Le film de John Carpenter New York 1997 avait fait beaucoup de bruit lors de sa sortie en 1981. Le film se déroule dans un sombre avenir où l’île de Manhattan est transformée en une prison massive et à sécurité maximale entourée de murs de 15 m de hauteur. La lutte du peuple pour la vie, piégé derrière les murs, a créé l’horreur et la peur dans le public.

Les prisons en plein air représentaient un portrait effrayant et impitoyable pour la population des années 1980. Il s’agissait de punitions dystopiques qui ne pouvaient être vues que dans un avenir obscur dignes des films d’horreur. Pourtant, en seulement 35 ans, ces murs sont devenus une partie de la vie quotidienne à travers le monde entier. Aujourd’hui, dans 65 pays, les individus sont séparés par de hauts murs. Il y a aussi une différence importante entre les murs imaginaires du film d’action dystopique de Carpenter et les murs réels d’aujourd'hui : Les hommes du 21ème siècle confinent souvent des innocents derrière les murs plutôt que des criminels. Aujourd’hui, les murs ne sont plus un moyen de punir les criminels. Au lieu de cela, ils se sont transformés en énormes blocs destinés à empêcher les gens de voir la laideur qui se trouve au-delà.

Aujourd’hui, des murs ont été construits aux frontières entre les États-Unis et le Mexique et entre l’Inde et le Bangladesh. Les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza - ainsi que des centaines de milliers de réfugiés en Europe - vivent leur vie entourés de murs. Au Sahara occidental, en Algérie et au Maroc, des immenses déserts sont séparés par des murs. Les villes de Belfast, Sao Paolo et Homs ont été divisées en deux par des murs. En effet, le désir de chaque pays de préserver sa propre sécurité est très naturel, mais ces précautions ne donneront jamais de résultats. Les murs ne peuvent pas empêcher la faim et la pauvreté. Ils ne peuvent pas arrêter le radicalisme ou la violence. Ils ne peuvent pas empêcher les guerres. Ils ne peuvent pas barricader des réfugiés impuissants.

Les murs ne peuvent pas résoudre les problèmes. Les gens poussés au désespoir se sentiront encore plus isolés derrière ces murs. Le manque d’amour et la haine résultant de cet état d’esprit créera une génération en colère, nourrira le radicalisme et certaines personnes recourront à la violence pour leurs problèmes.

Le monde connaît l’expérience des camps de réfugiés de Palestine depuis 70 ans. Cette question, qui aurait pu être facilement résolue par un simple échange de population, s’est transformée en guerres arabo-israéliennes. Trois grandes guerres se sont produites et celles-ci sont devenues la base de nombreuses idéologies qui causent actuellement des effusions de sang à travers le Moyen-Orient. Trois générations de Palestiniens vivent actuellement dans ces camps. L’OLP, le Hamas, le Jihad islamique, Abu Nidal, les Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, le Front Populaire pour la Libération de la Palestine et de nombreux autres groupes sont nés et se sont développés dans ces camps. Les camps de réfugiés entourés par des armes n’ont créé que plus de violence.

Les individus en dehors des murs ont souvent un faux sentiment de sécurité. C’est parce qu’il est impossible de construire un mur assez haut pour arrêter les idéologies. Il devient plus facile que les gens humiliés et exclus derrière les murs s’orientent vers le radicalisme. Par conséquent, les mesures qu’il faut prendre contre le radicalisme ne sont pas de construire de nouveaux murs, mais de contrer et de réfuter intellectuellement le radicalisme.

Pour atteindre la sécurité, les immigrants risquent de parcourir des milliers de kilomètres en haute mer dangereuse. Avec leurs enfants et leurs familles entières, ils essaient d’atteindre les côtes européennes dans des bateaux de fortune. Il est impossible que des murs arrêtent ce désespoir mortel. La solution pour les tragédies que vivent les réfugiés n’est pas dans la construction de murs. Les problèmes qui amènent des millions de personnes à abandonner leurs foyers doivent être résolus avec la science. Alors qu’une grande partie du monde vit sous le seuil de la faim, mourant en raison d’une mauvaise alimentation, l’autre partie ne devrait pas gaspiller ses ressources.

Notre monde dispose assez de ressources pour 7 milliards de personnes. Le devoir des gens consciencieux et sincères est de partager ces ressources de façon équitable et correcte. La pauvreté, la faim, la misère et la violence sont des problèmes communs du monde et l’humanité doit agir avec une conscience collective. Essayer de confiner ces problèmes entre les murs n’est rien d’autre que de mettre la tête dans le sable. A moins qu’un chemin intellectuel soit suivi pour résoudre ces problèmes, le mal poursuivra son existence. De plus, comme la conscience collective du monde semble avoir disparu, le mal continuera à se renforcer pour devenir une force écrasante.

Aujourd’hui, 66 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur patrie. La majorité de ces personnes sont des femmes, des enfants et des personnes âgées innocents qui essaient d’échapper à la mort. Ils n’ont plus rien à perdre que leur propre vie. Ces personnes innocentes attendent que nous ouvrions nos portes et que nous les aidions à guérir de leur désespoir. Le problème des réfugiés n’est pas un problème que l’humanité peut ignorer ou simplement essayer de se cacher derrière les murs. La nécessité la plus urgente dans cette situation est de procéder à une mobilisation complète de l’aide.

L’humanité a vécu avec la honte de l’esclavage pendant 300 ans. L’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Australie, l’Asie du Sud-Est ont été lourdement exploités en raison des ambitions voraces des puissances impérialistes et la tyrannie s’est poursuivie au XXe siècle avec les guerres mondiales et près de 200 millions de personnes ont été tuées en quelques décennies. Aujourd’hui, nombreuses nations vivent avec une honte dans leur passé : les Allemands pour leurs parents nazis, les Britanniques pour leurs dirigeants exploiteurs, les Américains pour leurs ancêtres qui ont massacré les Amérindiens, les Espagnols pour leurs soldats qui ont mis fin aux civilisations inca et maya pour quelques malles d’or et les Russes pour leurs dirigeants communistes qui ont condamné des millions de personnes à la famine. Etre souvenu par les générations futures pour avoir condamné des innocents à la mort derrière les murs sera la honte des gens d’aujourd'hui.

Article d’Adnan Oktar dans Gulf Times, MENA FN, Ekurd Daily et Only Kashmir:

http://www.gulf-times.com/story/526236/Trapped-behind-the-walls

http://ekurd.net/trapped-behind-the-walls-2016-12-31

http://onlykashmir.in/trapped-behind-the-walls/