L"humanisme" est considéré comme une idée positive par la majorité des gens. Elle évoque des notions telles que l’amour de l’humanité, la paix et la fraternité. Mais, la signification philosophique de l’humanisme est bien plus lourde de sens : l’humanisme est une façon de penser qui pose les concepts d’humanité comme son seul et unique objectif. Autrement dit, elle appelle les êtres humains à se détourner d'Allah, leur Créateur et à s’intéresser à leur propre existence et identité. Un dictionnaire courant définit l’humanisme ainsi : "un système de pensées reposant sur les valeurs, caractéristiques et comportements, considérés comme étant meilleurs chez l’être humain, plutôt que chez une autorité surnaturelle."33
La définition la plus évidente de l’humanisme, toutefois, a été mise en avant par ceux qui l’embrassent. Un des plus éminents porte-parole modernes de l’humanisme est Corliss Lamont. Dans son livre, The Philosophy of Humanism, l’auteur écrit :
Aujourd’hui, humanisme est devenu un autre nom pour athéisme. Un exemple en est l’enthousiasme pour Darwin, typique dans le magazine américain, The Humanist.
[En somme] l’humanisme croit que la nature… constitue la somme totale de la réalité, que l’énergie-matière et non l’esprit est la base fondatrice de l’univers et que les entités surnaturelles n’existent pas tout simplement. Cette non réalité du surnaturel signifie, au niveau humain, que les hommes ne possèdent pas d’âmes surnaturelles ni immortelles ; et au niveau de l’univers en tant que tout, que notre cosmos ne possède pas de Dieu surnaturel et éternel.34
Comme vous le voyez, l’humanisme est presque identique à l’athéisme, ce que les humanistes reconnaissent volontiers. Deux manifestes importants furent publiés par les humanistes au siècle dernier. Le premier fut publié en 1933 et a été signé par certaines personnes influentes de cette époque. Quarante ans plus tard, en 1973, un deuxième manifeste humaniste fut publié qui confirmait le premier, mais contenait certaines additions en rapport avec les développements surgis entre temps. Des milliers de penseurs, scientifiques, écrivains et membres des médias signèrent le deuxième manifeste, qui est soutenu par l’association, très active comme toujours, de American Humanist Association.
L’examen des manifestes révèle une base fondamentale dans chacun d’eux : le dogme athée selon lequel l’univers et les êtres humains n’ont pas été créés, mais existent indépendamment, que les êtres humains ne sont pas responsables envers une quelconque autorité autre qu’eux-mêmes et que la croyance en Allah a retardé le développement des individus et des sociétés. (Allah est bien au-dessus de ce qu'ils Lui imputent) Par exemple, les six premiers articles du premier manifeste humaniste présentent les énoncés suivants :
Premier : Les humanistes religieux considèrent l’univers comme existant par lui-même sans avoir été créé.
Deuxième : L’humanisme croit que l’homme fait partie de la nature et qu’il a émergé du résultat d’un processus continuel.
Troisième : Ayant une vision organique de la vie, les humanistes trouvent que le dualisme traditionnel entre corps et esprit doit être rejeté.
Quatrième: L’humanisme considère que la culture et la civilisation religieuse de l’homme, comme elles sont clairement présentées par l’anthropologie et l’histoire, sont le fruit d’un développement progressif, résultat de l’interaction de l’homme avec son environnement naturel et son héritage social. Un individu né dans une culture particulière est largement façonné par cette culture.
Cinquième : L’humanisme affirme que la nature de l’univers représentée par la science moderne rend inacceptable les garanties surnaturelles ou cosmiques des valeurs humaines...
Sixième : Nous sommes convaincus que le théisme, déisme, modernisme et les différentes variétés de la "nouvelle pensée" sont révolus.35
Dans les articles ci-dessus, nous avons vu l’expression d’une philosophie commune se manifestant sous des noms tels que matérialisme, darwinisme, athéisme et agnosticisme. Dans le premier article, le dogme matérialiste de l’existence éternelle de l’univers est mis en avant. Le deuxième article énonce, pareillement à la théorie de l’évolution, que les êtres humains n’ont pas été créés. Le troisième article nie l’existence d’une âme humaine et revendique que l’être humain est fait de matière. Le quatrième article propose une "évolution culturelle" et nie l’existence d’une nature humaine décrétée par Dieu (une nature humaine spéciale attribuée lors de la création). Le cinquième article rejette la souveraineté d'Allah sur l’univers et l’humanité, et le sixième énonce que l’heure est venue de rejeter le "théisme", c’est-à-dire la croyance en Allah.
On remarquera que ces affirmations constituent des stéréotypes, typiques de ces cercles hostiles à la vraie religion. Ceci du fait que l’humanisme est le fondement même du sentiment antireligieux. Car l’humanisme est une expression de "l’homme pensant qu’il sera laissé libre", ce qui est l’élément principal, tout au long de l’histoire, pour la négation d'Allah. Dans un verset du Coran, Allah nous dit :
L'homme pense-t-il qu'on le laissera sans obligation à observer ? N'était-il pas une goutte de sperme éjaculé ? Et ensuite une adhérence Puis [Allah] l'a créée et formée harmonieusement ; Puis en a fait alors les deux éléments de couple : le mâle et la femelle ? Celui-là (Allah) n'est-Il pas capable de faire revivre les morts ? (Sourate al-Qiyamat, 36-40)
Allah dit que les hommes ne sont pas "laissés libres", et leur rappelle immédiatement après qu’ils sont Sa création. Car lorsqu’une personne comprend qu’elle est une création d'Allah, elle comprend qu’elle n’est pas "libre", mais responsable devant Allah.
Pour cette raison, l’affirmation que les êtres humains ne sont pas créés est devenue la doctrine primordiale de la philosophie humaniste. Les deux premiers articles du premier manifeste humaniste formulent cette doctrine. Par ailleurs, les humanistes soutiennent que la science appuie leurs thèses.
Néanmoins, ils se trompent. Depuis la première publication du manifeste humaniste, les deux principes présentés par les humanistes comme des faits scientifiques (l’idée que l’univers est éternel et la théorie de l’évolution) se sont effondrés :
1. L’idée que l’univers est éternel a été invalidée par une série de découvertes astronomiques faites lorsque le premier manifeste humaniste fut écrit. Des découvertes telles que l’expansion de l’univers, du rayonnement cosmologique et le calcul du ratio hydrogène/hélium démontrèrent que l’univers avait un commencement et qu’il apparut du néant il y a quelques 15 à 17 millions d’années dans une explosion gigantesque appelée le "Big Bang". Bien que ceux qui embrassent la philosophie humaniste et matérialiste avaient des réticences à accepter la théorie du Big Bang, ils finirent par être convaincus.
Lorsque cette preuve scientifique a été dévoilée, la communauté scientifique finit par accepter la théorie du Big Bang, c’est-à-dire que l’univers a un commencement, laissant les humanistes sans argument. Le penseur athée Anthony Flex fut donc obligé de confesser :
... Je commencerai donc par confesser que l’athée stratonicien est embarrassé par le consensus cosmologique contemporain. Car il semble que les cosmologistes sont en train de fournir une preuve scientifique de ce que Saint Thomas ne pouvait prouver philosophiquement ; à savoir que l'univers a eu un commencement…36
2. La théorie de l’évolution, la justification scientifique la plus importante à l’origine du premier manifeste humaniste, a commencé à perdre pied dans les décennies qui suivirent sa publication. Nous savons aujourd’hui que le scénario proposé pour l’origine de la vie par les évolutionnistes athées (et sans aucun doute humanistes), tels que A. I. Oparin et J. B. S. Haldane dans les années 1930, n’a aucune validité scientifique ; les organismes vivants ne peuvent pas être créées spontanément à partir de la matière non vivante comme suggéré par ce scénario. Le registre fossile prouve que les organismes vivants ne se sont pas développés par un processus de petits changements par cumulation, mais sont apparus brusquement avec leurs caractéristiques distinctes, et ce fait est accepté par les paléontologistes évolutionnistes eux-mêmes depuis les années 1970. La biologie moderne a démontré que les organismes vivants ne sont pas le fruit du hasard et des lois naturelles, mais qu’on trouve dans chaque organisme des systèmes complexes faisant la preuve de la création. (Pour plus de détails, voir Harun Yahya, Réfutation du darwinisme)
En outre, l’affirmation erronée que la croyance religieuse fut le facteur qui empêcha l’humanité d’avancer et l’entraîna dans des conflits a été réfutée par l’expérience historique. Les humanistes ont affirmé que la suppression des croyances religieuses rendrait les gens heureux et à l’aise, toutefois, l’opposé s’est avéré vrai. Six ans après la publication du premier manifeste humaniste, la Deuxième Guerre Mondiale éclata, des calamités record s’abattirent sur le monde en raison de l’idéologie fasciste laïque. L’idéologie humaniste du communiste frappa d’abord l’Union Soviétique, puis la Chine, le Cambodge, le Viêt-nam, la Corée du Nord, Cuba et différents pays d’Afrique et d’Amérique Latine d’une sauvagerie inégalée. 120 millions de personnes en tout furent tués par les régimes ou organisations communistes. Il est d’autre part évident que la branche occidentale de l’humanisme (le système capitaliste) n’a pas réussi à apporter la paix et le bonheur dans ses propres sociétés ou dans d’autres régions du monde.
L’effondrement des arguments humanistes sur la religion s’est également manifesté dans le cadre de la psychologie. Le mythe freudien, une pierre angulaire du dogme athée dès le début du 20ème siècle, a été invalidé par les données empiriques. Patrick Glynn, de l’Université George Washington, explique ce fait dans son livre intitulé God: The Evidence, The Reconciliation of Faith Jehovah Reason in a Post secular World :
Le dernier quart du 20ème siècle n’a pas été tendre avec la perspective psychanalytique. La révélation de la vision de Freud sur la religion (sans mentionner une foule d’autres sujets) comme étant complètement fallacieuse fut la plus importante. Ironie du sort, la recherche scientifique dans la psychologie au cours des dernières vingt-cinq années a démontré que, loin d’être une névrose ou une source de névrose comme l’affirmaient Freud et ses disciples, la croyance religieuse est un des corrélats les plus constants de santé mentale et de bonheur. Des études successives ont démontré une forte relation entre la croyance et la pratique religieuses, d’une part, et un comportement sain en considération de problèmes tels que le suicide, l’alcool et la toxicomanie, le divorce, la dépression, et même, peut-être le plus surprenant, les niveaux de satisfaction sexuelle dans le mariage, d’autre part.37
En résumé, la justification prétendument scientifique de l’humanisme s’est avérée nulle et ses promesses vaines. Cependant, les humanistes n’ont pas renoncé à leur philosophie, mais ont plutôt essayé de la propager à travers le monde par des méthodes de propagande de masse. Se développa ainsi, particulièrement pendant l’après-guerre, une propagande humaniste intense dans les domaines de la science, la philosophie, la musique, la littérature, l’art et le cinéma. Les messages attrayants, mais vides créés par les idéologues humanistes furent imposés avec insistance aux masses. La chanson "Imagine" de John Lennon, le chanteur du groupe pop le plus célèbre de tous les temps, les Beatles, en est un exemple :
John Lennon, avec ses paroles, "Imagines, qu’il n’y ait pas de religion", fut l’un des plus importants propagandistes de la philosophie humaniste au 20ème siècle.
Imagine qu’il n’y a pas de paradis
C’est facile si tu essaies
Pas d’enfer sous nos pieds
Seul le ciel au-dessus de nos têtes
Imagine tout le monde
Vivant l’instant présent...
Imagine qu’il n’y a pas de pays
Ce n’est pas difficile
Aucune raison de tuer ou de mourir pour
Et aucune religion non plus...
Tu peux dire que je suis un rêveur
Mais je ne suis pas le seul
J’espère qu’un jour tu nous rejoindras
Et que le monde sera uni
Cette chanson fut élue la "chanson du siècle" dans divers sondages réalisés en 1999. Il s’agit d’une bonne représentation du sentimentalisme avec lequel l’humanisme, sans aucun fondement scientifique ou rationnel, est imposé aux masses. L’humanisme est incapable d’émettre une objection rationnelle à la religion ou des vérités qu’il enseigne, mais il essaie d’user de méthodes suggestives comme celles-ci.
Lorsque les principes énoncés dans le Premier Manifeste Humaniste (de 1933) se révélèrent vains, quarante ans passèrent avant que les humanistes ne présentent le deuxième volume. Au début du texte, tentative fut faite d’expliquer pourquoi les premiers principes n’avaient rien donné. Malgré la médiocrité de l’explication, elle démontrait l’attachement tenace des humanistes à leur philosophie athée.
Un des traits les plus évidents du deuxième manifeste fut le maintien du caractère antireligieux présenté par le manifeste de 1933 :
Comme en 1933, les humanistes croyaient toujours que le théisme traditionnel, particulièrement la foi en un Dieu à l’écoute des prières, qui est censé vivre pour et se préoccuper des gens, d’écouter et d’entendre leurs prières, et d’être en mesure de faire quelque chose pour eux, est une foi sans fondement et dépassée. (...) Nous croyons (...) que les religions dogmatiques traditionnelles ou autoritaires plaçant la révélation, Dieu, le rituel ou le credo au-dessus des besoins humains et de l’expérience desservent l’espèce humaine. En tant qu’athées, nous partons de l’homme, pas de Dieu, de la nature, pas de la déité.38
C’est une explication très superficielle. Pour comprendre la religion, il faut avoir l’intelligence et l’entendement nécessaires à la compréhension d’idées profondes. Il faut être prédisposé à la sincérité et dépourvu de préjugés. A l’inverse, l’humanisme n’est rien d’autre qu’une tentative de certains individus, dès de le départ passionnément athées et antireligieux, de représenter ce préjugé sous une forme rationnelle.
Toutefois, les efforts des humanistes pour décrire la foi en Allah et les religions monothéistes comme sans fondement et dépassés n’ont rien de nouveau ; ce n’est que le calque d’une affirmation faite depuis des milliers d’années par ceux qui rejettent Allah. Dans le Coran, Allah explique cet argument vieux comme le temps réfuté par les incroyants :
Votre Dieu est un Dieu unique. Ceux qui ne croient pas en l'au-delà leurs cœurs nient (l'unicité d’Allah) et ils sont remplis d'orgueil. Nul doute qu'Allah sait ce qu'ils cachent et ce qu'ils divulguent. Et assurément Il n'aime pas les orgueilleux. Et lorsqu'on leur dit : "Qu'est-ce que votre Seigneur a fait descendre ?" Ils disent : "Des légendes anciennes !" (Sourate an-Nahl, 22-24)
Ce verset révèle que la vraie raison du rejet de la religion par les incroyants est l’arrogance cachée dans leurs cœurs. La philosophie appelée humanisme est simplement la manière actuelle qu’à cette époque de rejeter Allah. Autrement dit, l’humanisme n’a rien de neuf, comme le revendique ceux qui l’embrassent ; c’est une vision du monde laïc et archaïque commune à ceux qui rejettent Allah par arrogance.
A l’examen de l’humanisme au cours de l’histoire européenne, on découvre de nombreuses preuves solides de cette affirmation.
Contrairement aux promesses de la philosophie humaniste, l’athéisme n’a apporté que guerres, conflits, cruauté et souffrances au monde.
Nous avons vu que la Kabbale est une doctrine remontant à l’Egypte antique, qui pénétra et contamina la religion qu'Allah avait révélée aux Israélites. Nous avons par ailleurs vu qu’elle repose sur une vision pervertie qui considère les êtres humains comme n’étant pas créés, mais comme étant des créatures divines existant depuis l’éternité.
L’humanisme pénétra en Europe à partir de cette source. La croyance chrétienne reposait sur l’existence d'Allah, et la croyance que les êtres humains étaient Ses serviteurs dociles créés par Lui. Mais, avec la propagation de la tradition des templiers à travers l’Europe, la Kabbale commença à attirer un grand nombre de philosophes. Ainsi, au 15ème siècle, un courant humaniste débuta qui laissa une trace indélébile sur le monde des idées européen.
Ainsi que l’historien de l’Université du Vatican Malachi Martin l’a montré, il existe une étroite relation entre la montée de l’humanisme en Europe et la Kabbale ….
Ce lien entre humanisme et Kabbale est souligné dans plusieurs sources. L’une d’elle est le livre du célèbre auteur Malachi Martin, intitulé The Keys of This Blood. M. Martin est professeur d’histoire à l’Institut Biblique Pontifical du Vatican. Il explique que l’influence de la Kabbale peut être clairement observée chez les humanistes :
Dans ce climat inhabituel d’incertitudes et de défis qui marqua le début de la Renaissance italienne, surgit un réseau d’associations humanistes qui aspiraient à échapper au contrôle global de l’ordre établi. En raison de leurs aspirations, ces associations étaient obligées d’exister en secret, du moins à leur début. Mais outre le secret, ces groupes humanistes étaient construits autour de deux caractéristiques principales.
Premièrement, ils étaient en rébellion contre l’interprétation traditionnelle de la Bible telle qu’elle était soutenue par les autorités ecclésiastiques et civiles, et contre les bases philosophiques et théologiques qu’offrait l’Eglise en termes de vie civile et politique...
Comme on pouvait s’y attendre avec une telle animosité, ces associations avaient leur propre conception du message originel de la Bible et de la révélation d'Allah. Ils se saisirent de ce qu’ils considéraient être un corps ultrasecret de connaissance, une gnosie, qu’ils basaient en partie sur les milieux culturels et occultistes provenant d’Afrique du Nord, notamment d’Egypte, et en partie sur la Kabbale juive classique...
Les humanistes italiens expurgèrent l’idée de la Kabbale qui en devint presque méconnaissable. Ils reformulèrent le concept de gnosie et en firent un simple verbiage. La gnosie spéciale qu’ils recherchaient était un savoir secret permettant de maîtriser les forces aveugles de la nature à des fins sociopolitiques.39
En résumé, les sociétés humanistes formées à cette époque souhaitaient remplacer la culture catholique de l’Europe par une nouvelle culture prenant ses racines dans la Kabbale. Ils avaient pour ambition de créer un changement sociopolitique pour y parvenir. Il est intéressant de retrouver aux sources de cette nouvelle culture, outre la Kabbale, les doctrines de l’Egypte antique. Le professeur Martin écrit :
Les initiés de ces premières associations humanistes étaient des adeptes de la Grande Force (le Grand architecte du cosmos), qu’ils représentaient sous la forme du tétragrammaton sacré, YHWH... [Les humanistes] empruntèrent d’autres symboles (la Pyramide et l’œil qui voit tout) principalement à des sources égyptiennes.40
Il est relativement intéressant que les humanistes fassent usage du concept de "Grand architecte de l’univers", un terme encore utilisé aujourd’hui par les maçons. Cela révèle qu’il doit y avoir un lien entre les humanistes et les maçons. Le professeur Martin écrit :
Sous d’autres climats nordiques, à la même époque, une alliance bien plus importante avec les humanistes prenait place. Une alliance que personne n’aurait pu prédire.
Dans les années 1300, à une époque où les associations humanistes-kabbalistes commençaient à chercher leur place, il existait déjà, particulièrement en Angleterre, en Ecosse et en France, des confréries médiévales composées d’hommes…
Personne au 14ème siècle n’aurait pu prédire une fusion d’esprits entre les francs-maçons et les humanistes italiens...
La nouvelle maçonnerie s’éloigna de l’allégeance au christianisme ecclésiastique romain. Et là encore, comme pour les humanistes occultistes italiens, le secret garanti par la tradition de la Loge fut essentiel dans ces circonstances.
Les deux groupes avaient toutefois plus de points communs que le seul secret. D’après les écrits et les documents de la maçonnerie spéculative, il est clair que le principe religieux central se transforma en croyance dans le Grand architecte de l’univers (une figure familière dès lors grâce à l’influence des humanistes italiens)... Le Grand architecte était immanent et l’élément principal d’un cosmos matériel, un produit de l’esprit "éclairé".
Aucune base conceptuelle ne pouvait permettre de réconcilier une telle croyance avec le Christianisme. Car de telles idées étaient exclues et considérées comme un péché, l’enfer comme châtiment et le paradis comme récompense, et le sacrifice perpétuel et éternel de la messe, saints et anges, prêtre et pape.41
Bref, en Europe, au 14ème siècle, naquit une organisation humaniste et maçonnique prenant ses racines dans la Kabbale. Et cette organisation ne considérait pas Dieu, comme le faisait les juifs, les chrétiens et les musulmans : le Créateur et le Souverain de l’univers entier et le seul Seigneur et Dieu de l’humanité. A la place, ils utilisaient un concept différent, comme celui de "Grand architecte de l’univers", qu’ils considéraient comme faisant "partie de l’univers matériel".
Autrement dit, cette organisation secrète qui apparut en Europe au 14ème siècle, rejeta Allah, mais sous le concept de "Grand architecte de l’univers", accepta l’univers matériel comme divinité.
Pour obtenir une définition plus claire de cette croyance pervertie, nous pouvons passer au 20ème siècle et examiner la littérature maçonnique. Par exemple, un des plus anciens maçons de Turquie, Selami Isindag, a un livre intitulé Masonluktan Esinlenmeler (Inspirations de la franc-maçonnerie). Ce livre a pour objectif de former les jeunes maçons. Il explique ce qui suit sur la croyance maçonnique en un "Grand architecte de l’univers" :
La maçonnerie n’est pas impie. Mais le concept de Dieu qu’ils ont choisi est différent de celui de la religion. Le Dieu de la maçonnerie est un principe supérieur. Il est au sommet de l’évolution. Par la critique de notre être intérieur, par la connaissance et la progression délibérée sur le chemin de la science, de l’intelligence et de la vertu, nous pouvons diminuer l’écart entre lui et nous. Ensuite, ce dieu ne possède pas les caractéristiques du bien et du mal des êtres humains. Il n’est pas personnifié. Il n’est pas considéré comme le guide de la nature ou de l’humanité. Il est l’architecte du grand travail de l’univers, de son unité et de son harmonie. Il est la somme de toutes les créatures de l’univers, un pouvoir total englobant tout, une énergie. Malgré tout cela, il ne peut pas être accepté comme un commencement ... c’est un grand mystère.42
Dans le même ouvrage, il est évident que lors que les francs-maçons parlent du "Grand architecte de l’univers", ils font référence à la nature ou plutôt qu’ils vouent un culte à la nature :
En dehors de la nature, il n’existe aucune force responsable de nos pensées ou de nos activités... Les principes et doctrines de la maçonnerie sont des faits scientifiques reposant sur la science et l’intelligence. Dieu est l’évolution, dont un élément est la force de la nature. Par conséquent, la réalité absolue est l’évolution elle-même et l’énergie qui l’englobe.43
Le magazine Mimar Sinan, un éditeur spécialiste des francs-maçons turcs formule également la même philosophie maçonnique :
Le Grand architecte de l’univers est une inclination vers l’éternité. C’est une entrée vers l’éternité. Pour nous, c’est une approche. Il suppose la quête continuelle de la perfection absolue dans l’éternité. Il forme une distance entre le moment actuel et la pensée franc-maçonne ou la conscience.44
Il s’agit de la croyance à laquelle les maçons pensent quand ils disent : "nous croyons en Dieu, nous n’acceptons aucunement les athées parmi nous." Ce n’est pas Dieu que les maçons vénèrent, mais les concepts naturalistes et humanistes, tels que la nature, l’évolution et l’humanité, divinisés par leur philosophie.
Quelques symboles maçonniques
En examinant brièvement la littérature maçonnique, il est possible de se rendre compte que cette organisation n’est rien d’autre qu’un humanisme structuré et de voir que son objectif est de créer à travers le monde entier un ordre laïc et humaniste. Ces idées sont nées chez les humanistes de l’Europe ; du 14ème siècle, mais les maçons d’aujourd’hui les proposent et les défendent toujours.
Les publications internes des maçons décrivent dans le détail la philosophie humaniste de l’organisation et leur hostilité au monothéisme. On trouve d’innombrables explications, interprétations, citations et allégories à ce sujet dans les publications maçonniques.
Comme nous l’avons vu au début, l’humanisme s’est éloigné du Créateur de l’humanité et a accepté les humains comme "la forme suprême d’être dans l’univers". D’ailleurs, ceci implique la vénération de l’humanité. Cette croyance irrationnelle, qui débuta avec les humanistes kabbalistes du 14 et 15ème siècle, perdure aujourd’hui dans la maçonnerie moderne.
Pic de la Mirandole, un célèbre humaniste kabbaliste
Un des plus célèbres humanistes du 14ème siècle était Jean Pic de la Mirandole. Son œuvre intitulé Conclusiones philosophicae, cabalisticae, et theologicae fut condamnée par le Pape Innocent VIII en 1489 pour renfermer des idées hérétiques. Mirandole écrivit qu’il n’y avait rien de plus élevé dans le monde que la gloire de l’humanité. L’Eglise y vit une idée hérétique qui n’était rien de moins que le culte de l’humanité. En effet, c’était une idée hérétique, car il n’existe pas d’autre être à glorifier qu'Allah. L’humanité n’est que Sa création.
Aujourd’hui, les maçons proclament les idées hérétiques de Mirandole du culte de l’humanité bien plus ouvertement. Par exemple, dans une revue maçonnique locale, il est écrit :
Les sociétés primitives sont faibles, et en raison de cette faiblesse, elles divinisent les forces et les phénomènes autour d’elles. Mais la maçonnerie divinise seulement l’humanité.45
Dans The Lost Keys of Freemasonry, Manly P. Hall explique que cette doctrine humaniste maçonnique remonte à l’Egypte antique :
L’homme est un dieu en devenir, et comme dans les mythes mystiques d’Egypte, il est façonné sur le tour du potier. Lorsque sa lumière brille pour élever et préserver toutes choses, il reçoit la triple couronne au caractère divin, et rejoint cette multitude de maîtres maçons, qui dans leurs robes bleu et or, cherchent à dissiper les ténèbres de la nuit grâce à la triple lumière de la loge maçonnique.46
Ce qui signifie que d’après la fausse croyance de la maçonnerie, les êtres humains sont des dieux, mais seul un grand maître embrasse toute l’ampleur de ce caractère divin. Pour devenir un grand maître, il faut rejeter complètement la croyance en Allah et le fait que les êtres humains sont Ses serviteurs. Cette question est brièvement abordée par un autre écrivain, J. D. Buck, dans son livre Mystic Masonry :
Le seul dieu personnel que la franc-maçonnerie accepte est l’humanité... L’humanité est donc le seul dieu personnel qui soit.47
Evidemment, la maçonnerie est une sorte de religion. Mais, ce n’est pas une religion monothéiste ; c’est une religion humaniste et, par conséquent, une fausse religion. Elle ordonne le culte de l’humanité, pas d'Allah. Les écrits maçonniques insistent sur ce point. Dans un article du magazine Turk Mason, (Le façon turc), il est écrit : "Nous reconnaissons toujours que l’idéal supérieur de la maçonnerie réside dans la doctrine de l’humanisme.48
Une autre publication turque explique que l’humanisme est une religion :
Eloignée des sermons froids des dogmes religieux, mais une religion authentique. Et notre humanisme au sein duquel le sens de la vie prend racine, satisfera les désirs dont les jeunes n’ont pas conscience.49
Comment les maçons servent-ils cette fausse religion en laquelle il croit ? Pour le savoir, nous devons regarder de plus près les messages qu’ils disséminent dans la société.
Aujourd’hui, les maçons dans de nombreux pays mènent un effort pour se faire connaître du reste de la société. Par le biais de conférences de presse, de sites Internet, de publicité dans les journaux et de déclarations, ils se décrivent comme une organisation consacrée exclusivement au bien de la société. Dans certains pays, on trouve même des œuvres caritatives soutenues par les maçons.
La théorie maçonnique de "la moralité humaniste" est extrêmement trompeuse. L’histoire montre que, dans les sociétés où la religion a été détruite, il n’y a pas de moralité, il n’y a que discorde et chaos. L’image à gauche montre la sauvagerie de la Révolution française et dépeint les vrais effets de l’humanisme.
On peut dire la même chose des organisations des Rotary et Lion’s Club, qui sont des versions "édulcorées" de la maçonnerie. Toutes ces organisations insistent sur le fait qu’elles œuvrent pour le bien de la société.
Il ne faut certainement pas décourager une entreprise visant à œuvrer pour le bien de la société et nous n’y voyons aucune objection. Mais, derrière cette revendication se cache un message trompeur. Les maçons affirment que la morale est possible sans religion et qu’un monde moral peut être établi sans religion. Et, ils dissimulent derrière ce travail de charité leur intention de répandre ce message dans la société.
Nous verrons brièvement pourquoi cette affirmation est si trompeuse. Mais, avant cela, il sera utile de considérer les opinions des maçons sur le sujet. Sur le site Internet des maçons, la possibilité d’une "religion sans morale" est décrite en ces termes :
Qu’est-ce que l’humain ? D’où vient-il et où va-t-il ?... Comment vit une personne ? Comment doit-elle vivre ? Les religions essaient de répondre à ces questions avec l’aide des principes moraux qu’elles ont établis. Toutefois, elles expriment leurs principes par des concepts métaphysiques, comme Allah, le paradis, l’enfer et l’adoration. Et les gens doivent trouver leurs principes de vie sans être impliqués dans des problèmes métaphysiques, qu’ils doivent croire sans les comprendre. La franc-maçonnerie proclame ces principes depuis des siècles sous les termes de liberté, égalité, fraternité, amour du travail et de la paix, démocratie, etc. Ceux-ci permettent de libérer complètement une personne des croyances religieuses tout en posant un principe de vie. Ils recherchent leurs fondements non pas dans les concepts métaphysiques, mais chez une personne adulte vivant sur terre.50
Les maçons qui pensent en ces termes sont totalement à l’opposé d’une personne croyant en Allah et réalisant des actes charitables pour obtenir Son approbation. Pour eux, tout doit être fait uniquement pour le bien de l’humanité. Cette manière de voir est clairement visible dans un livre publié par les loges turques :
La morale maçonnique repose sur l’amour de l’humanité. Elle rejette totalement l’idée de faire le bien dans l’espoir d’un avenir meilleur, un bénéfice, une récompense ou le paradis ; par crainte d’une autre personne, d’une institution religieuse ou politique, de pouvoirs surnaturels inconnus... Elle n’embrasse et n’exalte que l’idée de faire le bien par amour pour la famille, son pays, les êtres humains et l’humanité. Il s’agit d’un des objectifs les plus significatifs de l’évolution franc-maçonne. Aimer les autres et faire le bien sans attendre quelque chose en retour et atteindre ce niveau constituent l’évolution suprême.51
Les assertions renfermées dans la citation ci-dessus sont très trompeuses. Sans la discipline morale de la religion, il ne peut y avoir de sacrifice de soi pour le reste de la société. Et, là où elle semblerait avoir été réussie, les relations humaines ne sont que superficielles. Ceux qui n’ont aucune morale religieuse ne craignent pas Allah, ni ne Le respectent, et lorsqu'Allah n’est pas craint, les êtres humains ne s’intéressent qu’à leur propre réussite. Lorsque les gens pensent que leurs propres intérêts sont en jeu, ils ne peuvent pas exprimer le vrai amour, la loyauté et l’affection. Ils ne montrent amour et respect qu’à ceux qui pourraient leur être utiles. Car, d’après leur conception erronée, ils ne sont sur cette terre qu’une seule fois, et par conséquent, ils doivent en tirer le maximum de profit. En outre, d’après cette fausse croyance, aucun châtiment n’existe pour la malhonnêteté ou le mal qu’ils commettent sur terre.
La guillotine, instrument de brutalité de la Révolution française
La littérature maçonnique regorge de sermons moraux qui tentent de masquer ce fait. Mais, en réalité, cette morale sans religion n’est rien d’autre qu’un simulacre de rhétorique. L’histoire regorge d’exemples qui montrent que sans l’autodiscipline que la religion confère à l’esprit humain, et sans la loi divine, la vraie morale ne peut en aucun cas être établie.
Un exemple frappant à ce sujet fut la Révolution française de 1789. Les maçons, qui fomentèrent la révolution, brandirent des slogans réclamant les idéaux moraux de "liberté, égalité, fraternité". Et des dizaines de milliers d’innocents furent envoyés à la guillotine et le pays plongé dans le sang. Même les leaders de la révolution ne purent échapper à cette barbarie et furent envoyés à la guillotine l’un après l’autre.
Au 19ème siècle, le socialisme naquit de la notion de la possibilité d’une morale sans religion, avec les résultats encore plus désastreux qu’on connaît. Le socialisme demandait, soi-disant, une société juste et équitable dans laquelle l’exploitation n’existerait pas et, à cette fin, proposait l’abolition de la religion. Toutefois, au 20ème siècle, dans des régions comme l’Union Soviétique, le bloc de l’Est, la Chine, l’Indochine, plusieurs pays d’Afrique et d’Amérique centrale, le socialisme soumit les peuples à une atroce misère. Les régimes communistes assassinèrent un nombre incroyable de personnes ; le nombre total avoisine les 120 millions de personnes.52 En outre, contrairement à ce qui a été dit, la justice et l’égalité ne furent jamais établis dans aucun régime communiste ; les leaders communistes à la tête de l’Etat étaient composés de l’élite uniquement. (Dans son livre classique La nouvelle classe dirigeante, le penseur yougoslave Milovan Djilas, explique que les leaders communistes, appelés "nomenklatura" formaient une "classe privilégiée" contraire aux revendications socialistes.)
D’autre part, aujourd’hui, lorsqu’on examine la maçonnerie elle-même, qui proclame continuellement ses idées de "service à la société" et de "sacrifice pour l’humanité", on ne trouve pas un dossier très propre. Dans de nombreux pays, la maçonnerie a été le centre d’attention dans des affaires de biens matériels mal acquis. Au cours du scandale de la Loge maçonnique P2 en Italie dans les années 1980, il a été dévoilé que les maçons maintenaient une relation étroite avec la mafia et que les directeurs de la loge étaient impliqués dans des activités telles que la contrebande d’armes, le commerce de la drogue ou le blanchiment d’argent. Il a également été révélé qu’ils agressaient leurs adversaires et ceux qui les avaient trahis. Au cours du "scandale du Grand Orient" de France en 1992 et de l’opération "Mains propres" en Angleterre, rapportée dans la presse anglaise en 1995, les activités des loges maçonniques dans des affaires de profits illégaux devinrent évidentes. L’idée maçonnique d’une "morale humaniste" n’est qu’une imposture.
Une autre scène violente de la Révolution française
Il est donc inévitable que de telles affaires surgissent car, comme nous l’avons dit au début, la morale est seulement établie dans la société par la discipline morale de la religion. Le fondement de la morale repose sur l’absence d’arrogance et d’égoïsme, et les seules personnes susceptibles d’atteindre cet état sont ceux qui comprennent la responsabilité qu’ils ont vis-à-vis d'Allah. Dans le Coran, après avoir parlé du sacrifice de soi des croyants, Allah nous dit : "...Quiconque se prémunit contre sa propre avarice, ceux-là sont ceux qui réussissent." (Sourate al-Hashr, 9) Voilà le vrai fondement de la morale.
Dans la sourate al-Furqan du Coran, la nature de la moralité des vrais croyants est décrite de la façon suivante :
Les serviteurs du tout miséricordieux sont ceux qui marchent humblement sur terre, qui, lorsque les ignorants s'adressent à eux, disent : "Paix", qui passent les nuits prosternés et debout devant leur Seigneur...
... lorsqu'ils dépensent, ne sont ni prodigues ni avares mais se tiennent au juste milieu.
Qui n'invoquent pas d'autre dieu avec Allah et ne tuent pas la vie qu'Allah a rendue sacrée, sauf à bon droit ; qui ne commettent pas de fornication...
... Ceux qui ne donnent pas de faux témoignages ; et qui, lorsqu'ils passent auprès d'une frivolité, s'en écartent noblement ;
Qui lorsque les versets de leur Seigneur leur sont rappelés, ne deviennent ni sourds ni aveugles. (Sourate al-Furqan, 63-73)
A savoir, la responsabilité élémentaire des croyants à se soumettre avec humilité à Allah, "qui ayant été édifiés par les signes de leur Seigneur, ne se tiennent ni sourds ni aveugles devant eux." Grâce à cette responsabilité, l’homme est sauvé de son propre égoïsme, des passions matérielles, de l’ambition et de la préoccupation de se faire aimer des autres. Le type de morale décrite dans les versets ci-dessus est obtenu par ces moyens uniquement. Pour cette raison, dans une société sans amour ni crainte d'Allah ou de foi en Lui, la morale ne peut exister. Etant donné que rien ne peut être déterminé formellement, chacun détermine ce qui est bon et mauvais d’après ses propres envies.
D’ailleurs, l’objectif premier de la morale philosophique séculière et humaniste de la maçonnerie est non pas d’établir un monde moral, mais un monde séculier. Autrement dit, les maçons n’embrassent pas la philosophie de l’humanisme, car ils accordent une grande importance à la morale, mais seulement pour transmettre à la société la notion que la religion est inutile.
La philosophie humaniste, que les maçons estiment énormément, repose sur le rejet de la foi en Allah et l’adoration des êtres humains, ou la vénération de l"‘humanité" à Sa place. Mais, ceci soulève une question importante : les maçons se réservent-ils cette croyance pour eux seuls ou souhaitent-ils la faire adopter par d’autres ?
A l’examen des écrits maçonniques, la réponse apparaît claire : l’objectif de cette organisation est de répandre la philosophie humaniste dans le monde entier et d’éradiquer les religions monothéistes (l’Islam, le Christianisme et le Judaïsme).
Par exemple, dans un article publié dans le magazine maçonnique Mimar Sinan, il est écrit : "Les maçons ne recherchent pas l’origine des idées du mal, de la justice et de l’honnêteté au-delà du monde physique, ils pensent que ces concepts sont nés des conditions sociales, des relations sociales d’une personne et de ses combats dans la vie" et d’ajouter : "La maçonnerie essaie de propager cette idée dans le monde entier."53
Selami Isindag, un maçon turc senior écrit :
D’après la maçonnerie, afin de sauver l’humanité de la morale du surnaturel basée sur les sources religieuses, il est nécessaire d’établir une morale reposant sur l’amour de l’humanité qui n’est pas relative. Dans ses principes moraux traditionnels, la maçonnerie prend en compte les tendances de l’organisme humain, ses besoins et leur satisfaction, les règles de la vie sociale et leur organisation, la conscience, la liberté de pensée et de parole, et enfin, tout ce qui entre dans la formation de la vie naturelle. Pour cette raison, son objectif est d’établir et d’encourager la morale humaine dans toutes les sociétés.54
Ce que Maître Isindag entend par "sauver les êtres humains de la morale basée sur les sources religieuses" est l’aliénation de tous de la religion. Dans le même ouvrage, Isindag explique cet objectif et ses "principes pour l’établissement d’une civilisation avancée".
Les principes positifs de la maçonnerie sont nécessaires et suffisent à l’établissement d’une civilisation avancée. Ils regroupent :
- L’acceptation que le Dieu impersonnel (Le Grand architecte de l’univers) est lui-même évolution.
- Le rejet de la croyance dans la révélation, le mysticisme et les croyances vides.
- La supériorité de l’humanisme rationnel et du travail.
Le premier de ces trois articles ci-dessus suppose le rejet de l’existence d'Allah. (Les maçons ne croient pas en Allah, mais dans le Grand architecte de l’univers, et la citation ci-dessus indique que par ce terme, ils entendent évolution.) Le deuxième article rejette la révélation d'Allah et la connaissance religieuse reposant dessus. (Isindag lui-même définit ceci comme des "croyances vides".) Et le troisième article exalte l’humanisme et le concept humaniste de "travail" (comme dans le communisme). (Allah est bien au-dessus de ce qu'ils Lui imputent.)
Si on considère comment ces idées sont enracinées dans le monde aujourd’hui, on peut apprécier l’influence jouée par la maçonnerie.
Il s’agit d’un autre élément important à noter ici : comment la maçonnerie a-t-elle mis en branle sa mission contre la religion ? A l’examen des écrits maçonniques, on remarque qu’ils souhaitent détruire la religion, particulièrement au niveau sociétal au moyen d’une "propagande" massive. Maître Selami Isindag jette la lumière sur ce sujet dans ce passage de son livre :
... Même les régimes excessivement répressifs ont échoué dans leurs tentatives de détruire l’institution de la religion. D’ailleurs, les durs excès des méthodes politiques, dans leurs tentatives d’éclairer la société en sauvant le peuple d’une foi et de dogmes religieux vides produisirent l’effet contraire : les lieux de culte qu’ils souhaitaient fermer sont aujourd’hui encore plus remplis que jamais, et la foi et les dogmes qu’ils interdirent comptent encore plus de membres. Dans une autre conférence, nous avons souligné que face à un thème touchant au cœur et à l’émotion, l’interdiction et la force restent sans effet. La seule manière d’amener les peuples des ténèbres aux lumières est la science positive et les principes de la logique et de la sagesse. Si les gens sont éduqués selon ce principe, ils respectent les aspec ts humanistes et positifs de la religion, mais se préservent de ses croyances et ses dogmes stériles.55
Pour comprendre le sens de ces paroles, il est nécessaire d’en faire une analyse rigoureuse. Isindag indique que la répression de la religion rendra les gens religieux encore plus motivés et renforcera la religion. Par conséquent, afin d’empêcher le renforcement de la religion, Isindag pense que les maçons devraient la détruire au niveau intellectuel. Ce qu’il entend par "science positive et principes de la logique et de la sagesse" n’impliquent pas réellement la science, la logique ou la sagesse. Mais simplement une philosophie matérialiste et humaniste, qui utilisent ces slogans accrocheurs comme camouflage, similairement au darwinisme. Isindag affirme que, lorsque ces idées sont disséminées dans la société, "seuls les éléments humanistes de la religion seront respectés", c'est-à-dire que les seuls éléments de la religion qui subsisteront seront ceux approuvés par la philosophie humaniste. Autrement dit, ils veulent rejeter les vérités de base constituant la charpente de la religion monothéiste (Isindag les appelle des croyances et des dogmes stériles). Ces vérités sont les réalités ultimes telles que l’homme est créé par Allah et est responsable envers Lui.
En résumé, les maçons ambitionnent de détruire les éléments de la foi qui constituent l’essence de la religion. Ils souhaitent diminuer le rôle de la religion à un simple élément culturel qui exprime ses idées sur un nombre de questions morales d’ordre général. Le moyen pour y parvenir, d’après eux, est d’imposer l’athéisme à la société sous couvert de science et de raison. Leur objectif ultime est néanmoins de déposséder la religion de sa place comme élément culturel et d’établir un monde complètement athée.
Dans un article de Isindag, dans le magazine Mason, intitulé "Science positive – Les obstacles de l’esprit et la maçonnerie" il explique :
En conséquence de tout cela, je voudrais dire que l’obligation humaniste et maçonnique la plus importante pour nous tous est de ne pas nous éloigner de la science et de la raison, de reconnaître que c’est l’unique et meilleur moyen d’après l’évolution, de répandre cette foi parmi les gens et de leur enseigner la science positive. Les paroles d’Ernest Renan sont très importantes : "Si les gens sont instruits et éclairés par la science positive et la raison, les croyances stériles de la religion s’effondreront d’elles-mêmes." Les paroles de Lessing soutiennent ce point de vue : "Si les êtres humains sont instruits et éclairés par la science positive et la raison, un jour la religion n’aura plus de raison d’être."56
G. E. Lessing et E. Renan. Les maçons voulaient réaliser le rêve de ces deux écrivains athées en effaçant la religion de la face de la terre.
Voilà l’objectif ultime de la maçonnerie. Ils souhaitent détruire complètement la religion et établir un monde humaniste fondé sur le "caractère sacré" de l’humanité. C’est-à-dire qu’ils souhaitent établir un nouvel ordre d’ignorance, dans lequel les hommes rejettent Allah Qui les a créés et se considèrent divins... (Allah est bien au-dessus de ce qu'ils Lui imputent) Cet objectif est la raison d’exister de la maçonnerie. Dans le magazine maçonnique du nom de Ayna (Miroir), ceci est appelé "Temple des idées" :
Les maçons modernes ont modifié l’objectif des anciens maçons de construire un temple physique en une idée de construction d’un "Temple des idées". La construction d’un Temple des idées sera possible lorsque les principes et vertus maçonniques seront établis sur terre et le nombre de sages accrus.57
Pour étendre davantage cet objectif, les maçons travaillent sans relâche dans de nombreux pays à travers le monde. L’organisation maçonnique est influente dans les universités, d’autres institutions éducatives, dans les médias, dans le monde des arts et des idées. Elle ne cesse jamais ses efforts pour disséminer sa philosophie humaniste dans la société et discréditer les vérités de la foi à la base de la religion. Nous verrons plus tard que la théorie de l’évolution est un des principaux moyens de propagande des maçons. En outre, ils ambitionnent de construire une société qui ne mentionne même pas le nom d'Allah ou de la religion, mais satisfait uniquement au plaisir, désirs et ambition matérielle des humains. Ce sera une société formée des gens qui ont tourné ouvertement le dos (Sourate Hud, 92), à Allah, comme l'avait fait le peuple de Madyan, mentionné dans le Coran. Dans cette culture de l’ignorance, il n’y a pas de place pour la crainte ou l’amour d'Allah, obéir à Sa volonté, pratiquer des actes d’adoration, ni pour des réflexions sur l’au-delà. En fait, ces idées sont considérées comme étant vieillottes et propres aux gens non instruits. Ce message est asséné dans les films, les bandes dessinées et les romans.
Les maçons jouent un rôle leader dans cette vaste supercherie. Mais, de nombreux autres groupes et individus sont également impliqués dans la même tâche. Les maçons les acceptent en tant que "maçons honoraires", et les considèrent comme leurs alliés car ils partagent la même philosophie humaniste. Selami Isindag écrit :
La maçonnerie accepte par ailleurs ce fait : Dans le monde extérieur, on trouve des sages, qui bien que n’étant pas maçons, embrassent l’idéologie maçonnique. Car cette idéologie est vraiment l’idéologie des êtres humains et de l’humanité.58
Cette lutte continuelle contre la religion repose sur deux arguments ou justifications de base : la philosophie matérialiste et la théorie de l’évolution de Darwin.
Dans les deux chapitres suivants, nous examinerons ces deux arguments, leur origine et leur relation avec la maçonnerie. Alors, nous serons en mesure de mieux comprendre les coulisses de ces idées qui influencèrent le monde depuis le 19ème siècle.
33 Encarta® World English Dictionary © 1999 Microsoft Corporation. Développé pour Microsoft par Bloomsbury Publishing Plc.
34 Lamont, The Philosophy of Humanism, 1977, p. 116
35 http://www.jjnet.com/archives/documents/humanist.htm
36 Henry Margenau, Roy Abraham Vargesse, Cosmos, Bios, Theos. La Salle IL, Open Court Publishing, 1992, p. 241
37 Patrick Glynn, God: The Evidence, The Reconciliation of Faith and Reason in a Postsecular World, Prima Publishing, California, 1997, p. 61
38 http://www.garymcleod.org/2/johnd/humanist.htm)
39 Malachi Martin, The Keys of This Blood: The Struggle for World Dominion Between Pope John Paul II, Mikhail Gorbachev, and the Capitalist West, New York, Simon & Schuster, 1990, pp. 519-520
40 Malachi Martin, The Keys of This Blood, p. 520
41 Malachi Martin, The Keys of This Blood, pp. 521-522
42 Dr. Selami Isindag, Sezerman Kardes V, Masonluktan Esinlenmeler, Istanbul 1977, p. 73
43 Dr. Selami Isindag, Sezerman Kardes V, Masonluktan Esinlenmeler, Istanbul 1977, p. 79
44 Mimar Sinan, 1989, no. 72, p. 45
45 Selamet Mahfilinde Uc Konferans, p. 51
46 Manly P. Hall, The Lost Keys of Freemasonry, Philosophical Research Society ; 1996, pp. 54-55
47 J. D. Buck, Mystic Masonry, Kessinger Publishing Company, septembre 1990, p. 216
48 "Masonluk Iddia Edildigi Gibi Gizli Bir Tesekkul mudur ?", Mim Kemal Oke, Turk Mason Dergisi, no. 15, Juillet 1954
49 Franz Simecek, Turkiye Fikir ve Kultur Dernegi E. ve K. S. R. Sonuncu ve 33. Derecesi Turkiye Yuksek Surasi, 24. Konferans, Istanbul, 1973, p. 46
50 http://www.mason.org.tr/uzerine.html
51 Dr. Selami Isindag, Ucuncu Derece Rituelinin Incelenmesi, Les publications du cercle maçonnique : 4, Istanbul, 1978, p. 15
52 Harun Yahya, Komunizm Pusuda, Vural Yayıncılık, Istanbul, avril 2001, p. 25
53 Moiz Berker, "Gercek Masonluk", Mimar Sinan, 1990, no. 77, p. 23
54 Dr. Selami Isindag, Sezerman Kardes V, Masonluktan Esinlenmeler, Istanbul 1977, p. 62
55 Dr. Selami Isindag, Masonluktan Esinlenmeler, Istanbul 1977, pp. 145-146
56 Dr. Selami Isindag, "Olumlu Bilim-Aklin Engelleri ve Masonluk", Mason Dergisi, année 24, No. 25-26 (décembre 76 - mars 77)
57 Ibrahim Baytekin, Ayna, Janvier 1999, no : 19, p. 4
58 Dr. Selami Isindag, Masonluk Ustune, Masonluktan Esinlenmeler, Istanbul 1977, p. 32