Haluk Ertan, généticien à l’Université d’Istanbul, résume la situation succinctement. "La Turquie, dit-il, est le quartier général du créationnisme au Moyen-Orient".
"Non seulement le Moyen-Orient, mais aussi le monde entier", insiste Tarkan Yavas, le jeune directeur pimpant de la Fondation pour la Recherche Scientifique (BAV) basée en Turquie.
Avec des centaines de livres à son actif, la production de BAV est impressionnante en l’espace de quinze ans d’existence.
Le dernier ouvrage de BAV, présidée par le prêcheur charismatique Adnan Oktar est l’Atlas de la création de 770 pages, qui fut envoyé gratuitement aux scientifiques et aux écoles en Grande-Bretagne, en Scandinavie, en France et en Turquie au mois de février.
Les pages, les unes après les autres, juxtaposent des photographies de fossiles et d’espèces vivantes, défendant ainsi que les similarités prouvent le contraire de l’adaptation des espèces avec le temps.
Le livre accuse la théorie de l’évolution d’être à l’origine du communisme, du nazisme et du 11 septembre. "Le darwinisme est la seule philosophie qui prône le conflit", dit le texte.
Une étude effectuée l’an passé montrait que seulement 25% des turcs acceptaient l’évolution. Selon un autre sondage datant de 2005, 50% des enseignants en biologie remettaient en question ou rejetaient la théorie.
"La darwinisme est en train de mourir en Turquie, grâce à nous", affirme Tarkan Yavas, faisant le vœu d’œuvrer jusqu’à ce que la culture turque se purifie de ce qu’il appelle le matérialisme athée.
A l’image du BAV qui a organisé des centaines de conférences sur le créationnisme au cours de la décennie passée ainsi qu’une vague récente de "musées de la création" à l’américaine, les opposants au créationnisme présentent davantage leurs arguments au public turc.
Ces derniers mois, une série de conférences scientifiques fut tenue dans les villes de l’Anatolie centrale.