Et endure avec constance. Car Dieu vraiment ne laisse pas perdre le salaire des gens bienfaisants.(Sourate 11, Houd : 115)
Comme nous l’avons vu, il y a des différences très significatives entre la patience des croyants et celle du reste de la société. Les croyants considèrent la patience comme une méthode pour se rapprocher de Dieu et la vivent comme une forme d’adoration ordonnée par le Coran qui détaille cette bonne caractéristique morale des croyants comme suit :
La plupart des gens se montrent patients aux moments de durs malheurs, parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. Mais cela n’a rien à voir avec la vraie patience. Ils ne considèrent pas chaque événement comme étant un test de Dieu qui renferme des bénédictions divines ou des bénéfices. Ils se plaignent de leurs problèmes et montrent leur mécontentement. Jusqu’à la fin de leur épreuve, ils ne sortiront pas de leur état spirituel négatif.
La vraie patience des croyants, toutefois, est très différente d’une simple endurance. Ils sont conscients que Dieu décrète chaque chose pour une raison précise, et qu’elle renferme des bénéfices cachés. En sachant que Dieu leur a déterminé le meilleur destin possible, ils rencontrent toute chose avec plaisir et le cœur serein. Dieu dit aux croyants d’adopter cette attitude dans le verset suivant :
Ceux qui endurent avec constance et placent confiance en leur Seigneur ! (Sourate 29, Al Ankaboute : 59)
Quelles que soient les circonstances, le croyant ne se plaint pas. De plus, Dieu indique que toute difficulté est suivie d’une facilité :
Oui, car à côté de la difficulté est une facilité. Oui, à côté de la difficulté est une facilité ! (Sourate 94, Ach-Charh : 5-6)
Dieu rappelle Ses serviteurs d’un autre fait important :
Dieu n’impose à personne de charge qui ne soit dans ses capacités. (Sourate 2, Al Baqara : 286)
Dieu nous éprouve par ce que nous pouvons surmonter. Ainsi, quels que soient les problèmes rencontrés, c’est une vérité sûre que Dieu nous a donnée la force d’endurer patiemment.
Conscients de pareils versets, les croyants ne considèrent pas la patience comme " souffrir pour traverser un malheur ". Ils savent que même si leurs problèmes sont sans fin, des bénéfices dissimulés et la plus belle récompense dans l’Au-delà leur sera accordée. Ainsi, ils ne sont jamais abattus par les problèmes car ils prient Dieu d’alléger leur charge tout en sachant qu’Il est le Seul à pouvoir les secourir. Ils se réfugient en Lui et recherchent Son aide.
Seigneur ! Ne T’en prends pas à nous s’il nous arrive d’oublier ou de commettre une erreur. Seigneur ! Ne nous charge pas d’un fardeau lourd comme Tu a chargé ceux qui furent avant nous. Seigneur ! Ne nous impose pas ce pour quoi nous n’avons point de force. Et donne-nous absolution et donne-nous pardon et aie pour nous miséricorde. Tu es notre patron : donne-nous donc secours contre le peuple mécréant. (Sourate 2, Al Baqara : 286)
Les bonnes œuvres qui persistent ont auprès de Ton Seigneur une meilleure récompense et (suscitent) une belle espérance. (Sourate 18, Al Kahf : 46)
Les personnes qui ne pratiquent pas la patience comme présentée dans le Coran, ne peuvent pas être constantes, et elles peuvent se montrer patientes un jour et être impatientes le lendemain.
Mais les croyants, qui vivent la patience comme une instruction de Dieu et une exigence de leur religion, n’en dévient jamais. Ils s’efforcent de vivre leur vie entière d’une manière que Dieu apprécie et de gagner Son approbation en récompense de leur ferme moralité. Il est clair que le comportement qu’apprécie le plus Dieu est celui de la patience et de la fermeté en toute circonstance, parce qu’Il nous dit dans le Coran que " les bonnes actions qui durent " sont les plus bénies.
Dans un autre verset, Dieu donne aux croyants les instructions suivantes :
Et arrête-toi en compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, qui cherchent Son visage. (Sourate 18, Al Kahf : 28)
En se conformant à ce verset, les croyants affichent une patience constante afin de gagner l’approbation de Dieu.
Ceux qui ne vivent pas selon la moralité coranique espèrent être récompensés pour leur patience temporaire.Lorsque cela n’arrive pas, ils disent euxmêmes que " leur patience s’épuise " et ce, parce qu’ils cherchent uniquement un bénéfice matériel. Ils ne cherchent pas l’approbation de Dieu et oublient qu’ils seront tenus responsables de leurs actions au Jour du Jugement :
Comptez-vous entrer au Paradis sans que Dieu ne distingue parmi vous ceux qui luttent et ceux qui sont endurants ? (Sourate 3, Al 'Imran : 142)
Ceux qui sont patients dans le but de gagner l’approbation de Dieu entreront au Paradis, tandis que ceux qui sont patients uniquement pour avoir des bénéfices matériels seront privés de cette belle récompense que Dieu promet.
Les croyants, qui sont guidés par le Coran et conscients de cela, ne se montrent patients que pour mériter l’approbation de Dieu. Ils n’attendent aucun bénéfice matériel :
… et qui cherchent le visage de Dieu, endurent avec constance … (Sourate 13, Ar-Ra’d : 22)
Les croyants affichent, face à toutes les difficultés, une grande patience en suivant scrupuleusement les instructions du Coran, et en démontrant la plus ferme moralité en toute circonstance. Une des raisons pour lesquelles ils peuvent afficher cette excellence morale à tout moment est qu’ils comprennent que leur plus importante tâche est d’exécuter les ordres de Dieu. Ils adhèrent donc volontiers et avec joie à la moralité du Coran. Et savoir qu’ils gagneront l’amour de Dieu ainsi que Sa miséricorde et Son assistance leur assure de surmonter patiemment n’importe quelle difficulté.
Dans un verset coranique, Dieu invite Ses serviteurs à être patients : " Soyez patients pour votre Seigneur. " Ceci assure qu’ils adhèreront à Sa moralité volontairement, quoi qu’il arrive. Une autre raison pour laquelle ils affichent une patience de tout cœur est que Dieu nous informe qu’Il " aime les endurants " (Sourate 3, Al 'Imran : 146).
De plus, Dieu a révélé : " Paix sur vous, pour ce que vous avez enduré ! Combien meilleure est votre demeure finale " (Sourate 13, Ar-Ra’d : 24) pour faire savoir aux patients qu’ils recevront une belle récompense au Jour du Jugement.
Toutes ces bénédictions assurent au croyant qu’il vivra dans la patience avec joie.
Les personnes dont la crainte et la conscience de Dieu ainsi que leur foi en Lui sont faibles, peuvent adapter leur comportement en fonction des circonstances ou des gens qui les entourent. Ils peuvent se comporter convenablement face à des personnes dont ils espèrent tirer un quelconque bénéfice, et afficher un comportement différent face à des gens qui ne leur semblent pas avoir d’importance. Il est fréquent, dans les sociétés éloignées de la religion, qu’un commerçant montre plus de respect et d’intérêt face à un client riche, même si celui-ci est capricieux ou condescendant. Mais il pourrait ne pas être aussi tolérant et patient face à un client aux moyens limités. De plus, il pourra lui arriver d’être agréable avec un ami qui le divertit ou lui fournit des opportunités mais de changer de comportement si cette personne ne l'aide plus ni l'amuse.
Cette inconstance est due à leur décision, consciente ou non, de ne pas construire leurs valeurs morales sur la conception coranique de la moralité mais plutôt sur leurs propres compréhensions rudimentaires. À l’inverse, les croyants vivent la moralité du Coran, qui est basée sur une foi fondamentale uniquement pour gagner l’approbation de Dieu. Ainsi, rien dans ce monde ne peut leur faire perdre patience, même dans les moments difficiles et c’est une facette de leur noble caractère.
Le Coran attire l’attention sur cette moralité supérieure comme suit :
La bonté ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Mais la bonté pieuse est de croire en Dieu et au Jour dernier, aux anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien, quelqu'amour qu'on en ait, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l'aide et pour délier les jougs, d'accomplir la Salat et d’acquitter la Zakat. Et ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et les voilà les vrais pieux ! (Sourate 2, Al Baqara : 177)
Dieu nous informe que faire preuve de patience durant les moments difficiles est une condition de la vraie vertu. Les croyants se conforment à cet enseignement et prouvent leur patience dès qu’ils sont confrontés à des difficultés.
Puisque les croyants considèrent la patience comme une forme d’adoration, cela leur permet d’acquérir d’autres vertus :
Eux, les endurants, les véridiques, les gens de dévotion, les libéraux, ceux qui implorent le pardon à chaque lever de l’aube. (Sourate 3, Al 'Imran : 17)
Dans un autre verset, Dieu définit les croyants comme ceux " qui font largesse dans la bonne et la mauvaise fortune, et ceux qui dominent leur rage et pardonnent à autrui " (Sourate 3, Al 'Imran : 134).
Toutes ces caractéristiques ne peuvent être vécues qu’à travers une sincère acceptation du concept coranique de la vraie patience.
Vaincre la colère et rester calme pendant une longue période n’est possible qu’en exerçant la patience. Ceux qui aident les gens lorsque eux-mêmes vivent des moments difficiles ne peuvent le faire que parce qu’ils sont patients pour l’amour de Dieu. Ils se comportent de cette façon parce qu’ils savent qu’aider les gens dans des moments pareils leur permettra de gagner l’approbation de Dieu. L’habileté d’une personne juste à pardonner une personne injuste est aussi une caractéristique d’une vraie patience.
De la même manière, l’obéissance de toute une vie aux ordres de Dieu et à Ses interdits n’est possible que grâce à la patience. Les croyants affichent un caractère décisif dans le sacrifice de soi, la bienveillance, la modestie, le pardon, l’honnêteté, la loyauté et l’affection, et les vivent par la patience.
Comme nous l’avons vu, la patience ouvre la voie aux croyants à une moralité supérieure que Dieu approuve. Pour le croyant, vivre cette moralité mérite Son infinie bénédiction et une place au Paradis. Il ne peut y avoir meilleur salut.
Il serait grave de penser que la patience des croyants est seulement le fait d’attendre pour contourner les obstacles et vaincre les difficultés sans faire le moindre effort. Au contraire, Dieu leur enseigne de faire tous les efforts possibles pour assurer le confort et la tranquillité des gens en utilisant tout leur esprit, leur conscience et toutes les opportunités. Pour cette raison, ils maintiennent une patience sincère face aux problèmes, et s’efforcent au maximum d’éliminer la ou les sources de problèmes.
Pour les gens impatients, la perspective de perdre un profit à cause d’une erreur humaine peut donner lieu à un comportement incorrect car ils ne considèrent pas la possibilité que ceci peut être une bénédiction cachée. Les croyants, par contre, font confiance à Dieu quelle que soit l’importance de la perte, et continuent d’être sereins et tranquilles. Cependant, ils prennent aussi toutes les précautions possibles pour empêcher ceci d’arriver encore une fois. Ils avertissent la ou les personnes ayant fait l’erreur, confient la tâche à une personne plus qualifiée, et prennent encore plus de précautions.
Les personnes qui ne sont pas conscientes du concept coranique de la patience la considèrent comme une simple attente sans faire d’effort mais ce n’est pas le comportement vertueux que Dieu encourage à adopter. Elles doivent au contraire tout faire pour surmonter les difficultés en faisant preuve de patience et en utilisant leur esprit, conscience et ressources matérielles. Plusieurs versets coraniques attirent l’attention sur cela, comme dans le cas de ceux qui immigrèrent de la Mecque vers Médine :
Quant à ceux, toutefois, qui ont émigré après avoir été tentés, puis ils ont lutté et enduré avec constance; certes oui, ton Seigneur, après cela, est pardonneur, certes et miséricordieux ! (Sourate 16, An-Nahl : 110)
En plus de cela, en prenant des mesures actives face aux difficultés, les croyants continuent également à prier Dieu pour obtenir Son assistance comme le leur demande le Coran :
Et quand ils se présentèrent devant Goliath et ses troupes, ils dirent : Seigneur ! Déverse sur nous l’endurance et affermis nos pas et donne-nous la victoire sur le peuple mécréant. (Sourate 2, Al Baqara : 250)
Comme vous pouvez le voir, la patience des croyants est une patience intelligente. Un tel comportement recevra la plus belle récompense en présence de Dieu.
Comme il est cité dans ce verset : " Vraiment, l’homme se rebelle dès qu’il se voit à l’abri " (Sourate 96, Al Alaq : 7), les croyants savent qu’il faut éviter la vanité. Ainsi, ils ne se considèrent pas totalement compétents même s’ils effectuent parfaitement certaines tâches, mais ils s’efforcent, tout au long de leur vie, de s’améliorer.
Derrière ces efforts sincères s’étendent leur attachement et amour de notre Seigneur, ainsi que leur crainte et conscience de Lui. Puisque leur plus grand but est d’atteindre Son amour et Son approbation, ils essayent de vivre selon l’esprit des enseignements du Coran. Conscients qu’ils ne peuvent jamais être parfaitement experts dans un domaine, ils s’efforcent de toujours fournir plus d’efforts pour suivre Ses enseignements dans cette vie.
Ils savent que les efforts qu’ils font mériteront une récompense proportionnelle en la présence de Dieu ainsi que Ses bénédictions. Par les mots suivants : " Et encourez le pardon de votre Seigneur, et au Jardin large comme les cieux et la terre, préparé pour les pieux " (Sourate 3, Al 'Imran : 133), Dieu pousse les croyants à rivaliser dans le bien pour gagner Son approbation et une place au Paradis, et bien sûr, à rivaliser dans le domaine de la patience :
Ô les croyants ! De l’endurance ! Rivalisez d’endurance, tenez ferme… (Sourate 3, Al 'Imran : 200)
Les croyants savent que rivaliser entre eux pour afficher le meilleur comportement leur garantira l’amour de Dieu et ils se rapprocheront de Lui. Les croyants sont patients et constants, quelles que soient les circonstances et ils ont confiance en notre Seigneur. Même face à l’inattendu, et aux drames, ils ne se plaignent pas et ne se disent jamais " si seulement ça ne m’était pas arrivé ". Ils comprennent que Dieu leur a envoyé une bénédiction cachée, et vivent donc en paix même si les choses s’aggravent. Quelles que soient les terribles difficultés qu’ils rencontrent, ils font preuve de patience en suivant les enseignements de Dieu.
Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable et interdise le blâmable ; car voilà les gagnants. (Sourate 3, Al 'Imran : 104)
Dans ce verset, Dieu ordonne aux croyants de se détourner les uns et les autres du mal en conseillant ce qui est bien et en encourageant les comportements positifs. En parallèle, les croyants appellent les autres à suivre le Coran et à éviter tout ce que Dieu a interdit. Ils encouragent en particulier la patience, parce qu’ils savent que ceux qui adhèrent à la moralité qu’aime Dieu atteindront le Paradis, tandis que les autres seront condamnés aux supplices de l’Enfer. Ils incitent donc leurs frères à être patients et constants dans tous leurs actes d’adoration au quotidien. Le Coran raconte l’épisode où le Prophète (sur lui la grâce et la paix) et ses compagnons étaient dans une grotte sur leur chemin vers Médine :
Si vous ne lui portez pas secours… or Dieu lui a déjà porté secours, le jour où les mécréants l’avaient banni lui deuxième des deux, quand ils étaient dans la caverne et qu’il disait à son compagnon : " Ne t’afflige pas ; oui Dieu est avec nous. " Puis Dieu fit descendre sur eux Sa sérénité. (Sourate 9, At-Tawba : 40)
Dans des conditions extrêmement difficiles, pourchassé par des ennemis, le Prophète (sur lui la grâce et la paix) a rappelé à son compagnon l’assistance de Dieu. Tous les musulmans doivent suivre cet exemple et se guider les uns les autres vers la patience en rappelant la force et le secours de Dieu quelles que soient les circonstances.
Le Coran se réfère à de telles personnes comme " les Ccompagnons de la droite " :
Et Nous l’avons guidé aux deux voies, or il n’a pas gravi la montée. Et que sais-tu de la montée ? C’est affranchir un esclave, ou nourrir, en un jour de famine, un parent orphelin ou un indigent dans le besoin. Puis, être de ceux qui ont la foi et s’enjoignent mutuellement la patience et la miséricorde. Ceux-là sont les compagnons de la droite. (Sourate 90, Al Balad : 10-18)