Le sujet sur "La vraie nature de la matière" a été critiqué par certaines personnes. Ayant mal compris l'essence du sujet en question, elles prétendent que ce qui est expliqué comme le secret derrière la matière est identique à la philosophie panthéiste (wahdat al-woujoud).
Premièrement, il faut bien préciser que l'auteur de ce livre est un Musulman qui est fortement lié à la Sunnah; il n'est pas soufi, il ne défend pas la discipline de wahdat al-woujoud.
Cependant, on devrait également se rappeler que la doctrine de wahdat al-woujoud a été défendu par des savants musulmans importants tel que Moheïddine Ibn 'Arabi. Il est vrai que plusieurs savants musulmans qui décrirent le concept de wahdat al-woujoud dans le passé, le firent en considérant certains sujets mentionnés dans ces livres. Mais, ce qui est expliqué dans ces livres n'est pas la même chose que la discipline de wahdat al-woujoud.
Certains défenseurs de l'idée de wahdat al-woujoud furent influencés par des idées erronées et firent certaines affirmations contraires au Coran et à la Sunnah. Ils nièrent, par exemple, complètement la création divine. Cependant, nulle part dans ces livres où ce sujet est traité, on ne peut trouver une explication de la sorte. Le chapitre en question affirme qu’Allah a créé tous les êtres et qu'Il voit les originaux de ces êtres, tandis que les hommes ne peuvent voir que les images de ces êtres formées dans leurs cerveaux.
Les montagnes, les prairies, les fleurs, les hommes, les mers, bref tout ce que nous voyons et toutes choses qu’Allah nous informe dans le Coran qu'elles existent et qu'Il les a créées à partir de rien, sont bien créés et existent sans doute. Mais les hommes ne peuvent pas voir, sentir ou entendre la réelle nature de ces créations avec leurs organes sensoriels. Ce qu'ils voient et sentent sont seulement les copies qui se créent dans leurs cerveaux. Ceci est un fait scientifique enseigné dans toutes les écoles en particulier les facultés de médecine. Le même phénomène s'applique au texte que vous êtes en train de lire ; vous ne pouvez ni voir ni toucher la vraie nature de celui-ci. La lumière provenant du texte original est convertie en signaux électriques par certaines cellules de vos yeux, ces signaux sont envoyés au centre visuel situé à l'arrière de votre cerveau. C'est à cet endroit où la vision de ce texte prend forme. En d'autres termes, vous ne lisez pas un texte qui est devant vos yeux ; mais, bien un texte créé dans le centre de vision situé à l'arrière de votre cerveau. Le texte que vous lisez en ce moment est une "copie du texte" à l'intérieur de votre cerveau. L'article original est seulement visible par Allah.
En conclusion, le fait que la matière soit une illusion fabriquée par nos cerveaux ne représente pas un "rejet" de celle-ci, mais plutôt une source d'informations sur sa vraie nature : car personne ne peut entrer en contact avec son original.
Dire que la matière est une illusion ne signifie pas qu'elle n'existe pas, mais plutôt le contraire : il existe un monde matériel indéniablement, que nous le percevions ou pas. Mais nous ne percevons que sa copie dans notre cerveau ou, en d'autres termes, ce que nos sens interprètent. Donc, pour nous, la matière physique est une illusion.
La matière extérieure n'est pas perçue seulement par les êtres humains, mais également par les autres créations divines. Comme pour les anges dont la mission est d'être les témoins de nos actes dans ce monde :
En effet, deux anges se tiennent l'un à droite et l'autre à gauche de l'homme pour enregistrer tous ses faits et gestes, en sorte qu'il ne prononce aucune parole sans avoir auprès de lui un observateur prêt à l'enregistrer. (Sourate Qaf, 17-18)
Mais le plus important est qu’Allah voit tout. Il a créé ce monde avec tous ses détails et le voit dans tous ses états. Il nous le dit dans le Coran :
… Et craignez Allah, et sachez qu'Allah observe ce que vous faites.(Sourate al-Baqarah, 233)
Dis : "Allah suffit comme témoin entre vous et moi. Il est, sur Ses serviteurs, parfaitement connaisseur et clairvoyant."(Sourate al-Isra, 96)
On ne doit pas oublier qu’Allah enregistre tous nos faits et gestes dans le livre appelé Lawh al Mahfûz (Tablette Préservée). Bien que l'on ne puisse pas être conscient de tous nos actes, ils sont consignés dans le Lawh al Mahfûz . Allah révèle qu'Il garde une trace de tout dans l'"Ecriture-Mère" appelé Lawh al Mahfûz :
Il est auprès de Nous, dans l'Ecriture Mère (l'original au ciel), sublime et rempli de sagesse. (Sourate az-Zukhrouf, 4)
… et Nous avons un Livre où tout est conservé.(Sourate Qaf, 4)
Et il n'y a rien de caché, dans le ciel et la terre, qui ne soit dans un Livre explicite. (Sourate an-Naml, 75 )
Tous les individus qui observent leur environnement attentivement se rendent compte que tout ce qui existe dans l'Univers -ce qui est animé et ce qui ne l'est pas- doit forcément avoir été créé. La question devient alors: Qui est le Créateur de toutes ces choses?"
Il est évident que "le fait de la création", révélé par chaque aspect de l'Univers, ne peut pas être le résultat de l'Univers lui-même. Le système solaire ne peut pas s'être créé ou organisé par lui-même. Les plantes, les êtres humains, les bactéries, les érythrocytes, et les papillons ne peuvent pas s'être créés par eux-mêmes. C'est pour cela que la possibilité que tout ce qui existe puisse être le produit du hasard n'est même pas imaginable.
Nous concluons donc que: toute chose a été créée, mais qu'aucune d'entre elles n'a pu en être le Créateur. Le Créateur est différent de tout ce que nous voyons avec nos yeux, Il est une force supérieure et invisible. Pourtant, Son existence et Ses attributs sont visibles dans tout ce qui existe.
Ceux qui nient l'existence de Dieu s'opposent à cette réalité. Ces personnes sont conditionnées à ne croire qu'à ce qu'elles voient avec leurs propres yeux. Elles sont contraintes d'ignorer la vérité de la "création" et elles essaient de prouver que l'Univers et les êtres vivants n'ont pas été créés. La théorie de l'évolution est un exemple flagrant de leurs efforts vains pour arriver à cette fin.
L'erreur fondamentale de ceux qui nient l'existence de Dieu est perpétuée par d'autres individus qui ne nient pas vraiment cette existence mais qui ont une fausse perception de Lui. Ils ne nient pas la création elle-même mais ont des croyances superstitieuses sur l'endroit où Dieu se trouve. Ils pensent qu'Il se trouve dans les "cieux", en haut quelque part. Implicitement, ils imaginent qu'Il se trouve au-delà d'une planète très lointaine, qu'Il n'intervient dans les affaires terrestres que de temps en temps ou qu'Il n'y intervient pas du tout. Ils imaginent qu'Il a créé l'Univers et l'a abandonné ensuite à lui-même, laissant les gens maîtres de leur propre destin.
Il y en a d'autres qui ont entendu dire qu'il est écrit dans le Coran que Dieu se trouve partout. Pourtant ils ne peuvent pas exactement comprendre ce que cela veut dire. Ils pensent que Dieu entoure toute chose comme le feraient des ondes radio ou un gaz invisible et intangible.
En bref, ces croyances sont incapables de démontrer "où" Dieu se trouve et elles sont en réalité toutes fondées sur une erreur commune. Sur ce sujet, ces gens portent des préjugés qui n'ont aucun fondement et se font donc de fausses opinions sur Dieu.
Ces préjugés portent sur la nature et les caractéristiques de la matière. Nous sommes tellement conditionnés que nous ne nous demandons jamais si la matière existe vraiment ou si elle n'est qu'une ombre. La science moderne détruit ce préjugé et présente une réalité très importante. Dans les pages suivantes, nous allons essayer de clarifier cette grande réalité qui est dévoilée dans le Coran.
Toute l'information que nous possédons au sujet du monde dans lequel nous vivons nous est transmise par nos cinq sens. Le monde que nous connaissons consiste en ce que nos yeux voient, nos mains sentent, nos nez hument, nos langues goûtent et que nos oreilles entendent. Nous ne pensons jamais que le monde extérieur puisse être autre chose que ce que nos sens nous présentent, puisque depuis notre naissance nous sommes dépendants de ceux-ci.
Les recherches scientifiques modernes avancent une thèse très différente qui remet en cause notre perception du monde.
Les stimuli provenant d'un objet sont convertis en signaux électriques et causent des réactions dans le cerveau. Quand nous "voyons", nous visualisons en réalité les effets de ces signaux électriques dans notre cerveau.
Cette thèse soutient que notre perception du "monde extérieur" est formée dans notre cerveau par des signaux électriques. C'est-à-dire que la rougeur des pommes, la solidité du bois, notre maison, notre famille et tout ce que nous possédons, et même les lignes de ce livre sont en réalité composées de signaux électriques.
Frederick Vester décrit le stade auquel la science est parvenue:
"Les propos de certains scientifiques déclarant que "l'homme est une image, toute chose éprouvée est temporaire et fallacieuse, et cet Univers est une ombre" semblent être prouvés par la science moderne." 26
Le fameux philosophe, George Berkeley commente ce sujet de la façon suivante:
"Nous croyons en l'existence des objets seulement parce que nous les voyons et nous les touchons, et parce qu'ils nous sont reflétés par nos sensations. Pourtant, nos perceptions ne sont que des idées formées dans notre esprit. C'est-à-dire que les objets que nous percevons ne sont en réalité rien d'autre que des idées qui existent seulement dans notre esprit... Puisque tout cela n'existe que dans l'esprit, il est clair que nous sommes trompés par des illusions quand nous imaginons que l'Univers et les choses peuvent avoir une existence autre que celle qui existe dans notre esprit. Donc, tout ce qui nous entoure n'existe que dans notre esprit." 27
Afin d'éclaircir la question, considérons le sens qui nous fournit l'information la plus générale au sujet du monde extérieur, celui de la vue.
L'action de voir est réalisée progressivement. Des faisceaux lumineux, les photons, se déplacent de l'objet observé vers l'œil. Ils passent à travers les lentilles qui se trouvent devant l'œil et sont alors réfractés. Ils tombent ensuite en se renversant sur la rétine qui se trouve derrière l'œil. C'est à ce niveau que la lumière se transforme en signaux électriques. Ces signaux sont ensuite transmis par les neurones à notre minuscule centre visuel situé au fond du cerveau. Dans ce centre, le signal électrique est perçu comme étant une image. En réalité, nous "voyons" dans cet endroit minuscule situé dans la partie postérieure du cerveau. Notons que cette partie est isolée de la lumière.
Reconsidérons maintenant ce processus apparemment ordinaire. Quand nous disons que "nous voyons", nous percevons en réalité les photons qui atteignent nos yeux et pénètrent notre cerveau après avoir été transformés en signaux électriques. Cela veut dire que quand nous disons: "nous voyons", nous observons en réalité les signaux électriques dans notre cerveau.
Toutes les images que nous percevons sont formées dans notre centre visuel qui n'occupe que quelques centimètres cubes du volume total de notre cerveau. Le livre que nous lisons en ce moment et le paysage illimité que nous voyons quand nous regardons l'horizon s'intègrent dans cet endroit minuscule. Il est important de souligner, comme nous venons de le faire, que le cerveau est isolé de toute lumière; son intérieur est donc totalement obscur. Il n'a donc aucun contact avec la lumière elle-même.
Nous pouvons illustrer cette situation intéressante par un exemple. Supposons que nous regardions une bougie allumée. Nous pouvons nous asseoir devant cette bougie et la regarder à une certaine distance. Pendant cette période, notre cerveau n'entre jamais en contact direct avec la lumière de la bougie. C'est-à-dire que même si nous voyons la lumière de la bougie, l'intérieur de notre cerveau reste complètement obscur. Nous contemplons donc un monde lumineux et coloré dans notre cerveau obscur.
R. L. Gregory donne l'explication suivante au sujet des aspects miraculeux de la vue:
"Nous sommes tellement habitués à l'acte de la vue qu'il nous faut développer notre imagination pour réaliser qu'il y a des problèmes à résoudre. Considérez que nous voyons des objets solides dans notre environnement en partant des images minuscules, déformées et à l'envers qui se trouvent dans nos yeux. Nous percevons un monde d'objets à partir des lignes de simulation qui se trouvent sur nos rétines. Ceci n'est pas moins qu'un miracle." 28
L'ouïe fonctionne d'une manière similaire à la vue. L'oreille externe capture les sons dans l'auricule et les dirige vers l'oreille centrale. L'oreille centrale transmet les vibrations produites par les sons à l'oreille interne en les intensifiant. L'oreille interne transforme ces vibrations en signaux électriques qu'elle envoie au cerveau. Tout comme dans le cas de la vue, l'acte d'entendre a en réalité lieu dans le centre auditif du cerveau. Le cerveau est isolé des sons tout comme il est isolé de la lumière. C'est-à-dire que quelle que soit l'intensité du bruit à l'extérieur, l'intérieur du cerveau lui est complètement silencieux.
Cependant, même les sons les plus subtils sont perçus par le cerveau. L'oreille d'une personne saine entend tout, sans aucun bruit ou aucune interférence atmosphérique. Dans notre cerveau, alors même qu'il est isolé du son, nous pouvons écouter les symphonies d'un orchestre, entendre les bruits d'une foule, percevoir tous les sons produits dans un intervalle aussi vaste que celui qui sépare le bruissement d'une feuille à celui du rugissement d'un avion. Pourtant, à ce moment-là, si le niveau de son dans notre cerveau était mesuré par un appareil sensible, on verrait qu'un silence complet y règne.
Nous percevons un parfum, une fleur, un repas que nous aimons, l'odeur de la mer, toute sorte d'odeur qui nous plaît ou non dans notre cerveau.
Notre sens de l'odorat est formé de façon semblable. Les molécules volatiles émises par une branche de vanille ou une rose atteignent les récepteurs qui se trouvent dans les poils délicats de l'épithélium du nez. Ils sont ensuite transformés en signaux électriques et transmis au cerveau où ils sont perçus sous la forme d'une odeur. Tout ce que nous sentons d'agréable ou de désagréable, n'est rien que la perception cérébrale de l'interaction de molécules volatiles après leur transformation en signaux électriques. Ainsi, nous percevons la senteur d'un parfum, d'une fleur, des aliments que nous préférons, de la mer ou d'autres odeurs encore que nous aimons ou détestons, dans notre cerveau. Les molécules elles-mêmes n'atteignent jamais le cerveau. Tout comme avec le son et la vision, ce sont seulement de simples signaux électriques qui arrivent à notre cerveau. Autrement dit, toutes les odeurs que nous avons associées -dès notre naissance- à des objets extérieurs ne sont que des signaux électriques que nous ressentons par l'intermédiaire de nos sens.
Parallèlement, il existe quatre types différents de récepteurs chimiques sur le bout de notre langue. Ceux-ci se rapportent aux quatre perceptions du goût que nous pouvons ressentir: le salé, le sucré, l'amer et l'aigre. Nos récepteurs gustatifs transforment ces perceptions en signaux électriques suite à une chaîne de processus chimiques, et les transmettent au cerveau. Ces signaux sont perçus donc en tant que goût par le cerveau. Le goût que nous ressentons quand nous mangeons du chocolat ou un fruit qui nous plaît n'est en réalité que l'interprétation de signaux électriques par le cerveau. Nous n'atteignons donc jamais l'objet qui appartient au monde extérieur; en d'autres mots, nous ne voyons, ne sentons ni ne goûtons le chocolat réellement. Par exemple, si les nerfs gustatifs qui sont reliés au cerveau étaient coupés, le goût des choses que nous mangeons n'atteindrait jamais notre cerveau; nous perdrions alors complètement le sens du goût.
A ce stade, nous sommes obligés d'admettre un autre fait: nous ne pouvons donc jamais savoir si quelqu'un d'autre perçoit la couleur rouge ou entend une note de musique comme nous le faisons nous-mêmes. 29
Notre toucher ne fait pas exception à cette règle. Lorsque nous touchons un objet, toute l'information qui nous aide à reconnaître le monde extérieur et les objets est transmise au cerveau par des nerfs sensitifs qui se trouvent sur la peau. Le toucher est donc formé dans notre cerveau. Contrairement à ce que nous croyons généralement, l'endroit où nous percevons notre sens du toucher n'est pas le bout de nos doigts ni notre peau, mais le "centre de perception du toucher" qui se trouve dans notre cerveau. C'est cette interprétation cérébrale des stimulations électriques qui atteignent notre cerveau, qui nous permet d'éprouver ces objets de manière différente et de sentir qu'ils sont, soit durs, mous, chauds ou froids. Nous dérivons tous les détails qui nous aident à reconnaître un objet à partir de ces stimuli. B. Russell et L. Wittgenstein, deux célèbres philosophes, s'expriment ainsi à ce sujet:
"Par exemple, qu'un citron ait vraiment existé ou non et la manière dont il a existé ne peut pas être remis en question et examinés. Un citron n'est qu'un goût éprouvé par la langue, une odeur ressentie par le nez, une couleur et une forme perçues par l'œil; et seules ces caractéristiques-ci peuvent être sujettes à un examen et une évaluation. La science ne peut jamais connaître réellement le monde physique." 30
Il est donc impossible pour nous d'atteindre la connaissance du monde physique. Tous les objets qui se trouvent autour de nous ne sont qu'une série de perceptions tels que la vue, l'ouïe et le toucher. Notre cerveau, en traitant les données qu'il reçoit dans notre "centre" visuel et dans nos autres centres sensoriels, ne confronte jamais, et ceci durant toute notre vie, "l'original" de la matière existant à l'extérieur mais seulement la copie formée à l'intérieur de notre cerveau. Nous nous trompons donc constamment en supposant que ces copies sont en fait de la matière réelle.
De tous les faits physiques décrits jusqu'ici, nous pouvons déduire la chose suivante: tout ce que nous voyons, touchons, entendons et percevons comme étant de "la matière", de la "terre" ou de "l'Univers" ne sont en fait que des signaux électriques qui se produisent dans notre cerveau.
Celui qui mange un fruit n'est donc pas confronté au fruit réel mais à une perception formée dans notre cerveau. L'objet considéré par la personne comme étant un "fruit" n'est en fait qu'une impression électrique, qui a lieu dans le cerveau et qui a la forme, le goût, l'odeur et la structure de ce fruit. Si les nerfs optiques reliés au cerveau étaient soudainement coupés, l'image de ce fruit disparaîtrait aussitôt. Une déconnexion du nerf reliant les senseurs nasaux et le cerveau anéantirait complètement notre odorat. En bref, le fruit n'est rien d'autre que l'interprétation de signaux électriques par le cerveau.
Un autre aspect intéressant est le sentiment de distance. Par exemple, la distance qui se trouve entre nous et ce livre n'est en réalité qu'un sentiment d'espace formé dans notre cerveau. Les objets qui paraissent distants à la vue de quelqu'un existent aussi dans le cerveau. Celui qui regarde les étoiles dans le ciel croit qu'elles sont à une distance de millions d'années lumière. Pourtant, ce qu'il "voit" vraiment ce sont les étoiles qui sont en lui-même, dans son centre visuel. Quand nous lirons ces lignes, nous ne serons pas en réalité dans la pièce où nous croyons nous trouver, la pièce est en nous. Le fait que nous puissions voir notre propre corps nous pousse à penser que nous sommes à l'intérieur de celui-ci. Pourtant, nous devons nous souvenir que notre corps est aussi une image formée dans notre cerveau.
Ceci est également vrai pour tous nos autres sens. Par exemple, lorsque nous croyons entendre le son de la télévision dans une pièce voisine, nous n'entendons en réalité que le son réfléchi dans notre cerveau. Nous ne pouvons ni prouver l'existence de la pièce voisine ni que le son vienne réellement de la télévision qui se trouve dans ladite pièce. Le raisonnement est le même lorsque nous entendons un son à plusieurs mètres de distance ou lors d'une conversation entre deux personnes; tout ceci en réalité ne représente que des perceptions de l'information contenue dans notre "centre auditif" qui ne mesure que quelques centimètres carrés dans notre cerveau. Aucun concept comme la droite, la gauche, le devant ou le derrière n'existe excepté dans ce centre de perception. En d'autres termes, le sentiment que le son nous parvient de la droite ou de la gauche n'est qu'une perception; il n'existe aucune direction d'où provient le son.
Il en est de même pour les odeurs que nous percevons; aucune ne nous parviendra de loin. Nous sommes tous convaincus que le résultat final formé dans notre "centre olfactif" est la vraie odeur des objets du monde extérieur. Pourtant, tout comme l'image d'une rose est dans notre centre visuel, l'odeur d'une rose l'est dans notre centre olfactif; il n'existe en réalité ni rose ni odeur qui appartienne au monde extérieur.
Le "monde extérieur" que nous percevons n'est qu'une simple série de signaux électriques parvenant à notre cerveau. Durant toute notre vie, notre cerveau traite ces signaux et en tire de l'information. Quant à nous, nous vivons sans savoir que nous sommes constamment induits en erreur, en croyant que ce sont les versions originales des êtres existant dans le "monde extérieur". Nous sommes trompés car nous n'atteignons jamais la matière elle-même autrement que par l'intermédiaire de nos sens.
Les faisceaux de lumière provenant d'un objet sont reflétés à l'envers sur la rétine. Ici, l'image est convertie en signaux électriques et est ensuite transmise au "centre visuel" qui se trouve au fond du cerveau. Puisque le cerveau est complètement isolé de la lumière, il est impossible que cette lumière atteigne ce centre visuel. Cela signifie que nous visualisons en fait un vaste monde de lumière et de profondeur à l'intérieur d'une tache minuscule qui est isolée de la lumière.
De plus, notre cerveau interprète et attribue un certain sens aux signaux que nous tenons pour être le "monde extérieur". Examinons par exemple notre sens auditif. Notre cerveau transforme les ondes sonores du monde extérieur en quelque chose d'harmonieux, telle une symphonie. La musique est donc aussi une perception créée par notre cerveau. Même les couleurs qui parviennent à nos yeux ne sont que de simples signaux électriques aux longueurs d'ondes diverses.Notre cerveau transforme donc ces signaux en couleurs. Il n'existe aucune couleur dans le "monde extérieur". La pomme n'est pas rouge, le ciel n'est pas bleu, les arbres ne sont pas verts. Ils sont ainsi car nous les percevons de cette manière.Le "monde extérieur" dépend entièrement de celui qui le perçoit.
Un simple handicap, tel qu'un défaut sur la rétine de l'œil cause le daltonisme. Certaines personnes perçoivent donc du bleu comme étant du vert ou du rouge comme étant du bleu; d'autres perçoivent toutes les couleurs comme étant des dégradés de gris. Ainsi, ce n'est pas important si l'objet extérieur est coloré ou non.
Berkeley, un éminent philosophe, a également attiré notre attention sur cette vérité:
"Au début, on croyait que les couleurs, les odeurs etc. "existaient vraiment", mais ces hypothèses ont été abandonnées par la suite, et l'on a compris qu'elles existaient seulement en fonction de nos sensations." 31
En conclusion, nous voyons des objets colorés non pas parce qu'ils sont colorés et non pas parce qu'ils ont une existence matérielle indépendante et extérieure à nous-mêmes. La vérité concernant la matière est que toutes les qualités que nous attribuons aux objets sont en réalité dans notre intérieur et non pas dans un "monde extérieur".
Que reste-t-il donc de ce "monde extérieur"?
Nous savons que de faux stimuli peuvent produire dans notre cerveau un "monde matériel" entièrement imaginaire. Imaginons par exemple un magnétophone très développé avec lequel nous pourrions enregistrer toutes sortes de signaux électriques différents. D'abord, nous transmettrions toute l'information concernant une scène quelconque (en incluant l'image d'un corps) à cet instrument en la transformant en signaux électriques. Puis, imaginons que le cerveau peut survivre séparément du corps. La dernière étape serait de connecter l'enregistreur au cerveau à l'aide d'électrodes qui auraient la même fonction que les nerfs et d'envoyer l'information préenregistrée au cerveau. De cette manière, nous nous retrouverions dans une scène créée totalement artificiellement. Nous pourrions par exemple être amenés à conduire rapidement sur une autoroute. Il ne nous serait jamais possible de réaliser que nous ne sommes constitués de rien sauf d'un cerveau. La raison en est que, ce dont nous avons besoin pour former un monde dans notre cerveau, n'est pas l'existence d'un monde réel mais plutôt celle de stimuli. Il est donc parfaitement possible que ces stimuli nous parviennent d'une source artificielle, tel qu'un magnétophone par exemple.
Lisons ce que Bertrand Russell, philosophe renommé, a écrit à ce sujet:
"Ce sens du toucher, que nous ressentons lorsque nous appuyons nos doigts sur une table, n'est qu'une perturbation électrique qui agit sur les électrons et protons dont nos doigts sont composés, et causée, conformément à la physique moderne, par la proximité des électrons et protons de la table. Si cette même perturbation sur le bout de nos doigts se produisait d'une autre manière, nous devrions avoir des sensations, et ceci bien qu'il n'y ait pas de table." 32
Il est en effet pour nous très facile de nous laisser induire en erreur en pensant que ces perceptions sont réelles, alors qu'elles n'ont aucun corrélatif matériel. Nous éprouvons d'ailleurs très souvent ce sentiment dans nos rêves, pendant lesquelles nous vivons des événements, voyons des personnes, des objets et des scènes qui nous paraissent complètement réels. Pourtant, ce ne sont que des perceptions. Il n'existe aucune différence fondamentale entre un rêve et le "monde réel"; tous deux se passent dans le cerveau.
Tout ce que nous voyons durant nos vies se forme dans une partie du cerveau appelée "centre visuel". Ce centre se trouve au fond de notre cerveau et n'occupe que quelques centimètres de volume. À la fois, le livre que nous lisons maintenant et l'horizon illimité que nous voyons lorsque nous regardons au loin s'adaptent à cet espace minuscule.
Par conséquent, nous voyons les objets non pas dans leurs dimensions réelles telles qu'elles existent à l'extérieur, mais dans des tailles perçues par notre cerveau.
Ecrivain scientifique, Rita Carter, déclare dans son livre, Atlas du Cerveau, qu "il est possible de voir sans yeux" et décrit en détails une expérience menée par les scientifiques. Dans cette expérience, des aveugles ont été équipés d'un appareil transformant les images vidéo à basse définition en pulsions électriques qui se déchiffrent comme le braille. Un mini caméra était fixée devant leurs yeux, tandis que leur dos enregistrait les pulsions – ressenties comme un ensemble ordonné de picotement. Les influx sensoriels en phase avec les stimuli visuels leur parvenant en continu, ils se sont rapidement comportés comme s'ils étaient "réellement" voyants. Par exemple, en modifiant son ouverture sans prévenir le porteur de la caméra, l'un des expérimentateurs a soudain agrandi l'image traduite en courant électrique dans le dos du volontaire. Or, bien qu'aveugle, il s'est brusquement baissé en se protégeant la tête, comme si le monde fondait sur lui. 33
Comme on a pu le constater dans cette expérience, les sensations produites artificiellement peuvent suffir à créer des sensations.
Allongée sur son lit, les yeux fermés, une personne rêve. Cependant, malgré ceci, elle éprouve de nombreuses sensations qu'il ou elle a éprouvées dans la vie réelle, et les vit de façon si réaliste qu'elles ne peuvent être distinguées de la vie réelle. Toute personne qui lit ce livre va souvent dans ses propres rêves être le témoin de cette vérité. Par exemple, la nuit, une personne allongée sur un lit et seule dans une pièce calme et silencieuse, peut dans ses rêves se retrouver en danger dans un lieu très fréquenté. Elle vit cet événement comme si il était réel, fuyant face au danger, désespérée et trouvant refuge derrière un mur. En outre, ses visions ressemblent tellement à la réalité qu'elle est prise de peur et de panique comme si elle était vraiment en danger. A chaque bruit, son cœur bat la chamade, elle tremble de peur, elle a chaud et ressent toutes les autres conséquences physiques que le corps humain éprouve dans une situation dangereuse. Cependant, il n'y a aucun équivalent externe de ces événements qui se produisent dans son rêve. Ils n'existent que dans son esprit.
Une personne qui dans ses rêves fait une chute vertigineuse, va en ressentir les effets sur l'ensemble de son corps, malgré le fait qu'elle soit dans son lit endormie. Ou une autre pourrait se sentir glisser dans une flaque, être trempée et avoir froid en raison du vent glacial. Cependant, il n'y a ni flaque, ni vent dans cet exemple. En outre, en dépit de dormir dans une pièce surchauffée, elle va ressentir les effets de l'humidité et du froid, comme si elle vivait réellement cette scène.
Celui qui pense que dans ses rêves, il a affaire au véritable monde matériel, peut en être très convaincu. Il peut mettre la main sur l'épaule de son ami lorsque ce dernier lui dit qu’“il est en contact direct avec la copie de l’image de la matière ; qu'il n'est pas possible d'avoir affaire à l'original du monde", il lui demande alors "Suis-je une image maintenant ? Ne sens-tu pas ma main sur ton épaule ? Si tel est le cas, comment peux-tu être une copie de l'image ? Qu'est-ce qui te fait penser ainsi ? Et si nous allions faire un tour sur les rives du Bosphore et le remonter ; nous pourrons en parler et tu m'expliqueras pourquoi tu penses ceci." Le rêve qu'il est en train de vivre dans son sommeil profond est tellement clair qu'il démarre la voiture avec plaisir et se met à accélérer progressivement, la faisant presque bondir lorsqu'il appuie soudain sur la pédale. Sur la route, les arbres et le marquage au sol semblent exister grâce à la vitesse. Qui plus est, il respire l'air pur du Bosphore. Mais imaginez que ce rêve soit soudainement interrompu par son réveil, au moment même où il s'apprêtait à dire à son ami que ce qu'il est en train de vivre n'est pas un rêve. Ne protesterait-il pas de la même manière, qu'il soit endormi ou éveillé ?
Le monde des rêves
Pour nous, la réalité signifie tout ce qui peut être touché avec la main et vu avec l'œil. Dans nos rêves, nous pouvons également "toucher avec notre main et voir avec notre œil", alors qu'il n'existe en fait ni main, ni œil, ni même quelque chose qui pourrait être touché ou perçu. Aucune réalité matérielle excepté notre cerveau ne peut produire ces choses. Nous sommes tout simplement induits en erreur.
Mais où se situe donc la ligne qui sépare la vie réelle de celle de nos rêves? En fin de compte, ces deux formes de vie se passent à l'intérieur de notre cerveau. Si nous pouvons si facilement vivre dans un monde irréel lorsque nous rêvons, il en va de même pour le monde dans lequel nous vivons lorsque nous sommes éveillés. Quand nous sortons d'un rêve, il n'existe aucune raison logique qui nous empêche de penser que nous rentrons alors dans un plus long rêve appelé: "vie réelle". La raison pour laquelle nous considérons le rêve comme faisant partie d'un monde de fées et notre monde comme étant "réel" n'est que la conséquence de nos habitudes et de nos préjugés. Ceci nous suggère que nous pouvons donc nous réveiller de la vie que nous menons sur terre, tout juste comme nous pouvons sortir d'un rêve.
Au moment où les personnes se réveillent, elles réalisent que ce qu'elles viennent de vivre, n'était qu'un rêve. Mais pour une raison inconnue, elles n'imaginent pas que cette vie qui commence avec une image "d'éveil" (ce qu'elles appellent la "vie réelle") peut aussi être un rêve. Cependant, la manière dont nous percevons les images dans la "vie réelle" est exactement identique à la manière dont nous percevons les rêves. Ces deux visions sont présentes dans notre esprit. Nous ne pouvons pas comprendre jusqu'à notre réveil qu'il ne s'agit que d'images. Ensuite seulement, nous disons "Ce que j'ai vu était un rêve". Ainsi, comment pouvons-nous démontrer que ce que nous voyons, peu importe le moment, n'est pas un rêve ? Nous pouvons supposer que le moment que nous vivons est bien réel, simplement parce que nous ne nous sommes pas encore réveillés. Il est possible que nous découvrirons ceci lorsque nous nous serons réveillés de ce "rêve éveillé" qui dure plus longtemps que les rêves que nous faisons tous les jours. Nous n'avons aucune preuve qui démontre le contraire.
De nombreux savants musulmans ont également affirmé que la vie qui nous entoure n'est qu'un rêve, et que ce n'est que lorsque nous sortirons de ce rêve au moment du "grand réveil" que les gens réaliseront alors qu'ils vivaient dans un monde onirique. Un grand savant musulman, Moheïddine Ibn 'Arabi, appelé aussi "Cheikh al-Akbar" ("Le plus grand maître", en arabe) en raison de son érudition, compare le monde à nos rêves en citant le Prophète Muhammad (pbsl) :
Le Prophète Muhammad (pbsl) a dit que les "gens sont endormis et se réveillent quand ils meurent." Ce qui veut dire que les choses que l'on voit dans le monde lorsque l'on est en état d'éveil sont semblables à celles que l'on voit en rêve dans notre sommeil, ce qui signifie qu'ils existent dans l'imagination...34
Dans un verset du Coran, il est recommandé aux hommes de dire le jour du jugement dernier quand ils seront ressuscités d'entre les morts :
En disant : "Malheur à nous ! Qui nous a ressuscités de là où nous dormions ? C'est ce que le Tout Miséricordieux avait promis ; et les messagers avaient dit vrai."(Yasin Suresi, 52)
Comme le démontre ce verset, les hommes se réveilleront le jour du jugement dernier comme s'ils sortaient d'un rêve. Comme quelqu'un réveillé en plein rêve, dans un sommeil profond, ces personnes demanderont de manière identique qui les a réveillées. Comme il est précisé, le monde autour de nous est comme un rêve et tout le monde sera réveillé pour sortir de ce rêve, et commencera alors à percevoir des images de la vie après la mort, qui est la vraie vie.
Nous avons jusqu'ici parlé de la manière dont tout ce que nous percevons en permanence se forme en réalité dans notre cerveau. Et qui est-ce qui voit les images dans le cerveau comme s'il regardait la télévision, devient excité, heureux, triste, nerveux ou ressent du plaisir, de l'anxiété ou de la curiosité alors qu'il les regarde ? Qui est responsable du fait d'être conscient qui est capable d'interpréter tout ce qui est vu et ressenti ?
Quelle est l'entité dans le cerveau qui est conscient et durant toute la vie est capable de voir toutes les images qui lui sont montrées dans une tête sombre et silencieuse, qui est capable de penser, de tirer des conclusions et de décider en fin de compte ?
D'autre part, R. L. Gregory remet en cause l'existence de l'entité située derrière le cerveau, qui voit toutes les images :
Il est tentant de dire ce qui doit être évité, de dire que les yeux produisent des images dans le cerveau. Une image dans le cerveau suggère la nécessité d'un certain genre d'œil interne de la voir – mais ceci aurait besoin d'un autre d'œil pour voir son image… et ainsi de suite, dans une régression sans fin des yeux et des images. Ceci est absurde. 35
Les matérialistes qui pensent que rien n'existe à l'exception de la matière ne peuvent pas comprendre cette question particulière. A qui appartient cet "œil interne", qui voit et perçoit les choses vues et réagit à la vue de ces choses ?
Dans l'extrait suivant, Karl Pribram décrit cette importante question abordée par la science et la philosophie sur le fait de connaître l'identité de celui qui perçoit :
Les philosophes depuis les grecs ont spéculé à propos du "fantôme" dans la machine, du "petit homme à l'intérieur du petit homme" et ainsi de suite. Où est le JE - l'entité qui utilise le cerveau ? Celle qui est en fait à l'origine du savoir ? Ou alors, comme Saint François d'Assise l'a dit par le passé, "ce que nous recherchons est ce que nous appelons voir." 36
Le cerveau est une série de cellules composées de protéine et des molécules de graisse. Il est constitué de cellules nerveuses appelées neurones. Ce morceau de viande n'a aucun pouvoir pour observer des images, pour constituer une conscience ni pour créer l'être que nous appelons le "moi".
Réfléchissons un peu maintenant: ce livre qui est entre nos mains, la pièce dans laquelle nous nous trouvons, en bref toutes les images qui nous font face sont vues dans notre cerveau. Sont-ce les atomes qui voient ces images? Des atomes sourds, muets et inconscients? Pourquoi certains atomes auraient-ils acquis cette qualité alors que d'autres ne l'auraient pas? Est-ce que les actes de penser, de comprendre, de se souvenir, d'être heureux ou malheureux ou tout autre acte, consistent en des réactions électrochimiques entre ces atomes?
Si nous réfléchissons calmement à ces questions, nous constatons qu'il est ridicule de chercher une volonté quelconque dans les atomes. Il est clair que celui qui voit, qui entend et qui sent est un être supra-matériel. Cet être est bel et bien "vivant" et n'est ni de la matière, ni une image de cette matière. Cet être s'associe à des perceptions qui lui font face en se servant de l'image de notre corps.
CET ÊTRE EST NOTRE "ÂME".
Cet agrégat de perceptions que nous appelons "monde matériel" n'est en réalité rien d'autre qu'un rêve observé par cette âme. Tout comme le corps que nous possédons, le monde matériel que nous percevons dans nos rêves n'existe pas réellement; l'Univers dans lequel nous habitons et le corps que nous possédons n'ont pas non plus une réalité matérielle.
Tous ces faits nous obligent à affronter une question très importante. Si ce que nous considérons comme étant le monde matériel n'est qu'un amas de perceptions vues par notre esprit, mais alors quelle est la source de ces perceptions?
Pour répondre à cette question, nous devons tout d'abord considérer le point suivant: la matière n'a pas d'existence indépendante. Puisque la matière est une perception, elle est en quelque sorte "artificielle". En d'autres mots, cette perception doit être causée par une autre force, ce qui revient à dire qu'elle a dû être créée. En outre, cette création se doit d'être continue. S'il n'existait aucune création continue et cohérente, tout ce que nous appelons matière disparaîtrait. Nous pourrions comparer cette situation à une télévision où une image est montrée aussi longtemps que le signal continue à être diffusé. Mais alors, qui est-ce qui permet à nos âmes d'observer les étoiles, le monde, les plantes, les gens, nos corps et toutes les autres choses que nous voyons?
Il est évident qu'il existe un Créateur, qui a créé l'Univers entier, c'est-à-dire la somme de toutes ces perceptions et qui continue sans cesse d'œuvrer sur Sa création. Puisque ce Créateur nous dévoile une création si magnifique, Il doit sûrement détenir une force et une puissance éternelles.
Ce Créateur s'est Lui-même présenté à nous. Il a fait descendre un livre sur terre et, à travers ce livre Il a Lui-même décrit, L'Homme, l'Univers et la raison de notre existence.
Ce Créateur est Dieu et Son Livre est le Coran.
Les vérités qui nous conduisent à penser que les cieux et la terre, c'est-à-dire l'Univers, ne sont pas stables, que leur présence n'est possible que parce que Dieu les a créés, et qu'Il les fera disparaître quand Il mettra fin à Sa création, sont toutes expliquées dans le verset suivant:
Dieu retient les cieux et la terre pour qu'ils ne s'affaissent pas. Et s'ils s'affaissaient, nul autre après Lui ne pourra les retenir. Il est Indulgent et Pardonneur. (Sourate Fatir, 41)
Comme nous l'avons mentionné au début, certaines personnes n'ont pas une compréhension véritable et sincère de Dieu. C'est pourquoi, elles L'imaginent comme un être qui est présent quelque part dans les cieux mais qui n'intervient pas du tout dans les affaires de ce monde. Les fondements de cette logique résident dans la croyance que l'Univers n'est qu'un ensemble de matière et que Dieu se trouve "en dehors" de ce monde matériel, dans un endroit retiré. Dans certaines religions erronées, la croyance en Dieu se limite à cette compréhension.
Pourtant, comme nous venons de l'indiquer, la matière n'est composée que de sensations. Et l'unique être réel absolu est Dieu. Cela veut dire que seul Dieu existe; toutes les autres choses ne sont en réalité que des ombres. De cette manière, il est impossible de concevoir Dieu comme étant séparé et en dehors de toute cette masse de matière. Dieu est sans aucun doute "partout" et Il inclut toute chose. Cette vérité est d'ailleurs expliquée dans le Coran de la façon suivante:
Dieu! Point de divinité (digne d'adoration) à part Lui, le Vivant, Celui qui subsiste par Lui-même "Al-Qayyoum" (qui entretient et protège tout ce qui existe). Ni somnolence ni sommeil ne Le saisissent. À Lui appartiennent ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre. Qui peut intercéder auprès de Lui sans Sa permission? Il connaît leur passé et leur futur. Et, de Sa science, ils n'embrassent que ce qu'Il veut. Son Repose-pied "Koursy" déborde les cieux et la terre dont la garde ne Lui cause aucune peine. Et Il est le Très-Haut, le Très-Grand. (Sourate al-Baqarah, 255)
Un autre verset du Coran mentionne de plus que Dieu est indépendant de l'espace et qu'Il inclut de manière indirecte toute chose:
"A Dieu seul appartiennent l'est et l'ouest. Où que vous vous tourniez (ou tourniez vos faces), la Face de Dieu est donc là (bien qu'Il soit au-dessus de Son Trône). Certes, Dieu est immensément Suffisant (pour les besoins de Ses créatures); Il est Omniscient. . (Sourate al-Baqarah, 115)
La plénitude de la foi passe par la compréhension de cette vérité, le refus d'associer d'autres à Allah et la reconnaissance d’Allah en tant que seul Etre absolu. Celui qui reconnaît qu'en dehors d’Allah, l'existence n'est qu'une ombre, dira avec une foi certaine (c’est-à-dire Haqq al-yaqin, vérité de la certitude) que seul Allah existe et qu'il n'existe aucune autre divinité (ou être de puissance) en dehors de Lui.
Les découvertes de la physique moderne démontrent que l'Univers n'est qu'une accumulation de perceptions. Une question est apparue sur la couverture d'un magazine scientifique américain bien connu: le New Scientist, qui a étudié ce thème dans son numéro du 30 janvier 1999. La question posée était: "Au-delà de la Réalité: l'Univers est-il vraiment un amas d'information primaire et la matière juste un mirage?"
Les matérialistes ne croient pas à l'existence d’Allah, car ils ne peuvent pas Le voir avec leurs yeux. Leurs thèses perdent toute valeur lorsqu'ils apprennent la véritable nature de la matière. Ils comprennent alors que leur propre existence est de nature illusoire et qu'un être défini en termes d'illusion ne peut pas être capable de voir un être absolu. Dans le Coran, il est révélé d'ailleurs que les êtres humains ne peuvent pas voir Allah, mais qu’Allah les voit.
Les regards ne peuvent l'atteindre, cependant qu'Il saisit tous les regards… (Sourate al-Anam, 103)
Ainsi nous ne pouvons pas comprendre l'existence de Dieu à l'aide de nos yeux, mais nous savons que Dieu inclut entièrement notre être intérieur et extérieur, nos regards et nos pensées. Nous ne pouvons ni prononcer un mot, ni même respirer sans qu'Il le sache.
Bien que nous ressentions ces perceptions sensorielles tout au long de nos vies, l'être le plus proche de nous n'est aucunement une de ces sensations, mais bien Dieu Lui-même. Le verset suivant nous dévoile le secret de cette réalité:
Rien, vraiment, ne se cache d’Allah de ce qui existe sur la terre ou dans le ciel. (Sourate Al-Imran, 5)
Il est très important qu’Allah nous observe et nous écoute à tout moment. Il suffit de le comprendre pour savoir qu'Il est conscient de l'homme à chaque instant, même si ce dernier ne peut pas voir Allah avec ses propres yeux. Quels que soient ses actes, Allah est témoin de lui. Par conséquent, le croyant est soucieux d'adopter un comportement, un discours, des idées plaisantes pour Allah. Allah est proche de nous dans tout ce que nous entreprenons, qu'Il nous observe et que rien ne Lui échappe :
Tu ne te trouveras dans aucune situation, tu ne réciteras aucun passage du Coran, vous n'accomplirez aucun acte sans que Nous soyons témoin au moment où vous l'entreprendrez. Il n'échappe à ton Seigneur ni le poids d'un atome sur terre ou dans le ciel, ni un poids plus petit ou plus grand qui ne soit déjà inscrit dans un livre évident. (Sourate Yunus, 61)
Allah, l'Etre absolu, connaît tous les aspects des êtres humains qu'Il créa en tant qu'illusions. Ce fait est très simple pour Allah. Pourtant, certains dans leur ignorance peinent à comprendre ce point. Lorsque nous observons les impressions constituantes du "monde externe", c’est-à-dire notre mode de vie, l'être le plus proche de nous n'est pas une impression, c’est clairement Allah. Ce secret est dévoilé dans le verset :
"Nous avons effectivement créé l'homme et Nous savons ce que son âme lui suggère et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire. "(Sourate Qaf, 16)
Lorsqu'une personne pense que son corps n'est composé que de "matière", elle ne peut en aucun cas comprendre cette vérité qui est pourtant si importante. Si elle considère son cerveau comme étant "soi-même", l'endroit qu'elle considère comme étant extérieur à elle n'est alors éloigné que de 20 à 30 cm. Quand elle comprend que la matière n'existe pas mais que chaque chose n'est en réalité que le résultat de sa propre imagination, les notions comme le dehors, le dedans, le lointain ou le proche perdent tout leur sens. Dieu l'entoure complètement et Il est "infiniment proche" d'elle.
Dans le verset suivant, Dieu met en évidence Sa proximité avec les hommes:
Et quand Mes serviteurs t'interrogent (Ô Mouhammad) sur Moi... Je suis tout proche (d'eux par Ma science, connaissant parfaitement leurs états et leurs problèmes): Je réponds à l'appel de celui qui M'invoque quand il M'invoque (directement, sans l'intermédiaire d'un intercesseur). Qu'ils répondent donc à Mon appel, et qu'ils croient en Moi, afin qu'ils soient bien guidés. (Sourate al-Baqarah, 186)
Il l'affirme également dans un autre verset:
Et lorsque Nous te disions que ton Seigneur cerne tous les gens (par Sa puissance et Son savoir). Quant à la vision que Nous t'avons montrée [en état d'éveil et non en rêve, la nuit de l'Ascension (Isrâ)], Nous ne l'avons faite que pour éprouver les gens, tout comme Zaqoûm (l'arbre maudit) mentionné dans le Qour'ân. Nous les menaçons; mais cela ne fait qu'augmenter leur grande transgression. (Sourate al-Isra, 60)
L'homme est donc induit en erreur lorsqu'il pense que son être représente la chose la plus proche de lui-même. Car Dieu est assurément plus proche de nous que nous le sommes de nous-mêmes. Il attire notre attention sur ce point dans le verset suivant:
Malgré cela, certains gens persistent à croire que la chose la plus proche d'eux-mêmes est leur propre personne. Allah est pourtant plus proche de nous que nous-mêmes. Ces versets souligne ce fait :
Lorsque le souffle de la vie remonte à la gorge et qu'à ce moment là vous regardez et que Nous sommes plus proche de lui que vous mais vous ne voyez point. (Sourate al-Waqi’a, 83-85)
Sur son lit de mort, le malade s'imagine que l'être le plus proche de lui est le médecin à son chevet, sa mère qui l'embrasse ou ses amis qui lui tiennent la main. Mais ce verset indique justement qu’Allah est plus proche de lui à ce moment que personne d'autre. Ajoutons qu’Allah est le seul Etre Qui lui est proche à ce moment précis, mais aussi depuis sa naissance. L'incapacité de certains hommes à voir cette réalité avec leurs yeux les rend ignorants.
Un autre verset précise qu’Allah n'est pas limité par l'espace et qu'Il embrasse toutes les choses :
A Allah seul appartiennent l'est et l'ouest. Où que vous vous tourniez, la face d’Allah est donc là, car Allah a la grâce immense. Il est omniscient. (Sourate al-Baqarah, 115)
Dans un autre verset, Allah revient sur ce point :
C'est Lui Qui a créé les cieux et la terre en six jours, puis Il S'est établi sur le trône; Il sait ce qui pénètre dans la terre et ce qui en sort, et ce qui descend du ciel et ce qui y monte, et Il est avec vous où que vous soyez. Et Allah observe parfaitement ce que vous faites. (Sourate al-Hadid, 4)
Tout ceci implique qu’Allah est l'Unique et la seule Existence absolue. Grâce à Sa science, Allah cerne tous les êtres humains qui ne sont que des êtres de l'ombre, comme il est mentionné dans ce verset :
En vérité, votre seul Allah est Allah en dehors de Qui il n'y a point de divinité. De Sa science Il embrasse tout. (Sourate Ta-Ha, 98)
Dans un autre verset Allah met les hommes en garde contre l'insouciance :
Ils sont dans le doute, n'est-ce pas, au sujet de la rencontre de leur Seigneur ? C'est Lui certes Qui embrasse toute chose [par Sa science et Sa puissance]. (Sourate Fussilat, 54)
Les choses expliquées ici sont aussi vraies qu'une loi physique ou une formule chimique. Quand cela est nécessaire, les êtres humains peuvent résoudre les problèmes mathématiques les plus difficiles et comprendre de nombreux problèmes complexes. Or ces mêmes individus, lorsqu'ils sont informés que tout au long de leur vie qu’ils n’ont experiencé que les images formées dans leur esprit et qu'ils n'ont aucune connexion avec l’original de la matière, ne font pas preuve du désir de vouloir comprendre. Il s'agit d'un cas exagéré de l'incapacité de comprendre, parce que l'idée discutée n'est pas plus difficile que la réponse aux questions "Combien font deux fois deux ?" ou "Quel âge avez-vous ?" Si vous demandez à un scientifique ou à un professeur en neurologie où ils voient le monde, ils vous répondront qu'ils le voient dans leur cerveau. Les manuels de biologie du lycée le mentionnent. En dépit de son évidence, la perception du monde matériel dans l'esprit et ses conséquences peuvent être negligées. Il est nécessaire de souligner que l'un des plus importants faits scientifiques prouvés est si soigneusement caché aux yeux du public.
Les hommes craignent d'accepter ce fait, alors qu'habituellement ils le font volontiers, parce que la vérité à propos de la matière chamboulera totalement leur perception de la vie. Ceux qui croient que la matière et l'ego sont des êtres absolus découvriront un jour qu’ils ne furent en contact direct qu’avec la réfléction de tout ce à quoi ils travaillent et ce qu'ils protègent (leurs conjoints, leurs enfants, leurs biens, leurs personnalités). Les hommes ont très peur, aussi font-ils semblant de ne pas comprendre. Ils essaient avec détermination de réfuter les faits pourtant à la portée d'un élève de primaire. Cela s'explique essentiellement par leur crainte de perdre ce que ce monde leur offre.
Si nous réfléchissons profondément sur tout ce qui est dit ici, chacun réalisera bientôt ce fait stupéfiant et extraordinaire par lui-même: tous les événements du monde ne sont que de l'imagination…
Quiconque est attaché à ses biens, ses enfants ou aux plaisirs éphémères de ce monde, la nature illusoire de la matière est une source de grande crainte. Dés que cet individu saisit la portée de cette information, il mourra avant sa mort naturelle, car il aura rendu ses possessions et son âme. Dans le verset "S'Il vous les demandait importunément, vous deviendriez avares et Il ferait apparaître vos haines." (Sourate Mouhammed, 37), Allah révèle le comportement vil des hommes quand Il exigera d'eux leurs biens.
En apprenant la véritable nature de la matière, l'individu comprendra que son âme et ses biens appartiennent déjà à Allah. S'il sait qu'il n'y a rien à donner ni de raison de résister, il se soumettra lui et ses biens à Allah avant sa mort. Pour les croyants sincères, cela représente un geste beau et honorable, les rapprochant d’Allah. Ceux qui ne croient pas ou dont la foi est faible ne peuvent pas reconnaître cette beauté et s'obstinent à rejeter cette réalité.
Ceux qui savent qu'ils n'ont pas liens avec les choses matérielles réelles et qu'ils sont uniquement en présence d'images présentées par Allah, modifient totalement leur mode de vie, leur perception des choses et leurs valeurs. Ce changement est utile à la fois sur le plan personnel et social : ceux qui voient la vérité peuvent vivre en accord avec les hautes qualités morales révélées par Allah dans le Coran.
Pour certains, le monde n'a pas d'importance puisqu'ils comprennent que la matière est une illusion. Selon eux, la spiritualité est essentielle. Lorsque le croyant sait qu’Allah l'écoute et l'observe à tout moment et qu'il devra rendre compte de chacune de ses actions dans l'au-delà, il s'attache naturellement à mener une vie moralement vertueuse. Il sera soucieux de ce qu’Allah enjoignit et de ce qu'Il interdit. Chaque membre de la société sera comblé d'amour et de respect pour autrui. La concurrence portera sur les actions bonnes et nobles. Les hommes modifieront les valeurs par lesquelles ils jugent les autres. Puisque les choses matérielles perdront leur valeur, les hommes seront jugés non pas par leur statut et leur position sociale, mais par leur caractère moral et leur piété. Personne ne poursuivra l’illusion. Tout le monde sera en quête de la vérité. Tout le monde agira sans se soucier des opinions des autres. Ils seront guidés par la question de savoir si Allah agrée leurs actes ou non. Au lieu des sentiments de fierté, d'arrogance et d'autosatisfaction dérivés des biens, des propriétés, du rang social, l'humilité et la dépendance se propageront. Les hommes s'inspireront alors volontiers selon les exemples des qualités morales décrites dans le Coran. Enfin, ces changements permettront de mettre un terme aux problèmes des sociétés modernes.
Ceux qui savent que tout ce qu'ils expériencent est une illusion de tout ce qu’ils voient remplaceront les individus coléreux, agressifs et avides du moindre profit. En effet, pourquoi avoir l'air ridicule en perdant son sang-froid ou en se mettant à hurler. Le bien-être et la confiance prévaudront chez les individus et dans la société en général. Chacun sera satisfait de sa vie et de ce qu'il possède. Ce sont là les bienfaits apportés par cette réalité cachée. Savoir, méditer et vivre selon cette vérité contribuera davantage aux bienfaits des êtres humains. Ceux qui souhaitent recueillir ces agréables rétributions doivent réfléchir profondément à cette vérité et s'efforcer de bien la comprendre. Dans un verset, Allah dit :
Certes, il vous est parvenu des preuves évidentes, de la part de votre Seigneur. Donc, quiconque voit clair, c'est en sa faveur; et quiconque reste aveugle, c'est à son détriment, car je ne suis nullement chargé de votre sauvegarde.(Sourate al-Anam, 104)
Dès le début de ce chapitre, nous avons clairement déclaré que la matière n'a pas d'être absolu contrairement à ce que prétendent les matérialistes, mais qu'elle est plutôt une série d'impressions sensorielles créées par Dieu. Les matérialistes refusent cette réalité évidente d'une manière extrêmement dogmatique et avancent des antithèses sans fondement. A lui seul, ce fait détruit leur philosophie.
George Politzer, un marxiste ardent et un des plus grands avocats de la philosophie matérialiste du 20ème siècle, a donné "l'exemple du bus" comme étant "la plus grande preuve" de l'existence de la matière. Selon Politzer, les philosophes qui pensent que la matière n'est qu'une perception, s'enfuissent aussi vite que possible lorsqu'ils voient un bus qui est sur le point de les écraser. Pour lui, c'est une preuve de l'existence physique de la matière. 37
Lorsqu'on a dit au célèbre matérialiste Johnson, que la matière n'était qu'une série de perceptions, il essaya de "prouver" l'existence physique des pierres en leur donnant un simple coup de pied. 38
Un exemple semblable est donné par Friedrich Engels, le mentor de Politzer et le co-fondateur du matérialisme dialectique avec Marx. Il a écrit: "Si les gâteaux que nous mangeons n'étaient que de simples perceptions, notre appétit ne serait pas satisfait.39
Beaucoup d'autres exemples similaires existent dans les livres des célèbres matérialistes qu'ont été Marx, Engels, Lénine etc. ainsi que quelques phrases outrageuses telles que "vous comprenez l'existence de la matière quand on vous donne une gifle sur le visage".
Certains acceptent que lorsqu'ils touchent un bus, ils sentent le métal froid dans leur cerveau. En revanche, ils n'acceptent pas que le sentiment de douleur au moment où le bus les heurte se forme dans le cerveau. Pourtant une personne éprouverait la même douleur si elle se voyait renversée par un bus dans un rêve.
La raison pour laquelle ces matérialistes donnent des exemples de ce genre-là est qu'ils interprètent l'explication "la matière est une perception" comme "la matière est un jeu de lumière". Ils pensent donc que la perception est limitée à la vue et que les autres sens tels que le toucher comporte des corrélatifs physiques. Ainsi, un bus qui écrase un homme leur fait dire: "Regardez, il l'a écrasé, ce n'est donc pas une perception". Ils ne comprennent pas, que toutes les perceptions ressenties lors d'un accident de bus, comme la dureté du choc, la collision et la souffrance, naissent également dans notre cerveau.
Le meilleur exemple pour expliquer cette réalité est le rêve. Une personne peut vivre des événements très réalistes pendant son rêve. Elle peut tomber d'un escalier et se casser une jambe, avoir un grave accident de voiture, être écrasée par un bus ou encore manger un gâteau et se sentir rassasiée. Des événements semblables à ceux vécus dans nos vies quotidiennes sont également éprouvés dans nos rêves. Ils procurent la même sensation de persuasion du réel que dans la réalité et ils éveillent des sentiments identiques.
En rêve, une personne peut donc se voir écrasée par un bus, rouvrir ses yeux dans un hôpital et comprendre qu'elle est devenue infirme, alors qu'il ne s'agit là que d'une perception. Elle peut aussi rêver qu'elle meurt lors d'un accident de voiture, que les anges de la mort prennent son âme et que sa vie dans l'Au-delà commence. (Cet événement peut être éprouvé de la même manière dans la vie, qui, comme le rêve, n'est qu'une perception.)
Cette personne perçoit ainsi très finement les images, les sons, la solidité, la lumière, les couleurs et toutes les autres perceptions de l'événement qu'elle a éprouvé dans son rêve. Les sensations qu'elle éprouve pendant son rêve sont donc tout aussi naturelles que celles éprouvées dans la vie "réelle". Le gâteau qu'elle mange dans son rêve la satisfait tout autant, bien que ce soit seulement une perception du rêve, car le fait d'être rassasié est aussi une perception. Pourtant, à ce moment-là cette personne est en réalité couchée sur son lit. Il n'existe ni escalier, ni circulation et ni bus à considérer. Le rêveur a des sentiments et ressent des perceptions qui n'existent pas dans le monde extérieur. Le fait même que dans nos rêves, nous éprouvions, voyions et sentions des événements qui n'ont aucun corrélatif physique dans le "monde extérieur", révèle très clairement que ce "monde extérieur" qui constitue nos vies en état d'éveil n'est également qu'une perception.
Ceux qui croient à la philosophie matérialiste, et tout particulièrement les marxistes, sont furieux lorsqu'on leur parle de la réalité de l'essence de la matière. Ils citent des exemples de raisonnement superficiel appartenant à Marx, à Engels ou à Lénine et font des déclarations émotionnelles.
Pourtant, ces personnes devraient penser au fait qu'elles pourraient aussi faire les mêmes déclarations dans leurs rêves. Dans leurs rêves, elles pourraient aussi lire Das Kapital (Le Capital), participer à des réunions, se battre avec la police, recevoir des coups sur la tête et ressentir de la souffrance suite à leurs blessures. Cependant, et ceci est particulièrement important, si on le leur demandait pendant leurs rêves, elles penseraient que ce qu'elles ressentent aussi dans leurs rêves est de "la matière absolue", tout comme elles affirment que ce qu'elles voient quand elles sont réveillées est de "la matière absolue". Pourtant, tout ce que ces gens voient, éprouvent ou ressentent, que ce soit dans leurs rêves ou dans leurs vies quotidiennes, ne sont que des perceptions.
Considérons l'exemple donné par Politzer de l'accident de voiture. Si les nerfs de la personne écrasée, qui relient ses cinq sens à son cerveau, étaient connectés à ceux de quelqu'un d'autre -Politzer par exemple- par une connexion parallèle et ceci au moment où le bus avait heurté la personne; il heurterait de la même manière et en même temps Politzer qui serait alors tranquillement assis chez lui à ce moment-là. Toutes les sensations éprouvées par cette personne accidentée seraient également éprouvées par Politzer, tout juste comme une chanson que nous entendrions au moyen de deux haut-parleurs différents mais qui seraient connectés au même magnétophone. Politzer sentirait, verrait et éprouverait le freinage du bus. Il ressentirait le choc du véhicule contre son corps et verrait les images de son bras cassé, du sang, des fractures… Il remarquerait son entrée dans la salle d'opération ainsi que la dureté du plâtre et la faiblesse de son bras.
Toute autre personne connectée en parallèle aux nerfs de cet homme vivrait intégralement l'accident exactement comme Politzer l'a vécu. Si l'homme accidenté rentrait dans le coma, chacune des autres personnes tomberait également dans le coma. De plus, si toutes les perceptions de l'accident de voiture étaient enregistrées dans un appareil et étaient retransmises en boucle à une personne, ladite personne ressentirait le choc contre le bus plusieurs fois de suite.
Mais alors, lequel de ces bus a t-il réellement percuté ces personnes? La philosophie matérialiste n'offre aucune réponse cohérente à cette question. La réponse correcte est que toutes ces personnes vivraient cet accident de voiture dans tous ses détails, mais uniquement dans leurs propres cerveaux.
Ce même principe pourrait aussi s'appliquer aux exemples du gâteau et de la pierre. Si les nerfs des organes sensoriels d'Engels -organes qui lui permettent quand il mange un gâteau de ressentir des sensations telles que la satiété et la plénitude dans son estomac- étaient connectés parallèlement au cerveau d'une deuxième personne; cette personne ressentirait également ce sentiment de satiété tout comme Engels. Si les nerfs de Johnson, qui a ressenti de la souffrance lorsque son pied a frappé une pierre, étaient connectés à une deuxième personne en parallèle, cette personne éprouverait également la même souffrance.
Alors, lequel de ces gâteaux ou laquelle de ces pierres sont-ils réels? Ici encore, la philosophie matérialiste ne peut offrir aucune réponse raisonnable. La seule réponse correcte et logique est la suivante: Engels et l'autre personne ont mangé tous les deux leur gâteau dans leurs cerveaux et ils ont tous deux été rassasiés. Johnson et l'autre personne ont pleinement vécu tous les deux l'instant où ils ont frappé la pierre dans leurs cerveaux.
Modifions maintenant légèrement l'exemple que nous avons donné au sujet de Politzer. Connectons désormais les nerfs de la personne écrasée par le bus directement au cerveau de Politzer, et les nerfs de ce dernier (qui rappelons-le est assis dans sa maison) directement au cerveau de la personne écrasée par le bus. Dans ce cas précis, Politzer penserait qu'un bus l'a heurté bien qu'il soit assis chez lui à ce moment-là. Par contre, la personne qui a vraiment été écrasée par le bus n'aurait jamais ressenti l'impact de l'accident et elle aurait l'impression qu'elle se trouvait tranquillement assise chez Politzer. La même logique peut bien sûr être appliquée aux exemples du gâteau et de la pierre.
Comme nous le voyons, il est impossible pour un homme de transcender ses sens et de s'en libérer. De la même manière, l'âme d'un homme peut être exposée à toutes sortes de représentations d'événements physiques bien qu'il n'ait aucun corps physique, aucune existence et aucun poids matériel. Il est donc impossible à une personne de réaliser cela parce qu'elle part du principe que toutes ces images tridimensionnelles sont belles et bien réelles. Ce qui la rend si sûre d'elle, c'est que comme tout un chacun, elle dépend de perceptions éprouvées par ses organes sensoriels.
Le fameux philosophe anglais David Hume commente ce fait de la manière suivante:
"Pour parler franchement, quand je m'inclus dans ce que j'appelle le "moi", je tombe toujours sur une perception spécifique appartenant au chaud ou au froid, à la lumière ou à l'ombre, à l'amour ou à la haine, à l'amertume ou au sucré ou à d'autres notion encore. Si ces perceptions n'existaient pas, je ne pourrais jamais me saisir en un temps particulier et je n'observerais rien d'autre que de la perception." 40
Les matérialistes présupposent que tout ce dont nous parlons ici n'est que philosophie. Pourtant, soutenir que le "monde extérieur", comme nous l'appelons, n'est qu'une série de perceptions n'est en rien philosophique mais représente au contraire un fait tout à fait scientifique. La formation d'images et de sensations cérébrales est enseignée en détail dans les écoles de médecine. Ces faits, prouvés par la science du 20ème siècle, en particulier par la physique, montrent clairement que la matière n'a pas de réalité absolue et que dans un sens, chacun d'entre nous regarde "le moniteur qui se trouve dans son cerveau".
Quiconque croit en la science, qu'il soit athée, bouddhiste ou partisan d'un autre point de vue, devrait accepter cette vérité. Un matérialiste peut donc nier l'existence d'un Créateur mais ne peut en aucun cas nier cette réalité scientifique.
L'incapacité de Karl Marx, de Friedrich Engels, de Georges Politzer et de bien d'autres à comprendre un fait si simple et évident est très étonnant. Nous pouvons cependant porter à leur décharge que le développement de la connaissance scientifique était probablement insuffisant à leur époque. Aujourd'hui, alors que la science et la technologie ont atteint un niveau très élevé, il ne fait aucun doute que les découvertes récentes rendent la compréhension de cette réalité plus accessible. Mais les matérialistes sont partagés par la double crainte de comprendre ce fait, même partiellement, et de réaliser qu'elle démolit définitivement leur philosophie.
Pendant un certain temps, aucune réponse substantielle nous était parvenue des milieux matérialistes turcs concernant le contenu de ce livre qui accrédite la thèse que la matière n'est qu'une perception. Cela nous a donné l'impression que nos idées n'avaient pas été assez bien clarifiées et qu'elles avaient donc besoin d'être mieux expliquées. Pourtant, peu de temps après, il s'est avéré que les matérialistes éprouvaient un malaise certain face à ce sujet et qu'ils redoutaient que quelqu'un ne le traite en profondeur et cela probablement à cause de la popularité qu'il connaît auprès du public.
En effet, les matérialistes n'ont cessé de proclamer à voix haute dans leurs publications, au cours de leurs conférences et leurs tables rondes leur crainte et leur panique. Leurs discours agités et désespérés démontraient alors clairement qu'ils subissaient une crise intellectuelle assez sévère. L'effondrement scientifique de la théorie de l'évolution (prétendue base de leur philosophie) était déjà un énorme choc pour eux. Mais désormais, ils leur fallaient reconnaître qu'ils commençaient même à perdre la "matière" et cette dernière représentait pour eux un pilier encore plus important que ne pouvait l'être le darwinisme. L'annonce de toutes ces vérités représenta pour eux un véritable choc. Ils déclarèrent du reste ouvertement que ce sujet était la "plus grande menace" à laquelle ils avaient jamais été confrontés parce qu'il "démolissait totalement leur contexte culturel".
Rennan Pekunlu, académicien et écrivain à la revue Bilim ve Utopya (Science et Utopie), qui avait décidé de défendre le matérialisme, fut l'un de ceux qui exprimèrent à cœur ouvert l'anxiété et la panique ressenties par les milieux matérialistes. Dans ses articles publiés dans Bilim ve Utopya et lors d'une conférence auquel il avait participé, Pekunlu a présenté le livre de Harun Yahya intitulé Le Mensonge de l'Évolution comme étant "une menace" primaire lancée contre le matérialisme. Ce qui dérangeait le plus Pekunlu, et ceci plus encore que les chapitres qui invalidaient le darwinisme, était la partie que vous êtes en train de lire actuellement. Le message qu'a lancé Pekunlu à ses lecteurs et à son audience, qui n'était constituée d'ailleurs que d'une poignée de gens, était le suivant: "Ne vous laissez pas entraîner par l'endoctrinement de l'idéalisme et continuez de croire au matérialisme". Il a cité Vladimir I. Lénine, le leader de la sanglante révolution communiste de Russie, comme référence. Conseillant à chacun de lire le livre de ce dernier intitulé Le Matérialisme et l'Empiriocriticisme vieux de plus d'un siècle, Pekunlu n'a fait que répéter les conseils de Lénine: "Ne réfléchissez pas à ce sujet car vous perdrez la trace du matérialisme et vous serez emportés par la religion". Dans un article qu'il a écrit dans la revue susmentionnée, il a cité ces lignes de Lénine:
"Une fois que vous niez la réalité objective, qui nous est transmise par nos sensations, vous aurez déjà perdu toutes les armes contre le fidéisme, car vous vous glisserez dans l'agnosticisme ou dans le subjectivisme - et c'est tout ce que le fidéisme exige. Une seule griffe prise au piège et l'oiseau est perdu. Et nos Marxistes furent tous pris au piège de l'idéalisme, c'est-à-dire d'un fidéisme dilué et plutôt subtil; ils furent tous pris au piège au moment où ils prirent cette "sensation" non pas comme étant une image du monde extérieur mais comme étant un "élément" spécial. Ce n'est pourtant la sensation, l'âme et la volonté de personne." 41
Ces paroles nous montrent que ce que Lénine et ses amis avaient cherché à occulter dérange de la même façon les matérialistes modernes. Cependant, Pekunlu et les autres matérialistes souffrent d'un problème plus grave encore; car ils savent pertinemment que ce fait peut maintenant être soutenu d'une façon beaucoup plus explicite, certaine et convaincante qu'il y a 100 ans. Nous pensons que c'est la première fois dans l'histoire de l'homme que ce sujet est expliqué d'une manière aussi claire.
Pourtant, on peut dire que de nos jours un grand nombre de scientifiques matérialistes ne prennent toujours pas au sérieux le fait que "la matière n'est rien qu'une illusion". Le thème abordé dans ce chapitre est l'un des plus importants et passionnants sujets que l'on puisse rencontrer. Il est certain que peu de gens ont eu l'opportunité d'être confronté à un sujet aussi crucial auparavant. Et pourtant, il suffit d'observer les réactions de ces scientifiques ou la manière dont ils articulent leurs discours et leurs articles pour noter le caractère superficiel de leur compréhension.
Leurs réactions démontrent que leur adhésion aveugle au matérialisme a causé du dommage à leur logique. C'est pour cette raison qu'ils sont tant éloignés de la compréhension de ce sujet. Alaattin Senel, académicien et écrivain à la revue Bilim ve Utopya, exprima des sentiments semblables à ceux de Rennan Pekunlu lorsqu'il déclara: "Oubliez l'effondrement du darwinisme, le sujet vraiment menaçant est celui-ci". Ressentant que sa propre philosophie n'avait aucun fondement, il a constamment fait des demandes telles que: "Prouvez ce que vous dites!" Or, ce qui est encore plus intéressant est que cet écrivain avait lui-même écrit qu'il ne pouvait pas comprendre ce fait qu'il considérait du reste comme étant une menace.
Par exemple, dans un article où il a exclusivement traité de ce sujet, Senel accepte le fait que le monde extérieur soit perçu dans le cerveau comme étant une image. Pourtant, il continue à prétendre que ces images sont divisées en deux: celles qui ont des corrélatifs physiques et celles qui n'en ont pas, et que toutes les images se rapportant au monde extérieur ont des corrélatifs physiques. Afin de soutenir son assertion, il a donné "l'exemple du téléphone". Dans son sommaire, il a écrit: "Je ne peux pas savoir si les images que j'ai dans mon cerveau ont des corrélatifs dans le monde extérieur ou non, mais le même problème se pose lorsque je parle au téléphone. Quand je parle au téléphone avec quelqu'un, je ne peux pas voir la personne avec qui je parle; mais je peux par contre lui confirmer que j'ai bel et bien eu cette conversation avec elle quand je la verrai plus tard." 42
Ce qu'il veut dire signifie ceci: "Si nous doutons de nos perceptions, nous pouvons observer la matière elle-même et ainsi confirmer sa réalité." Pourtant, il s'agit de toute évidence d'une mauvaise conception, car il est impossible pour nous d'atteindre la matière à proprement parler. Nous ne pouvons jamais "sortir" hors de notre cerveau et savoir ce qu'il y a réellement à l'extérieur. Que la voix au téléphone ait un corrélatif physique ou non sera confirmé par la personne à l'autre bout de la ligne! Pourtant, cette prétendue confirmation, qui est elle-même vécue dans le cerveau est également imaginaire.
Ces personnes vivent les mêmes événements dans leurs rêves. Senel pourrait aussi par exemple voir qu'il parle au téléphone dans son rêve et ainsi obtenir la confirmation de sa conversation. Dans son rêve, Pekunlu pourrait de la même façon croire qu'il est confronté à "une menace grave" et conseiller aux gens de lire les livres de Lénine vieux de plus d'un siècle. Pourtant, peu importe ce qu'ils pensent, car ces matérialistes ne pourront jamais nier que les événements qu'ils ont vécus et les personnes avec lesquelles ils ont parlé dans leurs rêves ne sont rien d'autre que des perceptions.
Qui va alors confirmer que si les images dans le cerveau ont des corrélatifs ou non? Les êtres d'ombres contenus dans le cerveau? Il est sans aucun doute impossible pour les matérialistes de trouver une source d'information qui pourrait leur procurer et confirmer cette information qui se rapporte à l'extérieur du cerveau.
Le fait de concéder que toutes les perceptions sont formées dans le cerveau, sans admettre que quelqu'un peut sortir "en dehors" de celui-ci et avoir ainsi ses perceptions confirmées par le monde extérieur réel, manque singulièrement de logique. Toute personne ayant un niveau normal de compréhension et de raisonnement peut pourtant facilement comprendre ceci. Tout individu objectif peut comprendre (par rapport à tout ce que nous avons dit) qu'il est impossible pour lui de tester l'existence du monde extérieur avec ses sens. De plus, il est clair que la croyance aveugle dans le matérialisme altère la capacité de raisonnement de ses partisans. C'est pour cette raison que comme leurs prédécesseurs qui avaient essayé de "prouver" l'existence de la matière en donnant des coups de pied sur des pierres ou en mangeant des gâteaux, les matérialistes modernes commettent de sérieuses erreurs d'appréciation dans leur raisonnement.
L'atmosphère de panique qui a soufflé sur les milieux matérialistes turcs -dont nous avons mentionné quelques exemples ci-dessus- démontre que les matérialistes font face actuellement à un échec complet, chose à laquelle ils n'avaient jamais été confrontés durant toute leur histoire. La matière n'est donc qu'une perception; ce fait a été prouvé par la science moderne d'une manière claire, directe et indéniable et il ne reste plus aux matérialistes qu'à voir et à admettre l'effondrement de la totalité du monde matériel auquel ils se sont fiés et dans lequel ils ont cru aveuglément.
La pensée matérialiste a existé durant toute l'histoire de l'humanité. Les matérialistes, très sûrs d'eux-mêmes et de la philosophie en laquelle ils croyaient, se sont constamment révoltés contre Dieu, leur Créateur. Le scénario qu'ils ont écrit soutient que la matière n'a ni début ni fin, et que l'Univers ne peut avoir de créateur. En raison de leur arrogance, ils ont renié Dieu et se sont réfugiés dans la matière à laquelle ils ont accordé une existence réelle. Ils étaient tellement sûrs d'eux, qu'il était évident pour eux, qu'aucune explication ne viendrait jamais les contredire.
C'est pourquoi les faits relatés dans ce livre qui expliquent quelle est la vraie nature de la matière, ont tellement surpris ces personnes. Tout ce qui a été raconté jusqu'ici détruit les fondements de leur philosophie et ne laisse aucune place à un autre discours. La matière, sur laquelle ils ont fondé toutes leurs idées, leurs vies, leur arrogance et leur déni, a brusquement disparu. Pourquoi le matérialisme aurait-il une raison d'exister si la matière elle-même n'existe pas?
L'un des attributs de Dieu est la force qu'Il détient pour dénouer les complots des non-croyants. Dans le verset suivant, il est d'ailleurs déclaré:
"Ils complotèrent, et Dieu complota, et Dieu est le Meilleur des comploteurs."(Sourate al-Anfal, 30)
Dieu a ainsi pris au piège les matérialistes en leur faisant croire que la matière existait bel et bien, et par la même Il les a humiliés d'une manière évidente. Les matérialistes ont cru que leurs possessions, leurs statuts, leurs rangs, la société à laquelle ils appartenaient, en bref le monde entier existaient vraiment et ils se sont basés sur ces faits pour se rebeller contre Dieu. Ils se sont vantés devant Dieu ne faisant qu'augmenter ainsi leur incroyance et ils ont fini par se fier totalement à la matière. Mais, ils ont oublié que Dieu les entoure de toute part et que ce Dieu qu'ils nient a décrit l'état dans lequel ils se trouvent à cause de leur incompréhension.
Où cherchent-ils un stratagème? Mais ce sont ceux qui ont mécru qui sont victimes de leur propre stratagème. (Sourate at-Tur Suresi, 42)
C'est probablement la plus grande défaite de toute leur existence. Les matérialistes, qui faisaient preuve d'arrogance et qui ont été induits en erreur, ont subi une défaite mémorable dans la guerre qu'ils ont livrée à Dieu. Le verset: "Ainsi, Nous avons placé dans chaque cité de grands criminels qui y ourdissent des complots. Mais ils ne complotent que contre eux-mêmes et ils n'en sont pas conscients".(Sourate al-Anam, 123) annonce combien ces gens qui se révoltent contre leur Créateur sont inconscients et combien terrible sera leur fin. Dans un autre verset, le même fait est décrit ainsi:
Ils (pensent pouvoir) tromper Dieu et les croyants; mais ils ne trompent qu'eux-mêmes, et ils ne s'en rendent pas compte.(Sourate al-Baqarah, 9)
Alors que les mécréants essayaient de comploter, ils ne se sont pas rendus compte de l'importance d'un fait qui est décrit par les mots suivants: (…) "Ils ne trompent qu'eux-mêmes, et ils ne s'en rendent pas compte…" (Sourate al-Baqarah. 9) C'est cependant un fait avéré que tout ce qu'ils vivent n'est qu'une divagation conçue spécialement pour qu'elle puisse être perçue par eux, et que tous les complots qu'ils conçoivent ne sont que de simples images formées dans leur cerveau tout comme l'ensemble des actes qu'ils accomplissent. Leur égarement leur fait oublier qu'ils sont tous seuls en compagnie de Dieu, et qu'ils sont ainsi pris au piège de leurs propres plans.
Comme les non-croyants du passé, ceux qui vivent aujourd'hui sont également confrontés à une réalité qui détruit complètement leurs plans sournois. Avec le verset: "la ruse de Chaythân est certes, faible" (Sourate an-Nisa, 76) Dieu affirme que ces complots étaient déjà voués à l'échec le jour même où ils ont été tramés. Il rassure les croyants dans le verset: "Leur manigance ne vous causera aucun mal" (Sourate Al Imran, 120).
Dans un autre verset, Dieu déclare:
"Quant à ceux qui ont mécru, leurs actions sont comme un mirage dans une plaine désertique que l'assoiffé prend pour de l'eau. Puis quand il y arrive, il s'aperçoit que ce n'était rien ". (Sourate an-Nur, 39)
Comme le confirme le verset, le matérialisme aussi devient un mirage pour celui qui se rebelle ainsi; lorsqu'ils ont recours à cette doctrine, ils se rendent compte qu'elle n'est rien d'autre qu'une illusion. Dieu les a trompés en créant un mirage qui leur a fait voir toute cette accumulation d'images comme si elles existaient réellement. Toutes ces personnes "éminentes"; ces professeurs, ces astronomes, ces biologistes, ces physiciens, et tous les autres, quels que soient leur classe sociale et leur rang, ont été dupés, et se sont retrouvés punis pour avoir adulé la matière comme leur dieu. En partant du principe que l'accumulation d'images est absolue, ils ont fondé leur philosophie et leur idéologie sur cette simple hypothèse. Ils ont pris part à des discussions sérieuses et ont adopté un discours soi-disant "intellectuel". Ils se sont considérés suffisamment sages pour proposer un argument sur la vérité de l'Univers. Ce qui est plus grave encore, c'est qu'ils s'en sont servis pour remettre en cause l'existence de Dieu, mais ils l'ont fait en manquant réellement de discernement. Dieu explique la situation dans le verset suivant:
Ils complotèrent et Dieu complota. Et Dieu est certes le meilleur de ceux qui complotent. (Sourate Al Imran, 54)
Il est peut-être possible d'échapper à certains complots; mais celui qui est mené par Dieu contre les non-croyants est si déterminé qu'il n'existe pour eux aucune possibilité d'y échapper. Quoi qu'ils fassent ou qu'ils appellent, ils ne trouveront jamais personne d'autre que Dieu pour les sauver. Dieu nous déclare du reste dans le Coran, "Ils ne trouveront, pour eux, en dehors de Dieu, ni allié ni secoureur."(Sourate an-Nur, 173)
Les matérialistes ne s'attendaient pas à tomber dans un tel piège. Avec les moyens du 20ème siècle, ils étaient sûrs d'eux-mêmes et pensaient qu'il pourrait facilement attirer les gens vers l'incroyance. Dans le verset suivant Dieu nous décrit la mentalité perpétuelle des non-croyants et quelle sera leur destinée:
Ils complotèrent un complot et Nous en complotâmes un, sans qu'ils s'en rendirent compte. Regarde donc ce qu'a été la conséquence de leur stratagème: Nous les fîmes périr, eux et tout leur peuple. (Sourate an-Naml, 50-51)
En interprétant ces versets sur un autre plan: les matérialistes ont été obligés de se rendre compte que tout ce qu'ils possèdent n'est qu'une illusion, et donc que tout ce qu'ils possèdent a été détruit. Lorsqu'ils voient leurs possessions, usines, dollars, enfants, époux et épouses, or, rang et statut et même leurs propres corps -qu'ils croient exister- glisser entre leurs mains, ils sont déjà morts selon l'expression du 51ème verset de la sourate "les fourmis". À ce stade, ils ne sont plus des entités matérielles mais seulement des âmes.
Il ne fait aucun doute que pour les matérialistes la manifestation de cette vérité est la pire des situations possibles. Le fait de savoir que tout ce qu'ils possèdent n'est qu'une illusion équivaut (si l'on utilise leurs propres mots) à parler "d'une mort avant la mort" sur terre.
Cela les laisse seul avec Dieu. Avec le verset, "Laisse-Moi avec celui que J'ai créé seul"(Sourate al-Muddattir, 11) Dieu nous appelle pour nous faire réaliser que chacun d'entre nous, est en vérité, totalement seul devant Sa présence. Ce fait remarquable est d'ailleurs répété plusieurs fois dans d'autres versets:
Et vous voici venus à Nous, seuls, (sans richesse ni amis ni rien d'autre) tout comme Nous vous avions créés la première fois, abandonnant derrière vos dos tout ce que Nous vous avions accordé. (Sourate al-Anam, 94)
Et au Jour de la Résurrection, chacun d'eux se rendra seul auprès de Lui. (Sourate Maryam, 95)
En d'autres termes, même ceux qui vénèrent la matière comme il s'agissait de leur dieu, ont tous été eux aussi créés par Dieu et Lui retourneront. Ils sont soumis à Dieu qu'ils le veuillent ou non. Ils attendent le Jour du Jugement Dernier où chacun devra régler ses comptes, bien qu'ils ne veuillent pas l'admettre.
Par sa capacité à prouver que le monde matériel n'est en réalité qu'un "être d'ombre", ce sujet devient essentiel pour saisir L'existence de Dieu, Sa création et pour comprendre qu'Il est l'Unique Être Absolu.
En abordant cette vérité sérieusement, nous réalisons que la terre n'est pas l'endroit que beaucoup de gens s'imaginent. Elle n'est pas un endroit absolu qui a une existence propre et réelle comme le supposent ceux qui errent sans but dans les rues, qui se battent dans les bars, qui se montrent dans les pubs luxueux, qui se vantent de leurs biens ou qui dédient leurs vies à des buts vains. Le monde n'est qu'un ensemble de perceptions et d'illusions. Tous les gens que nous avons mentionnés ci-dessus ne sont que des êtres d'ombres qui "regardent" ces perceptions dans leurs cerveaux; même s'ils n'en sont pas conscients.
Ce concept est très important car il discrédite complètement la philosophie matérialiste et provoque son effondrement. C'est la raison pour laquelle les matérialistes comme Marx, Engels et Lénine ont encouragé leurs disciples à "ne pas réfléchir" à ce concept. La vision restrictive de ces personnes les a empêchées de comprendre que chaque perception est formée dans le cerveau. Elles partent du principe que le monde qu'elles voient grâce à leur cerveau est le "monde extérieur" et ne peuvent donc pas saisir la preuve pourtant évidente du non-sens de leur théorie.
Cet égarement est la conséquence d'une sorte de "voile" qui recouvre la raison des personnes qui ne croient pas en Dieu. Il est dit dans le Coran:"Ils ont des cœurs, mais ne voient pas. Ils ont des yeux, mais ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais n'entendent pas. Ceux-là sont comme les bestiaux, même plus égarés encore. Tels sont les insouciants."(Sourate al-Araf, 179)
Nous pouvons cependant dépasser cette difficulté en nous servant du pouvoir de notre réflexion personnelle. Pour cela, nous devons nous concentrer fortement, y consacrer toute notre attention, réfléchir à la façon dont nous voyons les objets autour de nous et à la manière dont nous ressentons leur toucher. Si nous y pensons attentivement, nous pouvons ressentir que l'être intelligent qui voit, entend, touche, pense et lit ce livre en ce moment précis n'est rien d'autre que notre âme. Celle-ci ne faisant que regarder sur un écran cette perception appelée "matière". Toute personne qui comprend cela n'appartient plus au domaine du monde matériel qui trompe la plupart de l'humanité, mais a ouvert la porte de la vraie vie.
Cette réalité a été comprise par bon nombre de théistes et de philosophes tout au long de l'histoire. Des intellectuels tels que l'imam Rabbani, Muhyiddin Ibn al-'Arabi et Mawlana Jami avaient pris conscience de ce fait en se servant de leur esprit critique et ceci grâce aux indices qu'ils avaient trouvés dans le Coran. Certains philosophes occidentaux comme George Berkeley sont arrivés à la même conclusion par la raison. L'imam Rabbani a écrit dans Maktubat (Lettres) que tout l'Univers matériel n'était en fait qu'une "illusion et une supposition (perception)" et que le seul être absolu était Dieu:
"Dieu… La substance de ces êtres qu'Il créa n'est autre que le néant… Tout ce Qu'Il créa navigue entre les sens et les illusions… L'existence de l'Univers réside donc dans cette "sphère" de sens et d'illusions, et elle n'est en aucun cas matérielle… En vérité, il n'existe rien en dehors de l'Être Glorieux, (Qui est Dieu)." 43
L'imam Rabbani a explicitement écrit que toutes les images présentées à l'homme ne sont que des illusions et qu'elles n'ont pas de versions originales à l'original.
"Ce cycle imaginaire est illustré par l'imagination. Il est pourtant vu dans la mesure où il est illustré, grâce à l'œil de l'âme.De l'extérieur, il a l'air comme s'il s'agissait de l'œil que nous avons sur notre figure. Or, ce n'est pas le cas. Il n'y a ni désignation, ni trace à l'extérieur. Il n'y a rien à voir. Même le visage d'une personne se reflétant sur un miroir est ainsi. Le "dehors" n'est pas quelque chose de constant. Il n'existe aucun doute que sa constance et son image ne sont que del'IMAGINATION. Dieu est celui qui sait le mieux." 44
L'intelligence et les signes du Coran ont permis également à Mawlana Jami d'énoncer la même idée: "Tout ce qu'il y a dans l'Univers n'est que sens et illusions, semblable à des images reflétées sur un miroir ou à des ombres".
Certes, le nombre de ceux qui ont compris ceci à travers l'histoire a toujours été limité. De grands savants comme l'imam Rabbani avaient déjà écrit qu'il ne serait pas sage de révéler ce fait aux masses, car la plupart des gens ne seraient pas capables de le saisir. Aujourd'hui, ce fait est devenu empirique grâce aux preuves avancées par la science, cependant c'est grâce à Rabbani que la description de l'Univers en tant qu'un "être-ombre" a été décrit pour la première fois d'une manière aussi concrète, claire et explicite.
Sans aucun doute le 21ème siècle marquera un moment important de l'histoire. Grâce à la science les gens devraient comprendre plus aisément les réalités divines et de ce fait ils devraient se tourner en plus grand nombre vers Dieu. Les croyances matérialistes du 19ème siècle seront certainement reléguées dans les archives de l'histoire, parce que les gens pourront saisir ce que l'existence et la création de Dieu signifient. Ils pourront mieux comprendre aussi Son intemporalité et Son omniprésence. L'humanité s'émancipera en laissant tomber tous les voiles, toutes les duperies et toutes les superstitions qui depuis des centaines d'années l'ont toujours induite en erreur.
Il est impossible que cet inévitable cours du destin soit empêché par un quelconque "être-ombre".
26. Frederick Vester, Denken, Lernen, Vergessen, vga - 1991, p. 6
27. George Politzer, Principes Fondamentaux de Philosophie, Éditions Sociales, Paris - 1954, p. 38-39-44
28. R.L.Gregory, Eye and Brain: The Psychology of Seeing, Oxford University Press Inc., New York - 1990, p. 20
29. Lincoln Barnett, The Universe and Dr. Einstein, William Sloane Associate, New York - 1948, p. 20
30. Orhan Hançerlioglu, Düsünce Tarihi, Istanbul: Remzi Kitapçýsý, 6ème éd. - septembre 1995, p. 447
31. George Berkeley, A Treatise Concerning the Principles of Human Knowledge, 1710, Works of George Berkeley, vol. I, éd. A. Fraser, Oxford, 1871
32. Bertrand Russell, ABC of Relativity, George Allen and Unwin, Londres - 1964, pp. 161-162
33. Rita Carter, Atlas de Cerveau, Neurosciences du comportement : les nouveaux savoirs et leur conséquences, Editions Autrement, Collection Atlas/Monde, 1999, Paris, p. 113
34. Moheïddine Ibn 'Arabi, Fusus Al-Hikam, p. 220
35. R. L. Gregory, Eye and Brain: The Psychology of Seeing, p. 9
36. Ken Wilber, Holographic Paradigm and Other Paradoxes, p. 20
37. George Politzer, Principes Fondamentaux de Philosophie, Éditions Sociales - Paris 1954, p. 53
38. Orhan Hançerlioglu, Düsünce Tarihi, Istanbul: Remzi Kitapçýsý, 6ème éd. - septembre 1995, p. 261
39. George Politzer, Principes Fondamentaux de Philosophie, Éditions Sociales - Paris 1954, p. 65
40. David Hume, A Treatise of Human Nature, Book I, Section IV: Of Personal Identity
41. Rennan Pekünlü, "Aldatmacanin Evrimsizligi", Bilim ve Ütopya, décembre 1998, (V.I. Lenin, Materialism and Empirio-criticism, Progress Publishers, Moscou - 1970, pp. 334-335)
42. Alaettin Senel, "Evrim Aldatmacasi mi?, Devrin Aldatmacasi mi?", Bilim ve Ütopya, décembre 1998
43. Imam Rabbani Hz. Mektuplari, vol. II, 357ème lettre, p. 163
44. Imam Rabbani Hz. Mektuplari, vol. II, 470ème lettre, p. 1432