devant son Seigneur, et préservé son âme de la passion, le Paradis sera alors son refuge. (Sourate 79, an-Nazi’at: 40-41)
Une des attitudes qui nuit à la sincérité est "l’avidité et l’égoïsme" inhérents à l’âme:
Oui, l’homme a été créé entêté; quand le malheur le touche, il est abattu; et quand le bonheur le touche, il est refuseur. (Sourate 70, al-Ma’arij: 19-21)
Afin d’être sincère, on doit dépasser le côté de notre âme, et le remplacer par l’abnégation et le dévouement. Pour y parvenir, on doit se purifier de l’avidité de son âme:
... Et quiconque a été protégé contre sa propre avidité... ceux-là sont ceux qui réussissent. (Sourate 64, at-Taghabun: 16)
Ce chemin n’est pas difficile à suivre, mais il faut pour cela être toujours méfiant du mauvais côté de son âme. Dans les communautés ignorantes où les gens manquent de crainte envers Dieu et de foi en l’Au-delà, l’égoïsme et l’avidité sont une philosophie de vie. Ces gens considèrent que c’est de la vigilance et une qualité que de placer leurs besoins avant ceux des autres et de défendre leurs propres intérêts. Ils ne prennent jamais en considération leur responsabilité envers Dieu. A la lumière des versets du Coran, il serait faux d’attribuer les passions avides et égoïstes à ces seules personnes et de limiter le problème aux gens ignorants. Ils sont dans une sorte d’extrême, mais d’autres personnes qui ne sont pas considérées comme avides ou égoïstes peuvent secrètement ou ouvertement entretenir les mêmes tendances qui les empêchent d’être sincère. Il est vraiment très simple de purifier son âme de ces maux. Pour cela, il faut appliquer au mieux la moralité du Coran.
Bediuzzaman Said Nursi attire notre attention sur la solution révélée dans un verset du Coran:
Gagnez la sincérité totale en conformité avec le verset: "...et qui les préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux..." (Sourate 59, al-Hashr: 9) 23
Dans ce verset, Dieu souligne que les vrais croyants préfèrent leurs frères à eux-mêmes, même s’ils sont eux-mêmes dans le besoin ou s’ils ont faim; et qu’ils se tiennent près de leurs frères quand ils doivent faire un choix. Les musulmans vivant à Médine n’ont pas été gênés d’aider leurs frères en fuite depuis la Mecque. Ils leur fournirent un toit et de la nourriture, sans se soucier de leurs moyens limités. Au contraire, ils étaient heureux et se réjouissaient d’avoir battu les tendances égoïstes et mesquines de leurs âmes et d’avoir donné la priorité à leurs frères au Nom de Dieu. Ils savaient clairement qu’un tel comportement était le plus noble, consciencieux et sincère, et en conformité avec le Coran. De plus, Dieu a augmenté et augmentera leur récompense pour leur abnégation, à la fois dans ce monde et dans l’Au-delà. Et Dieu annonce la récompense promise à ceux qui pratiquent une telle moralité:
Si vous faites à Dieu un prêt sincère, Il le multipliera pour vous et vous pardonnera. Dieu cependant est très Reconnaissant et Indulgent. (Sourate 64, at-Taghabun: 17)
Objectivement, on voit qu’on est constamment confronté avec les incitations de notre âme. Ces incitations nous encouragent à ne pas abandonner nos penchants pour les biens de ce monde. Dieu nous dit par exemple que dépenser en charité ce qu’on aime est ce qu’il y a de meilleur. Une personne ne peut devenir réellement bonne que de cette manière:
Vous n’atteindrez la vraie piété que si vous faites largesses de ce que vous chérissez. Tout ce dont vous faites largesses, Dieu le sait certainement bien. (Sourate 3, Al ‘Imran: 92)
Bien que l’on puisse sacrifier tout ce que l’on possède, on peut toujours être passionnément attaché à certaines de nos affaires, et être réticent à les donner. Nous pouvons aussi préférer nos intérêts à ceux d’un frère musulman avec qui on doit partager nos biens et gardes pour nous nos affaires favorites. Cependant, notre conscience nous rappellera que dépenser de ce que nous aimons a plus de valeur. Mais quelque chose nous poussera à ne pas agir conformément à ce meilleur jugement moral et à ne pas agir sincèrement.
La véritable bonne action est pourtant d’offrir immédiatement ses possessions favorites quand on voit que quelqu’un d’autre est dans le besoin. Si ces biens sont si chers à nos yeux, alors l’autre personne les appréciera et sera ravie. Garder les meilleures choses pour soi et donner les moins désirables est le signe d’une âme qui n’est pas complètement purifiée de l’égoïsme. Dieu attire l’attention sur le fait que cette attitude doit être atteinte avant d’espérer parvenir à la bonté.
Si quelqu’un préfère le bien-être d’un autre au sien, recherche toujours le meilleur, la santé et la joie des autres, alors on peut dire qu’il est sincère. Par exemple, il se porte volontaire pour accomplir une tâche difficile plutôt que d’attendre que les autres s’en occupent. Ce qui convient mieux à un musulman est d’accomplir ces tâches secrètement, sans s’attendre à un remerciement. Un verser dit: "concurrencez-vous dans les bonnes œuvres", ce qui est vraiment représentatif de la sincérité car il s’agit de ne pas hésiter à exécuter une tâche et de l’accomplir du mieux possible et prouve que cette personne préfère son frère à elle-même. Elle choisit la difficulté au confort et à la facilité, avec des pensées d’abnégation du type "Laissez-moi me fatiguer à la place de mon frère musulman", "laissez-moi me charger de la difficulté de ce travail pendant qu’il se repose", ou "laissez-moi passer du temps pour faire cela à sa place". De cette manière, elle peut espérer gagner le consentement de Dieu avec ce comportement sincère.
Dans un de ses travaux, Bediuzzaman Said Nursi souligne qu’il est bon de privilégier les autres musulmans quand on parvient à des bénéfices licites afin de se libérer des passions égoïstes de l’âme:
"Choisissez les âmes de vos frères à votre propre âme dans les honneurs, rangs et acclamations, dans les choses que votre âme apprécie comme les bénéfices matériels. Même dans le plus innocent et inoffensif des bénéfices, comme d’informer un croyant nécessiteux d’une des vérités subtiles de la foi. Si possible, encouragez un de vos compagnons qui ne le veut pas, de l’informer, afin que votre âme ne devienne pas prétentieuse. Si vous avez un désir comme ‘Laissez-moi lui expliquer cette question afin que j’en obtienne la récompense’, ce n’est sûrement pas un péché et il n’y a pas de mal à cela, mais la signification de la sincérité entre vous peut être altérée."24
Ainsi, il rappelle aux musulmans que sacrifier ce qui plaît à l’âme, comme l’honneur, la réputation, l’autorité, les bénéfices matériels et l’affection, devrait être un moyen d’être sincère. Un croyant peut tout à fait rester au second plan et laisser un de ses frères recevoir l’attention s’il fait une bonne suggestion ou dit quelque chose d’important.
Tout homme qui évite les incitations de son âme, et s’efforce d’être sincère et de gagner le consentement de Dieu, sera accueilli par Dieu et sera récompensé de ses efforts:
Et pour celui qui aura redouté de comparaître devant son Seigneur et préservé son âme de la passion, le Paradis sera alors son refuge. (Sourate 79, an-Na’ziat: 40-41)
Dieu nous informe dans le verset suivant que l’âme humaine est influencée par l’avidité:
... les âmes sont portées à l’avidité. Mais si vous agissez en bien et vous êtes pieux... Dieu est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. (Sourate 4, an-Nisa: 128)
Nous sommes amenés à combattre intérieurement les sentiments de jalousie et d’avidité et essayer de nous en purifier afin de pratiquer convenablement la moralité du Coran et de gagner pleinement le consentement de Dieu. De la même manière, un autre verset indique que les gens qui divergent et s’écartent du droit chemin à cause de "l’envie" qu’ils ressentent envers les autres, en dépit d’avoir reçu le Livre les guidant vers le droit chemin:
Les gens formaient (à l’origine) une seule communauté (croyante). Puis, (après leurs divergences,) Dieu envoya des prophètes comme annonciateurs et avertisseurs; et Il fit descendre avec eux le Livre contenant la vérité, pour régler parmi les gens leurs divergences. Mais, ce sont ceux-là mêmes à qui il avait été apporté qui se mirent à se disputer, après que les preuves leur furent venues, par esprit de rivalité! Puis Dieu, de par Sa Grâce, guida ceux qui crurent vers cette Vérité sur laquelle les autres se disputaient. Et Dieu guide qui Il veut vers le chemin droit. (Sourate 2, al-Baqara: 213)
Voici où peut mener la jalousie. On peut être conscient du chemin à suivre mais prendre la mauvaise direction à cause des sentiments de jalousie et d’avidité qui empêchent de penser rationnellement et d’évaluer proprement les évènements. Cela nous empêche d’agir selon les valeurs du Coran. On ne peut alors pas parler de ce qui se rapporte à Dieu, ou agir de manière sincère et authentique car on n’est pas gouverné par notre esprit et notre conscience, mais plutôt par notre âme qui prend le rôle de l’avocat du diable. L’âme dirige alors vers le du mal.
Afin d’être purifié de ces vices, on doit avant tout comprendre que les sentiments de jalousie et d’avidité sont contraires à la religion. Cela est typique des gens attachés à ce monde car les jaloux des avantages matériels ou moraux des autres et se disputent entre eux, alors que les vrais croyants sont ceux qui s’abstiennent de devenir excessivement attachés aux possessions de ce monde. Fondamentalement, ils ne désirent que l’Au-delà. Un véritable croyant sait avec certitude que les bénéfices de ce monde sont accordés par Dieu, et qu’ils lui seront repris le moment venu. Bien qu’il en tire du plaisir d’une manière qui plaît à Dieu, il ne devient jamais leur esclave et n’est jamais consumé par l’ambition d’en avoir plus. Il remercie Dieu pour ce qu’Il lui a accordé, et sait comment être satisfait avec ce qu’il a. Et si Dieu accorde, pour une certaine raison, plus de Ses bienfaits à quelqu’un d’autre, il sait que c’est dans un but précis:
Il possède les clefs des trésors des cieux et de la terre. Il attribue Ses dons avec largesse, ou les restreint à qui Il veut. Certes, Il est Omniscient. (Sourate 42, ash-Shura: 12)
Chaque personne est testée à travers les bienfaits que Dieu lui donne avec largesse ou qu’Il restreint. Ainsi, ceux qui s’adressent à Dieu avec gratitude diffèrent de ceux qui se comportent de manière ingrate en abandonnant la moralité du Coran. Si on comprend que cette vie est éphémère et a été créée uniquement pour tester les gens, on ne peut envier les biens des autre. Envier un riche, un beau ou un puissant n’est pas en accord avec la moralité du Coran. Si on vit selon la grande moralité du Coran, on sait clairement que Dieu nous accordera de grands bienfaits dans l’Au-delà et cette vérité nous procure la paix de l’esprit. Ceux qui ne comprennent pas le destin, la nature réelle de cette vie terrestre, le fait que Dieu est le Créateur de toutes les choses qu’il faut placer leur foi en Lui, se laissent entraîner par les sentiments de jalousie et d’avidité. Tout vrai croyant ayant connaissance de cette vérité s’abstient de se comporter ainsi.
Un vrai croyant évite précautionneusement de devenir jaloux mais il désire adopter la bonne moralité de son frère musulman, contenue dans le Coran. Il ne devient jamais avide et, en conformité avec le verset du Coran qui dit "concurrencez-vous dans les bonnes œuvres", il fait des efforts sincères pour faire partie des serviteurs aimés de Dieu, et pour mettre en pratique la moralité du Coran du mieux possible. Cette concurrence dans les bonnes œuvres n’est pas basée sur les sentiments de jalousie ou de rivalité. C’est une compétition visant à se rapprocher de Dieu plutôt que des êtres humains. De la même manière, une telle personne souhaite également que les autres croyants fassent partie des serviteurs aimés de Dieu, comme il le souhaite pour lui-même. Il ne prie et agit en ce sens.
Les vrais croyants savent qu’ils ont été créés faibles, comme toutes les créatures, et ils reconnaissent leurs faiblesses devant leur Seigneur:
Dis: "Je ne détiens pour moi-même ni profit ni dommage, sauf ce que Dieu veut. Et si je connaissais l’Inconnaissable, j’aurais eu des biens en abondance, et aucun mal ne m’aurait touché. Je ne suis, pour les gens qui croient, qu’un avertisseur et un annonciateur." (Sourate 7, al-A’raf: 188)
Celui qui accorde plus d’importance à l’Au-delà qu’au choses de ce monde n’adopte jamais une moralité basée sur l’opinion des autres. Il s’efforce de ne gagner que le consentement de Dieu et n’essaye pas d’être meilleur que les autres pour gagner de l’estime ou avoir une place sûre, un rôle important dans la société. Si on reconnaît de telles tendances ou défauts en soi, on doit alors être conscient que notre moralité nuira à notre sincérité et l’empêchera de gagner le consentement de Dieu.
Dans ses travaux, Bediuzzaman Said Nursi étudia ce problème en profondeur et souligna un certain nombre de points importants afin de guider les vrais croyants. Dans son commentaire sur la sincérité, il décrit la rivalité parmi les croyants comme suit:
Dans les sujets liés à la religion et à l’Au-delà il ne devrait pas y avoir de rivalité, d’envie ou de jalousie; il ne peut en vérité n’y avoir rien de tout cela. La raison de l’envie et de la jalousie est que lorsque plusieurs mains se tendent vers un même objet, quand plusieurs yeux se fixent sur un même endroit, quand plusieurs estomacs ont faim du même morceau de pain, l’envie survient suite aux conflits, aux disputes et aux rivalités, puis survient la jalousie. Puisque de nombreuses personnes désirent les mêmes choses dans le monde, et puisque le monde, limité et transitoire comme il est, ne peut satisfaire les désirs illimités de l’homme, les gens deviennent rivaux les uns des autres. Cependant, ... il est clair qu’il n’y a pas de cause de rivalité dans l’Au-delà, et que la rivalité n’existe pas. Dans ce cas, il ne doit pas y avoir de rivalité en ce qui concerne les bonnes actions qui entraînent des récompenses dans l’Au-delà; il n’y a pas de place pour la jalousie. Celui qui est jaloux est soit un hypocrite, recherchant des bénéfices terrestres via ses bonnes actions, soit un adepte sincère mais ignorant, ne connaissant pas le véritable but des bonnes actions et ne comprenant pas que la sincérité est l’esprit et le fondement de toutes les bonnes actions. En cultivant un type de rivalité et d’hostilité envers les saints de Dieu, il met en fait en doute l’ampleur de la compassion de Dieu…
O gens de vérité et du droit chemin! Le service de la vérité est comme porter et préserver un grand et lourd trésor. Ceux qui transportent cette confiance sur leurs épaules seront heureux et reconnaissants quand de puissantes mains s’élancent à leur secours. Loin d’être jaloux, on doit applaudir fièrement la force supérieure, l’efficacité et la capacité de ceux qui viennent offrir leur aide par amour. Pourquoi alors voir les frères et ceux plein d’abnégation avec un esprit de rivalité, et ainsi ne plus être sincère? 25
Ici, Bediuzzaman rappelle aux vrais croyants que la jalousie et la rivalité n’ont pas de place dans la moralité du Paradis et que toute action pieuse visant à gagner le Paradis ne peut être corrompue avec la jalousie ou la rivalité. Les vrais croyants sont des amis, les gardiens et les frères des uns des autres, dans la vie de ce monde et dans l’Au-delà. Chacun sert le même dessein. Plus ils se soutiennent, plus ils plaisent à Dieu. Pour cette raison, un vrai croyant, sincère, doit aider son frère et être fier de l’autre plutôt que d’être jaloux de ses nobles qualités. Le Prophète (sur lui la grâce et la paix) parla du besoin de cette unité, de cette affection mutuelle et de cette camaraderie parmi les vrais croyants:
Vous observerez que les croyants sont comme les parties du corps en relation les unes avec les autres en matière de bonté, d’amour et d’affection. Quand une partie du corps est affligée, le corps entier le ressent; il y a la perte du sommeil et la fièvre se développe. 26
Dans un autre de ses travaux, Bediuzzaman Said Nursi rappelle aux musulmans que les vrais croyants peuvent surmonter la jalousie et la rivalité en étant fiers des caractéristiques supérieures de chacun des autres. Il souligne également que quiconque pratique une telle moralité mettra sa personnalité de côté pour se fondre dans la moralité de la communauté musulmane toute entière. Ainsi, chaque vertu sera attribuée à chacun d’entre eux:
C’est imaginer les vertus et les mérites de vos frères, et d’être fier de leur gloire. Les Soufis ont des termes qu’ils utilisent entre eux, "annihilation dans le shaykh, annihilation dans le Prophète (sur lui la grâce et la paix)"; Je ne suis pas Soufi, mais leurs principes forment une bonne règle, sous la forme de ‘annihilation dans les frères’. Parmi les frères c’est appelé "tafânî", c’est-à-dire "annihilation l’un dans l’autre". Cela signifie oublier les sentiments de son âme charnelle, et vivre dans son esprit avec les vertus et les sentiments de ses frères. Dans tout évènement le fondement de notre voie est la fraternité. C’est le moyen de la véritable fraternité. Au plus haut, un Maître [Ustad] intervient. Notre voie est la fraternité la plus ferme. Cette fraternité nécessite d’être l’ami le plus proche, le compagnon qui fait le plus de sacrifices, le camarade le plus apprécié, le frère le plus noble. L’essence de cette fraternité est la véritable sincérité. Quelqu’un abîmant cette sincérité tombe du pinacle élevé de cette fraternité. Il peut tomber dans une profonde dépression. Il n’y a rien à quoi il puisse s’accrocher.27
Bediuzzaman souligne aussi le mal causé par les différends et les rivalités divisent les croyants et les affaiblissent alors que les accords et les alliances les rendent encore plus puissants:
… Comme pour les gens négligents et mal guidés, afin de ne pas perdre les bénéfices dont ils se sont entichés et pour ne pas offenser les dirigeants et les compagnons qu’ils adorent au nom des bénéfices, dans leur humiliation extrême, leur abaissement et manque de virilité, ils pratiquent des unions à tous prix avec leurs compagnons, tout autant abominables, traîtres et nuisibles qu’ils sont, et sont d’accord avec leurs partenaires quelle que soit la forme dictée par leur intérêt commun. La conséquence de ces accords est qu’ils obtiennent tous les bénéfices désirés.28
Les gens qui ne croient pas en Dieu ni en l’Au-delà peuvent oublier les rivalités entre eux et établir des alliances les uns avec les autres pour gagner plus de puissance, de bénéfices et de récompenses terrestres. Leur affection pour ces bénéfices peut éliminer la jalousie et les rivalités entre eux, et peut en faire des amis très proches. Ils espèrent bénéficier de leur alliance, et ainsi récolter ses récompenses.
Il est impossible pour de vrais croyants qui visent à gagner le consentement de Dieu d’abandonner la jalousie ou les rivalités et d’établir de telles alliances. Leur enthousiasme à gagner la satisfaction de Dieu peut facilement surmonter la jalousie ou les rivalités que leur chuchote leur âme. Ils doivent comprendre que de tels désaccords peuvent leur nuire ainsi qu’à leur religion et se souvenir que les conflits et les désaccords diminuent leur puissance.
Le Prophète Mohammed (sur lui la grâce et la paix) a aussi exprimé que les musulmans doivent toujours compléter les défauts des autres et couvrir leurs erreurs en disant "Si quelqu’un couvre un musulman [de ses péchés], Dieu le couvrira [de ses péchés] le Jour de la Résurrection." 29
Autrement, l’unité parmi eux sera éliminée et leur pouvoir sera diminué. Quand la puissance des musulmans diminue, ceux qui renient Dieu se renforcent. Aucun musulman ne voudrait être tenu responsable d’une telle chose, pour satisfaire uniquement les désirs de son âme. On attend donc des musulmans qu’ils pratiquent la moralité du Coran au mieux de leurs capacités, qu’ils soient des exemples pour les autres, et qu’ils les encouragent à vivre selon la religion. Il est évident que quelqu’un n’ayant pas réussi à surmonter la jalousie ou la rivalité en lui ne peut assumer cette responsabilité et ne fera que diminuer la force des croyants et renforcer leurs opposants. Une telle personne est un mauvais exemple et elle doit immédiatement adopter une moralité plus noble. Elle pourra alors être sincère et atteindre le niveau de moralité consenti par Dieu. Bediuzzaman dit qu’il incombe au musulman "d’établir une alliance sincère avec les musulmans" en conformité avec le verset qui énonce "Aidez-vous les uns les autres en bien et en piété", et de garder la sincérité éveillée:
La cure et le remède à cette maladie de discorde parmi les gens de vérité est de prendre pour règle de conduite la prohibition divine contenue dans ce verset: ‘et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force’. (Sourate 16, al-Anfal: 46) et le commandement divin et sage pour la vie sociale contenue dans ce verset: ‘Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété’. (Sourate 5, al-Ma’ida: 2). On doit réaliser combien les conflits sont nuisibles à l’Islam, et comment ils aident les gens mal guidés à triompher des gens de vérité, et ensuite, à rejoindre de tout cœur et plein d’abnégation la caravane des gens de vérité, avec le sentiment de ses propre faiblesses et impuissances extrêmes. Au final, on doit oublier sa propre personne, abandonner l’hypocrisie et la prétention, et s’attacher à être sincère.30
Le manque de sincérité, les mauvais penchants de l’âme tels que la rivalité ou l’ambition prennent racine dans un mal encore plus grand: l’arrogance.
L’arrogance se retrouve chez celui qui méprise l’adoration de Dieu, en oubliant ses faiblesses, en méprisant les autres, et en se sentant fier. Mais l’homme est une créature faible qui dépend de la puissance de Dieu pour exister et survivre. Dieu est le Puissant qui a créé l’homme à partir du néant, lui a donné un esprit, l’a protégé et nourri, l’a fait respirer et lui a accordé d’innombrables bienfaits. Dieu est le Seigneur de l’Univers. En dépit de la clarté de cette vérité, quelqu’un qui pense être indépendant de Lui, et croît être responsable de ses propres qualités souffre de toute évidence de graves illusions.
En fait, personne n’a le droit de se montrer fier car Dieu peut reprendre à tout moment les bienfaits qu’Il a accordés. De temps en temps, nous observons tout le mal causé par ceux qui se comportent fièrement à cause de leur beauté physique, leurs connaissances, leurs capacités, leur richesse ou leur statut social. On peut aussi observer ce qui leur arrive quand ils perdent soudainement ces avantages pour quelque raison que ce soit. Si de telles qualités provenaient de la personne elle-même, alors il n’y aurait aucune raison qu’elle les perde. Dieu créé de nombreuses afflictions et difficultés dans cette vie pour aider les gens à comprendre cette vérité. Il teste l’humanité avec des épreuves qui affaiblissent, telles que la vieillesse et les maladies.
Celui qui comprend tout ce qu’il possède provient de Dieu et qu’il n’a pas de pouvoir sans Son aide et assistance, il peut alors discerner en retour la sagesse de Dieu dans Sa création, et acquérir l’humilité en reconnaissant sa propre faiblesse. Selon Bediuzzaman, l’étape la plus importante à franchir pour devenir sincère est l’abandon de l’arrogance:
"Pour préserver la vérité des assauts des mensonges, pour abandonner son égoïsme et renoncer au concept erroné de fierté de soi, et de cesser tous les sentiments insignifiants suscités par la rivalité. [Si l’on adhère à ces préceptes], la sincérité sera préservée et sa fonction parfaitement remplie."31
Il est nécessaire d’adhérer à cette moralité afin de devenir sincère. L’arrogance nous amène à nous placer en avant, à nous aimer nous-mêmes, à s’écouter plutôt que d’écouter les autres, et à protéger ce qu’on possède à tout prix. Celui qui est emporté par la fierté obstrue le chemin de sa conscience à tout avertissement, il n’écoute pas la voix de sa conscience et ne peut en aucun cas se comporter sincèrement.
Dans le Coran, Dieu définit l’influence de l’arrogance comme suit:
Et quand on lui dit: "Redoute Dieu", l’orgueil criminel s’empare de lui. L’Enfer lui suffira, et quel mauvais lit, certes! (Sourate 2, al-Baqara: 206)
Ce qui convient réellement à un croyant est de mettre de côté son arrogance et de se comporter selon ce qui plaît à Dieu:
Et il y a, parmi les gens, celui qui se sacrifie pour la recherche de l’agrément de Dieu. Et Dieu est Compatissant envers Ses serviteurs. (Sourate 2, al-Baqara: 207)
Dieu nous indique comment ont péri les tribus qui se comportaient avec arrogance envers Ses messagers:
Il dit: "C’est par une science que je possède que ceci m’est venu." Ne savait-il pas qu’avant lui Dieu avait fait périr des générations supérieures à lui en force et plus riches en biens? Et les criminels ne seront pas interrogés sur leurs péchés"! (Sourate 28, al-Qasas: 78)
Il est possible d’observer les dommages de l’arrogance sur sa sincérité à chaque étape de sa vie. Celui qui clame être supérieur aux autres est fermé à tout type de critiques, d’avertissements ou de conseils. Même s’il est pris en défaut, la supériorité qu’il ressent le forcera à défendre ses vues, même si elles sont fausses. Il perd donc sa sincérité, refuse d’accepter les remarques, de montrer sa faiblesse, et est gouverné par son propre soi.
Pour cela, il faut avant tout abandonner l’ego à l’origine de l’arrogance, et ne pas se défendre de manière entêtée. Alors seulement on peut espérer agir conformément à l’esprit du Coran et se comporter sincèrement. De la même manière, Bediuzzaman Said Nursi rappelle au vrai croyant que l’antidote le plus efficace contre l’ambition d’être supérieur et d’être dans le vrai, est de "capituler devant l’esprit des vrais croyants sans se défendre":
Le seul remède à cette maladie est d’accuser votre propre âme avant que les autres ne s’en chargent, et de toujours prendre le parti de votre collègue, pas de votre propre âme. La règle de vérité et d’équité établie par les savants de l’art du débat est celle-ci: "Quiconque désir, en débattant sur un sujet, que sa propre parole soit prise pour vraie, quiconque est content lorsqu’il est dans le vrai et son adversaire dans le faux – une telle personne agit injustement." En plus de cela, une telle personne, qui émerge victorieuse dans un tel débat, n’a rien appris qu’elle ne connaissait auparavant, et sa fierté probable lui causera du tort. Mais si son adversaire a raison, elle aura appris quelque chose qu’elle ne connaissait pas et de cette façon, elle aura gagné quelque chose sans aucune perte, tout en étant préservée de la fierté. En d’autres mots, être juste dans ses affaires et être amoureux de la vérité soumettra le désir de sa propre âme aux exigences de la vérité. S’il voit que son adversaire a raison, il l’acceptera volontiers et le soutiendra avec joie.32
Considérer que nous sommes les causes de notre succès est de l’arrogance qui détruit la sincérité. Dieu est Celui qui a accordé à l’humanité son esprit et ses capacités, et l’homme ne connaît que ce que Dieu lui a appris:
Ils dirent: "Gloire à Toi! Nous n’avons de savoir que ce que Tu nous as appris. Certes c’est Toi l’Omniscient, le Sage." (Sourate 2, al-Baqara: 32)
L’homme est une créature faible que Dieu a créée à partir de rien et dont tous les pouvoirs proviennent de dons généreux de la Bonté de Dieu. Quand on réalise la sagesse sans fin, le pouvoir et la connaissance illimités de Dieu, on ne peut penser avoir acquis des qualités par nous-mêmes. La fierté fait oublier cette réalité et devenir arrogant et peu sincère. Ce qui convient mieux à un vrai croyant est de ne jamais considérer ses succès comme venant de lui, même s’il est le plus capable et le plus intelligent des hommes ayant jamais mis le pied sur terre. L’arrogance ne doit jamais le saisir. S’il reconnaît ses faiblesses et fait preuve de sincérité, Dieu lui accordera des faveurs encore plus grandes et lui fera obtenir Son consentement, Sa compassion et entrer au Paradis. Mais la plupart des gens oublie que cette vie terrestre n’est qu’un test. Ils se tournent vers Dieu pendant les périodes d’affliction, et ne sont pas reconnaissants quand des bienfaits leur sont accordés. Ils commettent aussi une grande erreur en croyant qu’ils sont à l’origine de ces bienfaits et que leur succès leur est dû:
Quand un malheur touche l’homme, il Nous invoque. Quand ensuite Nous lui accordons une faveur de Notre part, il dit: "Je ne la dois qu’à ma science." C’est une épreuve, plutôt; mais la plupart d’entre eux ne savent pas. (Sourate 39, az-Zumar: 49)
Une personne victime de son arrogance cherchera à diriger les autres, son ego le conduira à être ambitieux lorsqu’il accomplit du bien et des actions pieuses et détériorera sa sincérité en trouvant des excuses qui semblent raisonnables. Said Nursi écrit:
D’ailleurs la sincérité et l’adhésion à la vérité nécessitent que l’on désire que les musulmans profitent des autres. Penser ‘Laissons-les prendre des leçons de moi-même afin que je remporte la récompense’ est une ruse de l’âme et de l’ego.33
Certaines personnes veulent se mettre en avant sans prendre en compte la qualité du résultat ou les bénéfices rapportés. Cette attitude, gouvernée par le désir de diriger et l’arrogance, détruit complètement la sincérité.
Bediuzzaman a dit également:
"En pensant ‘Laissez-moi gagner cette récompense, laissez-moi guider ces gens, laissez-les m’écouter’, il adopte une position de rivalité envers le véritable frère qui lui fait face et qui a un réel besoin de son amour, de son assistance, de sa fraternité et de son aide. En se disant ‘Pourquoi mes élèves vont le voir? Pourquoi n’ai-je pas autant d’élèves que lui?’ il devient la proie de l’égoïsme, penche vers la maladie chronique de l’ambition, perd toute sincérité, et ouvre la porte à l’hypocrisie."34
Un homme irritable considère ses frères musulmans comme ses rivaux et ne pas vouloir qu’un autre endosse d’importantes responsabilités, et achève ses tâches avec succès, mais cela signifie qu’il ne souhaite pas qu’un autre accède aux récompenses du Paradis. L’attitude la plus noble selon le Coran, qui est la plus sincère, est de laisser les autres gagner l’accès du Paradis et de les encourager à accomplir des tâches qui plaisent à Dieu.
Un musulman devrait souhaiter que les autres gagnent les récompenses du Paradis et s’occupent de nobles tâches menant aux faveurs de l’Au-delà, tout comme il souhaite accomplir des actions pieuses pour son propre bénéfice. Transformer une bonne action en action accomplie au nom d’une ambition terrestre, en disant "Je suis la personne la plus qualifiée pour faire ce travail", "Laissons-les voir combien je suis bon pour m’occuper de ce travail, et comprendre combien supérieures sont mes qualités", "Je me chargerai de ce travail afin d’acquérir un statut et du prestige parmi les croyants", n’est pas en conformité avec la sincérité. Il faut plutôt préférer son frère et faire remarquer qu’il possède aussi des qualités lui permettant de mettre en pratique une bonne moralité et d’agir sincèrement. Afin de vaincre l’arrogance et l’ambition de l’autorité, Bediuzzaman Said Nursi donna la recommandation suivante:
La cure et le remède à cette maladie sérieuse est d’être fier de la compagnie de tous ceux cheminant sur la voie de la vérité, en conformité avec le principe de l’amour pour Dieu; de les suivre et de se soumettre à leur direction; et de considérer quiconque suivant le chemin de Dieu comme probablement meilleur que soi, et ainsi casser l’ego et retrouver la sincérité. Le salut doit aussi se trouver dans cette maladie en sachant qu’une poignée d’actions accomplies sincèrement est préférable à une tonne accomplie sans sincérité, et en préférant le statut d’un disciple à celui d’un leader, avec tout le danger et la responsabilité que cela implique. Ainsi, la sincérité s’acquiert et ses tâches pour préparer l’Au-delà peuvent être correctement accomplies.35
Par ces paroles, Said Nursi a de nouveau souligné l’importance de la sincérité, et rappelé aux croyants que ceux qui visent à vivre au Paradis doivent se purifier des sentiments d’égoïsme, comme l’ego, la rivalité, et l’ambition à diriger. Il a aussi mis en évidence l’importance de donner la préférence à un autre croyant lui permettant d’accomplir un acte de sincérité, de diriger ou d’être satisfait de ses talents afin de prendre conscience que les autres peuvent être supérieurs à soi et l’accepter.
L’hypocrisie est une de ces tendances encouragée par l’âme alors qu’elle est contraire aux lois du Coran. Elle signifie que ce que pense une personne en elle-même diffère de ce qu’elle montre d’elle. Elle est fausse et fait preuve de vice. Le fait qu’une personne puisse se comporter aussi peu sincèrement et adopter deux caractères différents, à l’intérieur et à l’extérieur, indique qu’elle n’a pas encore complètement saisi la signification de la foi ou apprécié l’étendue de la puissance et de la sagesse de Dieu.
Dieu entoure toute chose, connaît le secret des secrets, entend les pensées dans les esprits des gens, et les voit où qu’ils se trouvent. Si quelqu’un cache ses vrais sentiments et s’efforce de se montrer sous un autre jour, alors il a oublié ces attributs de Dieu. Et si cette personne peut tromper les gens par son comportement ou ses paroles, Dieu sait ce qu’elle cache dans son cœur.
Celui qui craint Dieu devrait éviter de Lui déplaire. Les gens peuvent faire l’éloge de quelqu’un en le jugeant sur son comportement extérieur hypocrite, mais il ne gagnera aucune faveur dans l’Au-delà. On doit toujours garder à l’esprit que les bénéfices gagnés dans cette vie sont insignifiants comparés à ceux gagnés dans l’Au-delà:
... La vie présente vous plait-elle plus que l’Au-delà? Or, la jouissance de la vie présente ne sera que peu de chose, comparée à l’Au-delà! (Sourate 9, at-Tawba: 38)
Un hypocrite est prétentieux et peu sincère. Par la volonté de Dieu, les vrais croyants peuvent détecter de telles caractéristiques. En particulier les prophètes de Dieu, aidés par une science venant de Lui, étaient capables de reconnaître ceux qui cachaient leurs véritables pensées en agissant hypocritement, et qui affichaient une identité différente de leur véritable identité. Même d’ils peuvent tromper les vrais croyants, Dieu connaît leur comportement faux et affecté, entend toutes leurs paroles, et voit toutes leurs actions:
Il sait ce qui est dans les cieux et la terre, et il sait ce que vous cachez ainsi que ce que vous divulguez. Et Dieu connaît bien le contenu des poitrines. (Sourate 64, at-Taghabun: 4)
Un véritable croyant n’a pas besoin d’user d’hypocrisie pour faire se faire accepter ou aimer des gens car c’est Dieu qui place l’amour entre les gens. Il est dans la nature de tous les croyants de soutenir et d’aimer celui qui s’efforce de gagner le consentement de Dieu et qui est sincère, honnête et vrai. Obtenir le consentement de Dieu a pour conséquence de gagner aussi le consentement des vrais croyants. Cependant, toute action réalisée seulement pour gagner le consentement des gens est sans valeur pour gagner le consentement de Dieu.
Pour cette raison, on ne doit pas écouter les incitations de notre âme. On doit se purifier de tout type de pensée et d’attitude hypocrite afin de devenir sincère.
Accorder trop d’importance à l’autorité, le statut social ou la réputation, valeurs qui n’ont aucune signification dans l’Au-delà, empêche les gens de viser uniquement à gagner le consentement de Dieu et de faire des efforts pour atteindre le Paradis. Dieu annonce que la supériorité entre les humains sera déterminée par leur piété:
Ô hommes! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux. Dieu est certes Omniscient et Grand- Connaisseur. (Sourate 49, al-Hujurat: 13)
Dans un de ses travaux, Bediuzzaman Said Nursi affirme ainsi ce fait: "[Le second obstacle détruisant la sincérité] est de flatter l’ego et de donner un grand statut à l’âme ordonnant le mal en attirant l’attention sur soi ainsi que les acclamations publiques, conduit par le désir de renommée, de célébrité et de situation. C’est une maladie spirituelle sérieuse, qui ouvre aussi la porte à l’hypocrisie et à l’égocentrisme, appelée ‘l’association cachée de partenaires à Dieu’, et qui endommage la sincérité" 36
Croire que celui qui possède l’autorité est supérieur est plutôt courant dans les sociétés ignorantes. Mais tout vrai croyant qui saisit la signification de la foi ne devrait en aucun cas suivre les insinuations de son âme. Il devrait plutôt rechercher à atteindre la supériorité par sa sincérité. Celui qui purifie son âme de ces désirs gagnera une autorité bien supérieure à celle de ce monde. Il recevra honneur et respect:
Si vous évitez les grands péchés qui vous sont interdits, Nous effacerons vos méfaits de votre compte, et Nous vous ferons entrer dans un endroit honorable (le Paradis). (Sourate 4, an-Nisa’: 31)
Pour mériter un tel endroit honorable, le croyant doit comprendre la vérité suivante:
Quiconque veut la puissance, qu’il la cherche auprès de Dieu car la puissance tout entière est à Dieu: vers Lui monte la bonne parole, et Il élève haut la bonne action… (Sourate 35, Fatir: 10)
Dieu est le Seul qui possède l’honneur et il l’accorde à celui qui accomplit sincèrement de bonnes actions.
Bediuzzaman Said Nursi souligne l’insignifiance de l’autorité de ce monde, comme le statut et la réputation, comparée à l’endroit honorable de l’Au-delà. Il cite un verset de Dieu qui dit "et ne vendez pas Mes signes pour un vil prix", et énonce:
Nous avons un besoin extrême d’inculquer la sincérité en nous-mêmes. Autrement, ce que nous avons accompli jusqu’ici dans notre service sacré sera en partie perdu, et ne se conservera pas; et nous en serons tenus responsables. Nous devons manifester la menace sévère contenue dans l’interdit divin "et ne vendez pas Mes signes pour un vil prix" (Sourate 2, al-Baqara: 41) et ne pas détruire la sincérité, et ainsi nuire au bonheur éternel au nom de sentiments insensés, inutiles, nuisibles, tristes, égoïstes, fatigants et hypocrites, et au nom de bénéfices insignifiants. Et en faisant cela, on violerait tous les droits de nos frères, on transgresserait le devoir de servir le Coran, et on serait irrespectueux envers le caractère sacré des vérités de la foi.37
Ce désir d’acquérir un statut et de l’autorité empêche d’être sincère dans ses actions et amène à devenir malhonnête. Viser le consentement de Dieu et une récompense céleste d’un côté, ainsi que l’honneur et la réputation dans cette vie peut invalider ses actions par mégarde. Tout vrai croyant devrait tenir compte des rappels du Coran, et purifier son âme des désirs d’acquérir réputation et honneur. Il devrait tenter de gagner la gloire et l’honneur avec Dieu.
Accumuler des biens jusqu’à la fin de sa vie est un effort inutile. Aucune récompense n’en sera retirée: La course aux richesses vous distrait, jusqu’à ce que vous visitiez les tombes. (Sourate 102, at-Takathur: 1-2)
Il ne faut pas chercher à satisfaire les désirs futiles de l’âme mais plutôt se purifier du mauvais côté de son âme tant qu’il est encore temps et rechercher, par la sincérité, à atteindre un niveau de moralité consenti par Dieu.
L’âme corrompue est passionnément attachée aux objets matériels et à son propre physique et encourage à être toujours plus ambitieux dans ces domaines. Pourtant, tout cela n’est qu’un test pour les humains:
Certes vous serez éprouvés dans vos biens et vos personnes... (Sourate 3, Al ‘Imran: 186)
Dieu annonce la bonne nouvelle du Paradis à ceux qui préfèrent sacrifier leurs biens terrestres pour gagner Son assentiment, au lieu de les rechercher avec obsession. Il informe l’humanité que c’est la seule manière d’atteindre le bonheur et le succès:
Certes, Dieu a acheté aux croyants leurs personnes et leurs biens en échange du Paradis. Ils combattent dans le sentier de Dieu: ils tuent, et ils se font tuer. C’est une promesse authentique qu’Il a prise sur Lui-même dans la Thora, l’Evangile et le Coran. Et qui est plus fidèle que Dieu à son engagement? Réjouissez-vous donc de l’échange que vous avez fait: Et c’est là le très grand succès. (Sourate 9, at-Tawba: 111)
L’âme incitera certainement l’homme à rechercher les biens de ce monde, mais un croyant qui connaît la promesse faite par Dieu ne peut en aucun cas s’incliner devant son âme car tout ce qui orne cette vie ne peut égaler les bienfaits éternels de l’Au-delà. Dieu révèle aux hommes: "Réjouissez-vous des affaires que vous avez conclues." Les humains sont destinés à profiter des bienfaits de ce monde pendant un court laps de temps. Au moment de la mort, il faut quitter son corps et tout ce que l’on possède dans cette vie. Les bienfaits accordés par Dieu dans l’Au-delà sont les seuls succès et bonheur.
Bediuzzaman explique qu’on peut être profondément attaché aux biens de cette vie et finir par comprendre la vérité:
Ainsi, il y a chez l’homme des milliers d’émotions, dont chacune a deux degrés, un métaphorique et l’autre vrai. Par exemple, l’émotion d’anxiété pour le futur est présente chez tout le monde. Alors une personne est anxieuse pour le futur, mais elle voit qu’elle ne possède rien pour garantir qu’elle atteindra ce futur. Aussi, en ce qui concerne sa subsistance, il y a une promesse pour cela, et le futur est bref et ne vaut pas une telle inquiétude. Elle se détourne donc du futur pour se tourner vers le vrai futur Au-delà de la tombe, qui durera éternellement et pour lequel, pour les insouciants, il n’y a pas de promesse.38
Dans le même ouvrage, Bediuzzaman Said Nursi fait remarquer la futilité de l’homme qui se passionne pour le matériels et pour sa propre personne: "L’homme montre également une forte ambition pour les biens et la position sociale, puis il voit que la propriété transitoire qui a été placée temporairement sous sa direction, et que la renommée et la position sociale, qui sont dangereuses et mènent à l’hypocrisie, ne valent pas une telle ambition. Il s’en détourne pour se tourner vers les rangs et les degrés spirituels plus proches de Dieu, qui constituent les véritables rangs, et vers les dispositions pour l’Au-delà, et les bons travaux qui sont les vrais biens. L’ambition métaphorique, qui est une mauvaise qualité, est transformée en vraie ambition, une qualité élevée."39
S’inquiéter pour ses biens et pour sa vie ne permet pas d’approcher Dieu avec un cœur sincère et de se soumettre convenablement à Lui. Ces passions, qui sont cachées profondément dans son âme, dirigeront furtivement l’homme et le feront agir pour son propre gain plutôt que pour le consentement de Dieu. Par exemple, quand il rencontre quelqu’un dans le besoin, il préfère sécuriser son propre bénéfice plutôt que de faire l’aumône et soutenir le nécessiteux. Mais Dieu a informé que se priver pour donner aux nécessiteux est plus représentatif de la sincérité:
Il appartient également à ceux qui, avant eux, se sont installés dans le pays et dans la foi, qui aiment ceux qui émigrent vers eux, et ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce que ces immigrés ont reçu, et qui les préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent. (Sourate 59, al-Hashr: 9)
De la même manière, les désirs personnels éclipseront le souci de gagner le consentement de Dieu et n’apporteront que disgrâce:
Dis: "Si vos pères, vos enfants, vos frères, vos épouses, vos clans, les biens que vous gagnez, le négoce dont vous craignez le déclin et les demeures qui vous sont agréables, vous sont plus chers que Dieu, Son messager et la lutte dans le sentier de Dieu, alors attendez que Dieu fasse venir Son ordre. Et Dieu ne guide pas les gens pervers." (Sourate 9, at-Tawba: 24)
Les richesses ne seront d’aucune utilité dans l’Au-delà:
Et à rien ne lui serviront ses richesses quand il sera jeté au Feu. (Sourate 92, al-Layl: 11)
Seuls les sincères seront récompensés par des bienfaits éternels et infinis:
Alors qu’en sera écarté le pieux, qui donne ses biens pour se purifier et auprès de qui personne ne profite d’un bienfait intéressé, mais seulement pour la recherche de La Face de son seigneur le Très- Haut. Et certes, il sera bientôt satisfait! (Sourate 92, al-Layl: 17-21)
Le Coran nous montre que ceux qui se font autant de souci pour leurs vies que pour leur richesse perdent leur sincérité, et deviennent incapables de gagner le consentement de Dieu. Quand le Prophète ((sur lui la grâce et la paix)) invita les gens à combattre de leur personne pour l’amour de Dieu, certains dirent:
Si nous avions pu, nous serions sortis en votre compagnie. (Sourate 9, at-Tawba: 42)
Et d’autres:
Ne partez pas au combat pendant cette chaleur! (Sourate 9, at-Tawba: 81)
Ils préférèrent protéger leurs propres personnes en inventant de telles excuses, certains allant même jusqu’à jurer au nom de Dieu pour démontrer qu’ils disaient la vérité. Mais Dieu connaît bien leurs mensonges, et sait qu’ils n’étaient pas sincères. Au contraire, le vrai croyant est sincère:
Mais le Messager et ceux qui ont cru avec lui ont lutté avec leurs biens et leurs personnes. Ceux-là auront les bonnes choses et ce sont eux qui réussiront. (Sourate 9, at-Tawba: 88)
Les croyants doivent faire des efforts avec leurs biens et leurs personnes pour gagner le consentement de Dieu et Il leur accordera un plus haut degré auprès de Lui:
Ne sont pas égaux ceux des croyants qui restent chez eux - sauf ceux qui ont quelque infirmité - et ceux qui luttent corps et biens dans le sentier de Dieu. Dieu donne à ceux qui luttent corps et biens un grade d’excellence sur ceux qui restent chez eux. Et à chacun, Dieu a promis la meilleure récompense; et Dieu a mis les combattants au-dessus des non combattants en leur accordant une rétribution immense. (Sourate 4, an-Nisa’: 95)
22. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclair
23. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclair
24. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclair
25. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 20ème éclair
26. Hadith d'Al-Boukhari et Muslim sous l'autorité de Nu’man Ibn Bashir
27. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclair
28. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 20ème éclair
29. Hadith de Sahih Boukhari et Muslim
30. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 20ème éclair
31. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 20ème éclair
32. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 20ème éclair
33. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 20ème éclair
34. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 20ème éclair
35. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 20ème éclair
36. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclair
37. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Eclairs, Le 21ème éclair
38. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Lettres, La 9ème lettre
39. Bediuzzaman Said Nursi, La Collection Risale-i Nur, Les Lettres, La 9ème lettre