Au lendemain du 11 septembre 2001, le nationalisme extrémiste a augmenté en France comme dans le reste de l'Europe.
A la suite de la crise économique de 2008 qui a causé l’augmentation du chômage et une baisse du niveau de richesse, les craintes sociales déclenchées par les réfugiés fuyant les zones de guerre ont également contribué à la hausse des tendances protectionnistes. Ainsi, la France est devenue un terrain adapté aux tendances extrémistes comme la xénophobie, l'islamophobie, les sentiments anti-immigrés et l’antisémitisme.
Le Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination raciale a annoncé qu'il y a eu une augmentation remarquable de racisme et de xénophobie en France. Selon les données fournies par l'organisation des droits de l’homme CCIF, les attaques racistes/discriminatoires contre les Musulmans en France au cours des neuf premiers mois de l'an dernier ont augmenté trois fois par rapport à 2014 (110 contre 330) [1].
Il n’est pas difficile de deviner que ces attaques augmenteront après les attentats terroristes du 13 novembre.
La montée du racisme et de l'islamophobie est observée dans tous les segments de la société. Récemment, l'ancien ministre du travail français Nadine Morano, a déclaré sur la chaîne de télévision France 2 que: “La France est un pays chrétien appartenant à des personnes d'origine ethnique blanche” [2].
En mai dernier, le maire de Venelle, Robert Chardon, a demandé “l'interdiction de l'Islam” sur son compte Facebook, tandis que la deuxième figure du Parti du Front national (FN), Florian Philippot, a dit qu'il “se battrait pour empêcher l'Islam en France” [3].
Nous pouvons également observer la discrimination raciale dans les pratiques officielles depuis un certain temps maintenant.
Par exemple, en 2008, 3.000 migrants ont été expulsés en violation des lois internationales. En 2010, 300 camps de Tziganes ont été détruits et 3.000 Tziganes ont été expulsés du pays. Nicolas Sarkozy, Président de l'époque (qui est aussi issu d'une famille d'immigrés) a blâmé avec un ton très dur les immigrés - les Tziganes en particulier - pour les malheurs de la France.
Le FN de l'extrême droite est arrivé en tête des élections européennes en 2014 avec 25,24% de votes.
Le FN a réussi à obtenir 28% de tous les votes au premier tour des élections régionales du mois dernier et est arrivé premier dans six des 13 régions. Ce fut certainement une réussite importante. Toutefois, il a échoué dans toutes les régions au second tour en raison des alliances diverses formées par d’autres partis.
Bien que les médias internationaux semblent être soulagés de ce résultat, il prouve simplement que les élections nationales sont interprétées de manière incorrecte. Le fait est que le FN n’espérait jamais avoir de succès au second tour car il n'y avait pas d'alliés. Pourtant, cela ne change pas le fait que le FN est toujours soutenu par un tiers des Français.
Tous les sondages sur l’élection présidentielle, qui aura lieu en avril de l'année prochaine, révèlent que les votes de la Présidente du FN, Marine Le Pen, atteindront probablement plus de 30% au premier tour et peuvent s’élever jusqu’à 40% au second tour.
Plus important encore, 54% des Français considèrent le FN comme un “parti patriotique” promouvant les valeurs nationales plutôt qu’un parti d'extrême droite. Le fait que 54% du peuple considère le FN comme “un parti ordinaire” indique que les votes peuvent incliner vers ce parti selon les circonstances du temps.
Face à tous ces événements, un sentiment de déjà vu apparaît. Dans un contexte historique, une crise économique, une paranoïa sociétale généralisée et la montée de l'extrême droite ont abouti à la montée du fascisme en Italie et du nazisme en Allemagne dans un passé pas si lointain. Afin de concrétiser cela avec des faits et des chiffres, prenons un exempledu passé.
Avec la crise économique de 1929, quand le chômage avait atteint 30% en Allemagne, le parti nazi d'Adolf Hitler a obtenu 33% des voix aux élections de 1932 et 44% des voix aux élections de 1933, faisant des nazis le plus grand parti du Reichstag.
L'économie en Italie s’était considérablement détériorée pendant la Première Guerre mondiale et avec la crise de la grève générale en 1920, Benito Mussolini a décidé d’organiser la “Marche sur Rome” en 1922. Après son coup d'Etat improviste et son établissement en tant que leader d'Italie (Duce II), il remporta 61% des votes aux élections de 1924. Une fois que les autres partis politiques aient été interdits en 1928, Mussolini a accumulé 98% des voix en 1929 et 99% des voix en 1934 et donc le fascisme est arrivé en Italie.
Maintenant, nous voyons les mêmes développements étape par étape en France. Ceci n’est pas improbable; la classe moyenne pauvre et travailleur, qui a propulsé Hitler et Mussolini au pouvoir, sont de plus en plus une source de votes pour le FN en France. Selon les chiffres donnés par Le Pen, chaque jour 600 personnes se joignent aux rangs du FN.
Supposons un instant que l'extrême droite est arrivée au pouvoir en France. Que se passerait-il?
La dominance d’une idéologie fondée sur la xénophobie, sur l’anti-immigration, l’islamophobie et sur une approche autoritaire en France signifiera avant tout la fin de la devise Liberté, Egalité, Fraternité qui décrit les valeurs de leur République.
Il n’est pas difficile d'imaginer comment l'hostilité envers les sept millions de Musulmans et immigrés, qui représentent près de 30% de la population avec les réfugiés, pourrait nuire à la France.
Une France quasi-fasciste serait également plus susceptible de couper les liens avec le reste de l'Europe. Il est un fait connu que les pays qui souhaitent devenir membre de l'Union européenne (UE) doivent accepter le respect des droits des minorités et sont tenus d'agir en conformité avec la Convention européenne des droits de l'homme, la Charte sociale européenne et les critères de Copenhague.
Pourtant, il est clair que la marginalisation de ses citoyens et la discrimination contre ses alliés d’un pays ne trouveront pas leur place au sein de l’UE, qui est construite sur es valeurs décrites dans les textes précités.
L'extrême droite en France signifie aussi la rupture du pays avec l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN). En effet, le FN a annoncé cela sur son site officiel: La France ne sera certainement pas plus sûre si elle se détache de l'OTAN. Il est évident qu'une telle démarche ne sera bénéfique ni pour le pays ni pour la paix mondiale.
Les Français ne sont pas étrangers au fascisme. Durant la Seconde Guerre mondiale, le fascisme a tué 530.000 citoyens français, a divisé le pays en deux et a détruit les villes et les villages.
Pour cette raison, l'article I de la Constitution française stipule que la France “...assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances” et a jugé tous les types de discrimination comme un crime (Code pénal français, article 225).
Il ne serait pas rationnel que les Français oublient tout cela et embrassent subitement une idéologie d'extrême droite comme le fascisme. Il est une réalité sociologique regrettable que les citoyens se tournent vers l'extrémisme dans les pays où les problèmes restent non résolus et se transforment en crises.
Les réactions des Français aux attaques du 13 novembre suivent un cours compatible avec cette thèse. Mais je suis convaincu que les Français sont dotés d’un bon sens qui les empêchera de faire la même erreur deux fois. Pour la paix mondiale et pour le bien du peuple français, j'espère que l'histoire ne se répétera pas.
MBC Times & Morocco World News:
http://www.mbctimes.com/francais/quel-avenir-pour-la-france
http://fr.moroccoworldnews.com/2016/02/6315/quel-avenir-pour-la-france/